Chapitre 11

Midnight se trouvait dans le plus paradisiaque des endroits. Une grande prairie entourée d’herbe fraîche, des montagnes au loin, et les sabots de Golden qui caressaient tendrement sa crinière. Elle sentait la chaude fourrure blanche du pégase dans son dos, qui lui susurrait des mots doux à l’oreille, faisant glousser de plaisir la batponey. Le paradis. L’un des sabots de l’étalon relâcha sa crinière et croisa ceux de Midnight. Elle les caressait tendrement, en déposant de doux baisers dessus.

L’endroit était calme, les oiseaux chantaient une douce mélodie, et le ciel était d’un bleu pur, avec le soleil qui réchauffait gentiment leurs corps. Midnight se retourna et fit face au visage angélique de son amour. Sa crinière blonde qui flottait au vent, ses yeux bleu comme le ciel, son sourire si apaisant…

Midnight le contempla pendant quelques secondes avant de poser doucement ses lèvres sur celles de l’étalon. Serrée contre lui, la batponey se fondit dans le baiser, et leurs fourrures se frottaient l’une contre l’autre pour créer la plus belle des images aux yeux de la jument. Collés l’un à l’autre, comme pour ne plus jamais se quitter, comme pour ne faire qu’un. Midnight rompu en premier le baiser et regarda longuement Golden.

« Je t’aime, Golden », lui dit-elle tendrement.

« Je t’aime, Midnight. Je t’aime plus que tout au monde », répondit-il avec la même tendresse dans sa voix.

La batponey reposa sa tête sur la poitrine du pégase et tous deux reprirent leurs douces caresses sur le corps de l’autre. Midnight ferma les yeux et passa son sabot sur celui de Golden. Elle sentit un vide, comme un trou. Intriguée, elle ouvrit une paupière et découvrit un sabot noir à la place de celui blanc immaculé du pégase. Elle bondit d’un coup et remonta lentement sa tête vers le haut du corps de Golden.

Son pelage était passé du blanc au noir, et ses ailes pleines de plumes étaient devenues aussi fines que celle d’un insecte. Et son visage était… Elle constata avec horreur que le bel étalon s’était transformé en horrible changelin.

Elle recula de quelques pas, et la créature se leva. Midnight trébucha, et rampa sur le sol en arrière.

« Q-Qu’est-ce que tu as fait de Golden ?! » demanda-t-elle. Le changelin rit de façon sinistre et dit de sa voix caverneuse.

« Mais je suis Golden, je l’ai toujours été. »

« Non ! Tu n’es pas Golden, tu mens, démon ! » cria Midnight, paniquée, en se relevant sur ses quatre sabots. Le monde sembla s’effondrer autour d’elle, littéralement. Les montagnes s’écrabouillaient, l’herbe devenait noire, et le soleil semblait se consumer de lui-même.

Le changelin continua son avancée et sourit de façon diabolique. « Tu ne me crois pas ? Alors, regarde ! » Sa tête prit celle de Golden, puis son corps suivit. Il en était la parfaite réplique. Midnight se tint la tête entre les sabots et tomba au sol, en ne quittant pas des yeux le pégase en face d’elle.

« C’est impossible ! Golden m’aime, et ça n’est pas un changelin ! » hurla-t-elle, comme pour s’en convaincre.

Le changelin reprit sa forme originelle et s’arrêta devant Midnight, relevant sa tête avec son sabot. « Tu croyais vraiment qu’un garde royal pouvait aimer une batponey ? Tu es vraiment une imbécile…. Mais maintenant que ton amour pour lui est plus fort que jamais, le repas n’en sera que… » Il fit ressortir ses crocs et se lécha les babines. « … plus délicieux ! »

Midnight vit les crocs plonger sur elle et elle ferma les yeux, avant de se réveiller en sursaut, dans sa geôle au camp des batponeys.

Elle tourna la tête tout autour d’elle, paniquée, croyant que le changelin allait lui sauter dessus à tout instant, et constata avec soulagement qu’elle était seule dans la pièce sombre. Un soulagement qui se transforma rapidement en désespoir quand elle se rappela de sa situation. Seul un mince filet de lumière venu de la Lune lui offrait une quelconque visibilité.

Elle respirait à toute vitesse, le souffle court, et la sueur coulant sur tout son corps. La douleur dans ses ailes la ramena dans la réalité, et elle tourna la tête vers elles, constatant avec effroi le résultat. Elle serra les dents et grimaça. Quelqu’un avait toutefois mis un bandage pour éviter une infection et éviter une mort prématurée avant son procès. On ne sait jamais.

