Site archivé par Silou. Le site officiel ayant disparu, toutes les fonctionnalités de recherche et de compte également. Ce site est une copie en lecture seule

Fin de règne

Une fiction écrite par BroNie.

Fin de règne

Tu as gagné. C’est quelque chose que tous dans ton Empire savent. Ils n’ont qu’à lever les yeux au ciel pour s’en rendre compte. Plus de lune pour faire d’ombre au soleil. Plus de crépuscule éternel, plus d’ignoble satellite qui essaye de voler la vedette à son étoile. Plus que l’astre du jour, flamboyant comme jamais, qui darde de ses rayons tout Equestria.

C’est le symbole de la victoire. De la tienne, de l’Empire, d’Equestria toute entière. Ce n’est que la même chose sous des noms différents de toute façon. Tu es Equestria, Equestria est toi. Tu existes dans le coeur de chaque poney, tu veilles sur ton peuple comme si tu étais sa mère. C’est le cas du reste. Tu es la mère de la nation, l’éternelle alicorne, la sentinelle des trois races.

La guerre n’a pas été une partie de plaisir. Treize longues années de conflit, à voir des poneys que tu adorais comme tes enfants, s’entredéchirer stupidement. Stupidement, parce que ce qui se passe maintenant, ton triomphe, la victoire de l’ordre sur la sédition, c’est dans l’ordre normal des choses. C’est comme ça que ça devait finir. Les rebelles n’ont fait que refuser un destin qui était déjà gravé dans le marbre.

Ça te rend triste quand tu y repenses. Parce qu’à chaque poney tombé dans cette guerre folle, c’était un peu un de tes enfants qui expirait. Parce que tu as été forcée de combattre ta petite soeur, et que tu n’as eu d’autre choix que de la soumettre par la force.

Tu as été contrainte de la tuer. Tu as pleuré les dernières larmes de ton corps devant son cadavre, car malgré tout, tu aimais Luna. Cela t’a arraché le coeur, mais tu étais devant un dilemme qui au fond, n’en était pas un.

Tu as toujours fait le choix de mettre Equestria en avant. Equestria avant tout.

Ta petite soeur était moins importante que la nation. Même toi, l’alicorne éternelle, tu es moins importante que la nation. Tu te serais jetée dans le Tartare pour sauver ton peuple si tu avais dû le faire...

Maintenant que tu es là, assise sur ton trône, dans la Salle aux Fontaines, tu laisses perdre ton regard à l’extérieur, au travers des grands vitraux. Le soleil brille au dehors, traverse les belles fenêtres, et colore la Salle de mille nuances. Une preuve éclatante de la supériorité du jour sur les ténèbres.

Tu regardes ton sabot et ton aile de lumière, symboles physiques de ton sacrifice pour Equestria. La douleur est absente. Tu ne sens que le pouvoir qui parcourt tes veines, qui est si puissamment lié à toi que tu as l’impression que chacune de tes gouttes de sueur est saturée d’énergie magique.

Depuis des années, les plus fanatiques de tes partisans te voient comme une déesse. Tu en es maintenant une dans les faits, alliance de chair et de lumière, ultime alicorne à encore pouvoir poser son regard sur le monde.

Tu es maintenant en mesure de tenir la dragée haute à n’importe qui. Si demain, les chiens diamants, les griffons, ou n’importe quelle autre race, ose menacer la souveraineté d’Equestria, tu les détruiras dans un grand feu de lumière dorée. Personne, plus personne, ne pourra plus jamais mettre en danger la vie de tes sujets. Et quant aux zèbres, ces pathétiques créatures rayées qui ont osé débarquer sur les côtes de ton Empire, tu as fait en sorte de les rejeter à la mer. Maintenant, tes espions t’affirment que dans la savane, les sauvages tremblent, car ils savent qu’un jour, une armada equestrienne franchira le détroit, pour les punir, leur faire regretter leur alliance avec les rebelles, et saler leur terre jusqu’à ne plus rien laisser derrière elle.

