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Lies and Lyres

Une fiction traduite par inglobwetrust.

Lies and Lyres

Spike s’assit sur son petit tabouret derrière le comptoir de la bibliothèque, le front fermement pressé contre le bois dans une tentative désespérée de ne faire qu’un avec l’arbre.

Cela faisait une semaine qu’il avait rompu avec Rarity, la jument qu’il avait passé la moitié de sa vie à courtiser. Il y a un an, elle lui avait enfin donné une chance. Il était heureux au départ. Le genre de bonheur que l’on ressent au début d’une nouvelle romance, mais alors que l’excitation de la nouveauté s’était dissipée, ils réalisèrent que la passion avait été un tour joué par leurs cœurs après des années de tension romantique à se chasser et à être chassé. Bien sûr, Spike pensait que Rarity était magnifique et Rarity savait que Spike était un beau, intelligent, et même désirable jeune dragon ; mais ils ne s’aimaient pas vraiment de la façon intime qui permettait de maintenir une saine relation amoureuse.

Ce fut une rupture amicale : sans dureté, sans perte d’amitié et sans vrais regrets.

A part ce voyage à l’Opéra de Jumanhattan. Les chansons étaient bien mais écouter des femelles minotaures chanter sur l’hiver était….mortel. Même si elle avait détesté, ça ne l’empêcha pas de lui crier dessus pour s’être endormi devant tous ses amis de la haute société.

A la fin, leurs chemins se séparèrent. « Voir d’autres poneys », comme elle l’avait dit.

Spike ne savait pas vraiment ce qu’elle voulait dire. Il savait ce que la phrase voulait signifier, mais pas le concept. C’était difficile, presque impossible, pour lui de penser ce que cela ferait de seulement essayer de draguer une autre jument. Il avait passé tellement d’années à chasser Rarity que son influence sur lui ne le quitterait jamais vraiment.

Son sens de la mode et son goût pour la haute cuisine ? Il les avait appris d’elle.

Ses connaissances en danse ? Il avait pris des cours pour l’impressionner.

Ses connaissances de vins de Prance ? C’était pour elle.

Il était né comme un carré et Rarity était comme un rond, passant des années à polir ses angles, le façonnant pour qu’il rentre dans ce rond, mais à la fin, cela fit de lui une drôle de chose : une qui ne rentrait pas dans le trou de Rarity et ne rentrerait sans doute dans aucun trou.

Spike fronça devant sa drôle d’analogie sexuelle, mais se convint que c’était très à propos et que lui seul pouvait se comprendre.

Un gargouillis familier dans ses tripes lui signala l’arrivée imminente d’une lettre transmise par magie. Il se leva et se pencha en arrière pour ne pas cracher de feu sur lui ou mettre le feu à l’arbre. Il se pinça les lèvres et cracha la flamme près de sa bouche, une autre habitude qu’il avait prise pour satisfaire Rarity, faisant apparaître la lettre.

Il pensait trouver un rouleau portant le sceau royal d’une des Princesses, car le nombre de personne qui savait transmettre un message par son feu se comptait sur les doigts d’une griffe. Au lieu de ça, il trouva une enveloppe blanche, collé avec de la glu et avec un tampon postal tout à fait normal.

« Oh non », murmura-t-il de peur.

Seul un poney oubliait que son feu n’avait pas besoin de timbre, et il ne pouvait y avoir qu’une seule raison pour qu’elle lui écrive en ce moment. Il prit la lettre et l’ouvrit avec une griffe.

« Par tous les dragons… » marmonna-t-il en faisant traverser ses yeux le long de la page.

Elle venait. Elle venait à Poneyville. Elle venait à Poneyville et il devait quitter la ville.

Spike ne perdit pas de temps. Il traversa la bibliothèque, ferma les fenêtres et les rideaux. Il arriva à la porte pour fermer la serrure mais un halo lumineux bleu typique d’une magie licornienne l’empêcha d’en faire plus et la porte s’ouvrit.

« Mon petit Spike ! » cria la jument en le prenant dans sa magie, l’amenant près de sa poitrine dans un câlin qui testait les limites de sa virilité de dragon. « Tu as tellement grandi ! Bientôt, tu seras aussi grand que ta maman ! »

« Salut m’man », dit Spike. « Je ne pensais pas que tu viendrais aussi tôt. »

La jument au pelage gris le relâcha et recoiffa rapidement sa crinière blanche et violette.

« Mon petit bébé », roucoula Twilight Velvet sur un ton maternel en tenant ses joues entre ses sabots. « Tu dois, dois, dois me dire tout à propos de cette horrible fille. »

Spike recula pour laisser sa mère entrer dans la bibliothèque et soupira devant l’énorme bagage devant la porte.

« Je pensais que tu aimais Rarity, m’man », dit-il en traînant le lourd bagage à l’intérieur.

« C’est du passé, Spikey, personne ne fait du mal à mes enfants sans en subir les conséquences », expliqua-t-elle. Elle marcha vers une étagère et passa un sabot dedans, cherchant une quelconque trace de poussière. « Trop triste pour même nettoyer, tsk-tsk…oh, maman est arrivé juste à temps. »

« Cette étagère est impeccable », pointa-t-il. « Et Rarity et moi étions d’accord pour arrêter. Pour ce qu’on m’a dit, elle ne l’a pas pris facilement aussi. Personne n’a été plus blessé que l’autre. »

« Sottises », répliqua-t-elle. Elle trotta vers ses sacs et commença à en sortir les produits de nettoyage. « Mon petit Spike est un parfait, beau et sans-défaut petit dragon ; alors si les choses n’ont pas marché, ça doit être de sa faute. »

Spike se pencha vers un de ses sacs et demeura pensif. Sa mère était à l’Empire de Cristal la dernière fois qu’il en avait entendu parler ; elle y était depuis qu’elle avait appris que Cadance allait accoucher d’un enfant. Pour ce que Shining lui avait dit dans ses lettres, leur mère commandait l’Empire comme si elle était la Princesse.

Alors que faisait-elle ici ?

« Comment tu as su que moi et Rarity avons rompus ? » demanda-t-il avec un sourcil levé. « Je ne t’ai envoyé aucune lettre qui en parlait. »

« Une mère sait toujours tout », répondit-elle mystérieusement.

« Twilight te l’a dit, c’est ça ? » demanda Spike, en se référant à la plus jeune Twilight, sa grande sœur.

« Eh bien, oui, mais j’ai d’abord entendu Shining et Cadance en parler. Ils faisaient beaucoup de bruit derrière la porte. Honnêtement, ces deux-là qui parlent de la famille là où tout le monde pourrait les entendre. Mais peu importe, après les avoir entendus, j’ai tout de suite été à Canterlot pour parler avec Sparky et elle m’a raconté toute l’histoire. »

Le frère et la sœur de Spike avaient vendu la mèche. Ils étaient deux à ce petit jeu.

