En cette soirée hivernale dans les rues de Canterlot, bon nombre de poneys étaient encore dans les rues à se balader sous la neige en habit d'hiver. Le soleil venait tout juste de se coucher, et la lune offrait un éclat argenté des plus intense pour offrir à tous une nuit pleine de lumière. Bien que l'astre lunaire suffisait bien largement, les maisons avaient été décorées avec des guirlandes qui illuminaient les façades de couleurs chatoyantes qui faisaient briller les yeux des poulains comme des plus grands et qui réchauffaient les cœurs.
Dans l'ombre des rues peu décorées. Trois poneys observaient la foule depuis leur cachette. N'importe qui aurait regardé dans leur direction qu'il n'aurait vu que des ombres, mais pourtant, trois paires d'yeux les scrutaient bel et bien. L'une de ces caméras vivantes ne s'attardait pas temps sur les poneys que sur les objets qu'ils transportaient : De grosses boites qui étaient recouvertes d'un papier coloré et brillant.
L'ombre décida de se rapprocher encore de cette rue remplie de lumière et de monde, mais le sol sur lequel elle marchait était recouvert de verglas, et la ponette fit un vol plané avant de s'étaler de tout son long sous le rire amusé d'une autre ombre.
« T'es sûrement la batpony la plus discrète que je connaisse Jazz. » Ironisa un étalon qui sortit de l'ombre en souriant.
« Ferme la Funk ! » Ordonna-t-elle en se relevant et en se frottant le museau. Le sol avait heurté son visage de plein fouet et les larmes avaient aussitôt débordées de ses yeux.
« Ooooh, tu veux rentrer à la maison peut-être ? Tu veux qu'on aille soigner ton petit museau pour ne pas avoir trop mal ? » Il se rapprocha encore de la jument, une moue sur ses lèvres avant de lui sourire à pleines dents et de s'éloigner d'elle pour observer les gens qui ne faisaient toujours pas attention à eux. « J'ai enfin droit à ma soirée de libre, et je suis obligé de la passer avec la pleurnicheuse. Heureusement qu'il y a au moins quelqu'un d'autre pour m'aider à te supporter. » Funk tourna son regard vers la dernière ombre qui se dévoila à leur suite. « Mouais… au final je crois que je vais bien m'emmerder tout seul. » il s'assit lourdement au sol en se contentant de faire silence.
Luna avait été très claire. Les sorties étaient autorisées, par petit groupe, et toujours dans la plus grande discrétion. L'existence des batponies avait été prouvée et rendue officielle depuis un moment déjà, mais la princesse de la nuit avait néanmoins toujours insisté sur le fait qu'ils ne devaient en aucun cas se faire remarquer.
« Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? » Demanda Jazz en regardant les allées venues des poneys, cachant lamentablement son envie de les rejoindre.
« Et bien comme maman l'a dit : on observe, et on reste caché !
— Quoi ? Mais… on peut rien faire d'autre ?
— C'est le principe de rester caché. » Répondit Funk sur un ton las.
La batpony poussa un grognement en secouant la tête. Elle avait espéré cette sortie depuis des jours. Avoir enfin l'occasion de se balader dans les rues de Canterlot durant cette veillée chaleureuse était à la limite du rêve. Jazz avait toujours adoré l'ambiance qui en résultait et s'en voudrait énormément de ne pas en profiter.
Bravant l'interdit de Luna, Jazz fit un pas en dehors de l'allée sombre, mais un sabot vint aussitôt lui attraper la queue pour la remettre à couvert des ombres. Jazz s'énerva aussitôt.
« Funk, fous-moi la paix ! » Mais à sa grande surprise, ce ne fut pas Funk, mais l'autre batpony qui l'avait retenue. « Grunge ? S'il te plaît, lâche-moi, ne me dis pas que toi non plus tu n'as pas envie de te rapprocher. »
L'étalon l'a lâcha et la fixa intensément.
« Je suis d'accord avec toi, mais bon… Luna veut avant tout qu'on ne fasse pas de vague. Je suis sûr qu'elle nous autoriserait à nous balader... normalement.
— Elle ne serait pas d'accord. » Répondit Funk, toujours le regard au loin.
« Et si on votait ? » Proposa la ponette en souriant.
L'étalon bleu eut un rire bref.
« Tu sais déjà que tu as perdu.
— Pourquoi ? Grunge a peut-être envie de se mêler à la foule lui aussi. » Elle porta son regard vers le batpony mauve, mais celui-ci gardait la tête baissée, signe qu'il ne voulait pas communiquer. « Grunge ?
— Il est clair que tu ne connais pas Grunge ! » Déclara Funk. « Tout d'abord, il n'ira jamais contre l'ordre de Luna. Et surtout, Grunge n'est clairement pas du genre à se mêler à la foule.
— Bon d'accord, j'ai compris. » Soupira-t-elle en baissant la tête, néanmoins avec un large sourire aux lèvres. « J'ai plus vraiment le choix. » Elle fit quelques pas en arrière, pour sortir peu à peu hors de leur cachette.
« Qu'est-ce que tu fous Jazz ? Ça va mal finir pour toi ! » Dit funk avec un regard noir.
« Ah bon ? Pour ça, il va falloir te mettre à vue. Oh, mais c'est vrai, tu ne veux pas décevoir maman. »
L'étalon fit quelques pas sans dire un mot. Il ne savait pas s'il serait capable de braver l'interdit à son tour, mais il était clair qu'il allait faire passer l'envie à Jazz de jouer avec lui.
Soudain, une licorne croisa le chemin du groupe de soldat des ombres. Celle-ci semblait ne rien remarquer d'anormal à leur apparence, si ce n'est qu'elle gardait la tête baissée. Elle finit par la relever légèrement pour dire d'une voix partagée entre l'étonnement et la frayeur :
« B-bonne fête. »
La licorne continua son chemin sous le regard écarquillé de Jazz. Funk se mit à sourire silencieusement. Il y a longtemps qu'il n'avait pas vu ce genre de réaction de la part d'autre poneys. Après tout, il n'y avait aucun problème à se dévoiler un peu plus, temps qu'ils ne faisaient pas de vague.
Il sortit complètement de l'ombre et se plaça juste en face de Jazz avec un large sourire. La jument se recula par réflexe. Bien qu'elle l'avait incité à sortir, elle ne s'était pas attendue à ce qu'il sorte aussi rapidement, et encore moins avec un air aussi joyeux. Heureusement, ce qu'il dit ne semblait pas être une menace à son égard.
« Allez, viens Grunge, on va faire une promenade. Jazz a raison, maman ne nous en voudra pas pour ça.
— Qu'est-ce qui te fait croire qu'il va faire ça juste parce que tu lui demandes ? » Interrogea-t-elle.
« Parce que je suis plus vieux que lui. » Affirma-t-il simplement.
Les deux gardes de la nuit jetèrent un coup d'oeil à la rue sombre pour voir que leur camarade ne se décidait toujours pas.
« Grunge ! » s'exclama Funk.
« Arrête de lui parler comme ça, c'est pas un chien ! C'est toi même qui m'a dit qu'il n'aimait pas la foule. » Elle reporta son regard sur le batpony silencieux. « Aller Grunge, tu vas voir, les rues sont très jolies. En plus, on est en soirée, il n'y a plus beaucoup de monde et je te promets qu'on s'éclipse au moindre débordement. » Elle le vit soupirer avant de faire un pas vers eux. Le batpony n'omit pas néanmoins de surveiller les environs à la recherche du moindre poney qui le dévisagerait un peu trop.
Le groupe finit par se mettre en marche. Luna insistait sur le port de l'armure lors des sorties. Si des poneys croisaient des batponies, mieux valait les rassurer avec un signe familier comme une armure royale.
Comme Jazz l'avait annoncé, il n’y avait que très peu de poneys encore dehors. Cause en était la température proche du zéro. Heureusement pour les batponies, ce n'était en rien une gêne.
Jazz était émerveillée par toutes ces décorations. Elle offrait un cadre chaleureux à chaque coin de rue. Funk quand à lui, ne faisait pas tant attention à toutes ces couleurs qu'au sol qui était gelé par endroits, s'amusant ainsi à glisser le long des rues sans se préoccuper des promeneurs dans le chemin.
