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Hearts, Hooves, and Hard Liquor

Une fiction traduite par inglobwetrust.

Chapitre 1: In Vino Veritas

Cheerilee se força à sourire. « Oui, Mr Rich ; Diamond Tiara s’en tire très bien pour les notes. C’est son comportement qui m’inquiète. »

« Oh, allons. Ma petite Diamond est un parfait petit ange. » L’étalon snob ajusta sa cravate. « Elle me dit toujours à quel point elle s’entend bien avec le reste de sa classe. »

Si c’est vrai, c’est parce qu’elles sont terrifiées de se mettre en travers de son chemin pensa Cheerilee avec un soupir interne. « Mr Rich, votre fille parle toujours en classe, et elle empêche les autres élèves d’apprendre. La semaine dernière, quand nous parlions de la guerre de Whitetail, elle m’a interrompue au milieu d’une lecture pour faire savoir qu’une de ses camarades avait du mal à voler. C’est pire que des taquineries, Mr Rich, et ça m’inquiète. »

« Oui, oui, je lui parlerais », dit Filthy Rich, faisant disparaître ses inquiétudes d’un geste du sabot. « Il y a quelque chose d’autre ? »

Cheerilee soupira, plus fort cette fois, et secoua sa tête. « Non, c’est tout. » Ce n’est pas comme si vous écoutiez tout ce que j’ai à dire, de toute façon. Elle n’était pas fan des Rencontres parents-prof. Quel intérêt de parler aux parents s’ils ignoraient tout ce qu’ils ne voulaient pas entendre ?

Au moins, après que tout ça soit terminé, elle pourrait s’en aller et boire un verre. La fin du troisième trimestre était toujours stressante, alors qu’elle entassait autour de matériel possible dans la fin des cours avant les examens de fin d’année. Elle avait besoin de se détendre, d’avoir un verre de vin, écouter les analyses du vendredi soir sur les qualifications des Jeux d’Equestria en radio, et oublier l’école pendant quelques heures. Ou, songea-t-elle, tout le week-end.

Alors que Filthy Rich quittait la salle de classe, Cheerilee se demanda qui serait le suivant. Elle devait encore voir les parents de Featherweight, ou Silver Spoon – une autre rencontre qu’elle attendait avec impatience – ou ceux de Scootaloo, mais les parents de Scootaloo ne venaient jamais aux rencontres. Elle ne savait même pas à quoi ils ressemblaient.

Elle ne s’attendait certainement pas au grand poney rouge qui passa la porte et se racla la gorge. Les yeux de Cheerilee s’écarquillèrent et elle sentit ses joues brûler. « Big Macintosh ! » Oh là là, ça va être gênant. « Je, euh… tu es là pour Apple Bloom, je présume ? »

Il hocha la tête. Cheerilee rangea les papiers sur son bureau. « Euh, eh bien, assis-toi, s’il te plaît. »

Big Macintosh s’assit sur la minable petite chaise prévue pour ce soir. Il la faisait passer pour celle d’un nain, aussi grand qu’il était. Malgré sa force, le fermier était un poney de peu de mots – très peu, encore moins pour elle, depuis ce fiasco avec la potion d’amour il y a deux ans.

Sans impliquer que la honte était mutuelle. Éviter quelqu’un ne marchait pas vraiment à moins que l’autre essaie de vous éviter aussi. Les deux poneys s’assirent dans un silence inconfortable. Je pensais que le temps me ferait oublier la gêne. Mais tout ce qu’elle avait à faire était de se rappeler de cet instant et son visage avait encore l’impression de brûler.

Cheerille fut la première à briser le silence. « Alors… J’imagine qu’Applejack n’était pas disponible ? » La grande sœur d’Apple Bloom était toujours là lors des rencontres.

