« Ok, Spike, tu es prêt ? demanda Twilight, un grand sourire aux lèvres.
— Eeyup, répliqua Spike, qui se redressa sur sa chaise et repoussa son bol de céréales Cocoa ‘Splosion. Évite juste de trop t’énerver quand on aura prouvé que j’ai raison. »
Twilight leva les yeux au ciel puis se concentra de nouveau sur l’écran d’ordinateur qui lui faisait face. « Je t’en prie, Spike. Les poneys vont bien plus apprécier mon histoire que cette abomination que tu as rendue.
— Et qu’est-ce qui te fait penser ça ?
— La mienne est une romance épique ! La tienne n’a pas d’intrigue et blasphème tout ce qui se respecte en matière de bonne littérature !
— Ouais… mais la mienne a du sexe lesbien, et la tienne parle de Hum-Drum. Ton argument est invalide », dit Spike en haussant les épaules.
Twilight poussa un soupir agacé. « Bon, soit, voyons quelle histoire a été la mieux reçue. Je les ai toutes les deux publiées, donc on aura les premiers résultats dans peu de temps.
— Si tu le dis, Twi. »
Quelques minutes s’écoulèrent, durant lesquelles Twilight fixa son écran et Spike se détendit sur son siège.
« Haha ! J’ai une notification ! cria Twilight en sautant sur sa chaise. C’est un commentaire !
— Qu’est-ce que ça dit ? demanda Spike.
— Eh, laisse-moi le lire, fit-elle, son sourire s’élargissant à chaque seconde. Ça dit :
Argh, comment c’est nul.
« Quoi ?! Et il a mis un vote négatif, en plus ? Le commentaire est sur le premier chapitre, il n’a même pas lu toute l’histoire !
— Probablement pas. Mais, eh, ça doit juste être un troll qui a pas de vie. Attends qu’il y en ait d’autres. »
Twilight laissa son corps se détendre et hocha la tête. « Oh, j’en ai un autre !
— Lis-le !
— Ahem, celui-là dit :
Pas assez de lesbiennes. »
La paupière de Twilight tressauta plusieurs fois alors que son cerveau essayait de trouver une réponse appropriée. « Mais ça n’a rien à voir avec mon histoire ! Et maintenant elle a trois “à passer” ?!
— Désolé, Twilight. Les affaires sont les affaires. Tu as beau être le meilleur auteur au monde, ça ne compte pas si les poneys ne veulent pas lire ce que tu écris.
— Bon, bref, voyons comment ton essai dans le monde de l’écriture s’en est tiré, lança Twilight avec un regard noir. Comment s’appelle ton histoire, déjà ?
— Zapp Gets Her Matter Horned.[1]
— Oh douce Celestia… marmonna Twilight, surfant sur le site pour trouver la fiction.
« Quoi ?! s’écria-t-elle.
— Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? hurla Spike en se rapprochant de l’écran.
— La tienne a vingt “à lire” ?!
— On dirait bien, fit-il avec un sourire suffisant. Et elle a reçu aucun “à passer”, il faut l’ajouter.
— Bon… voyons les commentaires. Peut-être qu’il expriment leur désapprobation par des mots.
— Si tu le dis. Lis-les-moi.
— Ok, voilà :
Secksy !
Par la crinière de Celestia, c’était beau.
“À lire" direct.
Ce titre…
Cette histoire n’a pas d’intrigue, des personnages médiocres et beaucoup de fautes… Mais peu importe ! J’ai adoré ! »
Spike ne put s’empêcher de glousser devant l’expression de pure incrédulité de Twilight. « Désolé, Twi, mais les lecteurs ont parlé.
— Je ne comprends pas, fit-elle en se tournant vers Spike. Tu es en train de me dire que mon épopée de cinquante mille mots à la structure parfaite, où Hum-Drum découvre qui il est, se bat contre les forces du mal, et trouve le grand amour est éclipsée par ton horreur de deux mille mots ?
— Ouais, c’est à peu près ça, répondit Spike.
— Mais pourquoi ? Ça n’a aucun sens !
