La statuette de Nagayon

Voila déjà plusieurs jours que Brown Travel marchait à travers le désert de l’Arabie Selloudite, manquant de perdre connaissance à de multiples reprises. Sa gourde était déjà presque vide et les rayons du Soleil frappaient son pelage marron de plein fouet, le sable brûlant, lui, se fichait dans ses poils lorsqu’il tomba pour la première fois depuis son départ.

À son réveil, l’air semblait frais, la douce brise du vent vint caresser son visage mouillé par un gant qui était posé sur son front. Il était allongé sur un lit relativement confortable, mais même en ouvrant les yeux, il ne put voir ce qui l’entourait car sa vision était floue, il apercevait simplement des nuances de blanc, de marron, et… de vert ?

Ce vert bougeait selon lui, et semblait s’approcher petit à petit. Après quelques secondes à rester les yeux ouverts, Brown parvint enfin à y voir clair. Un poney terrestre se trouvait là, en face de lui, assis sur le sol à côté du lit.

« Tiens ! » commença le terrestre, souriant. « Tu es enfin réveillé ! »

La licorne marron se redressa de son lit, laissant le gant tomber sur son ventre, il posa un sabot sur sa tête à cause d’un mal de crâne assez grand. Il ouvrit à nouveau les yeux après s’être frotté le front puis observa le poney en face.

Son pelage était vert pomme et sa crinière, de couleur bien plus foncée avec quelques mèches éclaircies, était coiffée en arrière. Sa queue était courte et de la même couleur que son crin. Brown ne parvint pas de suite à voir sa Cutie Mark car le terrestre était assis et observait la licorne en attendant probablement une réponse :

« Que... Qu’est-ce que je fais là ? » fit Brown en gardant un sabot sur sa tête à cause de la douleur.

« T’as dormi pendant une journée entière ! Je t’ai trouvé inconscient à la frontière de l’Azamonie. »

Le terrestre jeta un coup d'œil au corps de la licorne puis reprit place normalement :

« J’ai aussi essayé de soigner tes brûlures », continua-il. « D’après cette lettre, tu te serai effondré sur le sable de l’Arabie Selloudite... »

Il tendit la dite lettre et continua de parler :

« C’est un endroit très dangereux là-bas ! Et tes brûlures sont quand même assez graves à cause de se sable bouillant… »

« Oh ce n’est rien », enchaîna la licorne avec un petit sourire. « J’ai l’habitude de ce genre de péripéties, merci de m’avoir soigné au fait... »

« Pas de soucis ! »

Pendant quelques échanges de paroles, Brown ouvrit la lettre et commença à lire jusqu’à voir une partie lui étant adressée :

« Brown Travel l’aventurier,

Nous nous sommes déjà rencontrés il y a quelques jours dans le passé, je suis Nebka, la descendante de Nitocris. Je vois que ton voyage ne se stoppera pas et lorsque je t’ai vu inconscient par terre, je t’ai emmené chez cette personne directement.

Te voici donc dans la jungle de l’Azamonie, où réside le “Temple d’Akela”, ton prochain objectif. Ce temple contient une statuette qui est susceptible de t'intéresser car elle descelle elle aussi des secrets sur Equestria, à toi de trouver cet artefact et d’en déchiffrer la vérité.

Nebka. »

« Donc tu es toi aussi un aventurier ? » fit le terrestre assez enthousiaste

« Oui, je cherche un maximum d’artefacts afin de trouver tous les secrets qu’Equestria peut bien cacher, et tu es ? »

« Oh pardon ! J’en oublie les bonnes manières », répondit l’étalon en frottant l’arrière de sa crinière. « Je m’appelle Tinhorn Green, je suis moi aussi un aventurier à la recherche de compagnons de route pour pouvoir voyager à travers Equestria, mais c’est surtout pour le plaisir de l’aventure que je fais ça ! »

La licorne arqua un sourcil et afficha une mine incompréhensive :

« Le plaisir de l’aventure ? Et que fais-tu des secrets qu’Equestria peut garder ? De toutes ces années de recherche par nos ancêtres laissés à l’abandon ? »

« Oh oui je m’intéresse aussi à ça, mais avant tout j’aimerais pouvoir voir tous les différents paysages d’Equestria, ses temples, ruines et autres paysages. »

Tinhorn posa un sabot sur le rebord de la fenêtre et observa le ciel de ses yeux bleu foncé avec un air enthousiaste et un sourire aux lèvres :

« Je ne suis pas un collectionneur d’artefacts comme toi, je cherche surtout l’aventure à travers les voyages. Bien entendu, les secrets m’intéressent eux aussi beaucoup ! »

« Je vois, c’est une grande passion pour toi ! » répondit la licorne en souriant.

Le terrestre resta pensif quelques secondes, un sabot posé sur le rebord de la fenêtre, et l’autre grattant son menton. Puis, il se tourna vers Brown, le fixant droit dans les yeux, plissant les sourcils. Il retrouva vite son sourire habituel avant de s’approcher de la licorne et de lui tendre son sabot vers lui en disant :

« Hey ! Que dirais-tu de faire équipe toi et moi ? »

« F-Faire équipe ?! » répondit la licorne étonnée par cette question si soudaine.