« Honnêtement, je vais bien ! » insista-t-il aussi doucement que possible. « Shining et Cadance ont plus besoin de toi que moi. Ils ont le bébé et tout. Cette petite pouliche a besoin de sa grand-mère ! »

Velevet amena un sabot à sa bouche et gloussa.

« Je dois admettre que j’aime être la grand-mère », déclara-t-elle avec enthousiasme. « C’est comme une merveilleuse drogue, et à chaque dose, ça me donne envie d’avoir encore plus de petits-enfants ! »

Spike n’aimait pas le regard de sa mère et la direction que prenait la conversation, alors il changea de tactique.

« Et Twilight ? Ça fait longtemps qu’elle n’est pas sortie avec quelqu’un. Peut-être que tu devrais essayer de la caser avec quelques étalons. »

« Oh, elle est tout le temps occupée », marmonna Velvet en commençant à nettoyer la bibliothèque. « J’imagine que je n’ai pas à être en colère contre elle, vu que Celestia lui délègue tant de responsabilités. Shiny et Cadance n’ont pas commencé à diriger l’Empire de Cristal avant qu’ils se marient ; ils avaient le temps de trouver l’amour. Et de plus, ton frère et ta sœur ont des assistants et des servants qui satisfont chacune de leur demande. »

Elle laissa sa magie prendre la bouteille de nettoyant en arrivant vers Spike pour lui tenir les joues. « Mais toi, Spikey….ta sœur a déménagé il y a des années et t’a laissé seul, en charge de cette grande bibliothèque. Ma seule consolation c’est que tu avais une jument pour prendre soin de toi, mais maintenant ? Qui as-tu ? Qui ? »

Spike s’affaissa sous le regard de sa mère. Il se rappelait brièvement sa jeunesse et s’attendait à répondre à des questions difficiles comme « Qui a mangé tous les cookies ? » et « Qu’est-ce que ton père m’a acheté pour la St-Galopin ? »

« Euh…je t’ai toi… ? » Spike était contraint de répondre sous le regard de sa mère. Il voulait vraiment lui dire qu’il n’avait besoin de personne, il le voulait vraiment, mais son regard lui fit dire exactement ce qu’elle voulait entendre.

« Tout à fait », dit-elle avec un hochement de tête en se remettant au travail.

La mâchoire de Spike était pendue alors que la gravité de la situation se fit comprendre.

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Spike était assis sur un banc dans le parc, le visage dans ses griffes en essayant désespérément de ne pas pleurer en public. Il était tard dans la journée, et il ne lui restait que quelques heures avant le coucher du soleil. Sa mère attendait qu’il revienne à cette heure-là pour dîner, ce qui ne lui laissait qu’une heure et demie de solitude.

« Yo, bouge de là, cap’taine », dit une voix féminine au ton bourru, interrompant le moment de calme de Spike. « Tu monopolises le banc. »

Spike leva les yeux pour trouver le visage froncé d’une licorne au pelage couleur menthe avec un chapeau de paille. Il s’écarta et retourna se vautrer dans sa misère. Il soupira dans ses griffes, mais regarda la jument du coin de l’œil.

« Merci mon pote », marmonna la licorne.

Elle se pencha d’un côté et laissa son sac de selle tomber de son dos, plutôt que d’utiliser sa magie comme le ferait normalement une licorne. Elle retira la lyre de son sac avant de dégager la canette vide de son chemin. Enfin, elle enleva son chapeau avec un coup de sabot et le déposa à terre, retourné. La licorne grimpa sur le banc et s’assit avec les jambes pendantes au bord du banc. Elle s’inclina contre le dossier et joua de son instrument.

« Pourquoi cette tête ? » demanda-t-elle pour engager la conversation tout en jouant. « Tu es triste ou quelque chose ? Ou tu fais toujours cette tête ? »

Spike ricana faiblement. « Non, je n’ai pas toujours cette tête. Je suis juste stressé. »

« Oh, alors parles-en, et peut-être que je pourrais te remonter le moral », dit-elle.

« Sans vouloir t’offenser, pourquoi ça t’intéresse ? » demanda Spike.

La licorne haussa les épaules. « Ici, j’essaie de me faire de l’argent, mais ta tête d’enterrement va faire fuir les gens. Je ne peux pas vraiment te demander de partir, vu que le parc appartient à tout le monde, et tu as autant le droit de déprimer ici que moi de jouer de la musique. Mais c’est aussi mon cou, et je ne bougerais pas juste pour que tu sois plus tranquille…mais c’est pas comme si je pouvais. »

L’alicorne tourna sa nuque et indique un mime de l’autre côté de la route. Le mime se tenait devant un vieux couple sur un banc et qui applaudissait des sabots ses idioties. Le mime regarda vers eux et fit comme s'il était pendu sur un nœud coulant.

« La loi de la rue », dit simplement la jument. « Tu essaies de poser le pied sur le territoire d’un autre et t’es mort. C’est l’Everfree ici. »

« T’es sérieuse ? » demanda Spike avec un sourcil levé.

Il avait été dans des aventures avec les éléments d’équilibre. Il avait combattu des dieux du chaos et des anciens sorciers. Il était aussi cultivé que n’importe quel savant de Canterlot ou plus loin. Et en tant que dragon, il ne pouvait pas sérieusement imaginer un monde dans lequel un étalon blanc avec une tenue d’élasthanne noire soit considéré comme une menace.

« Peu importe », continua la jument. « Mon nom est Lyra Heartstrings. Dis-moi pourquoi t’es si triste, mon pote ? C’est des problèmes de juments ? Un type avec une tronche comme ça a normalement des problèmes de juments. »

« Je suis Spike et c’est à peu près ça », admit le dragon, en triturant ses griffes. « Tu vois, j’ai rompu avec ma jument il y a une semaine… »

« Quelqu’un que je connais ? » demanda Lyra, en jetant un œil aux pièces qu’avait déposé une pégase qui passait par là.

« Tu connais Rarity ? »

Lyra hocha la tête. « Ma coloc Bon-Bon va acheter des trucs chez elle parfois. Elle m’a trainé là quelques fois et cette fille a essayé de me faire enfiler une robe : une grosse à frou-frou. »

« Ça doit être elle. On a rompu et décidé de rester amies. Les choses allaient bien, les cœurs se réparaient…puis mes frères et sœurs l’ont dit à ma mère. »

« Oups, les problèmes de maman sont pires que les problèmes de juments. »

« Tu parles », grogna Spike. « Elle a décidé de venir en ville et de prendre soin de moi parce que j’ai le cœur brisé. »

« Et ça marche ? » demanda Lyra avec un sourcil levé. Elle hocha la tête vers un joggeur qui écoutait depuis une minute avant de déposer des pièces et de poursuivre sa route.