La douleur se réveillait dans son corps, et devint vite insupportable, chassant toutes les pensées de son esprit, y compris celles de Golden. Elle inspira profondément, comme on lui avait appris à l’école, et se fit violence pour chasser les pensées négatives de sa tête, en se raccrochant à l’image de Golden. Lui au moins n’était pas un changelin, enfin, elle en était quasiment sûre. Il était réel, l’attendait quelque part, en pensant aussi à elle, sans doute. La simple idée lui réchauffait déjà un peu le cœur, mis à rude épreuve aujourd’hui.

Elle pensa à ses sabots, si doux, à son visage, si beau, à sa voix, si apaisante. Elle fit tourner en boucle les mots qu’il lui avait dits durant leurs rencontres. Un peu de réconfort et de lumière dans le noir dans lequel elle se trouvait. Le silence régnait, et elle ferma les yeux pour s’imaginer Golden devant elle, qui lui disait qu’il était là, qu’il la protégerait, qu’il l’aimait, qu’il l’aiderait à partir avec lui, de ne pas s’inquiéter parce qu’il resterait à ses côtés tant qu’elle le voudrait.

Un petit sourire se dessina sur le visage creusé de Midnight. Elle poussa un soupir de joie et se rallongea sur le lit de sa cellule, en faisant attention à ses ailes meurtries. Il viendrait vers elle, ils se reverraient.

Ça n’était qu’une question de temps.

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Dans le château de Canterlot, une figure royale se réveilla en sursaut, écarquillant ses yeux et regardant tout autour d’elle, inquiète.

Un cauchemar plus fort que les autres venait de se faire sentir dans la lande des rêves d’où la princesse Luna surveillait le bien-être de ses sujets. Mais celui-là n’était pas comme les autres, il était unique. Pas un enfant qui croyait que le cheval sans tête venait le manger, ou un étalon stressé par le travail et noyé sous une pile de paperasse, non, quelque chose de plus puissant et d’encore plus terrifiant pour celui qui venait de le subir.

Mais quelque chose l’empêchait d’aller voir plus loin. Quelque chose qui la concernait directement. Quelque chose dont la puissance était inédite.

Elle se leva et s’éloigna du balcon où elle se reposait pour observer les étoiles et surveiller les rêves des poneys. A toute hâte, elle se dirigea vers la bibliothèque pour faire des recherches en urgence, et se mit immédiatement au travail.

Le temps était compté.

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Dans sa cellule sombre, Golden avait gardé les yeux ouverts. Impossible de dormir. Il s’inquiétait trop pour Midnight pour que son esprit le laisse au repos. La Lune laissait passer une lumière entre la petite fenêtre en haut du mur, et il s’imagina que Midnight profitait du même spectacle à cet instant. Et qu’elle pensait aussi à lui.

Le soutien apporté par Sunny l’avait aidé à ce que le temps passe plus vite, et il ne quittait que rarement des yeux la broche de Midnight. Elle brillait maintenant dans la lumière de la Lune. Le Soleil doré qui brillait dans la Lune. L’image lui réchauffait le cœur, même si la symbolique était cruelle à cet instant. Il embrassa tendrement la broche, en priant en silence les Princesses pour qu’un miracle survienne. N’importe quoi pour qu’il puisse s’imaginer avoir à nouveau Midnight dans ses sabots.

Sa crinière bleu nuit, si belle, ses yeux dorés, si malicieux, ses crocs, qui lui donnait un côté indomptable, ses ailes, sans plumes mais pas sans beauté.... La liste était longue et son absence se faisait de plus en plus douloureuse à chaque seconde.

La distance éloigne les corps, mais rapproche les cœurs.

Il se rappela de cette phrase qu’il avait un jour lue dans un de ses romans à l’eau de rose. Il rit en imaginant Midnight le traiter de chochotte quand elle apprendrait ça. Même ses tendres moqueries la rendaient un peu plus unique et belle à ses yeux. Cette phrase n’avait jamais été aussi vraie qu’à cet instant.

Il serra la broche contre son cœur, et parla dans la pièce vide.

« Je ne t’oublie pas, Midnight. On se reverra bientôt. Je te le promets. »

Le silence se fit pendant de longs moments par la suite. Au plus profond de la nuit, l’une de ses oreilles se dressa.

Des bruits de pas. Qui se rapprochaient de plus en plus. Une ombre. Une forme qui s’arrête devant la cellule. En tenant un trousseau de clé dans ses sabots. Un bruit de serrure qui s’ouvre. La porte qui grince légèrement et offre la liberté à Golden.

C’était trop beau pour être vrai. Le pégase se frotta les yeux, croyant rêver. Il resta, lui et la forme noire, immobile pendant quelques secondes, avant que la créature en face de lui ne s’avance vers la lumière de la Lune.