« Dégagez le passage ! » Criait-il en glissant. Jazz le rattrapa aussitôt pour lui demander de se calmer. Il lui répondit néanmoins de se détendre, qu'il ne faisait que jouer le jeu, très mal selon la jument qui était sur le point de lui montrer le dérangement qu'il causait aux autres poneys, mais fut stoppée par une bousculade causée par Grunge qui avait suivi Funk sur la glace.
Jazz se releva en secouant la tête et en levant un sourcil face à l'autre batpony qui la regardait l'air un peu gêné.
« D'accord, j'accepte tes excuses. » Dit la batpony grise en se frottant l'épaule qui était recouverte de neige. « Bon, il faudrait se dépêcher, j'ai quelque chose à faire. »
En entendant cela, Funk stoppa aussitôt de jouer et se retourna sur la jument avec un air suspicieux.
« Quelque chose à faire ? Mais dis-moi, tu as beaucoup de choses à faire pour une garde des ombres.
— Oui. » Affirma-t-elle avec le sourire. « Mais je suis sûre que ça va te plaire. »
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« On arrive bientôt ?! » S'exclama Funk en gémissant d'ennui.
« Arrête de faire l'idiot, je ne me souviens plus très bien des chemins à prendre. Ce n’est pas facile dans cette ville aussi grande.
— Non, mais tu viens de Canterlot ou quoi ?
— Et toi ? Tu viens d'où comme ça ?
— Tu ferais mieux de t'arrêter là. » Funk avait prononcé cette phrase sur un ton qui ne lui était pas familier.
Le passé des batponies n'appartenait qu'à eux. Même si Funk se permettait régulièrement de glaner des informations sur chacun d'eux, il était celui dont on en savait encore le moins. Quoi qu'il en soi, le ton qu'il employait était le signe qu'on dépassait les bornes, même avec quelqu'un d'aussi immature et détaché que lui.
En silence, le groupe arriva à une grande place rectangulaire ou les lumières étaient encore plus présentes à tel point qu'un pégase au-dessus des nuages pourrait sans peine trouver cet endroit. En plus des lumières, beaucoup de poneys s'étaient rassemblés ici, cause en était les petites baraques qui abritaient des marchands vendant de nombreux objets en thème avec les fêtes.
Grunge se rapprocha aussitôt de ses deux camarades, sentant déjà une pression énorme prendre place dans le fond de ses tripes.
« T'es sûre que c'est le bon endroit ?
— Oui… enfin, je crois, on y est bientôt. Ça, c'est juste un marché ouvert à l'occasion de la veillée chaleureuse. C'est peut-être l'occasion de trouver ce que l'on cherche ici.
— On ? Ah non, c'était ton idée. Moi je suis juste là parce qu'on doit rester en groupe. »
Jazz ne répondit rien, cela n'aurait servi qu'à tourner en rond. Funk était trop fier pour lui dire sincèrement qu'il aimait son idée. C'était comme ça, c'était un garçon, c'était un idiot.
« Bon, on ne va pas faire tous les chalets, je crois qu'en passant sur l'allée centrale, ça nous permettra de trouver ce qu'il faut, ou alors de continuer notre chemin rapidement. »
Les trois batponies s’engouffrèrent sans tarder dans la foule de citoyens. Il n'y avait que rire et bonne humeur dans ces petites allées ou la chaleur des corps et des voix offraient un milieu à chaque fois plus agréable. Même sous la neige tombante, les poneys gardaient leur joie et leur convivialité pour partager un moment entre amis. Jazz adorait ça.
Elle faisait voyager son regard entre les différentes échoppes qui proposaient de nombreuses choses. Allant aux parfums de toutes sortes, passant ensuite aux boules à neiges qui faisaient pleuvoir la poudreuse sur le château de Canterlot, pour finir avec un breuvage alcoolisé et chaud. Jazz avait la tête remplie d'idées, mais pas une seule ne semblait lui plaire.
« Cadeau à offrir ? J'ai tout ce qu'il vous faut pour une fête réussie ! »
Jazz se retourna vers le poney qui avait scandé ça. Une jument crème avec une crinière volumineuse et retenue par un bandeau décoré de cerise qui laissait pourtant sa crinière encadrée son visage avec ses deux tons de rouge. Elle s'amusait à faire tourner son foulard rose autour de son coup en observant Jazz. Celle-ci ne se rendit pas compte tout de suite qu'elle avançait vers elle.
« Bonsoir mademoiselle, quelque chose vous fait plaisir ? »
Jazz plongea son regard dans le sien et la marchande fit aussitôt un geste de recul en voyant ses yeux d'un rouge carmin, faisant perdre aussitôt à Jazz son sourire amical.
« Oh non, excusez-moi, je ne voulais pas me montrer malpolie. » Rattrapa aussitôt la vendeuse.
« Je viens de Dodge Junction, et donc, je n'ai pas l'habitude… je veux dire, on est pratiquement tous des terrestres là-bas, il n'y a pas vraiment de quoi fouetter un chat. »
la batpony lâcha un rire bref au changement d'attitude aussi agréable de la vendeuse. Celle-ci se pencha même sur son comptoir pour démarrer une conversation plus proche.
« Je m'appelle Cherry Jubilee et je possède un ranch. On y prépare surtout de la confiture de cerise. Si vous en voulez un pot, je vous garantie que c'est la meilleure que vous trouverez.
— Oh, non merci, je ne mange rien. » Dit Jazz en cherchant sur les étales un article qui l'intéresserait.
« Vous êtes sûre ? Très bien. Et pourquoi pas un bon kilo de cerises ?
— C'est vraiment une période pour les cerises ?
— Bonne question. » fit la jument avec un clin d'œil. « Je suis d'une région qui possède un climat bien plus chaud qu'ici. On ne voit jamais de neige là-bas, on demande au pégase de maintenir les mauvais nuages à distance. De plus, on demande à des licornes de l'aide pour trouver des moyens de conservation à base de magie. Prenez ce pot de confiture par exemple. » Elle le prit de son étalage et le présenta à Jazz. « Il ne commencera à périmer qu'à partir du moment ou il est ouvert. Avant ça ; vous pouvez le garder indéfiniment.
— Intéressant. » Jugea Jazz avec un réel intérêt. « Mais… si vous côtoyez autant de pégases et de licornes, vous étiez donc bien surprise par mon apparence et non par votre manque de connaissance des autres races ? »
Cherry Jubilee écarquilla les yeux la bouche grande ouverte, elle ne savait pas quoi dire. C'est à ce moment-là que Jazz éclata de rire avant de la rassurer.
« Calmez-vous, je disais ça pour rire. Je sais que je ne passe pas inaperçu, même si c'est ce qu'on me demande de faire la plupart du temps. Mais je vous dois bien ça.
— Vous n'êtes pas vexée, j'espère ? » S'enquit alors la marchande.
« Pas le moins du monde. »
Les deux juments se fixèrent un instant, se souriant l'une l'autre, comme affectées par le cadre chaleureux et l'ambiance de fête qui régnait. Jazz reprit sa quête d'un cadeau qui l'intéresserait, mais ne trouva rien qui l'attire vraiment. Elle finit néanmoins par reposer son regard sur la jument.
« Excusez-moi, votre foulard, vous en vendez des comme ça ? »
La vendeuse eut l'air d'hésiter.
« Hmmm quelques-uns. Disons que je fais surtout ça pour me détendre. J'en fais surtout pour des amis, et je n'en ai jamais vendu.
— Je peux en avoir un s'il vous plaît ? » Demanda Jazz, un regard presque suppliant.
« Et bien, si vous me laissez une minute pour que j'aille chercher ma collection dans mon chariot, je veux bien voir ce que je peux faire pour vous. »
La batpony ne cacha pas son désir de les voir et s'appliqua encore à remercier la jument pour ce qu'elle était en train de faire pour elle. Jetant un coup d'œil derrière elle, elle s'inquiéta aussitôt pour ses compagnons. Grunge était replié sur lui-même, plaqué contre un des chalets de commerçant pendant que Funk le regardait sans dire un mot. Jazz se précipita aussitôt à leur rencontre.
« Qu'est-ce qu'il a ? » Demanda-t-elle automatiquement en regardant Grunge qui fermait les yeux et se posait les sabots sur le crâne.
