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Le Démon de Hoofington: In Umbra L [...]

Une fiction écrite par Moonrise.

Prologue : Un Mythe plus Sombre que la Nuit

Le sang, l’odeur du sang. Si âcre, si enivrante. Et sa lueur ! Sous l’œil de l’unique gardienne de mon monde, blême comme la mort, et torturée comme celle que j’ai connue. Mais maintenant, qui pourra m’arrêter ? Je vais leurs montrer ! Et alors ils commenceront à me craindre, et je les égorgerai en me délectant de leurs regards apeurés, tandis qu’ils gémiront en me suppliant d’épargner leurs misérables vies. J’ai une folle envie de meurtre, je dirais même que j’ai une faim… De loup !

Il lui avait ouvert les yeux. Il était venu le voir alors qu’il était au seuil des portes de la mort, alors qu’il lui semblait que seulement quelques instants auparavant il était aux prises avec une créature tout droit venue des limbes de l’enfer, les yeux incandescents semblables à des braises et la gueule s’ouvrant sur le néant. Puis après étaient survenus le noir et le rouge, le noir de l’inconscience et le rouge de la douleur. Et le rouge du feu, celui qui le rongeait désormais, le rendait fiévreux. Et celui de la rage, celle qu’il dirigeait envers la race qui l’avait rejeté ! Mais aussi le noir, celui du remord, celui de la raison, qui vint étouffer le brasier que son cœur avait accepté.

Mais cette personne, tout entourée d’ombre et le regard infernal, lui avait ouvert les yeux et ravivé le brasier. Au moment où tout le monde semblait l’avoir abandonné à l’étreinte de la mort, dans ce bois maudit, il s’était réveillé devant lui, devant ces portes effroyables, auxquelles vous espérez vainement échapper. Et voilà que cette ombre à la corne tordue et aux ailes vaporeuses lui avait offert une chance d’y parvenir :

« Je la vois, je la lis sur ton visssage, avait-il prononcé avec une voix sifflante et caverneuse. La peur de la mort ! Durant toute votre misérable vie, elle reste gravée sur votre visage. Poneys, Pégases, Licornes, et bien sûr les plus apeurées de toutes, les Alicornes, vous craignez la mort autant que les Ténèbres. Dis-moi, toi qui n’as pas fuit à ma sssimple vue, en as-tu peur ? Ne mens pas, où je t’envoie à Charon sur l’heure !

- Ou-Ou-Oui ! J’en suis terrifié ! Avait-il bégayé, les yeux rivés sur deux lueurs vertes qui brillaient au-dessus de la brume.

- Jusqu’où serais-tu prêt à aller pour survivre, mortel ?

- Jusqu’en Enfer et au-delà, si je puis revoir ma famille ! S’était-il écrié.

- Est tu sûr de vouloir aller jusqu’à nager dans l’Achéron pour échapper à la fatalité qui vous sied, mortel ?

- Je suis près même à m’arracher aux bras de Morphée pour y parvenir ! Avait-il rajouté.

- Pourtant, mise à part ta famille, qu’y as-tu à gagner ? Un jour, elle aussi disparaîtra. Voudras-tu encore fuir ta mort à ce moment-là ?

- Je… Oui, car je ne peux m’y résoudre. Et j’ai une vengeance à prendre sur les gens qui m’ont rejeté ! » Avait-il avoué.



L’ombre l’avait ensuite considéré un long moment, ou deux secondes, en émettant un bruit semblable au tonnerre. Puis elle s'était penchée sur lui, et il avait pu entrevoir momentanément la face cauchemardesque de cette être. Mais même à cette vision d’horreur, il n’avait pas réagi, déterminé à tout faire pour échapper aux affres de la mort. Et peut-être que cette ombre …

Cette dernière avait repris la parole :



« Je peux t’offrir tout ce que tu sssouhaites. Ta vengeance, la vue de ta famille, mais surtout… Le Pouvoir !

- Vraiment, vous pouvez le faire ? S’était-il empressé de lui demander.

- Oui, et bien plusss encore ! Je peux t'offrir le Monde ! Mais pour cela, tu devras me donner ton âme ! »



Quand elle lui avait dit ça, il avait commencé à s’interroger sur l’identité de cette ombre, gardienne des portes funèbres de l'Outre-Tombe. Mais peu lui importait, il avait eu une chance d’obtenir le moindre de ses désirs :



« Comment dois-je faire ? Je suis prêt à vous la donner !

- Soit, Reprit le gardien après un autre bruit semblable au tonnerre. Bois mon sang, et ton âme m’appartiendra. Sssache cependant qu’il n’y aura plus pour toi ni repos éternel, ni purgatoire. Tu deviendras mon ssserviteur sur cette Terre que vous détruisez à chaque instant. Cependant, tu pourras accéder à l’Éternité ! »



L’Ombre avait alors sorti une curieuse dague de sous sa cape. Sa lame était noire et recourbée, sa poigne était faite de telle façon que personne ne pouvait la tenir aisément, et représentait un serpent squelettique. Surtout, son tranchant comportait de nombreuses pointes, de tel fait que la moindre blessure causée par cette arme ne pouvait être que profonde et irrégulière. Puis il s’était tranché les veines de la patte gauche, et un sang noir et verdâtre s’était écoulé, tandis qu’il proférait des propos dans une langue inconnue. S’il avait compris à ce moment-là ce que l’Ombre avait scandé, son sang se serait glacé d’effroi, et il aurait fui comme tous les autre avant lui. Cependant, encore une fois, il n’en avait rien fait :

« Bois ! » Avait-elle répété.