« Bah ouais, tu me dis que tu cherches surtout les artefacts et je veux faire le tour d’Equestria afin de découvrir le paysage et autres temples ou ruines. Je suis sûr que l’on pourra bien s’entendre tous les deux ! »

Brown réfléchit alors à sont tour, observant le terrestre qui avait toujours le sabot tendu vers lui, n’attendant qu’une réponse. Il se mit alors à sourire à son tour et plaça son sabot contre celui de son nouvel ami en le regardant dans les yeux :

« Je voyage principalement en solo… mais depuis quelques temps, j’ai appris qu’avoir de la compagnie sera toujours la bienvenue, alors j’accepte ton offre Tinhorn ! »

« Super ! »

« Ah au fait… c’est quoi ta Cutie Mark ? »

Tinhorn se plaça alors sur le côté pour montrer le côté droit de son flanc, sa Cutie Mark était en effet une boussole sur une carte, presque comme celle de Brown qui était une carte transpercée par une dague. Les deux poneys rigolèrent ensemble et échangèrent encore quelques mots avant de finalement se relever tous les deux et se préparer :

« Donc cet endroit se nomme la jungle d’Azamonie c’est bien ça ? » fit la licorne.

« Ouaip, c’est aussi le seul endroit où je vis, mais comme je pars avec toi, je vais prendre le strict nécessaire. »

La licorne approcha du sac de Tinhorn.

« Tu permets ? fit-il. Je vais faire en sorte que tu puisses prendre un maximum d’affaires utiles. »

« Hein ? Oh vas-y fais donc ! »

Brown fit alors luire sa corne, puis une aura blanche entoura le sac de son ami, une fois le sort lancé, le sac n’avait ni changé de couleur, ni grandi, ni quoi que ce soit. Cependant, la licorne semblait satisfait du résultat et recula en regardant Tinhorn qui était perdu :

« Euh… tu t’es raté le sort ? »

« Non non, regarde, mets quelque chose dans ton sac. »

« D-D’accord… »

Il plaça alors plusieurs bandes et une trousse de secours, au moment où les affaires touchèrent le fond du sac, elles disparurent d’un coup, il recommença la même étape avec des gourdes et autres affaires tels que de la nourriture ou même quelques boissons, et toutes ses affaires disparurent aussi. Étonné, Tinhorn regarda la licorne qui se délectait du spectacle en rigolant.

« Pourquoi toutes mes affaires se barrent quand je les pose ?! »

« Relax, j’ai lancé un sort d’extension de sac, tu peux donc poser tout ce que tu veux sans avoir de bordel dans ton sac, et puis au moins, tu pourras le transporter sans avoir le poids sur le dos ! »

« Ah ? Voyons voir ça alors… »

Il attrapa le sac et le jeta sur son dos. Comme l’avait dit la licorne, le sac était aussi léger que s'il était vide. Pour vérifier que tout y était, le terrestre reposa le sac et mit son sabot au fond du sac, il sentit alors les différents objets qu’il avait posé, nourriture, boissons, gourdes, bandages… tout était là et pourtant le sac était vide à vu d’œil.

Après avoir ri un bon coup et une fois les affaires enfin terminées, Brown enfila sa veste personnelle de chercheur et mit un chapeau similaire à celui de Daring Do, qui lui donnait un petit côté explorateur dans une jungle. Ils partirent alors sur les traces du Temple d’Akela, mais le chemin était rude, et les éléments ne semblaient pas trop être en accord avec leurs décisions.

En l’espace de quelques minutes, un torrent de pluie démentielle inonda les deux poneys qui se réfugièrent sous un grand arbre. Les gouttes coulaient en masse sur leur visage malgré les feuilles qui retenaient en grande partie l’eau. Peu à peu, le terrain devenait boueux et glissant sur les pentes, du moins c’est ce qu’ils en déduisirent lorsqu’un singe, qui galopait par là, glissa sur la pente pour finalement se prendre l’arbre deux mètres plus loin.

Après quelques heures, la pluie avait enfin cessé, le binôme reprit donc la route, marchant dans la boue qui se collait aux poils de leurs quatre sabots. Manquant de trébucher une bonne cinquantaine de fois, ils ne parvenaient toujours pas à trouver le moindre indice d’où pouvait bien se trouver le temple, ni à quoi il ressemblait. La nuit arriva vite et ils virent une petite grotte taillée dans une colline. Ils ne se firent pas prier deux fois et se réfugièrent en vitesse dans cet endroit sombre et humide.

Utilisant sa corne pour illuminer les environs, Brown s’installa et sortit un grand sac de couchage ainsi que de quoi se nourrir, Tinhorn en fit de même et ils commencèrent alors à manger à leur faim. Une fois le repas fini et leur estomac rassasié, le terrestre s’approcha de Brown qui était en train de lire un livre :

« Tu lis quoi ? » commença Tinhorn intrigué.