« La foule. Je crois qu'il ne la supporte plus. » Répondit Funk en ne le quittant pas du regard, comme fasciné par la réaction de l'autre batpony.
« Il faut faire quelque chose ! » Ordonna Jazz, agacé par le comportement de son camarade. « Écarte un peu les poneys pendant que j'essaye de lui parler.
— Je sens qu'on va rire !
— Funk ! » Interpella-t-elle en posant son sabot sur son épaule. « N’oublie pas ce que Luna a dit, d'être le plus discret possible. »
L'étalon gloussa avant de se retourner pour faire face à la foule pendant que Jazz s'assit devant l'autre batpony, toujours recroquevillé sur lui-même.
« Grunge, on est que nous deux, tu n'as rien à craindre… » Elle ne savait pas vraiment quoi dire. Elle ne connaissait pas son passé, et même si Funk le connaissait lui, elle ne lui demanderait sûrement pas de lui parler. House avait l'air de bien connaître Grunge, même si elle semblait toujours distante avec lui, peut-être que Jazz devrait lui poser quelques questions à l'avenir. « Si tu veux, on peut s'éloigner un peu, tout ce que tu as à faire, c'est de te relever et de me suivre. » Elle le voyait marmonner quelque chose de totalement inaudible. Pour elle, il était simplement en train de remuer les lèvres sans produire le moindre son. « S'il te plait Grunge, fait ça pour moi... »
Pendant ce temps, Funk tentait de garder un espace sûr pour ces deux compagnons. Bien qu'il n'allait pas trop se faire remarquer, au risque de trop attirer l'attention, il se contentait de sourire bêtement aux poneys qui s'approchaient un peu trop près. Ceux-ci, en voyant sa dentition tout à fait originale, firent automatiquement quelques pas de côtés. Pas besoin de jouer avec ses ailes, ou encore de montrer qu'il était un représentant de la garde royale quand un joli sourire pouvait apporter un tel résultat.
Une jument tentait néanmoins de se rapprocher d'un peu trop près, et cela, face au sourire ravageur de Funk qui ne put retenir un certain agacement. Contre cette récalcitrante, il devait user de moyen bien plus intimidant, et quand elle passa à côté de lui, il se replaça devant elle en une fraction de seconde avec ses ailes déployées et fit un grondement sourd en lui jetant un regard bestial.
« Funk ! Arrête ça ! » C'était Jazz qui était intervenu en se plaçant entre les deux poneys. En se retournant sur la jument, elle reprit une expression amicale face à Cherry Jubilee.
Cette dernière ne sut pas quoi dire.
« Excusez-le, Funk est quelqu'un de particulier. »
Le batpony concerné était en train de marmonner quelque chose entre ses dents.
« Ce n'est pas grave. » Rassura-t-elle en secouant la tête. « Je n'aurais peut-être pas dû l'ignorer, c'est ma faute.
— Je peux vous aider ?
— Mais c'est moi qui vous pose la question. J'étais partie pour récupérer les quelques foulards que j'avais, mais je n'en ai trouvé aucun, je dois les avoir mis dans une autre boite qui est à ma chambre d'hôtel.
— Oh et bien ce n'est pas grave, merci quand même d'avoir regardé. » Jazz se retourna pour faire face au problème plus important qu'était Grunge, mais la vendeuse la retint.
« Je sais que je vous dérange un peu. » Dit-elle en faisant un signe de tête vers Grunge. « Mais je pense sincèrement que j'ai quelque chose qui pourra vous intéresser. » Elle fit descendre un carton de son dos que Jazz n'avait même pas remarqué. « Ce sont pour beaucoup des articles que je pensais mettre à mon étale pour le soir suivant, histoire de proposer toujours de nouveaux articles aux gens. »
Jazz était sur le point de lui demander de s'en aller. Bien qu'elle essayait d'être gentille, cette commerçante ne savait pas à quel danger elle s'exposait en restant aussi proche de Grunge. Mais au dernier moment, le regard de Jazz fut attiré par quelque chose de brillant dans la boite de la marchande. Elle baissa la tête aussitôt pour prendre l'objet entre ses dents. En louchant des yeux, elle pouvait voir un petit miroir dépasser de sa gueule.
Elle ne savait pas vraiment pourquoi cet objet l'attirait en particulier, mais elle savait parfaitement ce que représentait le reflet d'un batpony. Elle délaissa un instant la vendeuse pour venir au côté de Grunge pendant que Funk lui, s'était assis un peu plus loin en montant la garde distraitement.
« Grunche. » Appela-t-elle avec le miroir en bouche. Le batpony redressa lentement la tête, il semblait très fatigué voire même au bord des larmes. Elle déposa lentement le miroir dans l’un de ses sabots qu'il tendit par réflexe et le porta face à lui. Il resta ainsi plusieurs secondes, les yeux ronds devant son reflet qui le regardait de la même manière. Jazz savait ce qu'il devait sûrement être en train de ressentir, son reflet devait être bien différent de ce à quoi il ressemblait actuellement. Il releva lentement la tête vers Jazz, un léger sourire vint redresser d'au moins deux millimètres la commissure de ses lèvres. « De rien Grunge, je savais que ça te plairait.
« Bon, vous avez bientôt fini ? » C'était Funk qui avait demandé ça sur un ton très déplaisant.
Jazz fronça les sourcils à son attention avant de revenir auprès de Cherry Jubilee.
« On dirait qu'il va mieux. » Jugea-t-elle d'un simple coup d'œil.
Jazz lui sourit aussitôt.
« Beaucoup mieux. Merci de votre aide.
— Il n'y a pas de quoi, c'était un vrai plaisir d'aider des poneys aussi sympathique que vous. Gardez le miroir.
— Hors de question que je vous laisse partir sans vous payer ! » Intervint Jazz en portant un sabot à son armure avant de se rendre compte d'un détail important. « Euh… je n'ai pas d'argent sur moi, mais attendez, on peut peut-être faire un échange. » Elle frappa le sol du sabot, faisant aussitôt sortir une lame de son renfort de métal. « Regardez, c'est une pièce d'armure que vous pouvez utiliser pour vous défendre, il suffit d'un choc bien placé pour pouvoir faire sortir la lame... » Elle fut interrompue par le rire de la vendeuse.
« Ne soyez pas ridicule, je ne vais pas accepter une arme de ce genre. » Refusa-t-elle avec son sourire chaleureux. « C'est un cadeau que je vous offre, ne me faites pas la peine de me donner quelque chose en échange. » Son regard était bien veillant et joyeux. Jazz pouvait aisément voir qu'elle faisait ce geste sans le moindre remord.
Néanmoins, c'est à contrecœur qu'elle remercia une dernière fois la jument avant que celle-ci ne s'éloigne pour retourner à son étalage.
« Alors, on y va ? » Demanda Funk l'air toujours aussi agacé.
« C'est bon, c'est bon, y a pas le feu ! Et c'est surtout à Grunge de voir s'il est prêt à repartir ou non. » Elle lui jeta un coup d'œil et le batpony fut debout en un rien de temps. « À la bonne heure ! »
Le groupe de batponies reprit aussitôt la route. Bien que Jazz n'avait toujours pas trouvé ce qu'elle était venue chercher, elle continuait d'examiner les chalets et les marchandises alentours. Mais rien ne correspondait à ce qu'elle cherchait.
Funk se mit à marcher plus vite pour se mettre à ses côtés.
« Je ne pense pas que tu devrais laisser Grunge tout seul.
— Je fais ce que je veux. » Avait répondu de but en blanc le batpony bleu. « Comment tu vas faire pour payer ?
— Euh… je ne sais pas encore. En fait, ça m'était complètement sorti de la tête. Donc je crois qu'on va se contenter de simplement trouver ce que je cherche et ensuite on avisera.
— Oh, et qu'est-ce que tu voulais trouver déjà ?
— Un bijou. »
Funk se mit à rire bruyamment à la réponse de la jument, attirant l'attention des passants vers le groupe de poneys en armure sombre.
« Et t'as même pas d'argent, je me demande comment tu vas faire. Si maman ne nous paye pas pour notre travail, c'est qu'il y a bien une raison !
— Écoute, je veux juste lui faire un cadeau. Tu ne comprends peut-être pas la signification, mais pour moi c'est très important. De plus, il y a toujours un moyen de s'arranger.
