Pinkie.
Hey. Ca fait un bout de temps, et je sais qu'on a pas beaucoup parlé toutes les deux. Mais j'ai besoin de le dire à quelqu'un et ce quelqu'un doit être capable de tenir un secret. Alors Pinkie, promets moi que tu ne diras rien à aucun poney le contenu de cette lettre.
Au fil du temps, depuis un moment, Applejack et moi, on s'est échangé des lettres. Et nous nous sommes rapprochées. Romantiquement. Oh je peux pas arriver à croire que j'écris ça. Je suis désolée, c'est juste tout est chamboulé que je suis si...très bien. On va faire ça bien. Désolée Pinkie.
Donc, on était en contact et Applejack m'a révélé un côté d'elle même que je n'avais jamais vu à Ponyville. Elle est intelligente, bien plus que ce que je croyais.
Elle était solitaire et j'avais le mal du pays et nous sommes arrivées à la conclusion qu'aucune des deux n'avait vraiment réalisé ce qu'elle avait. Ces lettres étaient bien, j'aimais les recevoir mais petit à petit...elles ne me suffisaient plus. J'ai commencé à penser à elle, à me demander quand est-ce que la prochaine lettre arriverait, imaginer ce qu'elle dirait, planifier ma réponse et puis recevoir la lettre pour de bon et tout devoir reprendre. C'était amusant. Mais ça occupait tout mon temps et toutes mes pensées.
Alors, j'ai pris ma décision. Comme j'aime Applejack – souviens toi que tu as promis de ne rien dire -, j'allais démissionner de l'académie, quitter Hoofington et revenir à Ponyville. C'était juste une idée que j'ai eu un jour, et puis je n'ai pas pu me sortir ça de la tête. Je m'asseyais et j'imaginais à quoi elle ressemblerait quand je la verrais enfin, ce que j'emporterais en partant, ce que je dirais dans mon discours d'au revoir, comment ça sera bizarre à expliquer à Big Mac.
Ca m'a pris un mois à rassembler mon courage, et dire à Applejack ce que je comptais faire. Et en parfaite Applejack qui se soucie, elle m'a dit de ne pas le faire, me rappelant comment j'aimais vivre à Hoofington. Mais c'était trop tard pour m'arrêter maintenant, alors j'ai juste repoussé son avis et j'étais prête à partir. Tous mes bagages étaient prêts, le transport était paré, la démission avait été remise, il ne me restait plus qu'une nuit de sommeil avant de la revoir.
Il pleuvait. Une grosse et puissante tempête. J'ai repensé à la fois où nous avions eu la soirée pyjama à la bibliothèque, le combat entre Rarity et Applejack et comment elle avait été assez mature pour ravaler sa fierté, et s'excuser avant que tout ne parte en morceaux. Et puis on a toqué à ma porte. Je suis allée ouvrir.
Et là, trempée, avec l'air d'avoir couru tout le jour et toute la nuit, se tenait Applejack. Et elle m'a embrassée.
Et après on a...hum. Disons que certaines choses ne sont pas faites pour être racontées, même si je te fais assez confiance pour tenir un secret. C'est juste que...bon.
Applejack n'a rien à envier à Rainbow Dash sur le terrain du romantisme et ça serait mentir que de dire le contraire.
Mais le matin, quand je me suis réveillée, j'ai vu que mes valises étaient défaites. Tous mes habits étaient dans l'armoire, mes livres dans leurs étagères. Applejack était là, assise dans la lumière du soleil, à attendre que je me réveille.
Et elle m'a dit ça « Je t'aime Twilight. Et je te connais. Je sais que c'est ça que tu veux devenir. Je pouvais pas te laisser tout lâcher ici alors que je pouvais quitter Sweet Apple Acres. »
J'ai essayé de parler, de la raisonner mais elle m'a répondu : « Avant que tu quittes Hoofington, je peux quitter le ranch, venir ici, travailler comme jardinière. Dis moi Twilight, est-ce que ça peut marcher selon toi ? »
J'ai pas pu dire autre chose que « non ». Je pouvais le voir dans ses yeux. Cette terre, ces arbres, c'est une partie de son âme, autant que les livres sont une partie de la mienne. Tout ce que je pouvais voir, c'était moi, me reflétant dans ses yeux.
