Prologue

Le silence. Le calme. La campagne qui entoure la maison de ses couleur verdoyante. Il n'y a plus tranquille que d’être dans sa chambre, dans une maison au beau milieu de la cambrousse, son Ipod prêt à fonctionner, et ses bonbons à proximité. Ça y est, le travail peut commencer.

"My Little Pony ! Je me demandais ce qu'était l'amitié ! My Little Pony ! Et avec moi vous l'avez tous partagée !"

Cette musique. Toujours et encore cette même musique qu’entend Marie depuis la chambre de son frère. Pourquoi toujours celle-là, ne pouvait-il pas changer de refrain de temps en temps ?

Perturbée dans son travail, Marie décida de rendre une petite visite à son petit frère histoire de lui secouer les puces à lui aussi. Un pas, deux pas, nous y voilà. La chambre de son frère est la porte juste à coté de la sienne. La différence ? Sa porte à elle est une porte et la sienne est un ramassis de couleurs pastel qui représentent ses poneys.

Elle le savait, oui elle savait bien que son frère était un brony. Comment de telles personnes peuvent-elles exister ? Des poneys arc-en-ciel ? Pourquoi pas faire une secte de poissons-clown tant que vous y êtes.

Marie avait du mal à comprendre, ça c'était sûr. Son frère avait bien tenté de lui expliquer, mais rien n'y faisait. "Aie un peu l'esprit ouvert" qu'il disait. Pour comprendre des petits chevaux pastels, non merci.

Alors qu'elle toquait à la porte, la musique s’arrêta et la porte s'ouvrit pour laisser place à son frère, Kilian. Plus grand qu'elle, cheveux châtains, yeux gris, et au visage allongé et dur. Pourtant, Kilian était une vraie crème. Et puis sinon, comment aurait-il pu aimer ces poneys ?

« Eh sœurette ! Alors qu'est ce qu'il y a ? »

« Il y a que ta musique me gêne, Kilian, voilà ce qu'il y a », dit-elle d'un ton plutôt dur.

« Ah ! Oh ! OK désolé. Je regardais un épisode. Je pensais avoir mis le casque mais on dirait que je l'ai mal branché », dit-il d'un air penaud. « Tu as déjà regardé un épisode, sister ? »

« Non et je ne le ferai sûrement jamais », dit-elle avec dégoût. Marie était froide, presque sombre. Elle aimait le rock et parfois l'électro, comme son frère d'ailleurs, elle aimait aussi les séries fantastiques ou policières, mais il y avait une chose très bizarre, une chose tellement bizarre que toute personnes normale dirait que cette fille n'était vraiment pas nette. Elle aime manger du réglisse.

DU RÉGLISSE !

Obligé. Sa sœur n'était pas normale. Elle devait être maléfique au point de manger une telle chose.

Kilian retenta tout de même. Qui sait, peut-être que sa sœur accepterait de regarder. Après tout, pour comprendre sa passion, il faut d'abord la voir pour y croire.

« Écoute, je sais que tu détestes ma série. » "Même si tu l'as jamais vue" pensa-t-il. « Mais si je te montre rien que dix minutes je te promets que tu changeras d'avis sur son compte. Et sur le mien. »

Marie regarda un moment son frère. Pour elle cette "passion" était surtout un chemin vers la perversité. C'était assez horrible de penser ça, mais c'est comme ça qu'elle le voyait.

« Non, désolée Kilian. Je préfère laisser cette occasion à l'un de tes amis qui n'a pas encore été "ponifié" », dit-elle, les doigts en guillemets.

Kilian fit les yeux ronds.

« Mais ce n'est pas mon attention sœurette ! Je veut juste que... »

« KILIAN ! MARIE ! VENEZ ICI ! »

Avant même que Kilian ne puisse finir voilà que leur père les appelait. Leur père, ce grand et puissant spartiate. Du moins c'est comme ça qu'il se voyait.

Marie regarda en arrière vers l'escalier puis regarda à nouveau son frère d'un air agacé.

« Oh non ! Je parie qu'il veut qu'on aille à nouveau dans les bois chercher du chauffage. Quelle idée de vouloir une cheminée. Des radiateurs à vapeur. Un chauffage alimenté au charbon ça ne lui suffit pas ! »

Kilian rit aux dépends de sa sœur. « Notre cher papounet ne vit pas à la même époque que nous. Heureusement que maman est là pour y mettre un semblant de modernité. »

Marie regarda son frère, un demi-sourire sur son visage. « Oui heureusement. Je ne me passerais pour rien au monde de ma musique. »

« Et moi de mes jeux », dit-il tout bêtement.

« Bon allons-y. Plus vite on aura fini, plus vite je retournerai finir mes devoirs et toi regarder tes choses, » dit-elle d'un air sarcastique.

Kilian lui tira la langue alors qu'elle partait vers l'escalier. Elle pouvait penser ce qu'elle voulait de sa série, mais tout ce qu'elle pensait dessus était faux.

Avant de partir, il éteignit son ordi, prit sa musique, comme toujours, histoire de pouvoir supporter cette tâche harassante, et partit alors de sa chambre. Mais au moment où il commença à fermer sa porte, il sentit un nœud dans son estomac et un frémissement se fit sentir le long de son dos.

Sûrement l'hiver qui le fait tomber malade. Ou les huîtres du nouvel an.