Spike leva les yeux et les fronça, pensif. « Eh bien, je ne pense plus à Rarity. Alors j’imagine que ça marche. »

« C’est pas si mal alors », gloussa Lyra. Son sabot se gela sur les cordes de sa lyre et elle leva les yeux vers le ciel. « Attends…il y a un dragon dans le coin… ? Je veux dire, à part toi. »

« Non », soupira Spike. « Je veux dire, ma maman poney. »

« Oh, c’est vrai, je me rappelle que tu es le petit frère de la Princesse Twilight, alors tu dois avoir une maman poney. Tu travailles dans l’arbre, n’est-ce pas ? » Elle se détendit et continua à jouer à partir de la note où elle s’était arrêtée.

« Ça s’appelle une bibliothèque », répliqua Spike. Elle ne savait vraiment pas qui elle était ? Il lui avait donné son nom par politesse, mais il n’y avait aucun autre dragon à Poneyville, et il était devenu plutôt célèbre à travers les années… « Et oui, je suis le bibliothécaire de Poneyville ; en tout cas depuis que la Princesse Twilight a pris au sérieux son rôle. »

« Pépère », siffla Lyra. « Tu travailles à la maison…ou tu vis au bureau….cahin-cahin. »

« Cahin-caha », corrigea Spike.

« C’est quoi un cahin ? »

Spike éclata de rire. « T’es vraiment bizarre », dit-il entre deux rires.

Le visage de Lyra rougit à chaque gloussement de Spike.

« Arrête de rire », se plaignit Lyra.

« Non, non », parvint à dire Spike alors qu’il finit sa crise de rire. « C’est mignon, vraiment. Merci, j’avais besoin de me changer les idées. »

« Je suis content pour toi… » répliqua Lyra sur un ton sarcastique. Elle était tout de même un peu heureuse d’avoir réussi à lui redonner le sourire, même si c’était pour sa propre gêne.

Ils s’assirent en silence un moment, Lyra jouant et collectant des pièces, pendant que Spike fermait ses yeux et profitait de la compagnie et de la bonne musique. Lyra était un peu rugueuse sur les bords, mais elle jouait de la lyre comme un ange.

La musique s’arrêta abruptement et Spike ouvrit ses yeux pour voir ce qui n’allait pas. Il était un peu inquiet en voyant que les yeux et le sourire de Lyra se fronçaient.

« Hé ! Vous ! Ouais, vous avec le gros flanc » cria-t-elle, en retirant ses sabots des cordes pour le pointer agressivement vers un poney terrestre en survêtement de jogging. « Vous écoutez pendant plus de vingt secondes, vous mettez une pièce dans le chapeau ! »

Le poney lui lança un regard tout aussi noir et fit un geste obscène avec ses sabots.

« C’était quoi ça ?! » hurla Lyra. « Ne me fais pas lever de ce banc ! Ouais, tu ferais mieux de courir ! »

« Rah ! » s’énerva-t-elle. « Je devrais venir plus tôt au parc ; j’ai pas le temps pour ces imbéciles de joggeurs… »

Spike secoua sa tête, incrédule, devant les bouffonneries de la jument. Elle était si vivante qu’il ne pouvait s’empêcher de sentir que le poids sur ses épaules s’allégeait un peu.

« Je me demandais, y’a quoi de mal à avoir une maman qui vient chez toi et fait le ménage ? » demanda Lyra.

« A part le fait que je sois un adulte et que je peux prendre soin de moi ? »

« Ouais, à part ça », acquiesça-t-elle.

« Elle me surveille beaucoup, pour tout dire », répondit Spike. Il soupira et s’étira sur le banc. « Elle est là depuis six jours et elle a complètement réaménagé ma cuisine, ce qui est pénible parce que j’aime cuisiner, et j’ai du mal à atteindre mes épices si elles sont toutes en haut.

« Mais j’imagine que ça importe peu, parce qu’elle insiste pour me faire tous mes repas. Elle n’est pas une mauvaise cuisinière, mais tout-tout-doit être sain avec elle. Si je veux manger un gros bol de saphirs glacés pour dîner, je devrais pouvoir le faire. Et il y a le manque d’intimité. J’ai à peine réussi à la convaincre de ne pas venir avec moi pour me balader dans le parc. Elle me regarde me brosser les dents chaque soir et me dit que je le fais mal. Je le fais de la même façon depuis vingt-trois ans ! On n’a pas le même type de dents et elle me dit qu’elle le sait mieux que moi ?! »

Spike s’arrêta pour prendre quelques inspirations et se calmer.

« Ça a l’air naze », grimaça Lyra. « Mais c’est les mamans qui font leurs mamans… »

Spike se rassit et la regarda dans les yeux avec le regard hanté d’un vétéran de guerre.

« Mon frère a eu un bébé il y pas longtemps, et maintenant, elle n’arrête pas de me demander quand je vais trouver une autre jument pour lui donner des petits-enfants. ‘J’ai parlé de ça à Sparky et elle m’a dit que les dragons peuvent se reproduire avec presque n’importe quoi’, elle m’a dit. Tu as déjà eu une discussion franche et ouverte avec tes parents sur la viabilité inter-espèces de tes organes sexuels ? Parce que j’y ai eu droit. La nuit dernière. Ça a duré trois heures…et ça incluait les diagrammes dessinés par ma sœur. »

Chaque muscle dans le corps de Lyra se ramollit en repensant à l’horreur de la discussion avec ses parents sur le cycle de la vie. Mais l’idée d’avoir cette discussion avec ses parents qui encourageraient les activités sexuelles lui fit tomber sa lyre.

Elle la rattrapa avec sa magie à quelques centimètres du sol.

« Ça craint », murmura-t-elle. « Ça craint vraiment. »

Elle glissa du banc, mis son instrument dans son sac et vida son chapeau dans le même sac. Elle fit léviter le dragon et le tint comme un ballon au bout d’une corde.

« Pourquoi tu me prends ? » demanda nerveusement Spike.

« On va se défoncer », dit-elle simplement. « On va détruire chaque cellule de ton corps qui se souvient de hier soir. Ne te bats pas, c’est un acte de pitié. »

Spike pensa à lui dire que la liqueur de poney n’affectait pas les dragons de la même façon.

« Et si l’alcool ne marche pas, je vais faire tomber une noix de coco sur ta tête jusqu’à ce que tu sois amnésique », ajouta-t-elle.

Il prit la sage décision de garder sa bouche fermée.

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Spike ouvrit la porte de la bibliothèque et marcha à pas de velours à l’intérieur. C’était vraiment bizarre d’entrer dans sa propre maison comme un ado rebelle, mais il ne voulait pas que sa maman se réveille.

Lyra l’avait amené à un bar de l’autre côté de Poneyville, là où Spike n’avait jamais été. Lui et Lyra avaient passé la soirée à rire et à jouer ; il détruisait Lyra aux fléchettes, mais elle était imbattable au poker. Big Mac était même venu boire un coup avec eux avant d’aller jouer à son jeu de fer à cheval dans le fond.

Les lumières s’allumèrent soudainement avec un cliquetis.

