Ce fut un léger bruit qui le fit sortir de la nuit. Sa tête lui faisait mal comme un lendemain de beuverie. Il avait du mal à se relever et encore plus à regrouper ses souvenirs. Il attendit que sa migraine se calme mais ce fut au prix de grands efforts qu’il se releva. Il était à peine debout que tout se mit à tourner de nouveau, il s’appuya juste à temps sur ce qui semblait être un mur ou la paroi d’une grotte. Une fois ses yeux habitués à la pénombre, il examina les alentours. Son regard reconnut un objet familier. Un grand miroir d'une belle fabrication dont tout son support était fait d’or et serti de rubis. La forme lui faisait penser à un fer à cheval. A ce moment précis, sa mémoire se remit douloureusement en marche. Il commença à se rappeler des derniers événements de sa vie.
**********
Vingt-quatre heures auparavant :
- Capitaine, vous êtes sûr qu’il est là ?
Le capitaine Eric tourna la tête sur sa droite, extrait de ses pensées. Son ami le fixait de ses yeux cachés derrière son casque d'argent. Il répondit donc :
- D’après le dernier rapport reçu, oui Armant...
- Mais vous êtes sûr que ce Drags peut nous être utile ? dit-il aussitôt.
Eric réfléchit. Ses yeux se détournèrent de son ami pour balayer ses arrières. Une dizaine de chevaliers sur leur cheval les suivait, parlant et riant à haute voix afin de faire passer ce long voyage qu'ils entreprenaient tous depuis quelques jours déjà. Le capitaine redirigea son regard droit devant lui.
- Le roi de Jérusalem le pense... conclut-il doucement.
- Que sait-on sur ce Drags ? continua Armant.
Eric tira soudainement sur ses rênes et évita de justesse une grosse racine sur son passage. Ce petit chantier au milieu de la forêt où l'attroupement de chevaliers s'aventurait n'était pas de tout repos. Eric reprit :
- Ulric Drags Holshen pour être plus précis. Un initié, puis il est devenu prêtre à dix-sept ans, seulement il a renoncé à ses vœux lors de ses vingt ans.
- Le métier de prêtre, ce n’est pas fait pour tout le monde ?! s’esclaffa un chevalier à l'arrière.
- Je pense que c’est le vœu de chasteté qui n’est pas fait pour tout le monde, répliqua Eric.
Il y eut de grands éclats de rire. Le capitaine Eric rit aussi de bon cœur puis continua son récit avec son ami :
- Mais c’était un génie et donc le pape l’a gardé auprès de lui. Cependant il y a peu, il a été chassé de Rome.
- Et c’est pour quel genre de sornette que notre moine défroqué a été chassé ? demanda Armant non sans se retenir d'un petit rire.
- Il a couché avec la nièce privilégiée du pape et il l'a engrossée de surcroit, lui répondit sèchement Eric. Elle qui était déjà mariée...
Quelques-uns applaudirent dans leur dos alors que d’autres sifflèrent, surement une blague qui avait fait mouche.
- On peut dire qu’il est très fort celui-là, insista Armant. Mais Capitaine, ce n’est pas pour ces histoires sentimentales que notre cher roi Baudouin veut qu’on l’amène jusqu'en Terre Sainte ? En vaut-il vraiment la peine pour ce si long voyage ?
- C’est un spécialiste en armement, et d’après les rumeurs, il aurait mis au point une nouvelle arme redoutable. Enfin, si cela est vrai et son objet, fonctionnel, on obtiendra un grand avantage militaire contre Saladin et son armée.
La sortie de la forêt était enfin devant eux. Le capitaine arrêta son cheval et leva la main, les autres chevaliers firent de même.
- On est presque arrivés devant les portes de Milan. Retirez tout ce qui pourrait nous trahir. Et n’oubliez pas que c’est une mission secrète, alors la discrétion est de mise niveau attitude. Gardez cependant votre cotte de mailles et vos armes. Nous ne serons pas très silencieux mais on ne sait jamais, ça peut être utile.
Chacun obéit, retirant casque et plastron puis les raccrochant à la selle de leur chevaux en faisant en sorte de les dissimuler au maximum sous une couche de tissu.
Une fois devenu le plus discret possible, le capitaine fit signe de continuer. Et ce fut sans encombre qu’ils passèrent les portes de Milan et continuèrent leur chemin.
- Alors c’est quoi la suite ? s'excita un chevalier à son capitaine.
- On doit se rendre dans une taverne surnommée :le Poney d’argent. Quelqu’un là-bas sait où se trouve Drags. On le retrouve et on le ramène avec nous à Jérusalem.
- Si tout se passe bien !
- N’amène pas le malheur, Guillaume.
- Être superstitieux n’est pas chrétien, dit-il d’un sourire malicieux.
- Beaucoup de choses ne sont pas chrétiennes de nos jours. Maintenant silence et avance, acheva Eric.
Toute la troupe suivit son capitaine. Après deux bonnes heures de trot à travers les longues allées de la ville, toujours aucune auberge en vue, si bien que le capitaine regarda d’un air sombre l’un de ses hommes.
- Guido ! Je pensais que tu savais où aller !
- Pour ma défense, cela fait dix ans que je ne suis pas revenu ici, dit-il d'un air soutenu. Cet endroit a bien changé.
- Je peux le concevoir, se calma Eric. Mais le temps n’est pas en notre faveur alors dépêche-toi de te souvenir.
Guido baissa la tête comme un enfant que l’on venait de gronder. Un camarade lui lança :
- Le capitaine n’a pas tort, ça fait trois fois que l’on passe par ici. Admets que tu es perdu.
- Oui, je suis perdu. Vous voilà tous satisfaits ?
L'esprit de camaraderie reprit alors le dessus. Des voix s'élevèrent, charriant leur ami qui avait enfin avoué ne pas être le guide parfait pour une fois.
Alors qu'ils sortaient des allées sinueuses de la zone urbaine de Milan, un chemin pavé de pierres se présenta à eux, séparant une dense forêt sur leur droite de champs à perte de vue sur leur gauche. Le capitaine mit sa main en poing et fit signe de s'arrêter. Les chevaux se stoppèrent net ainsi que la bonne humeur de la cavalerie, remplacée instantanément par une extrême attention à leur environnement. Certains avaient déjà la main sur le pommeau de leur épées.