« Un livre sur les temples d’Equestria, je l’ai trouvé dans d’anciennes ruines pendant mon voyage. C’est toujours bon de savoir à quoi on doit s’attendre dans ce genre d’endroits. »

Il s’approcha à son tour du terrestre et fit voler le livre en face d’eux, tournant les pages petit à petit, il raconta alors l’histoire du temple qu’ils recherchaient :

« Le temple d’Akela, un très ancien endroit mais aussi appelé “Le temple mirage”, d’après ce livre, personne n’aurait pu le trouver, ou du moins, personne n’a pu témoigner de son existence. Il reste encore un mythe aux yeux de tous les poneys. Il fut créé jadis par la jument terrestre Akela Nag… »

La licorne s’interrompit tout seul et répéta le même nom pendant un long moment, dans sa tête, il retraçait tout le parcours qu’il avait fait lors de son périple dans le temple de Nagayon aux côtés de Rainbow Dash. Le terrestre, encore dans l’incompréhension, secoua son ami dans tous les sens après avoir passé son sabot devant les yeux :

« Brooooooown ? Hellooooo ? Youhouuuu. »

Peu à peu, la licorne reprit ses esprits en secouant sa tête.

« Hein ?! Quoi ?! Où ?! »

« Eh ben qu’est-ce qu’il y a ? T’étais paumé dans tes pensées. C’est qui cette “Akela” ? »

Il fit léviter le livre une nouvelle fois, relisant le passage en question.

« … Il fut jadis créé par a jument terrestre “Akela Nagayon”... donc nous cherchons actuellement le temple de Nagayon elle même ?! »

« Nagayon ? » questionna l’étalon vert en penchant légèrement la tête.

« J’ai déjà visité un des temples de Nagayon, mais c’était une licorne nommée Nitocris qui l’avait conçu… Là il s’agit d’un temple créé par la jument elle même, ce qu’il contient doit être rarissime ! »

« Euh… je suis pas sûr de tout comprendre là.. un petit briefing s’teu plait ? »

Pendant une ou deux heures, Brown raconta alors ses aventures, passant de son tout premier temple, jusqu’au jour où il a rencontré Dash, avec qui il dut coopérer pour récupérer le fameux Grimoire qu’il céda finalement à la pégase. Après une longue série de questions venant de Tinhorn, il décidèrent au final de dormir car il était tard. Un dernier échange de “bonne nuit” et les deux poneys finirent alors par s’endormir.

Le lendemain, à leur réveil, une chose interpella Brown, le sol était sec, complètement sec, comme s'il n’avait jamais plu. En y repensant, les arbres avaient eux aussi changé d’emplacement et la grotte, maintenant illuminée par le Soleil, semblait être plus profonde qu’ils l’avaient vu avant de dormir.

Prenant leur courage à deux fers et après s’être échangé un regard hésitant, Brown illumina sa corne et ouvrit la marche, rapidement suivi de Tinhorn. Plus ils avançaient et plus ils avaient l’air de descendre. Plusieurs minutes... toujours rien, les couloirs sombres de la grotte donnaient une impression d’infinité.

« Je commence à croire qu’il n’y a rien à voir ici Brown… »

« SHHHHT ! »

La licorne s’arrêta brusquement, sa corne le chatouillait et son aura devenait de plus en plus intense à mesure qu'il marchait.

« Par là Tinhorn suis-moi ! » fit Brown avant de commencer à courir.

Le terrestre n’eut pas le temps de répliquer que la licorne était déjà une dizaine de mètres plus loin. Il courut donc à son tour pour le rattraper. Au bout de quelques minutes de course intensive, ils parvinrent enfin à voir une lumière au bout du chemin, cette lumière menait droit vers une sortie. Une fois dehors, ils virent encore cette jungle, des arbres par ci par là, des serpents ondulant sur les branches, les lianes entre deux ravins et tout ce qui s’ensuivait.

« Quoi on est retournés sur nos pas ?! » répliqua le terrestre.

« Non », enchaîna la licorne.

Il tendit son sabot vers un arbre dont la branche était brisée au trois quart.

« Regarde cet arbre… il n’était pas là quand on est arrivés… et je sens que la relique est près de nous… continuons le chemin, je suis sûr que l’on trouvera quelque chose ! »

« Je te suis… » fit Tinhorn de plus en plus perplexe.

Ils sortirent de la grotte et commençaient à analyser les environs, qui ressemblait à une jungle tout à fait banale et presque identique à l’endroit où ils étaient depuis leur départ. Mais c’était à prévoir, une jungle est remplie d’arbres tropicaux quasi-identiques un peu partout sur des hectares. Dix minutes de marche, puis vingt et toujours aucun signe du temple, même pas un indice. Au bout de trente minutes, le groupe commençait à perdre espoir, rabâchant sans arrêt qu’ils ne trouveraient jamais l’endroit où se trouve l’artefact, pourtant, la corne de Brown semblait s'intensifier à mesure qu'ils marchaient.

Quelques instants plus tard, ils finirent par faire une pause, épuisés. Sortant de quoi grignoter et boire, Brown attrapa au passage son livre et l’ouvrit au passage titré “Le temple de Nagayon”. Il relit alors plusieurs fois le passage tout en mangeant son sandwich et buvant son eau fraîche tranquillement. Puis, une partie de l’histoire retint son attention, à tel point qu’il manqua de s’étouffer en retenant un cri de joie alors qu’il venait à peine de prendre une bouchée de son repas.