Big Macintosh hocha à nouveau la tête. « Elle est aux Jeux avec les autres. »

C’était la plus longue phrase que Cheerilee avait entendue de lui en presque un an. « Oh, oui. Elle en a parlé. » Le silence reprit, et Cheerilee commença à tapoter un stylo contre ses lèvres avec ses sabots. « Et Granny Smith ? »

« Toujours fatiguée du voyage en bateau avec Pinkie la semaine dernière. » Big Macintosh se frotta la nuque, agitant son collier d’épaule. « Alors, euh… ça va avec ma sœur ? »

Saisissant le sujet, Cheerilee dit, « Très bien, je suis heureuse de le dire. Je pense qu’elle en a enfin fini de son dégoût des maths. Elle s’en sort très bien en algèbre. En fait, elle est l’une des rares de la classe qui comprend vraiment les polynômes. »

« Polly-quoi ? » demanda Big Macintosh. C’était difficile à dire, mais Cheerilee pensa qu’il y avait encore un peu de rouge dans ses joues. « Euh, je veux dire, c’est bien d’l’entendre. » Son accent typique de la famille Apple ressortait, et Cheerilee avait toujours trouvé ça charmant.

« J’ai hâte de l’avoir en trigonométrie l’année prochaine », sourit Cheerilee. C’était difficile, d’être l’une des rares institutrices dans un si petit village ; elle devait enseigner beaucoup de sujets en même temps, et diriger six ou sept classes lui grignotait la plupart de son temps libre pour préparer les cours. Pourtant, cela valait la peine de voir des élèves comme Apple Bloom éclore dans les salles de classe, surtout quand ils commençaient à arriver vers des choses plus difficiles.

« Heureux d’l’entendre. » Big Macintosh tritura ses sabots. Le silence régna encore.

Soudain, Cherilee sentit une vague d’irritation vers lui et elle-même. Elle était fatiguée de danser autour de lui, d’éviter tout contact visuel. Ils n’étaient peut-être pas des amis extrêmement proches avant l’incident, mais au moins, ils l’étaient assez pour se dire bonjour. Cette gêne avait duré depuis trop longtemps.

« Eh bien », dit-elle, « il n’y a pas grand-chose d’autre à dire. Apple Bloom s’en sort bien en classe – même si elle pourrait être un peu plus sérieuse sur ses devoirs d’histoire – et elle est plutôt sage. » La plupart du temps. Elle et ses deux inséparables amies faisaient parfois des bêtises, mais maintenant, ce n’était pas aussi important que combler le fossé entre Cheerilee et le poney stoïque en face d’elle.

« Okay, bon », dit Big Macintosh, se levant si vite que la chaise recula de quelques pas. Il se tourna vers la porte.

« Attends, Big Mac- » Cheerilee avala lourdement, puis sourit. « Écoute, après que j’ai fini, je vais au petit bar au coin est de la ville pour fêter la fin du trimestre. Si on se rejoignait là-bas pour boire un verre ? »

Big Macintosh se racla la gorge. « La dernière fois qu’on a bu ensemble, ça s’est mal passé. »

« Oui, et c’est pour ça que je te le demande maintenant », dit Cheerilee, se mettant droit dans son siège. « Je pense qu’il est temps qu’on mette tout ça derrière nous. Alors, qu’est-ce que tu en dis ? On peut arrêter de s’éviter et être à nouveau amis ? »

Il sembla réfléchir pendant un moment. Son sourire s’agrandit. « D’accord, Miss Cheerilee. Je te vois là-bas. »

« Super ! J’y serais à neuf heures. » Elle agita son sabot quand il quitta la pièce.

Retournant à ses papiers sur son bureau, elle commença à les remettre en ordre, se sentant fière d’elle. Au moins, j’aurais fait quelque chose d’utile ce soir.

Le parent suivant entra, rayonnant. Cheerilee sourit et désigna la chaise. « Bonsoir, Monsieur Peppermint. S’il vous plaît, asseyez-vous. »

« Bonsoir, Miss Cheerille. Comment ça se passe avec ma petite Twist ? »

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Le reste de la soirée se passa dans un grand flou, et enfin, Cheerilee était libre. Lorsque le dernier parent partit, elle mit ses tonnes de devoirs dans ses sacs de selle. Elle mit les sacs lourds sur son dos, soupirant à l’idée de passer un autre week-end assise derrière un bureau, notant des papiers. Sa petite maison était triste ces derniers temps. Peut-être que je devrais prendre un animal.