— Et comment ? En vendant un de tes renfort pour sabot ? C'est vrai que ça se vendrait cher au marché noir.
— On trouvera une solution. » Affirma-t-elle avec peu de conviction.
« Ou alors on le vole ! » Plaisanta Funk en riant.
Ils finirent par sortir du marché, se situant dans la rue ou les seuls poneys qui passaient encore étaient en train de quitter eux aussi le marché, ou alors le rejoignait. Ici, les rues étaient encore décorées, mais Jazz mena le petit groupe vers des allées de moins en moins éclairées, et fréquentées.
« Où est-ce que tu nous emmènes Jazz ? » Demanda l'étalon.
« Je crois que c'est par là qu'il y avait cette vieille bijouterie…
— Non non non, je connais ce genre d'endroit, et il n'y a sûrement pas une bijouterie ici.
— Qu'est-ce que tu connais de ces quartiers ? Tu te caches tout le temps dans les nuages quand tu peux sortir. » Rétorqua la jument.
Elle ne sentit pas tout de suite que Funk était en train de l'agripper pour la plaquer contre le mur le plus proche. Jazz voulut aussitôt se libérer, mais Funk pressa encore son sabot contre sa gorge.
« Vas-y, continue de jouer à ça Jazz, je n'attends que ça. »
Elle se débattit, envoyant ses sabots postérieurs qui ne touchaient plus le sol dans le ventre de l'étalon qui ne sentait absolument rien.
« On va laisser aller pendant un moment, mais un jour… tout ce paye. »
Il lui offrit un sourire carnassier accompagné de son regard le plus animal, on aurait dit qu'il n'y avait plus aucune conscience équine dans son esprit lorsqu'il s'approcha lentement de la gorge de la batpony. Une terrestre en habit d'hiver arriva dans la rue, mais passa très vite son chemin en voyant la scène se dérouler. Funk connaissait ce genre d'endroit et les gens qui y habitaient, personne ne faisait attention à ce qui se passait.
« Et ne pense pas que ton petit privilège va te sauver à chaque fois. Un jour Jazz... »
Il ouvrit sa gueule garnie de croc et parcouru la distance qui la séparait du cou de Jazz, juste avant de se mettre à éclater de rire, le front contre l'épaule de la jument.
« Un jour Jazz. » Dit-il avec le sourire avant de lâcher la jument qui rattrapa sa chute. Elle restait silencieuse, ne frottant même pas sa gorge endolorie, ne montrant aucun signe de douleur à Funk qui s'en serait sûrement régalé. Elle savait qu'il pouvait être dangereux. Derrière son immaturité se cachait une personne incroyablement froide. Par moment, elle pouvait rire et s'amuser avec Funk, à d'autres, elle devait simplement l'éviter pour ne pas se faire tuer.
Jazz leva les yeux vers Grunge qui l'aida à se relever. Bien que personne n'aimait les méthodes de Funk, aucun d'entre eux n'allaient oser se dresser contre lui. On pouvait s'énerver, on pouvait l'insulter, on pouvait même le frapper, mais il était clairement impossible de le stopper. À part Luna… maman.
Secouant la tête, Jazz constata avec stupeur que Funk venait de disparaître.
« Ouf, nous voilà débarrassés d'un danger public. »
Grunge se plaça juste devant elle et la regarda de ses yeux verts
« Non, je ne pense pas que ce soit nécessaire de s'inquiéter. Il va sûrement se cacher quelque part et n'ira sûrement pas se faire voir par d'autres. »
Le batpony fronça les sourcils.
« C'est facile de dire ça ! » Répondit Jazz. « Il a été encore plus méchant que moi, non ? »
Il roula des yeux.
« Où est-ce que tu vas chercher ça ? Je n'ai jamais fait ça ! » Dis la batpony avant de clôturer la discussion et de rependre le marche. Grunge lui proposa de continuer en volant, mais Jazz ne pensait pas être capable de reconnaître les rues d'en haut. Mais le batpony insista encore, prétextant que les rues où ils se trouvaient actuellement n'étaient de toute façon pas bonnes.
Jazz finit par céder, mais au moment où elle déploya ses ailes, un cri se fit entendre. Sans le moindre mot, les deux batponies avaient déjà quitté la rue au galop pour suivre cet écho.
Caché dans l'ombre, Jazz se plaça à côté de son partenaire qui était totalement immobile à la manière d'une statue. Ils avaient sauté directement sur le toit le plus proche pour avoir un point de vue ascendant sur la situation.
En bas, dans une rue qui n'était même plus éclairée, la vue d'un batpony pouvait facilement voir trois étalons cerner une jument contre un mur. La gardienne de la nuit connaissait cette ponette pour être celle qui venait de passer quand elle était en prise avec Funk. La batpony étouffa un gloussement. Quel étrange hasard que de voir les situations s’inverser ainsi. Une simple jument qui aurait pu tenter n'importe quoi pour aider Jazz décidait de la laisser à son sort, et maintenant, cette ponette pourrait elle aussi être délaissée si elle décidait de tourner les sabots.
Bien entendu, Jazz ne pouvait et ne voulait pas se permettre ce genre d'attitude. Elle ne pouvait pas en vouloir à une personne pour ne pas s'être opposée face à Funk, c'était même tout le contraire. Et même si elle avait éprouvé de la rancœur pour cet acte, elle n'irait certainement pas mettre la vie d'une personne en jeu pour une erreur passée, ça, aucun batpony ne le ferait. Pas même Funk.
« Aller ma grande, tu ne vas pas nous laisser comme ça ? C'est un soir de fête voyons. » Fit l'un des étalons.
« Arrêtez ça et laissez moi partir. » Implora la jument qui gardait la tête baissée, la voix tremblante.
« Oh non ça ne fait que commencer.
— Ouf, on arrive juste à temps dans ce cas. » Intervint Jazz en atterrissant non loin du groupe.
Ce dernier se retourna, mais ne vit pratiquement rien dans l'obscurité de la ruelle. Il n'y avait qu'une masse sombre reprenant à peine les contours d'un poney. Mais quand Jazz ouvrit les yeux, tous purent voir les deux globes brillants rouges qui les observaient.
« Qu'est-ce que c'est qu'ça ?! » Demanda un poney, une pointe de peur dans la voix.
« Garde royal de Canterlot. » Annonça la paire d'yeux.
« Elle se fout de nos gueules ! Un garde passerait jamais par ici, et encore moins en pleine nuit.
— Ah… euh oui, excusez-moi, en fait y a vraiment que l'armure pour vous montrer que je suis bien garde, mais dans le noir, c'est dur à montrer. À la limite on pourrait faire ça dans la rue qui est éclairée là-bas…
— On va plutôt te montrer ce qu'on fait aux gardes dans l'coin. »
Un bruit sourd survint de derrière le groupe, et une nouvelle paire d'yeux verte apparut accompagnée d'un long grognement.
« Allez les gars, je suis sûr qu'on a tous mieux à faire... »
Ils ne laissèrent pas à Jazz le temps de finir sa phrase que l'un d'eux se jeta sur elle.
Il faisait noir et froid. La jument ne subissait aucun de ces deux désagréments. Ils étaient trois étalons, l'un était de taille moyenne et un peu gros, un autre était bien plus grand et avait une bonne carrure, tandis que celui qui s'était jeté sur elle était tout à fait commun. Quant à elle, elle était une batpony, une créature de la lune qui cachait de nombreuses capacités bien plus sombres qu'un simple poney avec des ailes de cuirs.
Jazz esquiva sans peine le coup et se mit à marcher vers les deux autres étalons.
« Je suis sérieuse, on peut vraiment éviter tout ça ! »
Le poney derrière elle se retourna aussitôt et fondit sur elle. Mais cette fois-ci, la batpony perdit patience. Elle se décala d'un pas en pivotant de côté pendant que l'étalon échouait son attaque, son arrière-train orienté vers lui, elle n'avait plus qu'à faire une ruade pour envoyer ses sabots à la face de l'étalon. Cependant, elle n'envoya qu'un seul de ses sabots dans son coup. L'une des caractéristiques de son corps était sa force, et elle ne voulait surtout pas risquer la mort de quelqu'un.