« Quel idiot ! Comment j’ai pu oublier ce passage !! »

« Comment ça ? » demanda le terrestre qui ne comprenait rien.

« C’est pas pour rien qu’on l’appelle “le temple mirage” et j’avais complètement oublié cette phrase écrite à la patte. »

Il tourne le livre vers son ami et pointa du sabot le dit passage avec écrit : “Il ne faut pas toujours voir pour y croire, mais y croire pour le voir…”

Il afficha un large sourire et posa son sandwich à peine entamé avant de faire à nouveau illuminer sa corne pour trouver le point le plus intense. Au bout de une ou deux minutes, son chemin le mena jusqu’à un socle de pierre. Il prit alors place sur ce dernier et commença à fermer les yeux :

« Bon ben je te laisse te concentrer, je vais chercher les affaires moi », fit Tinhorn qui de toute évidence ne pouvait rien faire.

La licorne murmura quelques mots :

« Y croire pour le voir… ne pas voir pour le croire... »

Il répéta ses mots une dizaine de fois, puis une vingtaine, et plus il répétait ces mots, plus son aura magique s’intensifiait. Au retour du terrestre, les deux sacs sur son dos, il osait à peine croire ce qu’il était en train de voir. La corne de Brown était tellement grande qu’elle finit finalement par se changer en une petite boule blanche. Cette dernière fit le tour d’une zone bien précise avant de rester au centre, inactive.

La licorne transpirait en abondance, jamais il n’avait utilisé autant de magie auparavant. Épuisé, il manqua de s’évanouir mais fut rapidement attrapé par son ami qui l’allongea doucement avant de lui donner sa gourde d’eau qu’il but entièrement sans faire état de zèle. Après avoir reprit sa respiration, il se releva et remercia Tinhorn d’un signe de tête et commença à approcher de la petite boule blanche au centre d’une série de socles de pierre.

Il approcha son sabot lentement, peu confiant sur ce qui pouvait arriver et finit enfin par atteindre la petite boule magique qui descendit lentement avant de rentrer dans le sol. Quelques secondes passèrent et toujours aucun signe.

« Bon, fit le terrestre désespéré, je suppose qu’on est bon pour chercher autre p… »

Avant même d’avoir pu finir sa phrase, le sol se mit à trembler violemment, jusqu’à arracher les arbres alentours sur une dizaine de mètres. Le sol se fissura brusquement, ne laissant que très peu de temps à la licorne pour s’écarter du chemin. Une pierre sortit du sol, laissant petit à petit le reste d’un immense bâtiment sortir du sol. Le tremblement se stoppa, les deux poneys approchèrent donc du temple.

Un grand bâtiment fait uniquement de très vieilles pierres moussues, des lianes passent par ci par là sur tout le tour du temple. Le feuillage de la jungle recouvrait presque tout le temple mais semblait s’enrouler soigneusement sur les bordures de l’entrée, formant ainsi une arche fleurie. La porte, elle, était relativement grande, similaire à celle du temple de l’Arabie Selloudite, mais ses marques étaient différentes. En effet, ce n’était plus une carte représentant les trois pays mais simplement une grande jument se cabrant avec au-dessus d’elle, une statuette à son effigie avec d’étranges gravures. L’extérieur du temple n’était que très basique, un sommet tout à fait normal, difficile pour Brown de croire qu’il s’agissait du temple de Nagayon elle-même…

Ne se fiant qu’à son intuition, il tourna la tête vers son ami :

« Alors, on y va ? »

Mais le terrestre était fasciné par ce qu’il voyait, il ne prêta que très peu d’attention à ce que disait Brown et fit rapidement le tour du bâtiment pour y voir toutes les parcelles rocheuses. La licorne soupira et le téléporta en face de lui :

« Te fascine pas pour si peu, le meilleur est à venir, allez en avant ! »

« Hein ? Euh… okay je te suis ! »

Après avoir posé son sabot sur le pan du mur qui ouvrit la porte, les deux poneys entrèrent dans le temple qui se referma aussitôt entrés. Un nouveau tremblement de terre retint le groupe puis cessa peu après.

« Bon », fit Brown. « On peut plus faire marche arrière… »

« Qu’est-ce qui te fait dire ça ? »

« Le temple vient de s’enfoncer dans le sol… Bon on trouvera bien un moyen de sortir, en attendant allons-y ! »

La licorne fit briller sa corne afin d’éclaircir le couloir dans lequel ils étaient, ce dernier les mena jusqu’à une série d’escaliers qui descendait peu à peu, dévoilant sur les murs, des torches posées sur les socles métalliques. Brown les alluma une à une jusqu’à arriver enfin en bas des marches. Entrant dans la première salle, il s’entendait pertinemment à avoir une énigme ou quelque chose du genre. S'il s’agissait de l’un des temples de Nagayon, c’était le minimum à attendre.

« Reste sur tes gardes Tin’ on est jamais à l’abri d’un clic ou d’un piège hasardeux… »

Heureusement pour eux, ils arrivèrent au centre de la salle sans problèmes, Brown analysa alors la salle maintenant éclairée. L’intérieur, contrairement à l'extérieur du temple, était fait de pierres taillées, des gravures ornant la roche en une bande faisant le tour de la pièce. Le plafond était haut et le centre mettait en évidence un socle avec une note :

“Elle est parfois artificielle ou bien encore naturelle.