C’était une assez longue marche de l’école jusqu’au Moonshine Still’s Bar and Grill. Cheerilee fredonnait en marchant, profitant de la douceur du vendredi soir. Je me demande si Mac va venir ? Elle sourit. Personne ne l’avait appelé Mac depuis l’université, avant qu’il abandonne pour travailler à la ferme et devenir aussi musclé qu’il l’était aujourd’hui. J’imagine que nous avons tous changé depuis.

Elle finit par atteindre le bar, passant la porte et entendre le tintement familier d’une cloche. Une serveuse derrière un petit stand lui sourit. « Vous voulez une table ? »

« Non, je suis juste là pour le vin », dit Cheerille, faisant la queue pour le bar. Elle était plaisamment surprise de voir que le bar était assez vide ce soir. Normalement, les foules n’étaient pas un problème, mais quand elle avait besoin de temps pour elle, elle préférait être seule. Ou avec quelques bons amis.

Elle déposa ses sacs de selle à côté d’un des tabourets, et elle grimpa dessus. Elle mit ses sabots sur le comptoir, attendant que Moonshine vienne vers elle. Le propriétaire et barman était aussi rapide que d’habitude, apparaissant du fond avec son tablier noir. Il était un petit étalon gris, chauve, mais avec une moustache touffue et un sourire amical. « Bonsoir, Miss Cheerilee. Qu’est-ce que je te sers ? »

« Je vais prendre un Chardonneigh. Doux et acidulé, s’il te plaît. »

« Ça vient. » Il glissa le long du bar vers les bouteilles de vin, en sélectionnant une et l’ouvrant en un seul mouvement. Un verre à vin apparut de sous le comptoir, et il servit le liquide. Avec un dernier mouvement de sabot, il fit glisser le verre vers Cheerilee, qui l’attrapa, habituée. Elle sourit. « Vantard. »

Moonshine fit un clin d’œil, et descendit le long du bar pour voir un autre client. Cheerilee mit ses sabots de chaque côté du verre et sirota. « Ooh. » Moonshine lui en avait donné un bon ce soir. C’était comme boire des raisins blancs croquants, avec juste le strict goût d’alcool – exactement comme elle l’aimait. Elle attendit.

Dix minutes seulement avaient passé depuis l’heure prévue de rendez-vous, et pourtant Cheerilee était presque surprise quand la cloche tinta et que Big Mac lui-même passa la porte. Elle agita le sabot. Il la vit et acquiesça, s’avançant pour aller la voir.

« Je vais être honnête », dit-elle alors qu’il s’asseyait sur le tabouret à côté d’elle, « je ne pensais pas que tu allais venir. »

Big Mac sourit. « J’imagine que tu as raison. On a été assez idiots, il est temps d’avancer. »

Moonshine, tenant un verre dans un sabot et essuyant l’intérieur d’un autre avec l’autre sabot, se pencha sur le bar. « Bonsoir. Qu’est-ce que vous prendrez ? »

Big Mac tapota son menton, scannant le mur de boissons. « Je vais prendre un bourbon, sec. Cerise noire, si vous avez. »

« On en a », dit Moonshine, reculant pour satisfaire la commande.

« Cerise ? » Cheerilee tapota Big Mac avec un sabot. « Tu ne vas pas trahir les Apples, n’est-ce pas ? »

Il sourit. « Quand tu manges des pommes presque tous les jours de ta vie, tu peux vraiment en être fatigué. »

« C’est juste », sourit-elle. Elle prit un autre verre de vin. « Alors, ta famille mange vraiment des pommes toute l’année ? »

Big Mac haussa les épaules. « Nope. Juste quand on a plus rien d’autre, ou quand personne ne veut aller au magasin. Pour sûr, on cuisine des pommes tout le temps. Mais on en vend la plupart. »

« C’est comment de vivre à la ferme ? Plus excitant que la ville ? »

Moonshine arriva avec le verre de Big Mac dans un gros gobelet en verre. « Bonne soirée, sir. »

