« Bienvenue chers auditeurs sur la radio Baltimare Morning ! Merci de démarrer la journée avec nous et pour ne pas vous faire attendre, nous passons le micro maintenant à notre envoyé spécial, Cloudy Mist, qui se trouve dans le quartier placé en x-7 sur y9 sur le quadrillage aérien de Baltimare. Cloudy Mist nous t’écoutons. »
« Merci Cestère eh oui nous voici devant le bâtiment des gardes qui, deux semaines auparavant, fut euh infiltré par le présumé même changeling qui aurait assassiné le docteur Eclestios et tué deux gardes lors d’un combat rapproché. Les recherches furent officiellement arrêtées après deux semaines de fouilles intensives. Verdict ? Le Major de cette division nous en a fait part lors de l’interview de ce matin. D’après lui, euh, aucune trace ne fut retrouvée et les soupçons contre le soldat Firebroken, à qui ce changeling aurait rendu visite à ce moment, s’intensifient. Une grande partie des gardes nous ont fait part de leur, euh, « inquiétude » concernant leur sécurité dans ce bâtiment, heureusement pour eux, notre illustre princesse Célestia a ordonné le resserrement des troupes vers la capitale causé par une alerte de catégorie huit dans les rues de cette dernière. Un appel à témoins à cependant été lancé et une récompense serait prévue en cas de… »
Je tapotai sur le radioréveil pour le faire taire. Depuis que Prixi avait acheté ce… truc la semaine dernière lors d’une petite brocante de la périphérie, je me réveillais tous les matins avec les informations pour être au courant de ce que les forces de l’ordre faisaient. Le fait d’avoir entendu que les gardes se retiraient me fit sourire et me réveilla de bonne humeur.
Prixilia dormait, serrée contre moi, le museau dans mon cou, son souffle chaud agréable m’effleurant la carapace du poitrail. Elle était toujours aussi belle que la première fois que je l’ai rencontrée et pourtant chaque jour me donnait l’impression de l’aimer de plus en plus. Peut-être le fait de ne jamais avoir senti l’amour avant.
Soudain, en me remémorant ce que le journaliste avait dit, mon cerveau fit un break et bloqua sur un mot, ou plutôt trois.
« La princesse Célestia », soufflai-je pas trop fort pour ne pas réveiller ma compagne. Une idée germa alors dans ma tête… une idée folle, pire que celle de demander pardon à un garde dans une caserne infestée de personnes capable de me tuer. Pire même que de devoir vivre caché sans craindre la traque et la mort. Non vraiment pire que tout ça…
« Il faut que je parle à la princesse Célestia… »
Prixilia, que je croyais dormir jusque-là, leva lentement la tête vers moi, les yeux ronds comme des soucoupes, ses beaux iris bleus étrécis par la peur de ce que je venais de dire. Elle me dévisagea un instant, voyant dans mes yeux que je ne mentais pas en prononçant ça. Ses yeux à elle reflétaient une crainte immense et des larmes commencèrent à poindre dans le coin de ses yeux. Elle bégaya et me serra plus fort comme pour m’empêcher de faire une connerie.
« T-Tu es taré… comme si tu crois que je te laisserai faire la plus grosse connerie qu’Equestria puisse imaginer… »
« Mon cœur… »
« Tu n’as pas le droit ! » Elle cria à demi, la voix étranglée par la peur et encore un peu enrouée par le réveil, « Cette fois si tu pars tu ne me reviendras pas ! Célestia est la souveraine jamais tu ne pourras l’approcher !... »
Elle tapota mollement sur mon poitrail pour me faire comprendre qu’elle souffrait. Je lui saisis le sabot et leva sa tête vers moi, des larmes coulant sur mon corps de Chistria.
« Ma chérie écoute-moi… je ne te demande pas de m’attendre ici cette fois-ci… si ton cœur te fais souffrir par la peur je veux que tu viennes avec moi… »
Elle s’arrêta de pleurer, prise au dépourvu, avant de baisser la tête.
« Je sais que tu te dis que tu es en couple avec la chose la plus inconsciente… et stupide… et… et… et pas intelligente et… »
Elle me fit taire d’un baiser. C’est exactement ce que j’attendais et je souris en même temps. Je lui mordillai la lèvre inférieure avant de la relâcher et de la regarder. Ses yeux étaient redevenus presque normaux et je lui embrassai le front.
« Je te demande si tu veux me suivre… je pense que je n’y arriverai pas seul et la princesse nous recevra peut-être plus facilement si l’on ressemble à une famille… »
Ses yeux pétillèrent d’espoir et je rajoutai avant qu’elle n’ouvre la bouche.
« Et je te fais la promesse qu’en revenant, je t’offre la chose qui te paraisse la plus chère à ton cœur… »
« Je ne viens que si tu me promets de m’épouser en revenant… »
Elle m’avait coupé d’une manière si adroite que j’eus du mal à assimiler l’info qu’elle me demanda. Puis son regard devint insistant, comme une pouliche voulant absolument avoir la promesse d’un cadeau hors du commun.
Je lui souris et déposai un baiser sur ses lèvres.
« Je te le jure sur ma vie. »
« Dis-le… en entier… »
« Je te jure sur ma vie qu’à notre retour, je te demande en mariage », corrigeai-je.
Elle me sourit à son tour et m’entraina dans un baiser passionné comme pour sceller un pacte.
« Je t’aime stupide changeling », pouffa-t-elle en me caressant la crinière.