Twilight Velvet se tenait à la table au centre de la librairie, le regard strict.

« Où étais-tu, jeune dragon ? Tu sais quelle heure il est ? »

« Onze heures ? » devina-t-il. Il regarda l’horloge et vit qu’il n’était pas loin.

Velvet sortit de son siège et trotta vers lui. L’odeur de Spike la fit stopper net. Elle se frotta le nez en sentant cette odeur âcre.

« Tu as bu ? »

« Oui, un peu. »

« C’est ce que tu fais quand je ne suis pas là ? Tu sors et bois ? »

« Maman, tu sais que l’alcool ne fait aucun effet sur moi », soupira-t-il. « Et non, je ne fais pas ça. Je suis seulement sorti parce qu’une fille que j’ai rencontrée au parc m’a traîné au bar. »

Twilight Velvet cligna des yeux.

« Tu as rencontré une fille ? »

Les yeux de Spike s’écarquillèrent. « Non ! Je veux dire, oui ! Mais ça n’est pas… »

Le froncement de sa mère tourna en un grand sourire.

« Mes aïeux, prendre une fille au parc ? C’est bien mon fils. Je parie qu’elle t’est tombée dans les griffes ! » s’amusa-t-elle, tournant autour de la pièce, alternant entre sa discussion avec Spike et elle-même. « Oh, mais n’est-ce pas trop soudain. Tu récupères toujours de ta rupture. Mais non, c’est bien. Si tu tombes de scooter, tu dois remonter de suite. Oui, oui, c’est bien. C’est même merveilleux ! »

Spike secoua sa tête et grimpa les marches. Sa mère serait dans son propre monde encore quelques heures.

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Dire que Spike était nerveux était le minimum. Ses papillons dans l’estomac avaient des papillons dans l’estomac. Il s’assit sur le même banc au parc où il avait rencontré Lyra la veille, ses griffes frappant en silence ses genoux dans une vaine tentative de se calmer les nerfs.

Il regarda la tour pour voir l’heure : encore deux heures avant le coucher de soleil, à peu près l’heure à laquelle Lyra arriverait.

« Yo, Spike », cria Lyra en l’approchant avec un grand sourire. « Ça va ? Tu viens encore écouter une de mes merveilles ? »

Elle s’assit près de Spike. Comme d’habitude, la douceur de son jeu contrastait horriblement avec son attitude et son langage.

« C’était cool hier soir », dit-elle. « J’ai pas été comme ça depuis des années. »

« Ouais c’était super mais, euh, Lyra…Je dois te dire quelque chose….et te demander un service… » marmonna nerveusement Spike.

« Un service hein…? » sourit Lyra. « Je vois déjà où ça va mener et ma réponse est oui. »

« Whouah, vraiment ?! » s’exclama un Spike soulagé. « Je peux pas te dire à quel point ça me soulage d’entendre ça. J’étais vraiment nerveux à l’idée de te l’expliquer. »

Le sabot de Lyra gratta un peu trop fort une corde et se fit punir par un énorme twang.

« Attends, quoi ?! » cria-t-elle. Elle se leva et regarda le dragon la bouche bée. « Quoi de quoi ?! »

« Quoi ? » demanda-t-il, confus.

« Tu veux sortir avec moi ?! »

« Eh bien, tu as dit que tu savais ce que j’allais te demander et que c’était cool », répliqua Spike.

« J’espérais obtenir plus de toi ! » reprit-elle. « Pas avoir plus de toi ! »

Spike ouvrit sa bouche pour répondre, mais la referma en comprenant ce qu’elle voulait dire.

« Attends un moment », dit-il. « Je pense qu’on a manqué un épisode là. »

« Oh, tu penses ? » lâcha-t-elle.

« Okay, écoute », dit-il en inspirant profondément. « On reprend du début : hier, quand je suis rentré, ma mère était assez en colère que je sois parti toute la soirée. Je lui ai dit que je suis sorti parce que j’ai rencontré une fille au parc et avant que je puisse en dire plus, elle a commencé à avoir toutes ces idées par ce que je voulais dire par ‘rencontrer une fille’ et elle a commencé à délirer. »

« Délirer en bien ou en mal… ? » demanda consciencieusement Lyra. Elle était nerveuse du sens pris par la discussion, mais commença à changer la corde cassée en l’écoutant.

« D’abord, le premier, puis l’autre et encore le premier », expliqua-t-il. « Elle était hors du coup sur tout. Le fait est que je pense que c’est un moyen de lui prouver que je n’ai plus besoin qu’elle prenne soin de moi. Je veux dire, ce n’est pas que je n’aime pas ma maman, mais…elle doit partir. Je pourrais attendre qu’elle parte, mais elle a acheté des nouveaux draps de lit et je pense qu’elle prévoit de rester longtemps. »

« Alors tu me demandes de faire comme si j’étais ta petite amie », dit lentement Lyra, en essayant de suivre son raisonnement. « Ta mère pensera que tu vas mieux et te laisseras pour que tu fasses mieux connaissance avec ta nouvelle copine ? C’est comme ça que tu l’imagines ? »

« Oui. »

« C’est sans doute la plus stupide, décervelée, et débile idée que j’ai jamais entendu de ma vie », dit Lyra. « Ça marchera quelques temps au mieux, mais si ça ne te pète pas à la tronche, je veux bien manger ma lyre. »

Spike regarda ses pieds et tritura ses griffes.

« Alors, tu va le faire ? »

« Tu parles que je vais le faire », grimaça Lyra. « Mais tu devras me rendre un service aussi. »

Spike leva les yeux et pencha sa tête, perplexe, en attendant qu’elle poursuive.

Elle coupa l’excès de sa corde de remplacement avec ses dents et réfléchit pendant quelques instants, le temps d’exprimer sa demande.

« Tu devras faire pareil pour moi », expliqua-t-elle.

Spike cligna des yeux. « Faire pareil pour ? »

« La même escroquerie », dit-elle. « Bonnie est….ma meilleure pote, presque ma sœur, et je la connais depuis la maternelle, et elle m’a toujours protégée… »

« Et ça inclus s’immiscer dans ta vie amoureuse, n’est-ce pas ? » devina Spike.

« Bingo », dit Lyra. « Elle essaye toujours de me caser des rencards parce qu’elle pense que je suis trop timide ou quelque chose pour le faire. Tu m’aides à lui prouver que je peux trouver quelqu’un seul pour qu’elle me laisse tranquille, c’est du donnant-donnant. »

« Ça me va », s’accorda Spike.

« Cool, mais d’abord : on va devoir s’entraîner », dit simplement Lyra. « On est juste des amis qui s’aident, mais il faut être réaliste. Bonnie n’est pas facile à tromper et j’imagine que ta mère est pareille, vu qu’elle a élevée des grosses têtes comme toi et Twilight Sparkle. Ils ne vont pas y croire à moins qu’on rende les choses convaincantes, et ça ne le sera pas si on n’apprend pas à se connaître. »

« Alors un vrai rencard comme recherche pour les fausses ? » résuma Spike.