Big Mac hocha la tête pour le remercier et pressa ses sabots des deux côtés du verre, prenant une gorgée. Il s’arrêta, avala, et cligna des yeux. « Ça fait un bail que j’ai pas bu de whisky. » Il reposa le verre et se tourna vers Cheerilee. « Travailler à la ferme n’est pas exactement excitant. Tu travailles toute la journée, tu récoltes des pommes, tu laboures. Ce collier n’est pas fait que pour faire beau. » Il tira dessus. « Et puis il y a l’argent. La plupart va dans la ferme, acheter des trucs et autres. »

Cheerilee hocha la tête, sirotant sa boisson. « Apple Bloom aime certainement ça. Elle dit toujours que la saison de la pomme au panier est amusante. Elle a hâte de travailler à plein temps, c’est ce qu’elle dit. »

Big Mac secoua sa tête, ses yeux scintillants. « Apple Bloom ne passera pas toute sa vie dans le verger. Elle va être maire, ou architecte, ou quelque chose – pas une fermière. Moi et Applejack, on s’assurer d’avoir l’argent pour qu’elle aille à l’université. » Il se détendit, et la brillance s’éteignit. Il prit une autre gorgée. « C’est pour ça qu’elle doit connaître les polynômes, et tout. »

Cheerilee leva un sourcil. « Polynômes, hmm ? »

« Ouais, je me suis rappelé d’eux dès que j’ai passé la porte », dit-il en souriant timidement. « Les équations avec les exposants, hein ? Je me suis senti bête. T’as dû penser que j’étais un idiot. »

« Je suis impressionné en fait », dit Cheerilee entre deux verres. « Je veux dire, ça fait quoi, quinze ans depuis que tu as fait une équation quadratique ? »

Il haussa les épaules. « J’aide Apple Bloom avec ses devoirs. Ça m’aide à me souvenir de l’université. En plus, Applejack est nulle avec les chiffres, et quelqu’un doit faire les comptes de la ferme, non ? »

Cheerilee sentit une nouvelle forme de respect grandir pour Macintosh. Elle avait toujours pensé qu’Applejack était de facto le leader du clan Apple de Poneyville, mais Mac portait beaucoup de poids sur ses épaules en coulisses.

Big Macintosh prit une autre gorgée de whisky, fermant ses yeux en levant ses sourcils. « Whoo ! C’est fort ! »

Cheerilee lui fit un sourire taquin. « J’ai toujours pensé que tu étais un poney qui pouvait supporter la boisson. »

Il rouvrit ses yeux et leva un sourcil. « Dixit le poney qui boit le vin le plus doux du menu. »

Elle leva le sabot. « Je n’ai jamais dit que j’avais de la tolérance pour l’alcool. Oh non, j’étais nulle à l’université. Trois shots et je dansais sur les tables. C’est un miracle que j’ai eu mon diplôme avant de tomber d’un balcon. » Cheerilee baissa les yeux vers son verre, qui était maintenant à moitié vide. Sa tête bourdonnait, plaisamment, mais elle n’avait même pas commencé à approcher la phase oh-Celestia-je-vais-tomber.

Big Mac s’ébroua. « C’est tout ce que tu as fait à l’université ? »

« Eh bien, non », admit-elle. « C’est surtout du travail pénible, des classes ennuyeuses avec quelques types intéressants dedans, et changeant de spécialisation pour essayer de deviner ce qu’ils veulent faire dans la vie. » Cheerilee secoua sa tête et prit une longue gorgée. « J’ai toujours su que je voulais être dans l’éducation, mais j’ai d’abord voulu être professeur. J’allais enseigner la physique à Mareon Tech ou à Trottingham. » Un sarcasme inattendu fuita dans sa voix à la fin, et elle prit très vite un autre verre. « Tu sais comment sont les gens de vingt ans. Ils pensent qu’ils peuvent changer le monde, et tout. »

« Tu as fait plus que les autres », sourit Big Mac. « Apple Bloom aime peut-être la ferme, mais avant qu’elle commence à traîner avec Scootaloo et Sweetie Belle, l’école et toi étaient les seules choses dont elle parlait à la maison. Les enfants t’adorent. »