— Twilight, laisse-moi te donner un indice. Quand tu écris une histoire, c’est comme si tu conduisais une diligence. »
Twilight lui répondit par un regard confus. « Tu veux bien m’expliquer ?
— Tu vois, la plume et le papier sont tes rênes, ton imagination est la chaussée, et le public est la ligne d’arrivée. Tu peux prendre la route que tu veux, mais tu dois réussir à arriver jusqu’au public… Tu vois ?
— Mmh, tu dis que, si je veux être appréciée, je dois me vendre grossièrement et écrire ce que la majorité veut lire ?
— Yep.
— Spike, c’est un très mauvais conseil !
— Désolé, Twi, mais la majorité des poneys préfère un frisson rapide et simpliste à de la bonne littérature.
— Tu veux dire que l’unique moyen de se faire connaître est d’écrire de la pornographie absurde ?
— Ou de la comédie. Tu pourrais essayer ça.
— Non merci. La comédie n’est pas mon genre… surtout toutes ces histoires satiriques. Beurk !
— Bon, on pourrait retourner voir ta fiction. Peut-être qu’elle a quelques “à lire” maintenant ? »
Twilight se tourna vers l’écran et revint à son histoire. « Regarde ! Elle en a trois cette fois !
— Des commentaires ?
— Ouais, j’en ai trois nouveaux. Ils disent :
Wow, c’est épique !
Sympa pour l’instant.
Pff, Hum-Drum est un personnage pour les mecs obèses qui ont pas de vie sociale.
« Attends une petite minute ! Qu’est-ce que ça veut dire ?! cria Twilight en bondissant hors de sa chaise. Je ne suis pas obèse, je ne suis pas un mec et j’ai une vie sociale ! Je suis une princesse, bon sang de bonsoir !
— Ouais… j’aurais probablement dû t’avertir. Il y a toujours quelques poneys qui n’ont rien d’autre à faire de leur vie que de s’en prendre aux autres. Ignore-les et passe à autre chose. C’est juste des trolls sans intérêt.
— Mais pourquoi quelqu’un dirait-il cela ? Ça ne sert à rien !
— Sûrement parce que ce sont eux-mêmes des ratés qui n’ont pas de vie. »
Twilight s’affaissa dans son siège et baissa la tête. « Han… toutes ces histoires de fanfiction sont plus dures qu’elles en ont l’air. Je voulais juste écrire quelque chose que les poneys puissent apprécier. Mais, apparemment, il faut rentrer dans le moule pour avoir un public.
— T’inquiète pas, Twi. Ton histoire a un public. Il est juste plus réduit. Je veux dire, regarde – Spike pointa une serre vers l’écran –, elle a sept “à lire” maintenant”. »
Twilight redressa le regard avec un faible sourire. « Tu as raison !
— Eeyup, et je te parie que la mienne a subi une baisse de popularité considérable, dit Spike en affichant son histoire. Ou pas…
— Cent “à lire” ?! Quel est le problème avec cette communauté ?
— Une question qui déconcerte les scientifiques depuis des siècles, répondit calmement Spike. Mais, eh, au moins tu as une histoire solide. Le début est bien, le milieu est super, et la fin est parfaite.
— Eh bien, merci, Spike. J’ai travaillé particulièrement dur pour lui donner une bonne fin. Je déteste quand une histoire se termine en plein milieu de l’action ou qu’il reste des incohérences énormes.
— Je te le fais pas dire ! C’est si agaçant quand
[1] Zapp Gets Her Matter Horned : jeu de mots sur le nom des deux protagonistes.
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Très bonne séquelle !
Oui, et surtout n'oublies pas de
Et moi qui désirais écrire une fiction épique de 50 000 mots a la structure parfaite, je prends bonne note des conseils instigués : bien penser à insérer une scène lesbienne tous les 1 000 mots environ.
(Pour ceux qui ne comprennent pas : sa critique des textes sans efforts est faite sans efforts, et malgré tout on l'aime parce qu'elle dit ce qu'on veut. J'espère que c'est l'auteur lui-même qui le dit parce que ce serait épique.)
Mais euh... la dernière réplique qui se termine brusquement c'est normal ? (Okay oui, c'est juste moi qui ai pas lu jusqu'au bout.)