Le poney sentit le coup le frapper en plein dans la mâchoire et remonter jusqu'à son crâne. À moitié étourdit, le poney tituba un moment avant de s'effondrer complètement sonné. Jazz ressentait réellement du remord d’avoir frappé cet étalon. Certes, il allait commettre un crime contre cette jument, mais la batpony avait profité de ses capacités surdéveloppées pour le vaincre facilement. Au final, est-ce qu'elle valait mieux que ces poneys qui voulaient abuser de leur force contre une ponette sans défense ?
Les deux autres poneys se mirent à attaquer Jazz, mais au moment ou ils se retournèrent, Grunge sauta aussitôt sur le plus grand et le fit rouler au loin. La batpony regarda son opposant qui ralentit peu à peu sa charge en voyant son ami se faire dominer. Elle se contenta de faire un pas de côté pour lui laisser l'occasion de voir son autre ami à terre, les sabots sur le crâne en train de gémir.
Jazz put entendre le poney encore debout déglutir par dessus les grognements de Grunge qui était au-dessus de l'autre brute. Elle finit par abandonner sa position défensive en se redressant lentement, ne montrant ainsi plus aucun signe agressif à l'étalon.
« Regarde, je n'attaque pas donc toi non plus, d'accord ? » Le poney transpirait à grosses gouttes, mais fini par hocher la tête de façon vigoureuse. « à la bonne heure, bon, tu t'appelles comment ? »
Le poney remuait les lèvres, mais aucun son ne sortit, il dû s'y reprendre à deux fois avant d'articuler un : « Quivering. »
« D'accord Quivering, j'ai fait un peu mal à ton ami, et donc je vais te laisser le reprendre. » Le poney hésita avant de faire un pas, mais recula aussitôt en entendant les grondements de Grunge qui maintenait toujours l'autre agresseur. « Ne t'inquiète pas, il retient juste ton ami pour éviter qu'il ne fasse des bêtises.
— Il va le bouffer ?! » S'empressa de demander le poney en reculant encore.
« Non non, ne t'inquiète pas pour ça, on n’est pas du genre à faire ça, je t'ai dit qu'on était des gardes royaux, pas des meurtriers.
— Et comment savoir si vous ne mentez pas ? Qu'est-ce que vous êtes comme gardes ? »
Jazz se mit à soupirer en roulant des yeux avant de dire :
« Bon on va faire autrement, je vais lentement ramener ton ami vers toi. Et toi, tu vas rester tranquille et ne pas bouger.
— Et pour Break ? »
Comprenant qu'il parlait du poney que Grunge maintenait au sol, elle le rassura aussitôt.
« On va dire que c'est une garantie. Mon ami ne fera pas de mal au tien, si tu ne bouges pas de là, d'accord ?
— Vous aviez dit que vous étiez des gardes royaux, vous allez lui faire du mal si je bouge ? »
Jazz commença à s'agacer.
« On va tourner autour du pot encore longtemps Kevin !? » Elle prit une grande inspiration pour se calmer, constatant qu'elle venait de faire sursauter l'étalon avec son saut d'humeur. « Pardon, mon ami ne fera rien au tien tant que tu restes tranquille, par contre, si tu bouges, alors il risque d'y avoir un petit problème, c'est compris ? »
Le poney finit par hocher la tête plus par contrainte que par accord.
« Parfait ! »
Elle s'approcha lentement du poney qui se roulait par terre en gémissant et en se tenant le crâne. Elle mit un sabot sur une de ses épaules avant de l'entourer de l'autre et de le soulever en l'aidant à se maintenir debout. Il n'arrivait pas à garder la tête levée et portait toujours son sabot libre contre son crâne.
« Ça va aller… je crois. Si ça ne va toujours pas, il faudra peut-être aller voir un médecin. » Conseilla Jazz en l’amenant à son ami qui fit encore un pas en arrière d'hésitation
Une fois changé de sabot, les deux brutes regardèrent Jazz d'un air perplexe.
« Bon, et bien au revoir... » Dit-elle en remarquant qu'ils n'étaient pas encore partis, elle fronça les sourcils avant de comprendre ce qui clochait quand elle regarda dans la direction que les deux autres poneys fixaient. « Grunge, tu peux arrêter, c'est bon… Grunge ? » Voyant que le batpony ne s'arrêtait toujours pas de grogner en plaquant l'étalon à terre, Jazz se rapprocha aussitôt du duo. « Grunge, il faut que tu te calmes. » Elle n'osait pas le toucher, craignant provoquer une suite d’événement fort désagréable pour la brute sans défense. « On sait tous ce que c'est Grunge, mais tu ne dois pas te laisser aller ainsi, il faut lutter contre. »
Jazz finit par risquer un contact en touchant l'épaule du batpony. Au début, elle fut heureuse de voir qu'il ne se précipita pas sur sa victime, à la place, il tourna son regard émeraude vers elle, les lèvres retroussées.
Elle fit face au sifflement du batpony, risqua une approche dangereuse sans même protéger sa gorge ou une autre partie de son corps. Il aurait pu frapper n'importe où, mais Jazz suspectait qu'il tentait encore de se contenir. Et même s'il semblait être sur le point de frapper à tout moment, elle l'enlaça par en haut avant de le relever lentement de sur sa proie.
Elle mit un sabot devant ses yeux pour l'aider à s'isoler et intima à l'autre poney de partir le plus vite possible d'un simple regard.
« Ne t'enfuis surtout pas en courant, et je te déconseille de lui tourner le dos. » Avertit-elle en caressant la crinière du batpony qui montrait toujours ses crocs en grondant.
Le groupe des trois poneys partit lentement, la tête baissée en reculant pas à pas pour quitter la ruelle sombre. Jazz raffermit encore sa prise sur Grunge en le sentant s'agiter pour se mettre à leur poursuite. Bien qu'il avait plus de force qu'elle, dans son état, il était incapable de s'en servir correctement, la femelle eu donc bien plus d’aisance pour le maintenir contre elle.
Il finit par lentement se calmer, toujours contre Jazz, mais au dernier moment, il redressa la tête pour observer la jument qui était en mauvaise posture tout à l'heure. Son instinct revint à la charge, mais la batpony était là pour y mettre un terme.
« Restez calme ! » Lança Jazz à l'adresse de la jument, son regard fixe sur le batpony. « Je vous promets que vous ne risquez rien si vous ne vous mettez pas à fuir en courant. »
La jument avait les larmes aux yeux et n'aspirait qu'à fuir cet endroit, mais petit à petit, elle se mit à se pelotonner dans un coin de la rue en pleurant, espérant que tout ça ne soit qu'un mauvais rêve.
Les pleurs firent aussitôt stopper les grognements de Grunge, qui secoua légèrement la tête comme se demandant ce qu'il faisait ici.
« Tu es revenu, ça ira ? »
Le batpony sembla réfléchir un moment avant de hocher la tête. Jazz défit peu à peu son emprise jusqu'à libérer le batpony qui se releva lentement. Il n'avait plus aucun signe agressif, comme à chaque fois que ça arrivait à l'un d'entre eux, ces crises survenaient dans les pires moments et les transformaient en des bêtes enragées capables du pire.
Jazz resta un moment assis pour reprendre ses esprits pendant que Grunge se dirigeait vers la jument qui était en larme. Elle paniqua encore plus en le voyant se rapprocher et tenta de disparaître dans le mur. Voyant la crainte qu'il inspirait à la jument, Grunge se coucha à terre pour prendre la posture la moins intimidante possible, allant même jusqu'à plaquer son menton contre le sol.
Voyant la scène, Jazz eut un bref sourire avant de se diriger à son tour vers la jument.
« Bonsoir, je m'appelle Jazz et voici Grunge. Nous sommes gardes royaux.
— Vous allez me faire du mal ? » Demanda-t-elle apeurée.
« Oh non, bien sûr que non. Nous ne sommes pas du style violent… enfin, on garde ça pour les brutes comme les poneys de toute à l'heure, mais je n'apprécie pas trop ça.
— E-et lui ? » Demanda-t-elle en pointant l'autre masse sombre. « Il a failli attaquer ce poney. »
Jazz fut surprise en remarquant que cette jument ressentait de l'inquiétude pour ses agresseurs.