Mais en l’accomplissant, on prend des risques importants.”

« C’est quoi ces conneries ?! » fit Tinhorn. « On doit juste répondre à de pauvres énigmes ? »

« En quelque sorte... » répondit Brown tout en réfléchissant. « Mais une seule erreur peut te coûter la vie… »

Le terrestre déglutit bruyamment aux dernières paroles de son ami qui était plus que sérieux. Il se mit donc à chercher avec lui, s’approchant de la note pour la lire plusieurs fois. Puis, quelque chose sur le mur retint son attention, partant voir la marque incrustée dans la paroi rocheuse, il se tourna vers Brown :

« Hey Brown ! Viens par ici j’ai trouvé un truc ! »

« Hmm ? »

La licorne approcha, et identifia cette marque qui semblait amovible selon lui. Il fit luire sa corne, entourant la chose de son aura et tira d’un coup, laissant apparaître un nouveau socle avec un trou en son centre.

« Ouais… on va pas aller loin avec ça », fit le terrestre découragé une nouvelle fois. « En quoi ce trou va bien pouvoir nous aider ? »

« “Parfois artificielle… ou encore naturelle”… de l’eau ? »

« Nan je pense pas, regarde : “En l’accomplissant on prend des risques importants”, tu peux pas accomplir de l’eau c’est stu- »

« CASCADE ! » hurla la licorne. « Donne-moi de l’eau vite ! »

Tinhorn ne le fit pas attendre et prit sa gourde d’eau qu’il versa dans le socle. Quelques secondes… une minute... toujours rien...

« T’es sûr que c’est ça Brown ? »

Un “CLIC” se fit soudainement entendre, par réflexe, Brown sauta en arrière et se mit en garde, formant une aura autour du poney terrestre pour le protéger. Mais rien ne se produisit, cependant, le piédestal au centre avait disparu et une petite boule verte sortit du trou de l’autre socle et s’envola vers un mur qu’il sépara en deux pour laisser apparaître le prochain chemin à prendre.

Ni une ni deux, ils entamèrent le chemin et arrivèrent rapidement sur la nouvelle salle. Elle était presque pareille que la précédente, toute faite de pierres taillées, une bande de gravure faisant le tour de la salle mais ce coup-ci, aucune trace d’un éventuel socle caché. Au centre, un nouveau piédestal suivi d’une série de lettres de l’alphabet se présentait à eux avec la nouvelle énigme à côté :

“Je n'existe pas et pourtant on me nomme,

De l'heure dépend mon influence,

J'aime imiter vos pas au gré du Soleil.”

« Rassure-moi Brown… y’en a combien des comme ça ? »

« J’en sais rien mais reste concentré ! »

Il s’assit par terre, prenant la note entre ses pattes et commença à réfléchir à la réponse :

« “Je n’existe pas”... c’est donc immatériel… “De l’heure dépend mon influence”... en fonction de la journée il est donc plus ou moins présent… “J’aime imiter vos pas au gré du Soleil”... euh… Une idée Tin’ ? »

Le terrestre se gratta le menton, observant lui aussi la note avec attention après s’être assis auprès de la licorne :

« Un pantin ? » commença-t-il. « Nan c’est pas immatériel… On cherche un truc immatériel, qui varie en fonction de l’heure et qui imite nos mouvements grâce au Soleil… »

« Je dis peut-être une connerie mais ça pourrait être une ombre non ? »

« Une ombre ? »

« Ben ouais, c’est immatériel mais pourtant on la nomme ainsi, sa présence et sa taille varient en fonction de la journée, et c’est la seule chose, à mon souvenir le plus vague, qui suit nos mouvements grâce au Soleil… »

« Essaye, on sait jamais… mais fais gaffe quand même... »

De son sabot gauche, Brown appuya sur les lettres l’une après l’autre pour former le mot “O.M.B.R.E”. Par chance, la porte vers la prochaine salle s’ouvrit, mais un bruit suspect retint l’attention des deux poneys. Au début, il ne s’agissait que d’un simple “plic... ploc... plic… ploc…”

« B-Brown ? On devrait euh… courir non ? »

Avant même que la licorne puisse répliquer, une fissure commença à se manifester au niveau de la porte vers la précédente salle, s'agrandissant de plus en plus, l’eau coula par nombreuses gouttes. Paniqué, il hurla :

« TIN’ BOUGE VITE ! »

Mais il était déjà trop tard, l’eau coulait en abondance et recouvrit entièrement le sol de la pièce, les sécurités s’activèrent instantanément, fermant les deux portes et laissant les deux poneys à leur destin. Au bout d’une minute de recherche active, aucun bouton, ni mécanisme, ni autre socle n’était présent, et la salle était remplie au quart déjà, les obligeant à nager.