« Je t’aime aussi ma Prixi », lui dis-je en la serrant plus fort contre moi.
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« Destination Canterlot !!! Tous les voyageurs concernés sont priés de se rendre au quai numéro B12 !!! » cria un poney avec une casquette de contrôleur à travers un haut-parleur. »
« C’est le nôtre allons-y ! » lançai-je à Dew et Prixi qui attendait près de deux petites malles contenant nos économies pour le voyage. Ma compagne et son fils se mirent en route en prenant soin de ne pas zapper de prendre les malles.
Quand la porte du wagon se referma derrière nous, un sentiment étrange se distingua autour de moi. Je me rendis compte alors que je n’avais jamais pris le train avant. Et même si la locomotive aux écoutilles en forme de cœurs et de couleur rose peut faire baisser l’atmosphère pesante, ma proximité avec les autres passagers me mit mal à l’aise. Comble pour moi, Canterlot était à plus de quatre heures de train, sans compter les arrêts qui rallongeaient de deux heures.
Un pégase gris aux crins noirs assez imposant par sa musculature se tenait à la barre de soutien à ma droite. J’avais l’impression qu’il me lorgnait mais j’évitais de croiser son regard. Je savais qu’un trop grand coup de stress pouvait me faire changer de forme… et là on aurait été dans de beaux draps. J’avais l’impression que tout le monde me dévisageait.
Comme me sentant paniqué, Prixilia enroula ma patte gauche dans la sienne et tint mon sabot en se collant à moi. Ce contact me fit oublier une grande partie de ce qui se trouvait autour de moi. Je ne sentais plus que ma compagne et moi, se tenant compagnie avec amour.
« Canterlot dans dix minutes mesdames et messieurs, tenez-vous prêt. »
Je sursautai. Comment le temps avait-il pu passer aussi rapidement ?! En ouvrant un œil et en jetant de petits regards autour de moi, je remarquai que le wagon était quasiment vide à part nous et quelques licornes de la haute société. Je n’avais pas vu nos arrêts aux stations. Pourtant je n’ai pas le souvenir de m’être assoupi.
« Canterlot ! Ouverture des portes. Merci d’avoir choisi Pony-Express comme ligne de transport et nous vous souhaitons une agréable journée. »
Je sursautai et descendis en vitesse du wagon de peur qu’il ne se referme trop vite et que nous loupions notre destination. Prixi gloussa et m’embrassa.
« Pauvre nigaud, c’est le dernier arrêt le wagon ne repart pas de sitôt. »
Je souris un peu bêtement et ris, j’étais définitivement trop tendu par l’idée de l’issue que ce voyage pourrait faire. Dew nous rejoignit avec les deux petites malles d’argent et nous partîmes en direction de l’accueil de la gare pour nous faire enregistrer comme touristes. Heureusement pour moi, ils ne demandèrent pas d’où je venais ni quelle était ma région de naissance. Ça aurait été un peu dur à expliquer. En sortant du grand hall, enfin en vue de la ville, je soupirai de soulagement… et étrangement de nostalgie. Prixi, qui avait reposé sa tête dans mon cou, la releva et me regarda.
« Swamp, quelque chose ne va pas ? »
« Je… » Je ne savais pas vraiment comment lui répondre, je me sentais un peu mal. Au loin dans la ville on pouvait apercevoir des chantiers de réparation, des grues, des ouvriers et beaucoup de choses qui me rappelaient ce que mon espèce avait causé comme tort.
« Tu ? »
« Je suis mal… la dernière fois que je suis venu là j’avais pour mission de… » Un pégase royal passa à coté de nous et je baissai le volume de ma voix, « … pour mission de détruire cette ville… » lui soufflai-je dans l’oreille.
« Swamp… mon chéri c’est du passé… maintenant tu es avec moi, avec nous tu n’as plus rien à craindre. » Elle me fit des petits bisous dans le cou qui me firent frissonner.
« Ça chatouille ahaha », gloussai-je avant de l’embrasser.
« Je sais mon cœur, et ça c’est le plus beau cadeau du monde », finis-je par réussir à lui dire.
Nous nous mîmes finalement en route. Ce que contenaient les mallettes nous permettrait sûrement de trouver un logement pas cher le temps que je sache comment parler à Célestia. Et en effet, ce fut rapide. Une rue donnant directement sur les murailles entourant le château était disponible. Nous la prîment et nous nous installâmes rapidement. Pendant que Dew sautait sur les lits qui lui semblaient plus moelleux que le sien, Prixilia et moi nous affairâmes à table pour savoir quoi faire.
« Il est dit dans le journal de Canterlot que la princesse Célestia en personne reçoit les familles dans le besoin afin que ces derniers leur content leur histoire… » commença Prixi.
« Tu crois qu’on pourrait utiliser ce prétexte pour que je me retrouve seul avec elles ? » demandai-je.
« Je ne sais pas », avoua-t-elle, « Mais on peut toujours essayer. Tant que tu ne perds pas ta transformation, nous ne risquons pas grand-chose… sauf l’échec. »
Je voulais absolument voir la Princesse pour la simple et bonne raison de lui montrer à quel point certains d’entre nous peuvent être sans danger. Il faudrait bien sûr que je lui avoue pour le médecin et les soldats, et le grand Architecte seul sait comment elle va réagir. Mais on pourrait trouver un arrangement concernant mon espèce et ainsi peut-être établir comme une sorte de pacte. Il fallait que j’essaie… et au plus vite.
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