« Ouaip. »

« C’est le truc le plus idiot que j’ai entendu de ma vie et qui n’est pas sorti de ma bouche », rit Spike.

« Tu viens me prendre à sept heures ? »

« Nan, viens juste me voir devant Le Pâturage. »

Lyra tendit son sabot et Spike l’agrippa fermement. L’accord était scellé et tous deux portaient un sourire devant l’absurdité de la situation où ils se fourraient. Lyra grimpa sur le banc et prit la pose, une jambe sur le dossier du banc et la lyre tenue comme une guitare.

« Solo de lyre ! »

Elle commença à gratter gentiment la lyre et remplit l’air avec de belles notes en tournoyant de façon ridicule ses hanches.

Spike décida de ne pas lui dire que, vu qu’elle jouait seule, tout ce qu’elle faisait était des solos de lyre.

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Le Pâturage était considéré comme un restaurant familial, mais s’enorgueillît de la qualité de la nourriture et des boissons. Les membres du staff étaient connus pour avoir été au service des nobles. Le restaurant était parfois rempli de poneys snob comme à Canterlot, mais les poneys normaux savaient qu’ils pouvaient espérer un service de première classe sans jouer un autre rôle. C’était aussi l’un des seuls endroits de Poneyville qui servait des fruits de mer de toutes sortes, même si beaucoup de poneys avaient du mal à les digérer.

Spike mangeait ses crevettes en douceur, en essayant de ne pas paraître impoli aux yeux des autres clients. Ses manières à table étaient bien ancrées en lui, après des années à courtiser Rarity.

Lyra, cependant, n’avait pas ce handicap.

« Cet endroit est génial », dit-elle en avalant à pleine bouche ses pâtes. Ses yeux vagabondaient autour, regardant les autres clients. « J’ai toujours évité cet endroit parce que l’extérieur ressemble à un de ces trucs luxueux de Canterlot, mais c’est vraiment plus cool à l’intérieur ; j’aime beaucoup. »

« La nourriture est bonne aussi », dit Spike. « Alors, parle-moi de toi, Lyra. »

La licorne menthe amena son sabot sur son menton couvert de sauce, le tâchant par la même occasion.

« Y’a pas grand-chose à dire », admit-elle. « J’ai grandi à Canterlot. J’ai rencontré Bon-Bon quand j’étais petite. J’ai étudié la musique dans une école d’arts de Canterlot. J’ai pris un job pour jouer de la harpe dans un orchestre. Et maintenant, je joue dans un parc. »

Spike cligna des yeux. « Tu as travaillé dans un orchestre ? »

« Ouaip », soupira Lyra en commençant à essuyer la sauce de son sabot. « J’ai été virée et blacklistée d’autres jobs que j’aurais pu choisir. Je fais juste ce truc dans la rue jusqu’à ce que ça se calme, parce que bon, faut bien manger. »

« Oh, c’est affreux », s’exclama Spike. « Qu’est-ce qui s’est passé ? »

« On faisait un concert à Detrot, et tout l’orchestre prenait le petit-déjeuner dans l’hôtel où on logeait », Lyra grommela en se rappelant. « Je mangeais des flocons d’avoine et le chef d’orchestre a agrippé mon flanc. Je lui ai un peu…refait le portrait et, eh bien, les directeurs n’étaient pas vraiment contents. »

« Quoi ?! » cria Spike. Les autres clients se tournèrent vers lui et il s’excusa rapidement pour le dérangement. « C’est lui qui aurait dû être viré. »

« Oh, je n’ai pas été viré pour lui avoir fait ça ; je l’ai été pour lui avoir jeté mon café au visage. »

« Mais c’est compréhensible d’avoir agi ainsi. Tu as été surprise et tu lui as jeté ce que tu avais au sabot -»

« Puis je l’ai frappé jusqu’à ce que la sécurité me plaque », dit-elle en prenant une autre bouchée de pâtes. « Il voulait porter plainte contre moi, mais la direction lui a convaincu de ne pas révéler pourquoi je lui avais refait le portrait. »

« Est-ce que… » commença à demander Spike nerveusement. « Tu as déjà eu ce genre de trucs… ? »

« Hé, ne va pas croire que je suis une dingue ou quelque chose du genre », s’indigna Lyra. « Je n’avais jamais tapoté un poney sur le nez avant, mais ce gars a franchi la ligne rouge. »

Spike hocha la tête et s’intéressa fortement au contenu de sa cuillère.

« A mon tour de poser une question », déclara-t-elle. « Comment tu as fini avec une maman poney ? »

« Eh bien, il faut remonter le temps pour ça », soupira Spike. « Twilight avait six ans et faisait son examen d’entrée pour l’école des licornes de Celestia. Pour ce qu’on m’a dit, l’un des surveillants avait un compte à régler avec mon père. Il est l’astronome royal, et j’imagine qu’il avait devancé l’autre pour ce job. »

« Eurk, je déteste les gars comme ça », dit Lyra avec un visage de dégoût. « Ils doivent apprendre à lâcher le morceau. »

« Ouais, donc, le surveillant a décidé de faire échouer Twilight pour se venger. Ils avaient différents tests pour l’examen d’entrée, mais le type a sorti l’œuf de dragon stocké depuis des années. »

« Oh ! » s’exclama Lyra d’excitation. « C’était ton œuf ?! »

« Ouaip », sourit Spike. « Il lui a dit de faire éclore l’œuf devant tout le monde, en pensant qu’elle en serait incapable, mais elle a réussi. Celestia l’a découvert et a décidé de faire de Twilight son élève. Mais il n’y avait personne pour prendre soin de moi. Celestia a dit que comme Twilight m’avait fait éclore, j’étais sous sa responsabilité, mais comme elle était trop petite, sa maman m’a amené à la maison pendant que Twilight était à l’internat. »

« Alors elle t’a élevé jusqu’à ce que Twilight soit assez vieille pour le faire elle-même ? » demanda Lyra.

« Ouais », acquiesça Spike. « Twilight restait à l’école, et Shining est resté quelque temps avant de rejoindre la garde royale. Maman était heureuse d’avoir un autre enfant, même si c’était un dragon. J’ai vécu avec elle et papa jusqu’à ce que je sois assez vieux pour aller seul à l’école, et c’est là que j’ai commencé à vivre à l’internat avec Twilight. »

« C’est assez mignon », gloussa Lyra.

« A mon tour », grimaça Spike. « Quel est ton vin préféré ? »

« Je ne sais, le moins cher ou celui qui vient en grosse quantité », dit Lyra en fronçant les yeux. « C’est juste du vin. »

Elle accentua sa déclaration en faisant léviter son verre et en le buvant à moitié, accompagné d’un haussement d’épaules vers Spike. C’était la première fois qu’elle utilisait sa magie de toute la nuit alors qu’elle avait utilisé, de façon bizarre pour une licorne, sa fourchette avec son sabot.