« Il ne faut pas vous inquiéter. » Rassura Jazz, mais elle voyait bien que cela avait peu d'effet. Dans l'obscurité, on pouvait à peine distinguer leurs corps, mais leurs yeux surnaturels scrutaient les gens d'un regard perçant. À l'inverse, la batpony pouvait parfaitement voir le pelage rouge de la ponette et sa crinière noir cachée sous un bonnet noir et blanc ainsi qu'une écharpe des mêmes couleurs. « On va vous conduire en lieux sûr si vous le voulez bien. »
La jument fut incapable de donner une réponse quand la batpony se rapprocha encore d'elle. Mais quand Jazz lui présenta son sabot, elle lui tendit le sien pour pouvoir se relever.
« Comment vous appelez vous ? » Demanda la batpony sur un ton qui se voulait le plus chaleureux possible.
« Cola. » Dit-elle la tête baissée et les oreilles plaquées contre son crâne.
« J'espère que vous arriverez à passer de bonnes fêtes malgré cette histoire.
— J-je passais par ici pour chercher un cadeau pour mon fils.
— Mais pourquoi ici ? » Demanda la batpony qui s'était elle-même retrouvée dans ces quartiers à la recherche d'une boutique.
« La plupart des magasins sont fermés maintenant, à part le marché, mais je n'y trouve rien à offrir. Je pensais qu'il y aurait encore quelque chose d'ouvert ici.
— Et bien je crois que vous avez un sens de l'orientation aussi mauvais que le mien. » Plaisanta Jazz. « Il n'y a vraiment rien de bon à traîner dans ces quartiers. »
Ils arrivèrent enfin vers une rue plus large et plus éclairée ou des poneys circulaient tranquillement. Cola regarda alors l'apparence de ses sauveurs et se mit à écarquiller les yeux.
« Oh, ma Celestia, vous devez mourir de froid avec ces armures en métal !
— Euh non, nous n'avons aucun probl… » Jazz ne put finir sa phrase qu'elle fut étranglée par l'écharpe qu'on lui noua autour du cou. Grunge poussa un sifflement quand la jument lui enfonça son bonnet sur le crâne. « Ce n'est pas nécessaire, vous savez.
— Ne dites pas ça ! » Répondit la jument qui venait de reprendre tout son aplomb une fois dans la lumière. « Vous venez de me sauver la vie, il est normal que je vous remercie. » Elle n'avait plus du tout peur d'eux. Pourtant, maintenant visibles, Jazz et Grunge offraient une apparence encore plus surprenante que dans l'obscurité.
« M-merci… je ne sais pas quoi dire de plus… » Elle jeta un coup d’œil à son camarade qui lui rendit son regard. « Oh, Grunge vous dit merci aussi.
— Il n'y a vraiment pas de quoi, je vous dois bien plus. » Affirma-t-elle en prenant une direction et en commençant à s'éloigner.
« Vous êtes sûr que ça ira ?
— Oui oui, ne vous inquiétez pas pour moi. »
Jazz et Grunge l'avaient regardée jusqu'à ce qu'elle disparaisse de leur champ de vision. Juste après ça, ils échangèrent un regard.
« Bien sûr qu'elle nous mentait, tu crois quoi ? »
Il fronça les sourcils.
« Qu'est-ce que tu voudrais qu'elle fasse dans ces quartiers ? »
Il leva les épaules en secouant la tête.
« Pardon ? Ne me dis pas que tu y es déjà allé ? »
Grunge fuit le regard de la batpony et se mit à avancer.
« Hey où est-ce que tu vas ? J'en ai pas fini avec toi !
— Continue comme ça et c'est tout Canterlot qui te remarquera ! »
Jazz sursauta avant de regarder la destination que Grunge avait pris. C'était un petit bâtiment rempli de néons roses sur la devanture, faisant ainsi envie à n'importe quel poney qui passerait par ici. Mais devant ce commerce, un étalon restait assis, celui qui s'était encore une fois moqué de lui.
« Funk ? Qu'est-ce que tu fais ici ? » Demanda-t-elle en rejoignant l'étalon.
« On doit rester en groupe, non ? » Répondit-il simplement. « Et puis… je trouve ton idée pas si mal… C'est quoi ce truc autour de ton cou ? »
Elle porta un sabot au vêtement que la jument venait de lui offrir et l'inspecta. Une écharpe tout à fait classique, noir, avec de petites étoiles blanches par endroits.
« Tu aimes ? » Demanda la jument sans détacher son regard du vêtement.
« C'est… pas moche. »
Elle sourit de ce qui s'apparentait le plus à un compliment sincère venant de Funk. Grunge s'était assis juste à côté de Funk, Jazz fit de même. Les trois batponies étaient installés face au bâtiment, attendant que la personne qui les avaient menés là se déclare. Mais il ne vint jamais.
« Funk, pourquoi tu attends bêtement devant ? Tu ne veux pas plutôt rentrer ? »
Funk la regarda surprit, il ne pensait pas qu'elle aurait tout de suite compris son attention. Son idée n'était vraiment pas mauvaise, lui aussi il voulait offrir un cadeau.
« Je… j'ai… tu ne veux pas y aller à ma place ?
— Quoi ? Tu veux que j'aille te chercher ton cadeau à ta place.
— Et si je dis s'il te plait ?
— T'as même pas d'argent de toute façon !
— Si ! » Voyant qu'il venait d'attirer l'attention de la jument il s'empressa de lui expliquer. « J'en demande à maman parfois. »
Elle gardait un air perplexe.
« D'accord, pourquoi as-tu besoin d'argent, et pourquoi Luna t'en donne ?
— Ce que je fais avec cet argent ne te regarde pas… et je suis sûr que maman t'en donnerait si tu lui demandais. » Voyant le regard insistant de la jument, il comprit qu'il n'aurait rien d'elle s'il ne lui donnait pas quelques informations. « Elle me donne de l'argent pour que je ne me mette pas à voler.
— Ooooh, comme c'est mignon, tu voles des cadeaux pour Luna. »
Funk se mit à sourire lui aussi avant d'avertir Jazz :
« Attention, tu es en train de dépasser les bornes.
— Et si je venais avec toi ? » Demanda-t-elle en comprenant qu'elle devait impérativement changer de sujet.
« D'accord ! » Lança-t-il en se redressant. « Alors, tu viens ? » Il n'attendit pas de réponse et se mit à avancer directement.
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« Je pense que tu devrais arrêter de jouer autant avec les nerfs de Funk. » Avait annoncé Blues en s’asseyant dans le canapé de la bibliothèque, juste à côté de Jazz.
« C'est toujours lui qui s'amuse à mes dépens, alors si je peux inverser la situation par moment.
— Tu as bien vu comment ça a fini. Il aurait pu te faire du mal. » S’inquiéta réellement l'étalon.
« Et je t'ai dit comment ça s'est fini. Juste après, il était en train de me demander de l'aide parce qu'il n'osait pas entrer tout seul dans son fichu magasin… je pense que ce n'est que des paroles en l'air, il n'irait jamais faire du mal à l'un d'entre nous.
« Détrompe-toi. » Intervint Opera, la tête toujours dans son livre, assise dans son grand fauteuil. Elle ne les lâchaient que très rarement, c'est pourquoi elle passait la plupart de ses nuits dans la grande bibliothèque de Canterlot. Bien entendu, celle-ci était fermée à ces heures, mais ce n'était en rien un problème pour les batponies de Luna. Opera adorait le silence nocturne qui régnait lorsqu'elle lisait, même si cette nuit, elle n'était plus aussi seule « Funk à beau avoir l'air de se cacher derrière un comportement bien immature, il n'en reste pas moins le plus dangereux d'entre nous.
— Bah, quand je dépasserais à nouveau les bornes, je m'excuserais et ça passera ou alors on en viendra aux sabots et on n'en parlera plus le lendemain.
— Ne pense pas que ça sera aussi facile. » Avertit Blues. « Nous sommes des armes Jazz, faites avant tout pour combattre. Et je ne te donnerais pas une seule chance d'en revenir indemne. Tu l'as encore prouvé avec ces malfrats. »
Jazz expira bruyamment des naseaux pour montrer toute son exaspération avant de dire : « J'allais pas maltraiter trois poneys qui n'avaient aucune chance face à un batpony. Ça aurait été injuste de profiter autant de sa force sur d'autres.