Une voix se fit entendre dans les alentours :
- Savez-vous messires chevaliers, si vous êtes perdus, demandez votre chemin.
Le capitaine tourna la tête et vit un vieil homme posté là, contre le mur de la ville. Les avait-il suivis ? De taille normale, il se tenait bien droit. Ses cheveux et sa barbe étaient d’un blanc laiteux. Le plus étrange était cette désagréable sensation d'une unification. Sa chevelure et sa pilosité semblaient ne faire qu’un autour de son visage. De plus, Eric avait cette étrange sensation de l’avoir déjà vu, mais il n’en avait pas le souvenir car un homme avec un physique aussi atypique ne pouvait pas passer inaperçu. Armand prit la parole :
- Et dites-moi, vieil homme. Comment avez-vous deviné que nous étions perdus ?
- Disons que cela fait plusieurs fois que je vous vois passer dans les environs, dit-il de sa sombre voix. Et donc je pensais à juste titre que vous étiez perdus.
- Tu as vu juste vieil homme. Je suis le chef de ces chevaliers et nous recherchons l’auberge du Poney d’argent. Peux-tu nous l'indiquer ?
- Vous n’êtes pas loin. Continuez tout droit puis tournez sur votre droite lorsque votre chemin vous le proposera. Après tournez sur votre gauche, la taverne se trouvera au centre de la rue.
- Merci vieil homme.
Le capitaine mit sa main dans un sac de cuir et prit une pièce d’or. Il la jeta vers cet homme vêtu de blanc qui l’attrapa au vol. Etrangement, Eric eut l’impression que ce vieillard avait attiré la pièce dans sa main. Ce dernier lui fit un signe de la tête et partit.
Grâce aux renseignements du vieil homme, il ne fallut pas longtemps pour trouver l’auberge. Une fois sur les lieux, Eric descendit de son cheval et regarda ses hommes.
- Bien, attendez-moi ici. Je n’en ai pas pour longtemps.
Il ouvrit la porte du bâtiment. L’odeur qui en émana était si épouvantable qu'Eric se couvrit le nez de dégout. Après un moment d’hésitation, il prit une grande inspiration et entra.
L’auberge était sombre et les fenêtres, crasseuses. Les tables étaient désordonnées et un brouhaha continu envahissait ses tympans. Tout cela ne l'aida pas à trouver son informateur. Il traversa l’auberge deux fois avant de l'apercevoir assis dans un recoin. Le capitaine s'approcha de sa table et se positionna face à lui. Le dos courbé, ce dernier releva sa tête qui était recouverte d’une sombre capuche reliée à une immense cape noire. Eric regarda droit dans l'obscurité de son visage et imposa sa voix :
- Je cherche des renseignements, pouvez-vous m’aider ?
L'homme eut un faible sursaut de rire puis répondit, les doigts gantés et croisés sur la table.
- Et dites-moi en quoi je pourrais vous apporter une quelconque aide.
Eric jeta un rapide coup d'œil sur la table. Quelque chose luisait contre l'un de ses gants.
- Votre bague... dit-il faiblement.
- Qu'a-t-elle, ma bague ?
- Elle porte le signe des templiers, répliqua-t-il distinctement. Vous pouvez donc m’aider.
- Bien observé. Et vous êtes ?
- L’envoyé de Baudouin, vous savez très bien pourquoi je suis là, lança Eric d'un ton impatient.
- Ah oui, Drags. Il se trouve à trois maisons plus loin, mais il est peut-être déjà trop tard. Sachez que vous n’êtes pas le seul à le rechercher.
- Et qui d’autre est à sa poursuite ? demanda-t-il intrigué.
L'homme au manteau noir plongea sa main gantée dans les ténèbres de sa capuche et se gratta le menton.
- Eh bien, le mari de la femme que Drags a engrossée a engagé des hommes afin de restaurer son honneur. De plus, j’ai appris que Saladin avait payé des mercenaires pour qu’il n’arrive pas en Terre Sainte vivant, et votre petit groupe non plus.
Le capitaine se leva calmement, sans un mot. Il lança une petite bourse sur la table. Le bruit des pièces d'or s'entrechoquant entre elles fit se retourner les têtes environnantes. L'homme au manteau s'empressa d'attraper son dû et le rangea soigneusement dans sa poche.
- Au plaisir de vous avoir aidé mon cher, termina-t-il d'un geste de la main.
Eric quitta l’auberge d'un pas rapide, mais une fois dehors, il leva les yeux et put prédire une forte averse qui arriverait sous peu.
Quand ses hommes le virent s'approcher, ils comprirent que quelque chose n’allait pas.
- Capitaine, vous savez où il est ? demanda Guillaume.
- Oui, mais il faut nous hâter. Armand ! dit-il à haute voix. Prépare les chevaux. Alexandre et Zifer ! Avec moi. Les autres ! Vous resterez non loin mais surtout, soyez discrets.
Il se dirigea vers son cheval et sortit de sa selle deux longues dagues. Il les fit tournoyer autour de ses doigts et les rangea rapidement sous sa ceinture. Ce petit tour l'amusait toujours lui et ses compagnons, et pourtant, cela l'aidait aussi à se concentrer. Une fois les préparatifs terminés, Eric et ses deux frères d'armes se mirent en route vers la maison de Drags.
**********
Drags courait partout, prenant des objets pour les mettre dans son sac et d'autres dans sa main avant de les reposer immédiatement, comprenant après une courte inspection que ceux-là ne lui serviraient à rien. Une grande partie de ses affaires était déjà à côté de la porte, dont trois coffrets qu’il regardait du coin de l’œil à chaque allée et venue. Il réfléchit :
« Mais que font-ils ? Ça fait un moment qu’ils devraient être là... »
Il continuait à faire les cent pas puis s’arrêta soudainement devant sa table. Il prit un vieux livre et un petit bout de crayon qu’il rangea sous sa cape. Puis quelque chose le sortit de ses pensées, on frappa à la porte de façon frénétique. Drags s'immobilisa, il ne dit plus un mot. Les coups prirent une autre intensité, ils étaient devenus bien plus violents.