Le rouge aux joues, Cheerilee avala une autre gorgée de vin. « C’est très gentil de ta part. »

« Y’a rien de gentil à dire simplement la vérité, Cheerilee. Tu leur donnes envie d’apprendre. » Il leva son verre avec le sien avec ses deux sabots avant d’y boire. Cette fois, son visage bougea à peine. « Je commence à y prendre goût. »

Cheerilee finit son vin, donnant un « Mmm » de satisfaction. Elle descendit le verre sur le comptoir, mais ses sabots glissèrent et il tomba au sol. Moonshine avait compris depuis longtemps l’intérêt d’investir dans des verres de qualité, alors il tomba sans se casser, et roula loin de son tabouret. « Merde », murmura-t-elle, avant de mettre ses sabots sur sa bouche. « Oh, mince. » Elle gloussa. « Désolé, c’est un réflexe. J’essaie de ne pas jurer en face de mes élèves. » Se raclant le gorge, elle se pencha pour prendre le verre.

Soudain, elle perdit l’équilibre, et commença à tomber en avant. Oh, j’ai déjà atteint le stade je-vais-tomber après tout. Avant qu’elle puisse tomber tête la première, un sabot rouge l’intercepta au niveau de sa poitrine et la remit droit sur le tabouret. Elle ne put s’empêcher de remarquer à quel point Big Mac était fort, avec ces gros muscles obtenus après plus d’une décennie de travail à la ferme.

Rougissante, elle dit un modeste « Merci », et se remit sur le tabouret en prenant simplement le verre avec sa bouche. Elle le reposa sur le comptoir, et se réajusta pour s’asseoir confortablement – et stablement- sur le tabouret.

« Tu blaguais pas quand tu parlais de danser sur les tables, je vois », dit Big Mac, avec une étincelle dans ses yeux.

« Ahem. Je suis peut-être assez bourrée pour t’avoir parlé de ça, mais je ne le suis pas assez pour t’avoir entendu. » Elle fit signe vers son gobelet à moitié vide. « Je peux en avoir un peu ? »

« Sers-toi », dit-il en le poussant vers elle.

Elle prit une gorgée du liquide – sans savoir à quoi s’attendre – la dernière fois qu’elle avait essayé le whisky, c’était comme si sa gorge brûlait. Cependant, cette fois, il passa sans encombre, avec l’immanquable saveur de cerises. « Hé, ça a le goût de bonbon. » Elle prit une plus grande gorgée, et manqua de s’étouffer quand l’alcool frappa sa gorge et son nez. « Wow. »

Moonshine s’arrêta devant eux en se dirigeant vers un autre client. « Doucement, Miss Cheerilee. C’est du 80% ; tu buvais du 16. »

« Plus que ça », haleta-t-elle, clignant furieusement des yeux. Le souffle d’alcool était fort, mais il passa vite. Et le goût méritait une exploration plus approfondie. « Mac, qu’est-ce que tu dis de partager une bouteille ? »

« Ouaip, Miss Cheerilee. »

Elle rayonna. « Oh, appelle-moi juste Cheerilee. Pas besoin d’être aussi formel. »

Il haussa les épaules et acquiesça avec un sourire amusé. Ils attendirent que Moonshine en termine avec l’autre client au bout du bar, et puis demandèrent leur bouteille. Cheerilee le prit avec un peu trop d’enthousiasme, ne voulant pas en gâcher en servant les verres pour elle et Big Mac.

Balançant un verre sur son sabot, elle le leva vers lui. « À la ferme ! »

Il leva le sien. « À l’école ! »

Cheerilee s’arrêta un instant pour réfléchir. « Pour être vraiment bourré ! »

Ils firent tinter leurs verres, et prirent leurs shots. Cheerilee sentit la chaleur chatouiller son estomac, ses membres et sa tête. « J’aime ça. »

Avec déjà un verre de bourbon dans son système digestif, Big Mac semblait plus relaxé que Cheerilee l’avait vu depuis longtemps. « J’espère que tu n’as rien de prévu demain. »