— Et alors ? Eux n'ont pas été du même avis que toi quand ils voulaient s'en prendre à cette jument. Cette jument d'ailleurs, on ne sait toujours ce qu'elle faisait là. »
Jazz pointa Grunge du sabot, le batpony était installé en haut d'une grande étagère contenant des livres et observait son miroir jusqu’à tomber sur le regard de la jument.
« On y était tous les deux, et lui comme moi n'avons rien compris à la situation. Cette jument n'arrêtait pas de pleurer, et une fois qu'elle nous a vus à la lumière, elle a aussitôt changé d'attitude et s'est éclipsée rapidement. »
Un bruit sourd survint derrière eux, ce qui les fit se retourner pour apercevoir Punk, qui était sûrement caché au plafond, une activité que beaucoup de batponies appréciaient. Elle planta ses yeux fuchsia dans ceux de Jazz en chassant une mèche de crin de la même couleur. La batpony blanc grise se mit à avancer lentement vers le groupe, apparemment, elle était en colère.
« Tu ferais mieux de t’asseoir, Punk. » Avait conseillé Blues, plus sur un ton d'avertissement.
Cette dernière se stoppa net, et pointa ses yeux fuchsia vers lui, avant de froncer les sourcils en faisant glisser lentement son regard vers Jazz. Ils entendirent tous un raclement de gorge, et Punk fut la première à se retourner vers la source. Opera était en train de la fixer du coin de l’œil, le museau toujours dans son livre. La batpony qui était au centre de toutes les inquiétudes sembla lentement desserrer sa mâchoire et baissa les épaules en grognant. Elle monta sur le dossier du fauteuil ou la jument brune qui lisait était installée sans que celle-ci ne semble s'en indisposer.
Jazz se détendit légèrement dans son canapé en constatant que l'orage venait de passer. Elle n'avait aucun problème particulier avec Punk, mais elle connaissait son tempérament prompt à s’énerver. Blues avait peut-être raison, chacun de ces batponies étaient une arme capable de se retourner sur n'importe qui. Il avait été soldat après tout, savoir juger des capacités d'un autre était primordial pour son ancien poste.
« Moi aussi j’voulais sortir... » Avait marmonné la batpony à la crinière fuchsia.
« Ton tour viendra. » Avait aussitôt répondu sa camarade en train de lire.
« Et pourquoi je dois attendre mon tour ? Funk il s'en va quand il veut.
— Et tu voudrais partir toute seule dans Canterlot ? » Elle n'avait pas détaché son regard une seule seconde de son bouquin. L'autre jument soupira encore plus bruyamment que tout à l'heure.
« Bien sûr que...» Elle s'interrompit en entendant un bruit à l'autre bout de la bibliothèque. La seconde d'après, plus aucun batpony n'était dans le salon de lecture.
Devant la grande porte de la bibliothèque ouverte, un poney encapuchonné inspectait les grandes étagères à la recherche de quelque chose. Chacun des batponys regardait la scène, caché dans l'ombre, mais quand le poney masqué gratta une allumette, tous se ruèrent sur lui.
En moins d'une seconde, cinq batponies encerclèrent l’étalon qui se mit aussitôt à hurler.
« Qu'est-ce qui se passe ici ?! » Intima une voix forte.
Les gardes de l'ombre se retournèrent aussitôt sur l'origine du bruit et purent voir leur princesse dans l'encadrement de la porte. Tous se figèrent, maintenant le poney au sol. Ce fut Blues qui expliqua brièvement.
« Nous avons trouvé un intrus, Princesse.
— Un intrus ? Vous ne savez pas que c'est une bibliothèque publique ? » Demanda-t-elle en levant un sourcil.
« Euhm… si, mais… mais la bibliothèque est fermée à cette heure.
— Oh, et vous êtes vraiment les plus disposés à dire cela ? » Elle se mit à sourire en détaillant chaque batpony et finit par s'arrêter sur Grunge avant de se mettre à rire. « Non Grunge, je ne pense pas que l'allumette était pour mettre le feu à la bibliothèque. »
Le groupe se mit à détailler l'étalon qui semblait assez âgé. Dans ses sabots tremblants, il tenait une pipe.
« Vous ne savez pas qu'il est interdit de fumer ici ? » S'agaça Opera en roulant des yeux.
« Je ne le referais plus, promis ! » Il jeta sa pipe à terre avant de remettre ses sabots contre lui.
« Pouvez-vous lâcher monsieur Bookman ? C'est moi qui lui ai donné accès à la bibliothèque en cette nuit de fête pour le remercier de m'avoir aidée. »
Ils finirent par le lâcher lentement, le poney se releva à la même vitesse, tournant sur lui même pour tenter de ne présenter son dos à aucun des soldats.
« Écartez-vous voyons, vous voyez bien que vous ne le mettez pas à l'aise. » Dis Luna toujours sur un ton plaisant.
Sans un mot, chacun des batponies s'éloignaient pour laisser de l'air à l'étalon. Certain d'entre eux comme Blues, ou Punk observaient encore le vieux poney comme s'ils ne lui faisaient pas confiance, il y avait encore Opera qui était face à lui et qui continuait de le dévisager, mais peut-être était-ce à cause du fait qu'il se trouvait dans son sanctuaire. Le poney finit par tourner les ergots et s'enfonça dans les longues allées d'étagères.
« Ça serait mieux si j'avais une bougie. » Déclara-t-il en se retournant, un sourire gêné aux lèvres.
« Sûrement pas ! La chaleur de la bougie pourrait abimer les livres. » Avait rétorqué la batpony en se mettant à sa suite. « Je vais vous aider à trouver ce que vous cherchez et ensuite, je vous accompagnerais au salon de lecture.
— M-merci. » Bredouilla-t-il. Pas vraiment rassuré de suivre une batpony dans le noir.
Il ne restait plus que Grunge et Jazz devant Luna. La batpony avait jeté un regard suppliant à Blues pour qu'il emmène Punk à l'écart. Pas qu'elle ne l'aimait pas, mais elle voulait partager ça avec Luna. Elle aurait voulu annoncer la surprise délicatement, peut-être emmener Luna un peu plus à l'écart, mais Grunge sortit brusquement son miroir de sous son armure et se rapprocha de la princesse nocturne pour lui tendre l'objet encore en bouche.
« Mais… pourquoi ça ? » Elle prit soigneusement le petit miroir et le plaça devant elle. Il n'avait rien de particulier, un petit miroir avec les bords en plastique, décoré avec des dessins de cerise. Elle dévisagea le batpony qui lui rendait un regard impatient. « Oh, bien sûr que je l'aime, si j'avais su que je recevrais des cadeaux de votre part... » Elle se pencha sur le batpony qui releva encore la tête pour la placer contre son encolure. Elle savait ce que ce miroir représentait, leur reflet… ce cadeau avait bien plus de valeur qu'un simple miroir en plastique.
Le batpony se déroba lentement à l'étreinte, il semblait gêné, et quoi de plus normal, il était le premier à connaître la véritable valeur de son cadeau.
« Non, calme-toi. Il n'y a pas à avoir peur, je serais toujours là. » Il sembla se calmer avant de sourire à nouveau à la princesse. Jetant un coup d’œil à sa camarade, il fit un pas de côté et partit rejoindre les deux autres batponies qui étaient partis devant.
« C'était une de tes idées, n'est-ce pas ? »
Jazz avait l'impression d'entendre un reproche, même si l'alicorne lui souriait, on aurait dit qu'elle lui en voulait.
« Je voulais juste vous faire plaisir. » Dit-elle en baissant la tête, mais un sabot vint très vite se poser sur sa joue et lui fit lever le regard.
« Ne t'inquiète pas, Jazz, je te connais parfaitement, et je connais aussi tes désirs. Crois-tu que je t'aurais laissée sortir si je ne te savais pas prête ?
— Vous… vous ne m'en voulez pas ?
— Pas le moins du monde. » Elle se pencha pour accueillir la jument qui s'avançait vers elle et rabattit même une de ses ailes pour l'en recouvrir. « Et sinon… toi aussi tu as un cadeau à m'offrir ? » chuchota-t-elle sur un ton enjoué en se mettant à rire avec Jazz.