« Ils veulent enfoncer la porte ! Et il n’y a pas d’issue ! Mince ! Je suis perdu ! » pensa-t-il dans la panique, regardant dans tous les sens à la recherche d'une échappatoire. Evidement, sa miteuse maison n'avait pas plus de trois pièces et une porte de sortie.
Après un long moment, la porte céda et trois hommes rentrèrent une épée à la main. Drags regarda les coffrets discrètement mais ses agresseurs étaient déjà à proximité. Se rapprocher vers ses coffrets était donc impossible. Ses opposants s’avancèrent lentement, leurs intentions étaient claires, Drags en connaissait la raison.
- Et disons que je m’excuse et que je promets de ne plus le refaire. Votre seigneur me pardonnera ? dit-il les mains grandes ouvertes au niveau des épaules en signe de résignation.
Ils ne répondirent pas, continuant d’avancer alors que Drags reculait au point d’être dos au mur et dans l'incapacité de fuir. Il ferma les yeux et attendit son sort. Quelques secondes plus tard, il les rouvrit. Deux des trois hommes ne bougeaient plus, le troisième avez été coupé dans son élan. Drags vit une épée le transperçant de part en part face à lui. L'homme tomba à terre en même temps que ses deux comparses, ayant eux une dague implantée profondément dans le dos. Une fois remis de ses émotions, Drags regarda mieux son sauveur. Il était plus grand que lui, d'une bonne musculature et ses cheveux étaient châtain clair et courts. Un collier pendait à son cou, recouvert à moitié par un bouc qui semblait être bien entretenu. Une chose rare le frappa, il possédait un œil bleu et un œil vert.
- Vous êtes Drags ? demanda-t-il.
- Heu... Oui. Et vous êtes ? répondit ce dernier dans l'incompréhension la plus total.
- Capitaine Eric, envoyé par le roi Baudouin IV pour vous amener à Jérusalem, déclara le chevalier d'une voix formelle.
- Ah oui ! Vous êtes donc mon escorte. Mais où sont les autres ?
Subitement, le capitaine entendit un faible bruit derrière lui. Alors en un éclair, il se retourna et vit Alexandre et Zifer devant la porte. Il leur fit un signe de la tête.
- Je vois que vous allez bien capitaine, souffla son ami de soulagement.
- Oui. Et de votre côté ? Comment ça s’est passé ? leur demanda Eric.
- Ça était plutôt facile. Ils n’étaient pas vraiment à la hauteur !
Alexandre ria, Zifer prit la parole :
- Et c'est lui Drags ?
- En effet. Ravis de faire votre connaissance, répliqua-t-il tout en leur faisant la révérence.
Les trois chevaliers se regardèrent gênés devant lui.
- Nous de même, répliqua Eric. Je vous pensais plus impressionnant cependant.
- C’est parce que je ne suis pas à mon avantage, dit-il en se relevant. Mais c’est bien que vous soyez là !
- A oui ? Et puis-je savoir pourquoi ? réclama le capitaine.
- Disons que ces coffrets contiennent mes armes, j’ai besoin de bras bien musclés pour les prendre avec nous.
- Alexandre, Zifer, portez ces coffrets, leur ordonna Eric. On doit partir d’ici immédiatement. Pas de temps à perdre.
**********
Armant observait l’horizon à l'extérieur de la bâtisse. Il vit son capitaine et un autre homme qu’il ne connaissait pas ainsi que ses deux compagnons d’armes sortir en courant comme si le diable été à leur poursuite. Alors, c'est avec une dextérité et une vitesse impressionnante que tous les chevaliers montèrent sur leur chevaux, Drags avec Eric, et sortirent de la ville aussi rapidement que possible. Après une longue chevauchée, le capitaine s'arrêta près des abords d'une forêt et fit signe à ses compagnons de faire de même.
- On est assez loin de Milan, nous allons passer la nuit ici, déclara-t-il en descendant de son destrier.
- Vous êtes sûr qu’on ne pourrait pas continuer ? supposa Armant.
- Pas question ! Nos chevaux sont fatigués et la nuit ne va pas tarder à tomber. Je refuse que l’on voyage de nuit, c’est pour cela qu’on campera ici. Guido et Adrien, allez chercher du bois. Armant, tu nous prépares le repas, les provisions sont sur mon cheval. Les autres ! Reposez-vous. On reprendra la route demain à l’aube. Notre voyage se poursuivra à travers cette forêt.
- Mais capitaine ! Cet itinéraire va rendre le voyage bien plus long ! rétorqua Guillaume.
- Je le sais très bien, lui dit Eric d'un air frustré. J’ai appris que Saladin a engagé des mercenaires. Leur mission est de faire échouer notre plan d'expatriation. Drags doit absolument être amené dans nos rangs. Son ingéniosité nous sera l'atout décisif afin de nous faire basculer cette guerre à notre avantage. Alors...
- Quel grand flatteur ! lança Drags, ce qui eut pour effet de déstabiliser fortement Eric dans son discours.
Celui-ci le regarda encore la bouche ouverte puis après quelques secondes, il reprit vers ses compagnons :
- Alors je préfère la prudence plutôt que la vitesse et la précipitation. De plus, chacun ferra un tour de garde. Deux heures par tête. Je commence.
Et tout le monde s'occupa. Certains nettoyèrent leurs armes à l'aide de miteux bouts de tissus, d’autres prièrent à même le sol. Le bivouac se montait progressivement, un feu de camps était prêt à servir de cuisine de fortune alors que des couches étaient disposées circulairement autour.
Eric examinait sa carte près du feu qui ne cessait de crépiter, envoyant des petites braises attaquer sans cesse ses cuisses. Assis sur une couche, Drags sortit de sa cape un bout de crayon et un petit livre et commença à dessiner à l'intérieur. Piqué par la curiosité, Alexandre regarda par-dessus son épaule d’un air fouineur.
- Que faites-vous ? demanda-t-il discrètement.
- Eh bien, je dessine... répondit bêtement Drags d'un air de dire que c'était évident.
- Oui mais quoi donc ? insista Alexandre.
Drags lui montra une des ses pages, il y avait quelques dessins de chevaux portant une étrange chevelure. Certains avaient des ailes, d’autres étaient des licornes d’après lui. Mais tous avaient un curieux tatouage sur chaque flanc. Alexandre lui prit le livre des mains et le montra à Eric. A la vue de ces croquis, il fut surpris, mais il reprit aussitôt un visage sérieux et referma le livre puis le tendit à Drags.