Il ne fallut que peu de temps pour voir que le trou d’eau s’agrandissait peu à peu, laissant de plus en plus d’eau couler et remplir la salle encore plus. L’endroit presque rempli à fond, et le terrestre s’approcha de son partenaire :

« Brown, t’as pas une magie qui pourrait nous permettre de respirer sous l’eau ? »

« J’ai bien une bulle de protection… mais je ne peux le faire que sur une personne… »

« Ça devrait suffire, fais-moi confiance et lance-la sur moi ! »

« Mais tu… »

« FAIS C’QUE J’TE DIS ! » hurla le terrestre avant que l’eau ait fini de remplir la salle.

Dans un dernier élan, Brown retint sa respiration et entoura le terrestre d’une bulle magique. Ce dernier partit en direction de la porte et mit ses sabots à terre. Posant sa patte sur les recoins pour voir où se situait le centre, il se mit dos à la porte, relevant les pattes arrière avant de donner un violent coup qui en détruisit une partie.

L’eau s’échappa petit à petit, cela dit, la bulle disparut que quelques instants après, Brown était évanoui tant il avait dû retenir son souffle. Malgré le perçage fait pour que l’eau parte, cela n’allait pas assez vite, et Tinhorn perdit rapidement connaissance lui aussi.

Quelques minutes plus tard, les corps des deux poneys gisaient sur le sol encore humide. La licorne se réveilla en premier. Il rampa vers son ami et attrapa une fiole dans son sac qu’il vida dans sa bouche entrouverte. Une fois le liquide entièrement avalé, un gargouillement bruyant se fit entendre dans le ventre du terrestre, son teint devint subitement pâle avant que la licorne se mette à décompter :

« Cinq... quatre... trois... deux... un... »

Tinhorn, plus vert qu’il ne l’était à la base, se redressa sur ses quatre fers et courut dans un coin de la pièce avant de rejeter son dîner, et même le précédent, à terre. Peu à peu, il reprit des couleurs, ou du moins son vert habituel, et aida Brown à se relever lentement :

« Erk... c’est quoi cette connerie que tu m’as filée ?! »

« Un remède pour te remettre sur pattes, visiblement ça a marché », fit Brown en rigolant.

« Ouais je vois ça… maintenant j’ai un goût écœurant dans la bouche… enfin bref, reposons-nous quelques minutes si tu veux bien, sinon je sens que je vais reg… »

« Épargne-moi les détails ! » coupa-il. « J’ai bien compris, on se repose un peu. »

Les deux poneys s’assirent à côté de leurs sacs et mangèrent un peu, échangeant quelques mots de temps en temps, quand Brown voulut en savoir plus sur le passé de son ami.

« Mais dis-moi Tin’, comment tu as eu ta Cutie Mark ? »

« Ma… cutie mark ?... »

Le terrestre resta tête baissée, comme s'il ne désirait pas répondre à cette question. Brown approcha, passant une patte sur son épaule pour le consoler en voyant des larmes couler de ses yeux. Visiblement, il avait touché une corde sensible et il comprit vite que son passé n’était pas le seul à avoir été semé d'embûches…

« Ne t’en fais pas », reprit Brown en tapotant le dos de son ami. « On verra ça plus tard, je comprends parfaitement que tu ne veuilles pas en parler… »

Tinhorn resta silencieux quelques instant et se releva, souriant à Brown en attrapant son sac et fit simplement :

« Merci... de me comprendre… »

Et il partit en direction de la prochaine salle, séchant les gouttes qui coulaient encore sur son visage. Brown ne tarda pas à suivre, un peu gêné d’avoir mis son ami dans l’embarras. Lui-même savait la réaction qu’il avait eue envers Rainbow Dash lorsque cette dernière avait voulu en savoir plus sur son passé désastreux. Il était donc normal de ne pas trop insister là-dessus au risque de le rendre mélancolique. Même si ça devait déjà être le cas.

Il arrivèrent enfin à la salle suivante après avoir longé un long couloir relativement sombre, éclairé par la corne de Brown. Cette salle était petite, le plafond pas très haut et aucun piège ne semblait présent lorsque la licorne lança un sort de détection. La “décoration”, elle, semblait de plus en plus vieille, la pierre taillée semblait amochée et la verdure de la surface faisait s’effriter la roche pour laisser passer de la mousse ou encore des lianes. La bande de gravures entourant la salle était présente mais largement détruite sur certaines parties. Un cube était posé au centre avec une note au-dessus :

“Passer cette pièce relèvera du défi, car votre unique sortie est la destruction de ce cube. Ne vous fiez pas aux apparences car il vous faudra faire face à la pire des douleurs lorsque les morceaux s'éparpilleront.”

« C’est une blague ? » fit Tinhorn en ricanant. « Il faut juste détruite le cube pour passer ? »

« J’ai que très peu confiance… » répliqua Brown qui inspectait le cube sans le toucher.

« Rhaaa laisse-moi faire ! »

La licorne recula par crainte et laissa le terrestre s’occuper de l’objet. Mais voilà, lorsqu’il le toucha, Brown remarqua une sorte de fumée verte s’en dégager avant d’entrer dans le corps de son ami, qui de préférence ne l’avait pas vu. Au moment d’infliger le coup fatal au cube, le terrestre se résigna et prit le cube entre ses pattes, son iris s’était rétracté et son sourire devenait de plus en plus niais.

« Bon Tin’ tu le détruis ce cube ouais ? »

« D-D-Détruire le cube ?! Mais t’as pété un plomb ?! » répliqua Tinhorn serrant le cube comme un nounours.

