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L'Affaire en Main

Une fiction écrite par IGIBAB.

Chapitre 1 - Le Problème Cakes

Ce son. Le doux bruit du froissement du plastique industriel. La senteur sucrée de cet amas de glucose, de colorants, et encore de glucose. C'est plus une manie, une mauvaise habitude, qu'un réel plaisir.

Voila quelques années maintenant que je n'achète plus que ces bonbons en provenance de Baltimare. Ils sont moins bon que ceux de Canterlot, et la différence avec ceux de Ponyville est impossible à exprimer par de simples mots ; mais les prix sont incroyablement plus compétitifs, et au vue de la quantité que j'ingurgite chaque jour, mieux vaut penser à mon porte-monnaie.

Étrangement, la sensation de cette petite douceur sur ma langue est toujours la même, inchangée depuis toutes ces années. Le début de dilution du sucre sur mes papilles dès le premier contact, la salive qui monte doucement alors que je commence à faire rouler le bonbon dans ma bouche, pour que chaque parcelle de langue, chaque centimètre carré de capteurs, profite de ce goût.

Je pose le papier sur le bureau, à côté de mes pattes arrières croisées et des autres emballages, pour certains collés au bois par les semaines écoulées. Puis je bascule mon dos en arrière sur ma chaise, reprenant la même position nonchalante d'attente.

Cette pièce est dans un sale état. Le bureau est en bordel, sans compter les papiers et paquets vides en tout genre qui traînent par terre, répandant pour certains leurs grains blancs sur le sol. Les étagères sont recouvertes de poussière, on ne distingue même plus ce qui se trouvait originellement dessus. Des livres aux titres effacés, des photos déteintes. Et cette loupe au verre encrassé posée à côté de mes pattes.

La chaise grince de vieillesse alors que je me balance légèrement sur ses deux pieds. Paradoxalement, c'est l'endroit où je me sens la plus vivante, la plus moi-même, et la plus morte à la fois. Peut-être que c'est chronologique : Autrefois, j'y étais vivante, j'y suis moi-même, et j'y serais...

Personne encore aujourd'hui. Visiblement, il ne se passe pas assez de choses ici pour que quelqu'un franchisse cette porte à vitre brouillée.

Une vitre brouillée, j'ai toujours ignoré le terme officiel et trouvé ça d'un cliché pour un détective. Mais c'était aussi parce que j'aimais ce cliché que j'en ai fait installer une. C'est bête, l'appellation devait figurer sur le reçu, mais je n'ai pas pensé à la regarder.

La lumière décroit derrière les stores, laissant apparaître de jolies rayures oranges dans le bureau.

Un léger vent souffle aussi par l’entrebâillement de la fenêtre, soulevant quelque peu les rideaux, faisant onduler la lumière.

Des bruits viennent de l'extérieur. Probablement des poulains qui jouent. J'entends même des parents les appeler, le soir tombe, donc sans doute pour rentrer à la maison, manger, ce genre de choses...

Il va falloir que je rentre pour me préparer un truc. Enfin, j'ai le temps, personne ne risque de venir me dire de ranger mon bureau, de me bouger un peu... Plus maintenant.

Mais bon, j'ai faim, et les sucreries, c'est nourrissant, mais jusqu'à un certain point.

Une étrange odeur de brûlé monte. Ça vient de la rue. Une odeur de caramel plane avec. Sacrilège ! Qui ose laisser brûler un plat contenant du sucre !?

... Zut, je m'emporte ! Garde ton calme Bonbon, ferme la fenêtre, les rideaux, sort du bureau et... Rha ! Fichu papier, que fais-tu sur mon chemin !? Lâche mon sabot ! À chaque fois c'est pareil, le papier imbibé de cette glue colle à mes poils, et quand j'utilise un sabot pour l'enlever, il reste accroché sur l'autre. L'aide d'une licorne me serait utile. Mais, comme il n'y en a plus ici, je me contente de raccrocher l'emballage sur le bureau. Encore un qui se figera ici, comme une vieille décoration de Hearth Warming Eve faite par un poulain de trois ans en maternelle. Peut-être devrais-je me lancer dans l'art ?