- C'est à cause de ce genre de dessins et de votre passion pour les femmes que le pape vous a chassé ?
- Ça et autre chose...
Eric plissa les yeux.
- Autre chose ? Vous attisez ma curiosité. Continuez.
Drags prit un bâton et creusa un cercle dans la terre.
- Pour faire court : ceci est notre monde créé par les dieux, avec nous en tant qu'être supérieur.
- Vous ne m’apprenez rien mais continuez je vous prie.
- Maintenant, imaginons un peu que notre créateur aurait élaboré d’autres mondes avec d’autres vies douées d'une intelligence égale à la notre voire même supérieure, mais d'un aspect différent de nous.
Drags traça un autre cercle prêt du premier mais séparé d'une grande ligne droite. Son esquisse de l'univers attira les autres chevaliers.
- Comme ces chevaux dans votre carnet ? lui demanda Eric.
- Oui, exactement ! répondit Drags à haute voix.
A ces mots, tout le monde se mit à rire. Même Eric eut un sourire. Guido lui jeta entre deux éclats :
- Eh bien Drags ! Les femmes et l’alcool de Milan ne vous ont pas réussi !
- C’est ça, riez à mes dépens. Je sais que je suis dans le vrai.
Il regarda Eric dans les yeux.
- Et au vu de votre réaction, vous le savez aussi.
Eric eut un geste de retrait. Il le fixa un instant puis fit demi-tour, évitant le sujet.
Quelque temps plus tard, tout le monde était réuni autour du feu et mangeait en silence. Eric continuait de regarder sa carte, jetant de furtifs regards à Drags. Chacun sentait la tension qui émanait de leur chef et hésitait à rompre le silence, de peur de mettre Eric d’une humeur encore plus sombre. Soudain, ils entendirent un craquement vers leur gauche. Tous sortirent leur épées et la brandirent vers un homme paniqué, vêtu de pauvres vêtements blancs.
- Doucement mes seigneurs, croyez-moi, je ne fais pas un bon martyr.
Ils reconnurent alors le vieil homme de Milan. Tous les soldats rangèrent leur épées à l’exception d’Eric qui s'avança avec prudence. Il examina de nouveau le vieil homme d'un regard d'expert, lui tournant autour. Après avoir conclu qu’il ne représentait pas une menace directe, il rabaissa son arme mais ne la rangea pas.
- Eh bien mon ami ! On dirait que cette fois, c’est vous qui êtes perdu ! lui déclara Eric.
- Pour vous dire la vérité chevalier, oui et non... répondit-il mystérieusement.
- Ah oui ? Et qu’est-ce qui vous a amené ici ? Ne me dites pas que c'est les champignons.
- Non, rien de tout cela. Je voyageais sur la route des pèlerins quand j’ai vu un groupe d’hommes armés arrêter tous les voyageurs. Apparemment, ils recherchaient quelqu’un. J’ai pris peur alors j’ai voulu couper par la forêt. Je me suis perdu quand la nuit est tombée. C'est alors que j’ai aperçu une lueur, je me suis dirigé vers elle et je suis tombé sur vous. Je vous assure que je ne suis pas hostile, je ne demande juste qu'un endroit où dormir. Demain, je reprendrai ma route.
Eric regarda ses compagnons. Certains avaient un visage neutre alors que d’autres haussèrent des épaules. Eric leva les yeux vers les cieux. Il faisait bien trop sombre à cette heure-ci ; continuer ainsi était trop peu sûr avec ces brins de lueur lunaire traversant les nuages. Il rangea son épée et fit signe au vieil homme de s’installer.
- Merci, vous êtes un homme bon... C'est si rare ces derniers temps, dit-il en sortant un tapis de sol et une maigre peau de bête de son sac.
- Merci pour le compliment. Vous devez avoir faim, mangez donc quelque chose, lui proposa le capitaine.
- C'est généreux de votre part mais je jeûne. L’odeur me suffira, lui dit-il tout en positionnant sa pauvre couche près du feu.
- Comme vous voulez, conclut Eric.
Alors que chacun mangeait à sa faim, Eric remarqua que le vieil homme semblait alléché de les voir se délecter de leur viande juteuse.
- Dites-moi vieil homme, quel est votre nom ?
- Nilrem. Et vous ?
- Eric de la Sall, lui dit-il en regardant son repas. Êtes-vous sûr de votre décision ? Jeûner peut être assez dangereux lorsque l'on voyage seul.
- Oui, je suis sûr, lui répondit Nilrem en s'allongeant sur son tapis. Je vais plutôt dormir.
Le repas toucha à sa fin, tous se préparèrent à se coucher à l'exception d'Eric qui resta au coin du feu, l’épée sortie et à l'affût du moindre bruit. Rien ne se passa lors de son tour de garde. Il réveilla Armant et prit sa place dans la couchette. Une fois à l'intérieur, il ne sentait aucune fatigue se présenter à lui. Alors il fixa le feu des yeux comme si ses étincelles virevoltant dans les airs pouvaient l’aider à s'endormir plus vite. Au bout d’une heure de somnolence, il plongea enfin dans un profond sommeil.
- Eric... Eric...
Le chevalier ouvrit les yeux. Il se trouvait dans une clairière, les rayons doux et apaisants du soleil réchauffaient sa peau. Il tourna la tête et sourit doucement.
- Excuse-moi, je me suis endormi.
Eric parlait à une drôle de forme floutée qui eut un léger rire.
- Ce n’est pas grave. Et pour une fois, c’est moi qui te vois dormir, et pas l’inverse.
- Je devais avoir une tête idiote ! dit-il en souriant.
- Non... Tu semblais en paix, lui répondit cet être d'une voix apaisante.
- Près de toi, je le suis toujours.
Sa main caressait lentement le visage de cette ombre. Elle se pencha faiblement afin de mieux ressentir la paume d’Eric.
- Il faut dire que la nuit a été courte, révéla-t-il le regard porté sur le tapis de fleurs où ils reposaient.
- Et tu te plains de tes nuits ?
- Non, elles me plaisent. Mais je dois bien dire que chacune d'elle passée avec toi est toujours trop courte.