« Alors, t’attends une invitation pour lever ta croupe et sortir d’ici ? »

« White ! » Golden se leva d’un bond et s’avança vers son ami, sans armure pour éviter de faire trop de bruit. Ils se tombèrent dans les sabots, et Golden serra fermement White, le moral regonflé à bloc. « Qu’est-ce que tu fais ici ? C.. Comment tu… ? » bredouilla l’étalon, heureux de voir que son fidèle compagnon ne l’avait pas abandonné.

Son ami lui sourit et resserra son étreinte pour le rassurer. Il le relâcha un peu après et expliqua. « Je me suis dit que t’avais peut-être besoin d’un coup de sabot. Même si j’ai hésité après ce que j’ai subi chez Sunny Shield…. » Golden rit et lui donna un petit coup de sabot sur l’épaule avant qu’il ne poursuive.

« Je savais que c’était Glass qui était de service ce soir à la prison, alors j’ai pensé qu’il avait peut-être besoin de compagnie pour passer le temps. Et quelques bouteilles avec pour faire passer le tout », détailla-t-il en faisant tourner le trousseau de clés dans ses sabots. « Il va être tellement torché demain matin qu’il aura du mal à se rappeler de son nom. Allez, viens, on se tire », conclut-il avant de commencer à se tourner vers la sortie.

« White, attends ! » le stoppa Golden. « Et Midnight ? Il faut aller la chercher ! Je ne partirais pas sans elle ! » Son ami se retourna et sourit.

« Hé, tu croyais que j’avais pas prévu ça ? » demanda White. « Bien sûr qu’on va retrouver ta chérie. Mais va falloir la jouer discret chez les batponeys. Alors, dès qu’on est dehors, tu enfiles ça », il sortit une bouteille de teinture noire de son sac de selle et la jeta vers Golden, qui l’attrapa dans ses sabots. « Allez, faut y aller », le pressa White en sortant de la cellule.

« Attends ! »

White grogna et se retourna à nouveau. « Quoi encore ? » demanda-t-il avec une pointe d’agacement. Golden s’avança et retomba dans ses sabots en lui faisant un énorme câlin. Le regard de White s’adoucit et il retourna l’étreinte, sentant que son ami en avait plus besoin que jamais. « T’inquiète pas, tu la reverras, sshhhh », il passa son sabot dans son dos et le massa. « Tu la reverras, et vous pourrez vous enfuir loin d’ici », le rassura-t-il. « Mais faut que tu sois fort, alors arrête de faire ta chochotte et sois fort pour elle. Elle en a besoin. »

Golden sourit, le relâcha et le suivit sans dire un mot, avec une détermination renforcée.

Il n’y avait pas de temps à perdre.

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La fourrure, et les ailes, désormais noires, les deux gardes se faufilaient a pas de loups entre les différents bâtiments du camp des batponeys, évitant ici et là les patrouilles qui surveillaient les alentours. White semblait connaître cet endroit comme sa poche, ce qui intrigua un peu Golden.

« Psst, White ? » chuchota-t-il dans un recoin sombre.

« Mmm ? » fredonna le pégase désormais noir sans tourner la tête vers lui.

« Comment tu connais aussi bien le camp des batponeys ? »

White sourit et tourna sa tête vers lui. « Qu’est-ce que tu crois ? On a aussi nos espions qui ont cartographié le camp. On sait jamais, au cas où… », dit-il mystérieusement. « Sun n’avait qu’à mieux ranger ses affaires, qui sait qui peut mettre le sabot sur les plans… »

Rassuré, Golden se tût à nouveau. La prison était un petit bâtiment isolé des autres où il y avait simplement un petit bureau dans l’entrée, qui était la seule voie possible vers un couloir qui menait aux quelques cellules qui composaient la prison. Neutraliser le garde était l’unique chose à faire pour ensuite partir libérer Midnight.

Le matin commençait à se lever, et le ciel hésitait encore entre le soleil et la Lune, donnant une belle couleur orangée à tout Equestria. Golden et White devait agir vite, car leur maquillage serait moins efficace en plein jour.

Les deux pégases parvinrent à se faufiler à l’entrée du bâtiment, et firent une brève pause, tout en gardant un œil aux alentours. Sans s’annoncer, Golden et White ouvrirent la porte, sous les yeux d’un batponey assigné au bureau pour la nuit. Il leva sa tête vers eux, un peu surpris devant l’arrivée de ces visiteurs inattendus qui avait de drôles d’apparences.