Applejack n'allait pas me laisser abandonner mes rêves.
Et puis elle a dit « Twi, c'est pas un sacrifice amoureux. On peut être plus que ça, toutes les deux, ensemble. Je ne veux pas d'une demi Twilight et tu ne veux pas d'une moitié d'Applejack. Nous avons des lieux qui sont des morceaux de nous et ça ne va pas changer. Alors demande toi qu'est-ce qui va mal dans ce que nous avons ? Tes lettres m'ont rendue plus heureuse que je ne l'ai jamais été. Et maintenant, je sais ce que tu penses. En personne, les pensées sont noyées dans la politesse, les manières, le travail et les confidences. A Ponyville, on était toujours sur la brèche, jamais le temps de s'asseoir et de se parler pour de vrai. Mais chaque fois qu'on écrit une lettre, on dit tout à l'autre. On a mis nos cœurs sur ce papier, montrant des côtés de nous qu'on a jamais montré à personne d'autre.
Chaque lettre qu'on s'est envoyée contenait plus d'honnêteté que n'importe laquelle de nos conversations.”
J'ai dit « mais quand les mots ne sont pas assez ? »
Applejack a souri et m'a répondu : « Ca ne fait que quelques jours de course jusqu'à Ponyville. On peut avoir le meilleur de nous à la fois ensemble et séparées. »
« Mais tu devras courir tout le long ! Tu seras épuisée ! », j'ai pleuré. Et puis...hum.
Elle m'a montrée qu'elle ne l'était pas, épuisée.
Bref.
Elle est restée encore quelques jours, s'assurer que je reprenne ma démission et que l'arbre qu'elle nous avait envoyé grandissait bien. C'était merveilleux de l'avoir ici. Mais elle vient de partir il y a quelques heures et j'ai compris qu'elle avait raison.
Quand nous sommes ensemble, on est si concentrées l'une sur l'autre qu'on parle peu. On rit, on se regarde dans les yeux, on a ces drôles de conversations où on rougit et ces longs et confortables silences. Mais je n'ai aucune idée de ce qu'elle pense pendant ces moments là. Et puis comme Applejack l'a dit, un manque de communication vaut mieux qu'un manque d'honnêteté ou un mensonge. Et c'est l'honnêteté qui nous a mises ensemble.
Applejack avait raison. On ne va pas vivre ensemble. Pas de la manière dont la plupart des poneys conçoivent une relation. On ne vas pas être traditionnelles, s'habituer à l'autre et s'en ennuyer. On ne va pas se quereller en faisant la vaisselle ou avoir une autre de ces scènes de ménage sans intérêt.
A la place, ça va être comme si nous avions des rendez-vous perpétuels. On se verra comme si c'était la première fois, à chaque fois. On appréciera la compagnie de l'autre quand elle sera là et on explorera son esprit quand nous serons séparées. On ne garda aucun secret. On sera toujours excitées de se voir, soit directement, soit par l'intermédiaire de cette factrice grise. On ne s'ennuiera jamais, toujours ensemble, toujours à penser à l'autre.
Et tu sais quoi ?
C'est ce que je veux être.
Je veux savoir ce qu'elle fait dehors, à récolter des pommes. Je veux qu'elle sache que je suis là, à l'attendre, dès elle décide de passer. Je veux me téléporter et la rendre complètement amoureuse et je veux écrire la moindre de mes pensées pour qu'elle sache exactement qui je suis. Je veux ça. Je ne savais pas que je le voulais mais elle, elle le savait. Et elle le savait parce que comme toujours, j'étais toujours, toujours capable de lui dire ce que je ressentais. Parce qu'elle me connait mieux que je ne me connais moi-même.
L'amour n'a pas à être un sacrifice. Ça a pas besoin d'être un contact physique.
Ça demande juste de la confiance.
Sinon, j'ai appris que tu étais une pirate du ciel ces derniers temps ? Comment ça se passe pour toi ?
Sincèrement.
Twilight Sparkle
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