- Alors profitons de cet instant où nous ne sommes rien que tous les deux.
Cette mystérieuse ombre s’approcha. Eric l’embrassa longuement en la prenant dans ses bras. Une fois ce doux baiser terminé, elle posa sa tête contre son torse et lui dit :
- Je t’aime Eric.
- Je t’aime aussi, Lou.
Eric rouvrit doucement les yeux, de nouveau au camp avec ses hommes. Il avait l’air déçu. Il se leva et s’enfonça sans perdre de temps dans la forêt à la recherche d’un petit cours d’eau. Après en avoir aperçu un non loin, il s’aspergea le visage et but une gorgée. Eric regarda son reflet, perdu dans ses pensées, quand un bruit attira son attention. Il se retourna et vit deux hommes courir vers lui les armes à la main. Le capitaine se prépara à sortir son épée mais il l’avait laissée au campement. Le premier homme attaqua. Eric plongea sur sa gauche et se releva en un éclair puis fonça sur son adversaire afin de le désarmer. Cependant, le deuxième était déjà derrière lui et leva son épée à la vertical, prêt à frapper. Eric plaça le premier homme sur sa trajectoire. L’épée fendit l’air et le transperça. L’homme lâcha son épée, Eric s’en saisit à la volée et poussa son corps d’un coup de pied vers l’avant, ce qui fit perdre l’équilibre du second. Il tomba lourdement au sol sous le corps de son compagnon. Sans remord, Eric embrocha les deux hommes à l’abdomen. Après avoir retiré sa lame, il regarda autour de lui en position défensive, la pointe de son arme ensanglantée face à lui. Rien n’arriva.
« S’ils m’ont trouvé, ça veut dire que le campement est en danger ! »
Il partit à toute vitesse vers son campement, esquivant avec souplesse les branchages des arbres et sautant par-dessus de grosses racines sur le chemin du retour.
Eric arriva près du camp, ses hommes dormaient encore. Il se mit près du feu, au centre des couches et commença à crier :
- Debout ! Allez, debout ! On est attaqués !
Tout le monde sursauta et très vite prit leur épées et leur boucliers. Ils se mirent rapidement en cercle et placèrent Drags et Nilrem au centre. Eric leur exposa brièvement la situation. Après un laps de temps qui parut durer une éternité, alors que rien ne se passait, Guido regarda son capitaine et lui dit :
- S'ils sont ici, pourquoi n’attaquent-ils pas ? Capitaine, je crois que vous êtes tombé sur des éclaireurs, on peut conclure que si vous les avez tués, ils n’ont pas eu le temps de…
Guido ne put finir sa phrase, une flèche lui transperça l’épaule.
- Des flèches ! cria Eric. Levez vos boucliers ! Drags, occupez-vous de Guido, ne lui enlevez pas cette flèche ! Contentez-vous de couper le fût à la base de la pointe à l'aide de cette pince !
Drags et Nilrem tirèrent Guido au centre du dôme de boucliers. Drags prit la pince que lui tendit Eric et entreprit de faire de son mieux. Mais Guido bougeait tellement que Nilrem eut beaucoup de mal à le tenir pendant que Drags tentait de couper la flèche. A l’extérieur, d'autres flèches pleuvaient. Certaines étaient si rapides que les chevaliers les entendaient siffler alors que d’autres se plantaient au sol ou dans leur boucliers. Après quelques instants, cette soudaine violence prit fin. Un silence angoissant s’installa. Drags le rompit :
- Ils n’ont plus de flèche ?
- Non... Ça, mon cher Drags, ce n’était que le premier assaut. Alors maintenant silence. On doit rester concentrés, le second assaut va commencer.
- Que voulez-vous dire par là ?
- L’assaut de front.
A ces mots, une dizaine d’hommes sortit de nulle part et les encercla. Eric abandonna son bouclier et prit sa deuxième épée. La rencontre fut si soudaine que les chevaliers ne posèrent pas de question. Leurs épées s’abattirent sauvagement sur leurs adversaires, taillant et coupant des membres. Eric maniait ses deux lames avec une dextérité effrayante. Ses adversaires face à lui n’avaient aucune chance.
Chaque coup porté n’avait qu’un but : donner la mort. Mais l’adresse et l’expertise de ses hommes n’arrêtaient pas le flux d’ennemis qui continuait à sortir des bois. Un homme fonça sur Eric. Il abattu férocement ses deux épées mais l’homme les para de son bouclier et repoussa le capitaine d'un douloureux coup de pied avant. Eric recula mais garda le contact visuel.
Soudainement, le capitaine lança légèrement son épée de droite jusqu'au niveau de son propre visage. Alors que son arme virevoltait face à lui, Eric jeta rapidement l'épée de sa main gauche à sa main droite puis laissa celle dans les airs tomber dans sa main gauche. Cette rapide passe d’arme déstabilisa son opposant, ce laps de temps suffit pour lui porter un coup fatal au torse. Son adversaire tomba à genoux.
- On n’y arrivera pas à cette vitesse ! hurla Eric en retirant son épée de sa victime d'un coup de pied près de sa lame, emportant une giclée de sang au passage. Ils vont nous avoir à l’usure ! On n’a pas le choix, il faut tenter une diversion afin de se frayer un passage !
- Très bien capitaine ! On vous couvre ! cria Guillaume.
Nilrem s'approcha du capitaine, apeuré par cette petite bataille qui s'opérait autour de lui.
- S'il vous plait chevalier, protégez-moi de ce massacre !
- Ne vous en faites pas et restez près de moi, le rassura Eric. Drags ! Suivez-moi aussi ! On va vous mettre à l'abri !
Les chevaliers foncèrent sur leurs adversaires. Eric partit dans l’autre direction avec ses deux camarades. Au même moment, un cavalier bondit sur eux. Eric poussa Drags et Nilrem de chaque côté et allongea ses bras contre son assaillant. Ses deux épées pointaient vers l'avant, ce qui eut pour effet de taillader les genoux du cheval. L'animal perdit l’équilibre et chuta, écrasant le corps de son cavalier. Drags siffla.
- Je dois avouer que je suis épaté.
- Vous aurez le temps de me féliciter après si on s'en sort vivants.