Il se leva du bureau et s’avança vers les deux gardes déguisés. « Je peux vous aider ? » demanda-t-il en examinant de plus près leurs fourrures. « Et qu’est-ce que vous avez sur votre pelage ? »

Golden et White se regardèrent, attendant que l’autre parle en premier et déballe une excuse valable.

« Euh… nous… nous sommes venu nous assurer que la prisonnière était…. euh…. encore sur sabots pour…. » bredouilla Golden, incapable de finir sa phrase. Le garde leva un sourcil, et prit un regard plus menaçant.

« A quel jeu vous jouez ? Et qu’est-ce qui est arrivé à vos fourrures ? » redemanda-t-il, en se rapprochant plus près, faisant face à White.

« Ben, euh, on a chopé une maladie qui euh… blanchit le pelage et…. » Les yeux du garde se froncèrent encore plus. « Et on… Oh, Princesse Luna ! » s’exclama-t-il.

« Hein ? Où ça ? » Le garde chercha tout autour, et quand il retourna sa tête vers White, celui-ci lui donna un gros coup de sabot dans les dents, l’envoyant K.O au sol. Golden était abasourdi.

« Pourquoi tu l’as frappé ?! On doit rester discret ! » s’exclama le pégase en se tournant vers son ami.

« J’ai paniqué, okay ?! Il me posait ses questions, me regardait avec ses petits yeux et j’ai paniqué, okay ?! » bafouilla White en observant le batponey à terre, inconscient. « Faut faire vite, prends les clés et va la libérer ! Je fais le guet ! »

Golden hocha la tête et prit le trousseau de clés pendu sur un crochet à côté du bureau. Il se précipita dans le couloir menant aux cellules, le cœur battant à toute vitesse et l’esprit bourdonnant à l’idée de revoir Midnight.

Il s’arrêta devant la cellule la plus éloignée de la porte du couloir, et vit une chose allongée sur un lit, avec des bandages autour de ses ailes. Elle dormait encore. Golden tritura les clés et ouvrit la serrure, avant de pénétrer dans la pièce. Il se stoppa devant la batponey. Elle était si belle, et il se demanda comment il avait pu survivre hier avec l’idée de la perdre pour toujours dans son esprit. Il la contempla pendant quelques secondes, avant de s’agenouiller et de passer un sabot sur son corps. Tout doucement, il parla.

« Midnight… Midnight… »

La batponey grogna quelque chose et ouvrit une paupière, montrant ses pupilles encore rouges d’une nuit presque sans sommeil. Ses yeux se concentrèrent sur le visage en face d’elle. Elle ne mit qu’une demi-seconde avant de le reconnaître, malgré le noir sur son corps, grâce à ses yeux bleus.

« Golden ! »

Elle lui sauta dessus et le tacla au sol, le serrant fermement dans ses sabots et enfonçant son visage dans sa poitrine. Golden passa ses sabots dans son dos et la caressa tendrement, affectueusement, amoureusement, comme il l’avait imaginé pendant tout ce temps. Leur étreinte dura de longues secondes durant lesquels tous deux souhaitèrent que ce moment ne s’arrête jamais, et de sentir pour le reste de l’existence le corps chaud de l’autre contre le leur.

Après quelques instants, Midnight releva la tête, où Golden avait passé un sabot dans sa crinière, et elle fixa le pégase dans les yeux pendant quelques secondes, profitant de ce bleu qui lui avait tant manqué, avant de l’embrasser avec passion, ajoutant une tendresse inhabituelle venant d’elle au baiser. Golden retourna le baiser et tous deux se perdirent un court instant dans la simple réalité qui se limitait pour le moment à eux deux.

« Je croyais que… je ne te reverrais jamais », dit Midnight après avoir rompu le baiser, en sanglotant.

« Ouais, moi aussi… », répondit Golden en l’embrassant sur le front. « Plus jamais je ne te quitterais, Midnight. Je te protégerais, peu importe le prix, comme promis. Je t’aime, Midnight. »

Midnight sourit faiblement et se releva. « Je t’aime aussi, Golden. Je t’aime plus que tout au monde » Elle fit une brève pause. « Bon, c’est quoi le programme maintenant ? » demanda-t-elle. Elle l’observa de haut en bas et rit. « Joli déguisement. Tu ferais un affreux batponey. »

Golden sourit aussi et leva les yeux au ciel. « Comparé à toi, c’est sûr. On va devoir partir maintenant, on n’a pas le choix. On m’a aussi enfermé et White est venu me libérer. Et… oh, regarde ce que j’ai retrouvé ! » s’exclama-t-il avant de chercher dans un sac de selle où il avait mis les équipements nécessaires au départ.