Spike la regarda un moment avant de lever une griffe et de porter ses yeux vers le sommelier à l’autre bout de la pièce. L’expert en vin approcha et Spike commanda un vin cher pour remplacer le simple vin de table que Lyra venait d’engloutir.

« Tu, euh, parle le Prench ? » demanda Lyra.

« Ouais », répliqua Spike. Il n’avait même pas réalisé qu’il avait changé de langue en commandant le vin. « Désolée, j’ai juste commandé quelque chose d’un peu mieux. C’est un bon vin blanc, assez jeune mais très doux. »

« Tu en connais un rayon sur le vin, hein… ? »

« J’ai appris à le connaître », expliqua Spike. « Rarity avait un faible pour ce genre de trucs et, ben, tu sais… »

Lyra hocha la tête et poussa avec sa fourchette les restes de pâtes.

Spike était confus, sachant qu’il était proche de reparler d’elle. Il essaya désespérément de penser à un autre sujet, dans l’espoir de discuter d’autre chose. Musique ? Hors de question, vu que pendant leur voyage au bar, ils avaient largement parlementé sur les mérites des compositeurs classiques ; il était là pour apprendre de nouvelles choses.

« Tu as des auteurs préférés ? » s’aventura Spike.

« Je suis abonnée à des magazines », admit Lyra. « J’aime lire mais…je ne sais pas. Je ne le fais pas souvent. »

« Okay… » soupira Spike. « Et les pièces de théâtres ? Tu en as vu de bonnes ? »

« Je pense que la dernière chose que j’ai vue, c’était le spectacle de la Fête du Feu de l’Amitié il y a quelques années », répliqua-t-elle.

« Hé, j’y étais ! » s’exclama Spike. « J’ai fait le narrateur pendant quelques années. »

Lyra hocha la tête. « Ouais, je pense que je t’y ai vu. Ça remonte à un bout de temps quand même, et j’y suis allée avec Bonnie et ses amies parce que je n’avais rien d’autre à faire. »

Spike résista à l’envie de grogner. Les choses glissaient dangereusement vers le bas. Il n’avait jamais réalisé à quel point lui et Lyra avaient peu de chose en commun.

« Spike ! »

Lyra et Spike bondirent tous les deux devant cette soudaine exclamation. Ils baissèrent les yeux et virent une petite pouliche avec une figurine sur son dos. Elle offrait un grand sourire vers le dragon.

« Bonjour, petite », dit Spike avec un sourire bienveillant. « Qu’est-ce que tu as là ? »

« C’est toi ! » s’eclama-t-elle, toute excitée. Elle se leva et tendit la petite figurine Spike au-dessus de sa tête. Elle le bougea de gauche à droite dans une tentative tout enfantine de l’animer et grogna avec force. Elle appuya sur un bouton dans le dos qui fit ouvrir la bouche. Une flamme verte en plastique en sortait à chaque fois qu’elle appuyait dessus.

« Wouah, il est super » rit Spike. « C’est un de mes préférés. Tu as toujours le chariot qui va avec ? »

« Ouais ! » dit-elle avec joie. « Mais ma maman ne m’a pas laissé le ramener. »

La pouliche amena lentement son sabot vers Spike. Le dragon et la licorne la regardaient tapoter doucement son bras. « J’arrive pas à croire que tu existes ! »

« Bien sûr que j’existe », répondit-il en caressant sa crinière. « Tu pensais que j’étais juste un jouet ? »

« Mon amie Sea Skipper m’a dit que tu n’existais pas, mais je lui ai dit qu’elle était bête », dit la pouliche en fronçant les yeux.

« Eh bien, la prochaine fois que tu la verras, tu lui diras que tu m’a rencontré et tu t’excuseras. Ce n’est pas très gentil de dire ça d’une de tes amies, alors tu devrais prendre ça comme cette leçon : parfois, c’est bien de laisser le bénéfice du doute à ses amis », la réprimanda gentiment Spike.

« Glittershine ! »

La pouliche se rapetissa nerveusement alors qu’une jument adulte s’approchait d’elle avec un regard désapprobateur.

« Maman t’a dit de rester à la table pendant qu’elle allait aux toilettes », gronda la jument. Elle regarda Spike et Lyra, avec un air confus. « Je suis vraiment, vraiment désolée pour ma fille. On n’habite pas en ville et elle était tout excitée en vous voyant arriver. Je lui ai dit de vous laisser profiter de votre repas en paix, et je pensais qu’elle avait compris, mais on dirait que quelqu’un ne m’a pas écoutée. »

« Y’a pas de mal », la calma Spike. « Ça ne m’aurait pas dérangé de venir lui dire bonjour. »

La jument sourit de gratitude. « Elle est très fan de vos jouets. Je pourrais jurer qu’elle les a tous. »

Spike s’agenouilla et murmura à l’oreille de la pouliche. « Ne le dis pas à ta maman, mais je les ai tous aussi. »

« Je vous demande encore pardon », soupira la jument. « On va vous laisser à votre rendez-vous galant. »

« Au revoir, Spike ! » cria la pouliche alors que sa maman la ramenait à sa table. « Je pense que ta petite amie est jolie ! »

Spike leva les yeux et vit que d’autres clients avaient entendu cet échange. Certains sourirent et levèrent leur verre vers lui.

« Tu es connu ? » le taquina Lyra.

Spike rougit un peu. « J’ai fait quelques aventures et des trucs du genre, sauvé le monde une fois ou deux, mais c’est bizarre d’être surtout connu pour mes jouets. On dirait que les enfants pensent que les dragons sont cools. »

Il y a quelques années, une petite compagnie de jouets avait décidé de lancer une ligne de figurines pour commémorer les grands héros de l’histoire d’Equestria et celle consacrée aux éléments d’équilibre avait battu des records. Et celle sur « L’Assistant de la Princesse Twilight Sparkle : Spike le dragon » avait tellement bien marché qu’il avait eu droit à sa propre série.

« Ça ne me dérange pas », ricana-t-il. « Certains de ces jouets sont cool. Et j’adore voir les pouliches et poulains sourirent. »

« Tu as gagné de l’argent avec ça ? » demanda Lyra avec une pointe de curiosité dans la voix.

« Bien sûr. Les royalties pour l’utiliser de mon image sont toutefois allées vers des œuvres de charité. Je n’ai jamais gagné une pièce avec. »

« Ça craint. »

« Nan, c’était ce qu’on voulait tous. C’est ce qui leur a permis d’avoir notre accord. Un jour de plus au service de la mère patrie », proclama Spike en bombant le torse et en faisant un faux salut.

Lyra rit et fit le même salut, cette fois avec son sabot tâché de sauce.