Eric les fit passer devant et ferma la marche. Ils progressaient lentement, Nilrem les ralentissait mais le capitaine se refusa de l’abandonner. Il savait ce qui lui arriverait s’il était capturé. Il fallait donc mettre à l’abri ses deux compères.
- Eric attention !
Ce dernier eut le temps de voir un homme avec une arbalète tirer, cependant ce n’était pas le capitaine qu’il visait mais Nilrem. Il le poussa juste à temps mais le carreau se logea dans son bras droit. Eric tomba et poussa un cri de douleur, lâchant son épée au sol. Il tenta de se relever avant que l’homme ne recharge son arme mais il entendit une explosion bien trop proche de sa position. L'arbalète vola en éclats et l’homme tomba à terre, le buste et la tête ensanglantés jusqu'à la chair. Eric se retourna et vit Drags tenir une étrange arme à la main.
- C’est ce que vous avez créé ? demanda-t-il, effaré par son étrange canon à main.
- Et oui, répondit Drags avec fierté.
- Eh bien je suis épaté à mon tour, lui avoua Eric.
Drags l'aida à se relever.
- Ça ira ?
- J’ai connu des jours meilleurs, je l’avoue. Mais ne vous en faites pas, ça ira mieux dans quelques secondes.
Eric mordit sa cape. D’un geste vif, il retirera le carreau. Son hurlement fut étouffé par le cuir entre ses mâchoires. Du sang coulait de sa blessure. Eric savait qu’il ne pourrait plus utiliser son bras s'il ne recevait pas un soin immédiat. Mais cela devrait attendre avec un simple bandage, ils devaient continuer.
Au moment où le capitaine reprit la marche, il sentit quelqu’un le soutenir. Il tourna la tête et vit Nilrem. Son compagnon le remercia d'un signe de la tête. Par la suite, ce petit groupe reprit son chemin et alla se cacher dans un fourré. Eric restait sur ses gardes, attendant une bonne demi-heure avant de ressortir aller rejoindre les autres, enfin, seulement s'ils étaient encore vivants.
Lorsqu'ils arrivèrent au campement, Eric aurait cru à un champ de bataille. Des cadavres parsemaient les alentours alors que leur sang abreuvait les plantes tapissant le sol. Le feu était éteint et leur équipement était encore intact, cependant les trois coffrets de Drags avaient disparu. Plus de cheval ni aucun corps de ses amis en vue. Drags voulut impérativement retrouver ses inventions cachées dans ses coffres mais Eric déclara qui fallait repartir le plus rapidement possible. Il récupéra alors son sac et un maximum de nourriture puis, une fois Nilrem et Drags chargés de provisions, Eric leur dit sinistrement :
- Il nous faut continuer sans eux.
Les deux approuvèrent. Le vieil homme préféra suivre le capitaine dans son itinéraire, "lui disant qu'il reprendra un autre embranchement de route plus tard.
Après de longues heures de marche, le groupe avait du mal à continuer. Eric observait les alentours à la recherche du moindre danger potentiel. Nilrem vit une vieille et petite ville à quelques lieues d’ici.
- Vous voyez ça ? dit le vieil homme.
Son doigt pointait au loin. Les yeux du capitaine et du moine suivirent sa direction jusqu'à rencontrer ladite ville.
- On va se cacher là pour reprendre des forces et attendre que la situation se calme. Après, on reprendra la route. Avec un peu de chance, on retrouvera certainement vos compagnons en chemin.
Eric aurait aimé croire en ses paroles mais il savait bien ce qu'il leur était arrivé. Une grande peine lui souleva alors le cœur mais le capitaine retint ses larmes. Il secoua sa tête et garda son sang-froid. Il repensa alors aux paroles de Nilrem qui n'étaient pas dénouées de sens. Il finit par acquiescer et le groupe se remit en route.
Au fur et à mesure de leurs pas, ils pouvaient de mieux en mieux voir à quoi ressemblait leur nouveau lieu sûr. Il y avait une vieille chapelle à l'entrée de la ville, l'endroit parfait pour se cacher. Drags voulut ouvrir la porte mais elle était coincée. Il tenta de l'enfoncer par la force mais elle ne bougea toujours pas. Eric souffla, s’avança et écarta Drags sur le côté. Il donna un puissant coup de pied qu'y fit tomber son battant. Il regarda Drags d’un air amusé.
- Vous voyez, ce ne fut pas compliqué.
- Oui, mais c’est parce que j’ai déjà fait la moitié du travail...
- On va dire ça. Je vous en prie, après vous.
Ils entrèrent chacun leur tour dans la vieille chapelle et prirent un moment pour la contempler de l’intérieur. Drags regarda Eric d'un air intrigué et lui dit :
- Je trouve ça étrange qu’un tel édifice se trouve dans un tel endroit.
- Ce n’est pas si étrange, Drags. Ces chapelles ont étaient baties après la prise de Jérusalem pour accueillir les pèlerins afin qu’ils puissent se reposer, prier et se restaurer. Seulement, par la suite, une route a été construite. Cet itinéraire étant plus sûr et moins long, ces chapelles devinrent inutiles pour les voyageurs. D’après moi, on doit être les premiers visiteurs depuis sa fermeture.
Eric appuya son épaule contre un mur et se laissa glisser. Nilrem se trouvait au centre de la chapelle, les yeux fermés. Il semblait prier selon Eric. Drags visitait les alentours, il tournait en rond. A ses yeux, cette bâtisse n'avait rien d’exceptionnel, elle ressemblait à toutes les autres chapelles. Il aurait bien voulu sortir mais si Eric avait dit d’attendre ici, il le ferait.
« Après tout, c'est lui le mieux placé pour nous dire où nous sommes en sécurité. »
Une chose attira son regard, une lueur brillante sous des gravats. Il s’approcha. De l'or, c'était de l'or, il en était sûr. Alors avec frénésie, il se mit à bouger les décombres afin d'en déterrer son trésor. Eric fut attiré par le bruit que faisait Drags.
- Je peux savoir ce que vous faites ? lui lança-t-il toujours au sol, sa main gauche serrant fortement son bras meurtri.
- Je crois avoir vu un objet précieux sous ces gravats.
- Inutile de chercher. Je suis blessé, nous ne transportons déjà pas assez de vivre pour continuer jusqu'au prochain point de ravitaillement. Alors arrêtez cela, c'est inutile.