« Pardon ? Tu me fais quoi là ? Dégomme le cube ou je m’en occupe ! »

Tinhorn commença à froncer les sourcils, déposant l’objet derrière lui et se positionnant devant comme pour le protéger. Son regard devenait froid envers Brown, et il semblait prêt à affronter son propre ami pour soi-disant défendre ce cube des plus banals. La licorne commençait à perdre patience en tentant d’écarter le terrestre, mais ce dernier n’hésitait pas à donner des coups de sabots pour le repousser.

« Bouge-toi de la Tin’ ! J’veux pas te faire de mal, ce truc t’a possédé ! »

« Tu toucheras jamais à Cubis ! C’est MON cube de voyage ! Je l’aime et jamais je ne lui ferai de mal ! Maintenant trace ta route avant que je t’en colle une ! »

Brown n’en revenait pas, son ami venait de tomber amoureux d’un... d’un cube. Et plus la licorne tentait de s’approcher du problème, plus le terrestre devenait violent dans ses coups. Est advenu un moment où Tinhorn parvint finalement à mettre un grand coup de sabot dans le ventre de Brown qui se retrouva éjecté à plusieurs mètres, la respiration coupée quelques secondes et les yeux écarquillés. Il avait perdu patience, et le coup reçu n’avait qu’engendré une colère intense, obligeant les deux poneys à se battre violemment pendant plusieurs minutes.

« En principe j’aime pas utiliser ma magie sur mes amis… Ah non mais là tu m’as carrément tapé sur le système alors tu vas bouger de là ! »

Ni une ni deux, sa corne s’illumina avant d’envoyer un rayon droit sur le terrestre qui fut projeté à l’autre bout de la salle. Par chance, le sort n’était pas à but agressif, il ne s’agissait que d’une projection standard. Brown profita de l’ouverture et fit luire sa corne intensément avant d’envoyer ce coup-ci, un laser à travers le cube qui explosa en de centaines de fragments sous les cris horrifiés de Tinhorn.

Le terrestre déboussolé accourut les larmes aux yeux pour tenter de recoller les fragments. Mais bien entendu il était totalement impossible de recoller quelque chose comme ça. Ses larmes coulaient à flot, il se maudit lui-même de ne pas avoir pu protéger son unique “amour” puis se releva et commença à injurier Brown de tous les noms. Puis, quelques mots retinrent l’attention de la licorne :

« Enfoiré ! Comment t’as pu oser faire ça alors que toi même tu as buté ton propre frère en sachant que tu l’aimais ?! »

« Q-Que… Je ne voulais p… »

« Ah ouii c’est vraiiiii », se moqua le terrestre encore sous l’enchantement. « Il s’est suicidé le pauvre ! Et toi tu as souffert, et tu me fais souffrir en tuant la seule chose que j’aimais ! »

La licorne baissa les oreilles et détourna le regard, se rappelant de la scène de son passé, il vit alors la porte vers la prochaine salle s’ouvrir lentement. Regardant une dernière fois son ami encore larmoyant devant les morceaux du cube, Brown sortit de la pièce et partit en direction de la nouvelle série d’énigmes qui se présentait à lui.

Salles après salles, manquant d’échouer à plusieurs tests qui demandaient rapidité et précision, Brown ne se retourna même pas pour récupérer son camarade laissé à l’abandon dix pièces plus loin. Mais le nouvelle pièce allait lui poser problème, il y avait deux ouvertures, et dans ses passages se trouvent deux mécanismes. Essayant de les activer l’un après l’autre, la licorne comprit qu’il fallait être deux dans cette salle, mais jamais il ne pourrait revenir sur ses pas au risque d’avoir encore à l’affronter.

Il s’assit donc au centre de la pièce, tête baissée et prit de quoi manger un peu en essayant de trouver une solution, car il ne connaissait aucun contre-sort à une malédiction de ce style. Puis, un bruit de sabots se fit entendre dans le couloir précédent rapidement suivi d’une voix faible :

« B-Brown je… »

« C’est bon Tin’ », répondit Brown sans tourner la tête. « T’étais sous l’emprise d’un maléfice, on en reparle plus… »

« Désolé… je voulais pas et… »

« J’ai dit on arrête d’en parler d’accord ?! J’ai pas envie de plus me prendre la tête comme ça, alors finissons ce temple et récupérons la statuette. »

La licorne tourna sa tête vers le terrestre et lui sourit légèrement, sourire que Tinhorn lui rendit nerveusement tant il était gêné de ce qu’il avait pu faire. Ils entrèrent donc tous les deux dans chaque couloir et activèrent les boutons simultanément. Ouvrant donc la voie vers la prochaine étape.