La légèreté de leur soirée était revenue après l’interruption provoquée par la fan de Spike. Lyra était surtout surprise d’entendre que Spike était un lecteur assidu des comics des Supers-Poneys. Ils en parlèrent longtemps, brisant occasionnellement la conversation pour commander plus de vin que Lyra ne devait raisonnablement en boire, malgré ses objections, puisqu’elle en était tombée amoureuse.

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Ce qui inquiétait Spike n’était pas de se faire démasquer. Il était plus inquiet de la réaction de sa mère pour avoir créé un scénario aussi complexe juste pour la faire partir de chez elle. Il aimait profondément sa mère, mais le stress de sa rupture lui pesait et il avait besoin d’être seul. Et il n’aimait pas vraiment mentir. Lui et Lyra ne joueraient pas les amoureux transis. Ils étaient justes un dragon et une jument qui venaient de se rencontrer et apprenaient à se connaître. Ce n’était pas très éloigné de la vérité.

Depuis le début, Spike n’avait aucune illusion sur la façon dont la nuit risquait de se passer. Les papillons dans son estomac étaient de retour et commençaient à former un ulcère dans son estomac indestructible de dragon.

Heureusement, les choses s’étaient bien mieux passés qu’il ne l’avait imaginé.

Il y eut quelques à-coups au début. Quand Lyra était arrivée, pile à sept heures, sa mère avait presque bondit vers la porte, toute excitée. Elle avait roucoulé autour de Lyra au moment où elle venait de passer la porte.

« Oh, une licorne, c’est merveilleux et elle est si belle », la complimenta-t-elle, pour le plus grand embarras de Lyra.

Après l’inspection initiale, Lyra avait réussi à s’acclimater à son attention et ils s’étaient réunis autour d’une table pour un charmant dîner préparé par sa mère. Elle avait opté pour certains des plats préférés de Spike au lieu du repas fade habituel.

« Vous aimez le repas, ma chérie ? » demanda joyeusement Twilight Velvet.

« Ouaip », répliqua le dragon. « Je ne sais pas pourquoi Spike se plaint, c’est vraiment du bon gueuleton ! »

Spike regarda Lyra avec les yeux écarquillés qui essayaient de lui dire, « Tu es sérieuse ? »

Lyra retourna son regard avec l’un des siens qui lui répondait en silence, « Quoi ? Tu te plaignais carrément. »

Velvet couvrit sa bouche et rit dans son sabot. « Oh oui, c’est mon petit Spike. Il n’aime pas vraiment mon chou bouilli, mais il grandit et c’est bon pour lui. »

« Si tu voulais que je grandisse, tu me donnerais plus de joyaux », grommela Spike de façon inaudible en mangeant son aubergine.

« Ne grommele pas, Spikey, c’est malpoli », le réprimanda-t-elle. « Surtout quand tu as la bouche pleine. »

« Désolée, m’man… »

Lyra s’ébroua lourdement. « Le gros dur Spike qui se fait gronder par sa maman », le taquina-t-elle. « Ou devrais-je dire Spikey-chou ? »

Velvet gloussa tout autant. « Trésor national d’Equestria ou pas, c’est un bon garçon et un bon garçon écoute toujours sa maman. »

« Je ne savais pas à quoi m’attendre en venant ici », admit Lyra, « mais vous êtes vraiment incroyable, Miss Velvet. »

« Oh allons, allons », rit Velvet. « Vraiment, vous êtes vraiment une jeune fille rafraîchissante. Je ne veux pas remuer le couteau dans la plaie aussi vite, mais vous êtes vraiment différente de la dernière jument qu’il a ramenée à la maison. »

« J’ai rencontré Rarity quelques fois », dit Lyra en prenant une gorgée de cidre. « Elle vous ressemble beaucoup en toute honnêteté. »

Spike toussa lourdement et se frappa le torse pour faire descendre l’aubergine dans sa gorge.

« J’imagine que les hommes tendent à chercher des filles comme leurs mères, qu’ils le réalisent ou non », la rassura Velvet. « Il y a toute une psychologie derrière ça, je crois. »

Spike commença à suer, son visage devenant vert pâle.

« J’en suis sûre. Je veux dire, regardez : licorne, blanche et pourpre, propre et stylisée, des manières de dame, qui aime l’appeler Spikey… » Lyra baissa les yeux vers Spike et sourit devant ses yeux écarquillés, le visage horrifié. « Tu as dit que Rarity avait l’habitude de t’appeler Spikey-chou, n’est-ce pas ? »

Spike se leva de sa chaise et courut vers sa chambre. « Je dois aller aux toilettes ! » cria-t-il en disparaissant.

« C’est la première porte à gauche », lui cria Velvet.

« Je sais où se trouve la salle de bains chez moi ! »

Les deux juments rirent à gorge déployée.

« Il me le paiera plus tard », persiffla Lyra. « J’espère que vous ne pensez pas que je le taquine trop. »

Twilight Velvet la rassura avec un sourire maternel. « La ligne entre les taquineries et le flirt est très fine. Un grand garçon comme le mien a besoin d’une jument forte pour le faire aller droit ; pour qu’il n’ait pas la grosse tête. »

Spike revint quelques minutes plus tard et trouva les deux juments en train de s’amuser comme deux vieilles amies. Il s’assit à la table pour essayer de finir de manger en se faisant le plus discret possible, il sera la cible de leurs blagues plus tard.

« Lyra, puis-je vous demander pourquoi vous utilisez si peu votre magie ? Désolée si c’est un peu trop personnel, mais je suis assez curieuse. »

La question poussa Spike à lever les yeux. Depuis qu’il avait rencontré Lyra, il pouvait compter sur les doigts d’une griffe le nombre de fois où il l’avait vue utiliser sa magie. C’était bizarre de voir une licorne utiliser ses propres sabots.

Lyra se tortilla sur son siège un moment, visiblement mal à l’aise, les yeux fixés sur l’assiette devant elle, avant de répondre.

« Ce n’est pas vraiment personnel, non », commença-t-elle. « C’est juste…particulier. Ma magie n’est pas faible ou quoi que ce soit. C’est juste que je préfère utiliser mes sabots. Ma meilleure amie est un poney terrestre, alors ça doit avoir quelque chose à voir avec, mais c’est juste qui je suis. »

« Il n’y a rien de mal à ça », la rassura Velvet en souriant. « Tout le monde a ses petites excentricités. »

Lyra hocha timidement la tête, mais ne leva pas les yeux.

« Eh bien, j’ai certainement bien mangé », annonça Velvet en frappant ses sabots. « Et si on allait dans la salle de lecture ? Il y a de très jolis coussins ici. »

Lyra et Spike se levèrent pour l’aider à nettoyer mais furent stoppés par Velvet. Elle fit léviter les assiettes vers la cuisine et leur dirent qu’elle s’en chargerait plus tard.

« Voulez-vous à boire ? Peut-être un peu de vin ? » demanda Velvet.