Un jour, tu donneras cet ordre. Mais pas tout de suite. Pour l’instant, Equestria est fatiguée. Elle a besoin de repos, et de s’affairer à la reconstruction. Elle rejaillira plus forte que jamais, éternellement baignée dans la béatitude du jour.

Et tu seras toujours là pour y veiller, pour t’assurer que jamais plus le mal ne menacera ton Empire.

Un bruit résonne dans la grande pièce, choc sourd qui dépasse pourtant le glouglou des fontaines. Tu dresses le pavillon de ton oreille, intriguée. Tes gardes savent qu’à ce moment de la journée - car malgré le jour sans fin, une organisation temporelle s’est maintenue - tu refuses de recevoir quiconque. Tu veux être seule, à réfléchir à la prochaine de tes actions, à celle qui soulagera encore Equestria de ses malheurs. Plus prosaïquement, bien que tu ne l’avoues jamais, c’est dans ces moments là que tu laisses le doute effleurer ton esprit. Les très rares instants où tu te demandes si tu as bien fait d’agir ainsi, de plonger Equestria dans la dictature la plus féroce. Pas les moments où tu regrettes, parce qu’au fond, tu n’as pas le droit de t’infliger des remords. Ce qui est fait est fait, et ce serait honteux de vouloir modifier le cours de l’Histoire. Pour toi, pour Luna, pour tout le monde.

Tu te lèves doucement de ton trône, et tu descends le tapis de velours rouge.

Le tapis de cette pièce où tu as combattu Luna, et où elle a payé de sa vie son entêtement. La salle où l’Empire a triomphé.

Tu te rapproches de l’endroit d’où le bruit s’est élevé. Tu écartes d’un simple sort de télékinésie les pans de soie qui décorent en partie l’endroit. Un objet oblong attire ton attention. Il est de couleur brune, semble évidé en son milieu, et de la nourriture a l’air d’y être fourrée. Tu renifles, reconnais l’odeur de la luzerne, des pâquerettes, et des mimosas. Quelque chose d’autre aussi, de plus exotique, qui te rappelle tes voyages diplomatiques au sud. Du jus de cactus et de la sauce piquante.

Tu clignes des yeux, sans bien comprendre. Qu’est-ce que cela fait ici ? Qu’est-ce qu’un fichu taco de Mexicolt fait dans ta salle du trône ?

Un second bruit te fait te retourner. Dans l’ombre de ton trône, tu distingues une forme ponette, qui plonge régulièrement la tête dans la vasque d’une des fontaines pour se désaltérer. A intervalles réguliers, tu vois ses yeux, grands disques bleus ciel. Et son crin te semble rose.

Les yeux bleus, le pelage rose, l’improbable figuré ici par la présence du taco. Tout cela semble signé pour toi, même si cette réponse te semble absurde : elle a été déclarée morte et enterrée !

_Pinkie Pie ? questionnes-tu de ton impériale voix, te rapprochant peu à peu. Est-ce que c’est toi ?

La créature sort de la tête de l’eau, éclaboussant le sol de gouttelettes transparentes.

_Pffffffft ! répond en postillonnant la forme rose.

Ça sera le dernier son que tes oreilles pourront entendre. Une seconde après que la ponette te réponde, tu reçois un coup en pleine tête. Quelque chose de mou.

C’est impossible. Tu es Celestia, l’ultime alicorne, Impératrice d’Equestria. Personne n’oserait poser la patte sur toi, et qui plus est, personne n’est assez fort pour ça.

Les questions se bousculent dans ta tête, te glaçant de stupeur. Avant que tu ne puisse faire autre chose, on te frappe une seconde fois et tu t’écroules. La gardienne du soleil que tu es plonge dans les ténèbres.

Vous avez aimé ?

Coup de cœur
S'abonner à l'auteur

N’hésitez pas à donner une vraie critique au texte, tant sur le fond que sur la forme ! Cela ne peut qu’aider l’auteur à améliorer et à travailler son style.

Note de l'auteur

Source de l'image de couverture : [lien]

Chapitre suivant

Pour donner votre avis, connectez-vous ou inscrivez-vous.

Aucun commentaire n'a été publié. Sois le premier à donner ton avis !

Nouveau message privé