Cette pensée absurde m'arrache un petit rire alors que je marche vers la porte, un peu plus entraînée que d'ordinaire. Pourquoi ? Rien ne s'est passé de spécial aujourd'hui. Cette journée a même été ennuyante au possible et je n'en ai même pas profité pour faire le point.

La réponse à cette sobre excitation serait-elle derrière la porte ? Rien ne semble s'y trouver. J'ouvre et pointe en moi la déception. Personne. Rien. Même pas une lettre d'un de mes amis, d'ici, de Canterlot, ou même de Manehattan.

Un petit soupir et je vais vers la gauche. Mon bureau est une porte située dans l'intérieur d'une grande cours rectangulaire.

Je n'ai pas toujours été la seule à y proposer mes services. Auparavant, l'entreprise du courrier se situait en face de mon bureau par exemple. Le long des quatre murs, il y a de nombreuses portes, échoppes et vitrines, toutes cloisonnées. Autrefois, elles étaient ouvertes toute la journée et tout le monde s'échangeait de joyeuses discussions, des rires, et des clients. Courrier, dentiste, docteur, libraire, diverses installations municipales et administratives. Même le marché se déroulait au milieu de cette grande place, quand cet endroit était encore le centre de Ponyville.

Tous ont fini par prendre leur essor et leur indépendance. La mairie a été reconstruite ailleurs et cet endroit a commencé à dépérir. Il ne tombe pas en ruine non plus, mais après dix ans... C'est le progrès.

Mes sabots foulent cette terre pavée sur laquelle la verdure reprend lentement ses droits, puisque personne n'est là pour la piétiner. Je passe le petit arc de pierre qui conduit vers Ponyville, sa périphérie. Depuis la grande série de rénovation et de construction, l'ancien centre-ville n'a plus rien d'un centre.

"Je t'attendais," me fait sursauter une voix sibylline.

À gauche de la sortie, assise sur un banc, visiblement gênée et portant sa casquette de fonction. Une licorne dont la couleur vous donne immédiatement un goût de menthe forte au fond de votre bouche. Sa présence seule m'énerve, et le fait qu'elle m'ait adressé la parole avec cette gêne, qui ne peut signifier qu'une chose, cela m'excède encore plus. Je détourne la tête et accélère mon allure. Elle se met à me poursuivre, évidemment.

"Bonbon, attend !"

Je ne l'écoute pas. Je ne lui laisserais pas ce plaisir, pas après ce qu'elle m'a fait.

"Écoute-moi ! Je dois te parler !"

Cette oscillation troublée dans sa voix, ce ton suppliant. Elle sait ce que je pense, ce que je ressens. Et elle essaye quand même. Qu'elle est têtue nom d'un chien ! Je réplique froidement :

"Tu es en service ! Tu n'as pas à parler de ça !"

"Justement ! C'est pour ça que je viens te voir !"

Je m'arrête brusquement. J'entends qu'elle fait de même, à quelques mètres derrière.

"Et qu'est-ce que le sous-officier Hearthstring a à me dire ?"

"M.Cakes est mort. Il a été assassiné."

J'entends au loin s'estomper le chant des oiseaux et le bruit de la ville alors que mon cœur rate un battement, l'odeur du caramel brûlé planant encore. Cette journée était censée se terminer sans problèmes.

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Note de l'auteur

Merci Dark Blitz pour la relecture.

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Especiel
Especiel : #27806
J'aime bien *^* meme si c pas cool la mort de Mr cake mais bon x))) vivement la suite je surkiff le couple Bonbon/lyra xD
Modifié · Il y a 2 ans · Répondre
sointaminn
sointaminn : #27255
...Oh f(er à repasser). Ca c'est dy teasing.
Il y a 2 ans · Répondre
Inobi
Inobi : #27216
J'aime. Cette histoire à l'air très intéressante et le style se lit tout seul.
J'ai vraiment hâte de lire la suite.
Il y a 2 ans · Répondre
RainbowBlitz
RainbowBlitz : #27209
Ce début incroyable qui euh ... c'est a dire euh ... Raaah j'espère que tu es fier de toi @igibab je ne trouve même plus mes mots .
Modifié · Il y a 2 ans · Répondre

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