Midnight le regarda, un peu confuse, et le vit sortir la broche que Golden lui avait offerte. Elle amena ses sabots sur sa bouche et sentit ses yeux s’embuer. Elle laissa le pégase la remettre délicatement dans sa crinière. Après avoir fini, il caressa la joue de la batponey.

« Elle te va à merveille », la complimenta-t-il. Midnight sourit et reprit son sérieux.

« Garde tes compliments pour plus tard, Golden. Je crois qu’il faut filer, non ? Mais… » Elle tourna la tête vers ses ailes. « J’espère que tu es prêt à voler longtemps avec moi sur ton dos. »

Golden regarda plus longuement les ailes et demanda, curieux. « Qu’est-ce qui s’est passé ? » Midnight soupira et répondit, tête basse.

« On me les a cassées pour ne pas que je m’enfuie », expliqua la batponey.

La gorge de Golden se serra immédiatement et des larmes montaient dans ses yeux. Comment avait-on pu faire une chose aussi cruelle ? Comment avait-on infligé un châtiment aussi atroce à sa bien-aimée ? Qui pouvait être aussi fou pour briser les ailes à un être comme elle ? Une colère sourde montait en lui, et l’envie de hurler sa rage contre le monde entier se fit sentir. Quand il retrouverait le coupable, il lui donnerait une bonne leçon. Il lui ferait subir le même sort. Il…

Il se reprit et secoua sa tête, pensant que ce n’était pas le moment de perdre les pédales, avant de redonner un câlin à Midnight, qui le laissa faire. A cet instant, il voulait la protéger plus que tout au monde, pour qu’elle n’ait plus jamais à revivre une chose pareille, pour qu’elle ne ressente plus jamais la moindre douleur. Il passa délicatement un sabot dans son dos pour la soulager et elle l’embrassa tendrement dans le cou pour montrer son affection.

Golden se reprit à nouveau. « J’y arriverai, je te porterai, pour toi, jusqu’à ce que mes ailes tombent », promit-il. « Il faut se mettre en route, et vite avant qu’on ne se fasse repérer. » Il la prit par le sabot et tous deux sortirent de la cellule, presque collés l’un à l’autre.

A mi-chemin du couloir, ils entendirent un fracas qui venait du bureau de la prison. Comme une bagarre. Golden et Midnight se cachèrent dans une cellule vide et tous deux passèrent une tête dans le couloir. Le pégase entendait la voix de White en compagnie d’une autre, plus grave, et le bruit d’objets qui se fracassaient résonnait dans les oreilles des deux amants.

Deux corps déboulèrent dans le couloir, en pleine bataille, se rendant coup pour coup. Les sabots étaient entremêlés, et ils luttaient pour prendre le dessus sur l’autre.

« White ! » cria Golden en se dirigeant vers lui. Il reconnût rapidement l’autre combattant comme Starry Eyes.

« Non, Golden ! Va t’en ! Je…. Je le retiens ! Fuyez avant qu’il donne l’alerte ! » cria White, avant de se prendre un coup de sabot en pleine mâchoire qui fit couler abondamment le sang. « Vite ! »

Golden acquiesça et ne perdit pas de temps pour tirer Midnight par le sabot, et tous deux s’enfuirent en passant devant les yeux impuissants de Starry, qui commençait à prendre le dessus sur le pégase. Le batponey semblait aussi en sale état. L’un de ses yeux était fermé et son arcade sourcilière saignait vigoureusement, et l’une de ses ailes semblait avoir subi une séance de torture, pliée dans un angle inconfortable.

« GARDES !!!! LA PRISONNIERE S’ENFUIT !!! » hurla à pleins poumons Starry, espérant se faire entendre depuis l’extérieur. Un coup de sabot bien placé de White le fit taire. Starry se tortilla encore plus et parvint à retourner la situation à son avantage. La dernière chose que virent Midnight et Golden avant de partir fut le batponey qui montrait les crocs et s’apprêtait à plonger sur le pauvre pégase complètement à sa merci.

Mais pour eux deux, il ne fallait plus se retourner. Simplement fuir et ne pas regarder en arrière. Midnight grimpa sur le dos de Golden et celui-ci décolla rapidement, battant plus vite que jamais des ailes, sous le regard de quelques batponeys alertés par le bruit. A cause du noir sur les ailes de Golden, ils ne comprirent pas tout de suite ce qui se passait et foncèrent vers la prison. Le pégase et la batponey grimpèrent très vite à une altitude assez élevée pour se cacher dans les nuages, en route vers une destination inconnue. Tout, mais loin d’ici. Loin de cette vie où on les empêchait de vivre à deux.

Il était temps de fuir.