« Noope », dit-elle, secouant sa tête, qui était soudain devenue lourde. « Je dois juste noter quelques copies ce week-end. Je peux en faire dimanche si ma gueule de bois est trop forte. » Elle prit une autre gorgée de whisky. « C’est pas comme si je faisais grand-chose du week-end. Je reste surtout chez moi. » Elle baissa les yeux vers ses sabots sur le comptoir. « Honnêtement, Mac, ma vie est assez ennuyeuse. J’ai besoin d’un hobby. Ou de quelqu’un avec qui sortir et faire des choses. »

« Vraiment ? » Mac leva un sourcil. « J’ai toujours pensé que tu n’étais pas intéressé pour ça. »

Cheerilee prit un autre verre. « Où t’as eu cette idée ? »

« J’ai juste pensé que si tu voulais quelqu’un, tu pouvais l’avoir. Je veux dire, tu es intelligente, tu es douce, tu es joli- » Big Mac s’arrêta et regarda son verre. « Euh, je pense que j’en ai eu un peu trop. »

« Sottises », dit Cheerilee, en articulant à chaque syllabe. « Continue les compliments. »

Il rit. « Pas besoin d’être ivre de mots autant que le whisky, Cheerilee. »

« C’est drôle, vraiment », dit-elle, en prenant une autre longue gorgée. Wouah, ça pique. Elle secoua sa tête et cligna des yeux. « À l’université, j’avais un faible pour toi, en fait. Avant que tu partes. »

C’était maintenant au tour de Macintosh de rougir. Il prit une gorgée au lieu de répondre.

« La plupart des filles aussi, tu sais. On se chamaillait sur ça entre les cours. J’imaginais que tu m’emmenais dîner, et… des choses. » Elle fit une pause. Je dois être un peu plus bourré que je le crois. Elle essaya furtivement de tester ses capacités motrices en faisant tourner son verre entre ses sabots, pour seulement réussir à faire couler un peu de whisky sur le côté.

« J’me rappelle pas vraiment aussi bien de l’université », dit Big Mac avec une pointe de mélancolie. « Ça fait longtemps depuis que j’étais p’tit. »

Cheerilee sentit une pointe de tristesse. Mac n’était plus un petit depuis le jour où il avait abandonné, elle réalisa. Prendre le contrôle de la ferme en l’absence de ses parents lui avait donné plus de maturité qu’elle ne l’avait jamais réalisé.

Pour alléger l’atmosphère, elle sourit. « Peut-être, mais pour ce que j’entends, tu es toujours un bon parti. La semaine dernière, j’ai entendu Lily Thistlewood dire qu’elle planifiait de t’amener seul quelque part pour une proposition indécente avant que l’été commence. »

La rougeur de Big Mac s’approfondit. « J’imagine que c’est ce qui se passe quand il y a trois juments pour un étalon dans une ville. »

« Eh bien », dit Cheerilee, descendant de son tabouret et essayant de rester en équilibre, « je pense que c’est le plus loin que je peux aller avant de commencer à danser sur les tables. On devrait peut-être en finir pour ce soir. » Elle regarda l’horloge et était ébahie de voir qu’elle était presque à minuit. « Mince, comme le temps passe vite. »

« Ouais, je devrais rentrer à la ferme », dit Big Mac, titubant un peu.

Cheerilee avait l’air inquiète. « Tu es sûr que c’est une bonne idée ? J’aurais de la chance si tu rentres chez moi, et c’est juste à dix minutes. Tu as une demi-heure de marche devant toi. »

« Ça ira », dit Mac, faisant un pas et titubant. « Ou… », il glissa, mettant un sabot sur le comptoir pour se reprendre. « Peut-être pas. »

Cheerilee secoua lentement sa tête, réfrénant un ouiiiii en le voyant se balancer d’avant en arrière. « Tu peux dormir chez moi, Mac. Je ne veux pas que tu t’aventures dans les bois par accident et que tu te fasses manger par un branche-loup. »

« Les branches-loups, ça craint », s’accorda-t-il. « Okay. Payons l’addition et allons chez toi alors. »

« D’accord. Et prends la bouteille. »

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