- Chacun s’occupe comme il peut.
- Si ça vous amuse, mais vous allez être déçu.
- On verra bien.
Quelques minutes plus tard, Drags souffla de fatigue puis se retourna vers Eric avec un regard suppliant.
- Qu'y a-t-il ? lui demanda Eric.
- Un peu d’aide ? répliqua Drags.
- Vous savez que je suis blessé !
- Juste un petit coup de pouce... lui dit-il d'un air enfantin.
Eric soupira, se releva et alla aider Drags avec son bras valide. Ils retirèrent le reste de gravats et soulevèrent l'objet que Drags avait trouvé. C’était un grand miroir en très bon état malgré la saleté qui le recouvrait. Son cadre était en or et serti de rubis. Pour Eric, le plus intriguant était sa forme qui ressemblait à un fer à cheval. Au vu de son apparence, il était peu probable que cet objet puisse être authentique.
- Alors ? Vous en pensez quoi ? s'empressa de demander Drags, excité par sa trouvaille.
- Belle pièce, lui avoua Eric. Dommage qu'elle soit aussi une belle imitation.
Drags leva un sourcil et fixa le chevalier, puis examina le miroir mais resta indécis sur son ressenti.
- Pourquoi dites-vous cela ? voulut savoir Drags.
- Eh bien si c’était un objet précieux, vous croyez vraiment qu’on l’aurait laissé ici, et puis regardez son état.
- Effectivement. Moi qui pensais que cet objet possédait une grande valeur.
En face de ce grand miroir, Drags était déçu. Il voulut le relâcher aussitôt de ses mains mais Eric l'en empêcha. Les petites gravures sur ses contours ressemblaient fortement aux dessins du moine. Une voix s'éleva derrière eux.
- Ho mais je vous rassure tout de suite. Cet objet est bien authentique.
Les deux hommes se retournèrent. Nilrem les regarda avec un grand sourire et s’approcha d’eux. Il resta malgré tout à bonne distance d’Eric.
-Je vous remercie de l’avoir retrouvé pour moi. J’avoue avoir eu un peu peur de devoir retourner les alentours. Heureusement que le miroir se trouvait dans cette chapelle. Vous l’avez trouvé à ma place et vous m’avez enlevé une sacrée épine du sabot. Enfin, je veux dire du pied !
- Nilrem... Vous avez fait ce voyage pour ce miroir ?
- Non mon cher Drags. Voyez-vous, ce miroir est un passage et non la destination.
Nilrem frappa le sol du pied. Il y eut comme un écho qui se répercuta sur les murs et le plafond de la chapelle. Le miroir se releva brusquement à la vertical, propulsant le chevalier et le moine en arrière. Le reflet des deux hommes à terre se mit à briller d'une intensité phénoménale. Un vent violent provenant de cette lumière aveuglante semblait vouloir les attirer vers le miroir. A ce moment, Eric comprit ce qu’il se passait.
- Depuis le début, c'est nous que vous vouliez !
Nilrem répondit :
- Perspicace... mais un peu lent. Oui, c’est vrai, c’est vous deux que je cherchais. Je pensais commencer par Drags et ensuite aller en Terre Sainte pour vous, Eric. Mais hélas, ou fort heureusement, le destin vous a réunis au même endroit. Je ne pouvais espérer mieux.
- Et pour qui travaillez-vous ? Saladin ?
- Non, pas du tout. Je travaille pour quelque chose de bien plus grand : le destin. Et d'ailleurs, il est temps d’y aller.
Il leva la main, le vent redoubla d’intensité. Eric et Drags sentaient leurs corps se diriger vers le miroir malgré leur résistance.
- Accrochez-vous à moi Drags et tenez bon !
Drags s’accrocha à la cape d’Eric. Ce dernier planta son épée dans le sol. Nilrem eut un large sourire.
- Astucieux... mais futile.
Il releva la main et cette fois, le vent se changea en tempête. Leurs corps se soulevèrent mais Eric tenait bon. Cependant, Drags avait de plus en plus de mal à tenir sa cape. Ses doigts glissaient petit à petit, si bien qu’ils ne tenaient plus qu’à un bout de cuir. Ses pieds frôlaient le miroir, il avait l’impression que son corps s’étirait. La douleur était si intense qu’il lâcha prise et disparut dans la lumière. Eric, lui, ne flancha pas, mais son épée commençait à se retirer du sol. Nilrem s’approcha doucement, il ne semblait pas affecté par cette minuscule mais pas moins puissante tornade dans la chapelle. Il s’accroupit face à Eric et prit à son tour le pommeau de son épée.
- Je l’avoue, vous êtes coriace. Mais vous avez un rendez-vous à ne pas rater.
- Je vous fais le serment que si un jour je vous retrouve... commença à grogner Eric.
- Ho, on se retrouvera. Mais pour le moment...
Nilrem arracha la main d’Eric de son épée.
- Ce n'est qu'un au revoir...
La dernière vision d’Eric avant de sombrer fut ce vieil homme vêtu de pauvres vêtements blancs lui faisant un signe de la main.
**********
Celestia regardait par le balcon de son château. Le soleil était radieux, chaud et même apaisant. Malgré tout cela, elle ne pouvait s’empêcher d’être inquiète. Elle l’était toujours quand sa sœur partait en campagne bien qu’elle savait que rien ne pouvait la vaincre. Elle ne pouvait s’empêcher d’imaginer le pire, des martèlements répétés sur sa porte la fit sortir de ses pensées.
- Entrez, lança-t-elle de sa voix d'Impératrice sans détourner son regard.
La porte s’ouvrit et un poney bleu de la garde royale apparut derrière elle.
- Princesse, veuillez m’excuser pour cette intrusion, dit-il dans la précipitation.
Celestia continuait à contempler le paysage extérieur. Elle répondit :
- Il n’y pas de mal Brave Heart. Pourquoi cet empressement ?
- On ne sait comment mais il s’est passé une chose inexpliquée dans le hall de gloire et il faut absolument que vous veniez immédiatement car nous ne savons pas comment réagir, déclara le soldat d'une traite.
La Princesse se retourna intriguée.
- Allons mon petit poney, garde tes esprits et reprends ton souffle. Qu'est-il arrivé ? dit Celestia d'une voix apaisante.
