La fleur à voeux

Quand j'étais une enfant, quand je vivais à Equestria, je croyais à toutes sortes de magie : la vraie que contrôle les licornes mais aussi l’irréelle comme celle de ma mère.

Petite, j'adorais courir partout, j'étais une aventurière dans l'âme. J'escaladais souvent la chute qu'il y avait à l'écart de Canterlot et il y a même une fois où je suis montée tout en haut d'un arbre de l'école sans que je puisse redescendre. Le directeur avait du appeler les secours pour qu'on puisse me descendre et je m'étais bien faite disputer par mes parents même si après nous en rigolions dans le dos des professeurs. Oui, j'étais téméraire et je n'avais pas froid aux yeux. Ou presque... Car oui, j'avais la phobie du sang. Dès que j'avais la moindre blessure, je perdais tout de mon courage.

Et c'était dans ses moments là que j'aimais la magie de ma mère.

Il y avait derrière notre cour un tapis de fleurs sauvages toutes plus magnifiques les une que les autres. J'adorais en cueillir quelques brins pour parfumer ma chambre ou pour les offrir à maman. Parfois, on les infusait pour nos thés. Et parmi ces fleurs, il y avait une espèce qu'on appelait la fleur à vœux.

Cette plante ressemblait à une grosse boule de doux coton fragile qui exauçait n'importe quel vœu du moment qu'il était sincère, bon et qu'il ne soit pas utilisé de façon égoïste. Il suffisait de citer son souhait une fois, à voix haute, puis de souffler sur la boule blanche pour que tout le pollen du pissenlit s'échappe pour partir en voyage pour exaucer notre vœu.

Et quand je voyais ça, ma peur et ma douleur partaient aussi vite qu'elles étaient venues et mon coeur s'allégeait. C'était la meilleure magie : celle qui ne s'apprend pas dans les livres mais qui reste dans les coeurs et qui se partage. J'aurais dû comprendre ça plus tôt.

Quand je suis devenue l'élève de la princesse Célestia, elle m'a dit de me concentrer sur mes études mais de ne pas oublier les joies qui font de notre vie des moments uniques, comme les petites incantations de maman, et c'est ce que j'ai fais lors des premières années.

Les autres filles que je voyais me jalousaient et elles ont commencé à se moquer de moi lorsque je faisais ce que maman faisait. Elles me disaient que j'étais beaucoup trop bébé et que Célestia allait bientôt s'en apercevoir et qu'elle finirait par me renvoyer chez moi. J'ai donc décidé de mettre fin à cela en me contentant de faire ce que les autres poneys de mon âge faisaient.

Malheureusement pour moi, je crois que la chose qui me poussait à continuer c'était la magie que m'avait apprise mes parents. Mes notes commençaient à chuter au fur et à mesure que les trimestres passaient. En voulant ressembler aux autres, je suis vite devenue quelqu'un que je n'étais pas. 

Je suis devenue agressive suite aux moqueries mais aussi à cause de mon stress pour la période d'examen qui approchait et à cause de mes sales notes que je présentais à mon professeur. J'avais si peur de la décevoir le jour J que je me suis enfuie par le miroir qui permettait de voyager entre Equestria et le monde des humains. Je suis partie dans ce monde avec de nouvelles idées, de nouveaux idéaux.

J'ai mis longtemps à m'adapter à cet étrange mode de vie mais grâce au portail, je restais encore liée à mon univers d'origine malgré que cette dimension me séparait de là-bas.

J'avais remarqué que Célestia n'avait pas mis longtemps à trouver une nouvelle élève, ce qui eut don de m'agacer. Il y a eu cette Twilight Sparkle qui étudiait la magie de l'amitié et qui était couverte de gloire à chaque mission qu'elle accomplissait. Puis elle fut une princesse.

Et j'ai fais cette erreur : j'ai volé la couronne magique de cette princesse poney mais je pensais bien m'en sortir puisque j'avais déjà semé la zizanie dans tout le lycée et entre le groupe des cinq filles qui semblaient pourtant inséparables. Je pensais donc avoir toute mes chances face à elle.

Mais rien ne c'était passé comme prévu. Twilight a rallié les filles de son côté puis toute l'école malgré le fait que j'avais nui à sa réputation sur le net quand elle s'est présentée au Bal de l'Automne pour reprendre sa couronne. A la fin, elle a quand même réussi à prendre sa revanche grâce à la magie de l'amitié ou je ne sais quoi.

Je sens encore la douleur et la chaleur monstrueuse que m'avait fait subir les pouvoirs de la couronne. En moins de deux secondes je m'étais transformée en véritable démon tyrannique assoiffé de pourvoir et de puissance pour conquérir Equestria. Heureusement que mon plan est tombé à l'eau. Qui sait, à part moi, ce que j'aurais pu faire du royaume des poneys.

Cette magie de l'amitié, c'est une des magies dont me parlait maman. C'était une des magies que je faisais en étant pouliche : une magie pure et qui se partage à travers tous les mondes, tous les pays. Elle peut sembler irréelle mais elle vit dans nos coeurs. Elle ne s'apprend pas seule, plongée dans un livre, mais ensemble, avec des êtres qui comptent pour nous. J'avais trouvé mes amies mais elles ne le savaient pas encore.

Maintenant, je suis debout, une fleur à vœux dans ma main. Je recommence à croire à cette magie qui était si chère à mes yeux. Je recommence à croire à tout ça. Ah maman, j'aimerais que tu sois là et que tu sois fière de moi. Je suis si désolée de t'avoir autant déçu. 

- S'il vous plaît, commencé-je. Faites qu'une nouvelle vie s'offre à moi. Une vie ni parfaite, ni cruelle, juste une vie normale ou je pourrais réparer mes fautes dans ce monde comme dans l'autre. J'aimerais tant que les autres m'acceptent comme je suis. Je ferais tout pour ça, cité-je.

Puis je souffle sur le pollen qui s'envole doucement en suivant la délicate brise de l'automne. Je regarde les petites fées partir en direction du soleil couchant. Je continue d'observer dans le lointain bien que le pollen ait disparu depuis longtemps déjà.

Il me faudra du temps pour que mon vœu s'exauce, il y aura du chemin à faire avant de briser la couche de pierre qui a emprisonné mon coeur pendant si longtemps. Mais je sais qu'un jour, tout sera possible pour moi. Il me faudra des mois pour payer ma dette mais je sais que c'est le prix à payer pour avoir été si méchante autrefois. Je me souviens encore d'une phrase que m'a dit mon père un jour :

- Souvent, il y a des blessures qui ne partent pas facilement. Pourtant, on ne les voit pas. Le seul remède est la patience et l'amour.

La patience et l'amour... Se seront mes alliés dans cette quête du pardon.