Et il s’était exécuté, scellant un pacte avec le Diable, scellant son destin à tout jamais torturé. La créature, ou plutôt le démon s’était de nouveau baissé sur lui, et avait susurré dans un souffle démoniaque en lui plantant sa lame dans le cœur, ou un minuscule éclat s’incrusta, le glaçant jusqu’aux os :

« Sssache que tu as vendu ton âme à Pandoran, le Mal d’Au-delà les Enfers, et maître de la Mort et des Ténèbres ! Meurs tandis que je partage une partie de mes pouvoirs avec toi, mortel. Qu’elle chanccce tu as ! Tu vas pouvoir répandre le Mal Oublié depuis des millénaires, le Mal contre qui même les étoiles ssse mettent à trembler ! Maintenant meurs ; puis renais ! Tu es le démon, celui qui décccide de la mort d’autrui ! Tu peux aussi choisir de répandre le Mal de par tes morsures, répandre la Pessste Sssecrète, celle qui te brûlera chaque pleine Lune ! »



Puis était revenues la rage et la haine dans un torrent rouge sang jusqu'à la lune, tandis que Pandoran était reparti dans un grondement de tonnerre, et il avait compris que ce bruit était celui de son rire ; effroyable, glaciale, caverneux et inéluctable. Le noir et le rouge, mais surtout le rouge, et il se réveilla devant la créature qui l’avait égorgé, celle qu'il était devenu : la créature qu’il avait tué grâce à une dague en argent, qu’il avait planté droit dans le cœur. Puis la Bête s’était évaporée doucement dans des volutes de fumée noire, plus noire que la nuit. Le noir, mais aussi le rouge. Celui du sang.





Le sang, l’odeur du sang. Si âcre, si enivrante. Et sa lueur ! Sous l’œil de l’unique gardienne de mon monde, blême comme la mort, et torturée comme celle que j’ai connue. Mais maintenant, qui pourra m’arrêter ? Je vais leurs montrer ! Et alors ils commenceront à me craindre, et je les égorgerai en me délectant de leurs regards apeurés, tandis qu’ils gémiront en me suppliant d’épargner leurs misérables vies. J’ai une folle envie de meurtre, je dirais même que j’ai envie d'écouter mes pulsions… Démoniaques !

Sa proie errait seule, perdue dans la nuit, à la recherche de la personne qu’elle avait envoyé à la mort. Il la sentait, Elle, son amie de toujours. Elle qui l’avait trahi, comme tous les autres ! Il voulait la voir courir, l’entendre crier, la voir gémir, l’entendre l’implorer, entendre son dernier soupir…

Il hurla. Il hurla à la lune, à gorge déployée, où se trouvait maintenant une longue cicatrice. Elle courut. Il se riait de ses efforts pour échapper au sort qu’elle lui avait imposé. Il la poursuivit. Elle se perdit. Elle cria. Il surgit d’une branche au-dessus d'elle, et la plaqua violemment à terre. Elle n’eut même pas la force de se débattre, tandis que ses griffes se plantaient profondément dans son corps fragile, si fragile. Elle gémit. Il la harcelait de ses pattes aux griffes recourbées, lui tranchant violemment la chair. Facile, si facile. Et si jouissif ! Elle l’implora. Puis il en eut assez de jouer avec elle, de lui lacérer le ventre jusqu’à dénuder ses os. Elle avait depuis longtemps poussé son ultime râle. Il ne restait d’elle qu’un tas de chair et une corne brisée.

Lui, il hurla de nouveau, laissant libre cour à sa rage, qui le brûla plus fort que jamais. Le sang, le sang, le sang. Le sang le fascinait. Il en voulait plus, toujours plus, boire jusqu’à la lie la coupe âcre de la vengeance. Ce soir, il n'avait qu'une seule envie : tuer !

Ils comprendront, eux, tous, du ciel jusqu’à la mer. Ils verront qu’ils ont ligué contre eux l’artisan de leur mort, à eux, à tous ! Eux qui détruisent cette terre éphémère, celle qui les accueille ! Mais je les détruirai avant, eux, tous, mise à part ma famille. Et nous créeront un autre monde, peut-être dans la désolation, mais un monde nouveau, ou nous pourrons vivre libre et sans eux, tous ! Que serait un purgatoire, face à notre propre paradis, interdit à eux, tous, mise à part ma famille !

Dans sa demeure de sable, plongé dans les eaux tempétueuses et sombre du Styx, Pandoran riait aux éclats, et le monde entier semblait trembler sous ce rire :

« Alors tu souhaites retrouver ta famille ? Ai-je donc oublié de te prévenir ? Une fois que tu as goûté à mon sang, tu ne peux plus t’en passer. Tu commences à avoir faim, je suppose. Résisteras-tu à l’appel du sang ? Où succomberas-tu avant, te croyant inexpugnable ? Stupide mortel, si facile à manipuler ! Tu ne peux te soustraire à ta propre nature, et te voilà maintenant comme un pion sur mon échiquier.

A moi de commencer, je suppose. Voici mon fou. Je l’envoie directement vers votre reine. Comment le roi réagira-t ‘il ? »

Il avait prononcé ces quatre dernières phrases en levant les yeux vers la voûte au dessus de sa tête, en signe de provocation. Cependant, aucun signe ne vint à son encontre en retour. Il redoubla dans ses éclats de rire.

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Note de l'auteur

Voici une nouvelle fiction, une de plus. Certain se demanderont pourquoi moi, auteur qui défend la non-violence, rédige cette histoire ou elle est omniprésente. Je dois dire que cette violence est celle que j'extériorise afin de garder mon sang froid et le calme. On a tous besoin de relâcher les soupapes de temps en temps. Cette histoire me permet aussi de développer mon univers, de déployer ma créativité au delà de la simple fiction...

Tolkien, je veux devenir comme vous le créateur de mon propre monde.

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