« Je… j'ai trouvé ça. Enfin, on nous l'a offert à moi et à Grunge quand on a… enfin bref. » Elle passa un sabot sous la pièce d'armure qui recouvrait son poitrail et en sortit une écharpe et un bonnet. « Je n’ai pas eu le temps de prévoir un trou pour la corne… en fait, je ne m'y connais pas trop en couture, Opera a dit qu'elle voulait bien le faire, donc si vous pouvez attendre, je vais juste vous offrir l'écharpe pour le mom... » Elle fut propulsée en avant par magie à la rencontre de Luna. Cette dernière avait ouvert en grand ses bras pour l'accueillir.
La batpony se mit à rire devant la démonstration d'affection que sa reine lui faisait subir, elle ne touchait même plus le sol des sabots. Jazz profita d'être contre l'encolure de la princesse pour lui enrouler l'écharpe autour du cou, l'alicorne la laissait faire en gloussant.
« Je l'aime bien parce qu'elle a des étoiles, vous voyez… » Annonça Jazz pour cacher son embarras. « C'est... c'est assorti avec votre robe… enfin, ça aurait été mieux que l'écharpe soit bleue… ou alors que vous soyez noire. » Plaisanta-t-elle contre sa reine qui se mit à rire de nouveau.
Elle finit par la reposer au sol et tenta de regarder son cadeau du coin de l’œil avant d'utiliser le miroir que Grunge venait de lui offrir.
« Elle est superbe Jazz.
— Joyeuse veillée chaleureuse. » Souhaita-t-elle un peu gênée à tel point que la seconde ou Luna la quitta des yeux, elle se volatilisa brusquement.
Luna soupira un long moment en souriant. Jazz était sûrement l'une des plus timide d'entre eux, alors même que c'était celle qui prenait le plus d'initiatives par moment. Elle perdait toujours tout ses moyens face à Luna. La princesse de la nuit ne se mit pas à sa recherche, connaissant parfaitement le comportement de sa batpony qui ne souhaitait plus que se retrouver seule. Quittant tout simplement la grande bibliothèque, elle voulut se diriger vers le balcon de sa chambre. C'était un soir spécial et elle voulait voir si le ciel étoilé allait offrir cette magie que tous les poneys attendaient depuis la fenêtre de leur maison.
« Halte ! »
Luna se stoppa brusquement en se retournant pour voir un garde solaire à l'autre bout du couloir.
« Oh, P-princesse Luna, veuillez m'excuser. » Implora-t-il en s'agenouillant, attendant le jugement de la dirigeante lunaire.
« Soldat Macchiato ? C'est étrange, à chaque fois que je vous croise, c'est dans ces couloirs.
— Euh… oui Votre Majesté, cela dit je ne vous ai croisé qu'une seule fois dans ces couloirs. » Fit le poney qui semblait surprit que la jument connaisse son nom.
« Ah, je m'en rappelle encore. Je suis sûre que nos chemins vont encore se croiser. Pourquoi m'aviez-vous interpellée la dernière fois déjà ?
— Un rapport de plainte sur vos gardes, princesses. » Dit-il en s'inclinant plus bas pour éviter son regard plus que pour le protocole !
« J'espère que cela s’est résolu.
— Eh bien oui, nous avons exposé votre point de vue au différent plaignant, et il se trouve qu'ils ont tous très bien compris la situation et les remercient même pour le travail qu'ils offrent. »
Luna le perça de son regard bleu en lui offrant un de ses sourires énigmatiques.
« Ils continuent de se plaindre, n'est-ce pas ? »
Le garde se mit à bredouiller quelque chose avant de se ressaisir devant les yeux de la jument pour lui répondre.
« Oui. Ça n'arrête pas. Chaque jour on en reçoit de nouvelles, et chaque jour on essaye pourtant de leur expliquer la situation. »
Luna se mit à camoufler un gloussement en secouant la tête. Elle reprit néanmoins sans aucune colère :
« Merci à vous d'essayer de faire comprendre notre point de vue, j'essayerais de venir moi-même m'occuper des plaintes.
— Merci à vous princesse, j'espère qu'ils entendront raison grâce à vous. » Le garde ne se le fit pas ordonner pour déjà commencer à s'éloigner.
« Soldat Macchiato !
— Oui princesse ? » Demanda-t-il en se retournant.
« Joyeuse veillée chaleureuse. »
Le soldat se mit aussitôt à sourire.
« Merci majesté, joyeuse veillée chaleureuse à vous aussi. »
Elle était contente de voir comment ce simple poney qu'elle n'avait croisé que deux fois lui semblait si amical. Elle avait fait des recherches pour savoir son grade et son nom, ainsi, elle pouvait sans peine le revoir si elle le désirait. Luna aimait bien s'entourer de visages familiers.
« Tu peux descendre, il n'y a plus personne. »
Un bruit sourd survint aussitôt derrière Luna. Elle se retourna alors pour faire face à celui qui l'observait depuis le début.
« Bonsoir maman, c'est une très jolie nuit que tu nous as offerte. » Dit-il avec un large sourire aux lèvres en avançant vers elle.
« Merci Funk…
-Il est toujours étrange de voir que tu semble si occupée à une heure aussi tardive. » Reprit-il en la coupant.
« Je suis princesse Funk, certains documents importants ne peuvent pas être juste validés par Celestia, il faut mon accord, et quelques fois, comme cette nuit, je reçois de l’aide de certains poneys pour m’informer de détails importants suivant les dossiers. Et sinon, tu as passé une belle soirée avec Jazz et Grunge ? »
Il se mit à tourner autour d'elle, pendant qu'elle se contentait de le regarder, un sourcil levé et un sourire en coin.
« Bah, avec ces deux-là, on entre dans des dialogues de sourds. » Fit-il avant de se mettre à rire.
« Oh, tu es sûr de toi ? Ils semblaient pourtant très contents de la leur en tout cas. » Elle le sentit se plaquer contre elle, et présenter son visage sous l'une de ses ailes.
« Jazz semble toujours autant apprécier ce genre de chose, on dirait qu'elle…
— et toi ? » Coupa-t-elle brusquement pour ne surtout pas le laisser continuer. « Il semblerait bien que vous ayez tous les trois profité de l'occasion.
— Oooh, si peu, maman, si peu. » Il s'éloigna de Luna, passant un sabot sous son armure, il en sortit un petit sachet qu'il lança en direction de Luna. Cette dernière le rattrapa par magie et l'amena plus près de son visage.
« Qu'est-ce que c'est ? » Demanda-t-elle curieuse. Funk poussa un râle exaspéré.
« Oh arrête tu le vois bien !
— Hmm non, non, je ne vois pas ce que c'est. On dirait… oui, oui, c'est bien un paquet de bonbons.
— Voilà, contente ? » Demanda-t-il toujours sur un ton énervé.
« Mais je ne comprends pas Funk… pourquoi ça… pourquoi me donner ça ?
— T'as bientôt fini de te foutre de moi ? » S'énerva-t-il toujours en lui tournant le dos. Mais il sentit bien vite le visage de la jument passer derrière lui et se coller contre son encolure. Elle fit voler le paquet devant elle et prit un bonbon qu'elle amena à sa bouche.
« Merci pour ce cadeau Funk.
— Joyeuse veillée chaleureuse. » Marmonna-t-il entre ses dents gêné et pourtant incroyablement content de son cadeau.
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Ouah, ça fait un moment que je t'ai pas vu ^^. Merci du conseil, je vais bien sûr, continuer sur cette voie. Il y aura d'autre "livre", mais ils seront toujours en OS (assez long je dois dire ^^)
ça fait comme les épisodes d'une série qui raconte l'histoire de la garde lunaire et leur quotidien en faite.
Je t'encourage a continuer dans se sens.
en tout cas très bon épisode.
Et oui, même si j'aime ces personnages, cette série sera toujours sous le « format » OS. Cause étant que je suis un gros fainéant et que j'ai des problèmes d'attention, il m'arrive assez souvent de passer du coq à l'âne, et ce, même dans mes fics. Et donc, je n'ai pas envie de prendre le risque de commencer une grande fic sur eux, de peur de perdre peu à peu l'intérêt que je porte pour les personnages, et me retrouver à bâcler, ou tout simplement passer à une autre fic sans même m'en rendre compte.
Quoi qu'il en soi, j'adore ces personnages, et ce thème, donc je vais clairement continuer des fics sur eux ^^.
Bien dommage que ce soit des one-shot :'(