Ce coup-ci, les deux poneys devaient coopérer car la seule ouverture était barricadée de rochers et un grand vide les séparait de l’autre côté de la pièce. Brown approcha et tapota l’épaule de son partenaire avant de sourire un peu plus :

« Prêt camarade ? J’te fais un passage et tu libères la voie ? »

« En avant… »

La corne de Brown s’illumina, formant un pont magique jusqu’à l’autre bout de la pièce. Tinhorn avança lentement sur le pont et dégagea les pierres qui bloquaient le chemin, mais ces pierres, relativement lourdes, l’obligeait à prendre du temps, et la licorne s’épuisait peu à peu. Du moins c’est ce que le terrestre constata lorsqu’il vit le pont s’effacer lentement. Il se dépêcha donc de libérer ce qu’il restait d’un grand coup de sabot arrière et accourut pour réceptionner Brown qui manqua de chuter dans le vide lorsque sa magie le vida totalement.

« T-Trop utilisé… de magie… »

« T’en fais toujours trop toi dis-moi », répondit Tinhorn inquiet. « Faut te ménager un peu vieux… »

« Tu me fais penser à elle » répondit la licorne en rigolant. « Elle a dit exactement la même chose… je me demande ce qu’elle fait en ce moment… »

« Hey hey t’épuise pas comme ça Brown, repose-toi un peu, je suis sûr que tout va bien de son côté. »

Brown ferma lentement les yeux, la bouche entrouverte, le terrestre attrapa donc la gourde avant de faire couler de l’eau dans la petite ouverture en évitant d’en mettre à côté. Après quelques longues minutes à se reposer, la licorne se releva lentement et remercia son ami d’un signe de tête et reforma le pont sur lequel ils passèrent pour atteindre la nouvelle salle.

Cette fois, des escaliers montaient, encore et encore, cela semblait même interminable. Même après plusieurs milliers de marches montées, ils ne pouvaient voir le bout, ne serait-ce qu’un brin lumineux qui pourrait les guider.

« C’est sans fin cette connerie ! » fit Tinhorn en se tournant. « On a dû oublier un truc dans la salle précéd… »

En se tournant, les deux poneys ne voulurent pas croire ce qui se présentait devant leurs yeux. La précédente salle n’était qu’à quelques mètres à peine, comme s'ils n’avaient jamais commencé à monter. Mais Brown constata quelque chose, le trou n’était pas présent, et aucun débris ne trainait par terre. Étonné, la licorne descendit les quatre marches qui le séparaient de la porte et vit avec stupéfaction que la salle n’était plus la même car il s’agissait de la toute première pièce.

Le socle où ils avaient versé l’eau auparavant, ainsi que le piédestal au centre étaient bel et bien là, mais des escaliers un peu plus loin retenaient l’attention du groupe. Peu confiants, ils approchèrent de l’endroit et commencèrent à monter les marches. Ce coup-ci, pas d’infinité de marches. La prochaine salle se présentait à eux, une statuette était postée au centre de cette immense pièce. Les murs n’étaient plus en pierres taillées mais en bois, un bois tropical, le sol était rempli de gravures que Brown reconnaîtrait entre mille, il s’agissait d’une incantation écrite. Faisant le tour de la pièce en restant sur ses gardes, il se mit à lire ladite incantation :

« Statue posée sur son socle, pièges et énigmes au rendez-vous, que ce temple soit le tombeau des faibles et la récompense des forts. »

Brown s’approcha alors de la statuette avec un grand sourire :

« Alors tu étais la source de tous ces pièges ? Très intéressant… quelle magie tu peux bien garder en toi ? J’ai hâte de le découvrir… »

En observant la statuette, il constata qu’elle aussi avait des gravures sur le pied qui maintenait la sculpture de la jument Nagayon debout. Après avoir lancé un sort de détection, Brown s’empara de la statuette ce qui eut pour effet de créer un immense tremblement de terre. Mais la licorne ne bougea pas d’un poil et fit signe à Tinhorn de s’approcher de lui, ce dernier ne le fit pas attendre et s’approcha.

Peu à peu, la lumière s’affichait lorsque le cercle où ils étaient se leva lentement et montait de plus en plus haut jusqu’à enfin sortir à la surface. Ce qu’ils virent n’était plus du tout une jungle, mais simplement une forêt, parsemée de feuillage un peu partout et des fleurs qui étaient plantées par-ci par-là. Mais au premier pas qu’ils firent, la jungle était de nouveau présente.

« Il s’est passé quoi là ?! » fit Tinhorn en passant son sabot un peu partout pour savoir comment ils avaient pu passer d’un biôme à l’autre

« “Le temple mirage” », répondit Brown. « On ne l’appelle pas comme ça pour rien… si personne n’a pu témoigner de sa position, c’est simplement car personne n’a réussi jusqu’au bout et que le temple change de position sans arrêt par une puissante magie… »

Puis il tendit fièrement la statuette en face de lui.

« Allons y Tin’, j’ai hâte de savoir ce que cette relique a de si surprenant à me montrer… »

« On est parti chef ! On va chez moi ? Je reconnais à peu près l’endroit, on pourra se restaurer et voir ton artefact de plus près une fois à l’intérieur. »

« Faisons comme ça, et s’il te plaît, m’appelle pas “chef” c’est gênant. »

Ils rigolèrent sur tout le trajet, chacun ayant pardonné l’autre des péripéties passées sans même avoir prononcé le moindre mot d’excuse formelle. Mais une chose était sûre, c’est qu’ils n’étaient pas prêts d’abandonner l’aventure de sitôt… Du moins, c’est ce dont la silhouette non loin se doutait…