La licorne inspira fortement puis expira faiblement.
- Le coffre où se trouvaient les symboles d’équilibre s’est ouvert, annonça-t-il, plus calme. Le symbole d’équilibre de la magie s’est mis à briller.
- Impossible ! s'étonna la Princesse.
- Et pourtant Votre Altesse, ce n'est pas tout. Le coffre où se trouvait le symbole de la transformation s’est ouvert et celui-ci brille aussi en ce moment même.
- Mais ce symbole n'a pas brillé depuis Starswirl le Barbu...
- Je le sais Princesse. Alors que doit-on faire ?
Celestia réfléchit un moment afin d'évaluer la situation puis calmement, elle s’adressa à Brave Heart:
- Ma sœur... Envoie un pégase à sa rencontre avec la missive suivante : qu'elle revienne à Canterlot de toute urgence. Il semblerait que de grands événements soient en marche.
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Une reformulation ponctuelle m'inclura énormément plus de travail que je n'ai déjà ( que ce soit sur cette fic, sur le site ou en dehors ) mais je tiens quand même à essayer pour le chapitre deux ( je suis en plein dedans en ce moment ) afin de voir ce que ça pourrait donner.
Merci pour ton encouragement et merci à tous ceux qui ont pris la peine de donner une seconde chance à cette fiction.
En terme de critique ou même de question,
A savoir : Pour tout ce qui est sujet sur l'histoire/intrigue des personnages ou leur personnalité + l'univers global, adressez vous plus à Kingstar
Pour le reste, ce qui est description de l'univers, sensation des perso, style d'écriture/fluidité du récit, adressez vous plus à moi.
Enfin pour ce qui est de la manière dont sont apportés les événements, càd l’enchaînement des actions/descriptions et du déroulement de l'histoire ( pas dans sa globalité mais plus scène par scène ) C'est alors à Kingstar et à moi de vous adresser.
Bien sûr, c'est une généralité, mais ceux-ci sont les points où nous sommes le plus axés de notre côté.
Parlons un peu de la fiction maintenant. Comme je te l’avais déjà dit, j’aime beaucoup le contexte. Tu essayes d’intégrer cette fiction dans un univers historiquement cohérent, ce qui lui donne une certaine assise et une certaine personnalité. Cela permet d’ancrer l’histoire dans quelque chose de vivant et aide sans aucun doute à s’y immerger. Un très bon point donc. Il y aurait certes cette incohérence avec les canons mais elle est complètement mineur et correspond à une typologie de personnage assez répandue, celle des inventeurs en avance sur leurs temps. Or, si cette avance est tout au plus d’un siècle, il n’y a vraiment pas de quoi chipoter ; si encore il avait inventé une twingo, pourquoi pas mais là, ça ne dérangera aucun lecteur.
Toutefois, maintenant qu’ils vont se rendre en Equestria, je me demande comment tu vas faire pour gérer cette ambiance, pour garder ce contexte bien particulier. J’espère donc qu’il y aura des allers-retours entre les deux mondes voire de l’intrigue au plus haut niveau. A voir donc.
Niveau écriture, je dois dire que je suis un peu surpris ; je m’attendais à une collaboration plus poussée avec TheFrenchGuy. De ce que je me rappelle du texte original, son travail s’est principalement axé sur la correction de fautes et sur l’intégration de syntaxe. Bon, en soit c’était déjà un sacré boulot (et il reste toujours des erreurs çà et là, ce qui était presque inévitable) mais je me demande si le choix d’une reformulation ponctuel plutôt qu’une simple correction ne serait pas un ajout précieux.
Au-delà des fautes, le texte original demandait ainsi un petit travail d’écriture pour rendre certains passages plus fluides et plus clairs (le combat dans la maison de Drags par exemple). De plus, un ajout de description, notamment au-niveau de l’environnement, serait un plus non-négligeable surtout dans un contexte aussi atypique. Mieux décrire la ville ou la forêt aurait été bienvenue je pense car au final, cela a beaucoup l’air de se passer dans un environnement neutre. La réaction d’Éric face aux dessins équins aurait aussi mérité un peu plus de profondeur pour renforcer son impact.
Un très bon point par contre pour les scènes de combat que j’ai trouvé assez bien écrites, avec ici un niveau de détail suffisant pour se faire une véritable idée de ce qui se passe sans non plus se perdre dans des descriptions à rallonge. En fait, j’ai ressenti une gradation dans ce chapitre, où la narration semblait de plus en plus maîtrisée (même la scène dans l’église passe relativement bien). J’espère donc que cela augure du bon pour la suite, surtout si tu renforces ta collaboration avec @TheFrenchGuy.
En résumé, non seulement je suis content de voir cette fiction enfin publiée mais j’attends beaucoup des développements à venir, en espérant surtout que ce contexte historique ne soit pas qu’un simple arrière-plan mais un réel élément de l’intrigue. Courage à vous deux !
T- Comme je vous dis dans mon rapport
j'ai envie de dire pourquoi pas. pour une entrée en matière, ce n'est vraiment pas mal. le décor est correctement décrit. J'y marque une incohérence. Des sarrasins ? je veux dire un groupe de sarasins ? en pleine terres chrétiennes ?
J- Bah, les gouts, les couleurs et l'histoire... @Kingstar peut les remanié comme il veut
c'est vrai. totalement vrai, le seul et véritable dieu d'un roman est son auteur. et il raconte l'histoire du tout premier broni !!! celui qui a vécu à l'époque des croisades !!! bien avant le premier film des années 80 visionnaire, le type, j'adore.
T- Une seul chose, qui selon moi pourrait être le seul point noir, c'est que Equestria n'as qu'un petit paragraphe lui étant dédié.
J- de un, il fait ce qu'il veut, et de deux si t'as rien à dire, tu dis rien. il est allé directement à l'essentiel et c'est très bien comme ça si ça lui plait. tu vas pas raconté ce qui se passe au trefond de l'Amazonie si les héros de ton histoire se passe à Milan.
Un point pour Jackson. donc, @kingstar, je m'adresse à toi, j'attend beaucoup de toi
la synopsis m'a attiré vers toi, comme une mouche vers du miel et come l'image le donne je vais te coller un bon moment ^^
à ton prochain chapitre