Lyra se tendit un peu. « Spike m’a servi du vin que je ne connaissais pas hier soir. Je ne dirais pas non à ça. »

« Vraiment ? » sourit Velvet. « Alors va-nous chercher une bouteille du même vin, Spikey. Je suis sûre que tu dois en avoir dans ta cave. »

Spike fronça et se gratta la nuque. Il avait une petite cave en bas, c’était vrai. Un endroit parfait, frais pour conserver les vins. Mais c’était surtout du vin rouge qu’il gardait pour quand Rarity venait chez lui.

« Je n’en ai pas », admit-il. « J’ai beaucoup de vin rouge, mais pas de vin pour suivre le dessert. »

« Tu sais où en trouver ? » demanda Velvet.

« Eh bien…oui, mais c’est à l’autre bout de la ville et c’est assez cher. »

« Sottises », déclara Velvet. « Ta petite amie t’a demandé quelque chose, c’est ton devoir de lui donner. »

Velvet fit léviter un sac de pièces et le déposa dans les griffes de Spike.

« Vas-y », commanda-t-elle en le poussant vers la porte. Elle referma la porte et s’approcha de Lyra avec une lueur d’enthousiasme dans ses yeux. « Maintenant qu’il est parti, il est temps de discuter entre filles. »

Lyra avala la boule qui s’était rapidement formée dans sa gorge. Elle suivit Velvet dans la salle de lecture à l’étage sans un mot.

« Viens t’asseoir ici, ma chérie », lui fit signe Velvet en montrant la grande pile de coussins au centre de la pièce. « Nous n’avons pas de temps à perdre. »

Lyra s’assit sur un grand coussin au bout de la pile, pour rester loin de cette jument. Cette fois, il n’y avait pas Spike pour la sauver.

Les coussins s’écartèrent et celui de Lyra s’approcha à côté de Velvet.

« Je ne mords pas », sourit la vieille jument. Elle rencontra le regard de la jeune fille et ne le lâcha pas un moment. Elle hocha la tête, satisfaite et se laissa rouler sur son dos. « Ah, être à nouveau jeune, je vous envie, vous savez. Être amoureuse….il n’y a rien de comparable dans la vie. »

« A-a-amoureuse ? » bégaya Lyra. « Spike et moi, on vient juste de se rencontrer ! »

Velvet gloussa. « Une vieille dame comme moi sait ce genre de choses. »

Elle leva un sabot vers le menton de Lyra et se tourna à nouveau pour la regarder dans le blanc des yeux.

« Je le vois dans vos yeux », expliqua-t-elle. « Il y a ce regard transi d’amour que tout le monde voie. Et la façon dont vous vous regardez….Plus qu’une fois, je vous ai vus vous parler l’un l’autre sans dire un mot, en partageant une conversation que je ne peux entendre. Je ne suis pas aussi douée pour l’amour que ma belle-fille, mais je connais une chose ou deux sur ça. C’est nouveau, c’est sûr, mais c’est là, et ça va grandir, il faut lui donner du temps. Je n’en ai aucun doute. »

Lyra secoua sa tête de déni. « Je peux pas être amoureuse….on vient juste de se rencontrer… »

« Vous continuez à le nier. Pourquoi avoir peur de l’admettre ? Vous avez des doutes ? »

Lyra haussa les épaules. « Quelque chose comme ça. On est deux différents poneys…créatures…quelque chose. »

« Alors vous êtes inquiets de n’avoir que peu de choses en commun ? » demanda Velvet avec un sourcil levé.

« Eh bien…oui….je veux dire….il est intelligent et cultivé, et je suis si… »

« …..comme moi », dit Velvet.

« Miss Velvet, sans vouloir vous offenser, vous n’êtes pas comme moi. »

« Je veux dire quand j’étais plus jeune, maligne », expliqua Velvet en posant son sabot sur l’épaule de Lyra. « Mes enfants tiennent de mon mari, et ça inclut Spike, adopté ou pas. Night Light était comme lui quand il était plus jeune : sérieux, lumineux, mondain et impatient d’apprendre. »

Velvet gratta quelque chose sur son flanc sans honte en se rappelant le souvenir.

« Il était assez guindé », rit-elle, « et j’étais un peu fofolle ; je vois ça en vous, même si vous essayez de la cacher. Non, non, ne soyez pas si choquée. L’amour va vous rattraper, et sans doute très vite. »

Lyra ne savait pas quoi répondre.

« Vous êtes jeune, et vous avez le droit de penser que la différence entre vous deux est un très gros obstacle », déclara Velvet. « Quand j’ai rencontré mon mari, la seule chose que nous avions en commun étaient les étoiles. Il étudiait l’astronomie et venait à l’autre bout de Canterlot, loin des lumières et du bruit, pour regarder les étoiles. »

Velvet ferma ses yeux et amena ses sabots près de son cœur.

« J’adorais aussi les étoiles, mais je connaissais peu de choses sur elles. Il m’a tout appris sur les constellations et je lui ai fait découvrir la musique rock. »

« Vous aimez le rock ?! » lâcha Lyra.

« Bien sûr ! » dit Velvet. « Comme je l’ai dit, j’étais un peu sauvage à l’époque. J’ai passé beaucoup de temps à m’enfuir de chez moi pour voir mes groupes préférés. Je me souviens avoir fait de longs voyages pour des festivals de musique. »

Velvet se rassit et prit une expression sérieuse, mais aussi pleine de bonté.

« Le fait est : avoir des choses en commun est merveilleux, mais c’est seulement un début ; quelque chose qui vous tape dans l’œil. Et je suis certaine que vous avez des choses en commun, ou sinon, vous n’en seriez pas aussi loin. Ce qui fait le sel d’une relation est justement les différences entre vous deux. Il vous montrera de nouvelles choses, et vous ferez de même, et chaque jour sera une nouvelle opportunité pour le surprendre. Ça sera un voyage, et en le faisant, vous trouverez de nouvelles choses à aimer ensemble. Quand l’amour est réel, quand il est sain et basé sur le respect et l’admiration, il vous change. »

« C’est juste une vieille jument qui parle, mais je pense que c’est ce qui est arrivé avec Rarity… », expliqua tristement Velvet. « Le pauvre a passé tellement de temps à changer pour elle, qu’au moment où ils étaient prêts à faire le voyage ensemble pour faire grandir leur amour en quelque chose qui les relierait jusqu’à la fin de leurs jours, il n’y avait plus aucun voyage à faire. Il n’y avait plus de surprises, plus de découvertes…ils étaient un couple marié avant même d’en être un. »

Lyra sentait plusieurs sentiments se mélanger : embarras, confusion, et même culpabilité. La conversation était devenue étonnamment sobre depuis que Spike était partit, et Lyra n’était pas vraiment à l’aise à l’idée de parler de choses comme la signification de l’amour.

Lyra luttait avec elle-même. Elle avait promis de voir ça avec Spike, elle le lui avait dit, et elle savait que rien ne serait facile ; mais les choses étaient devenues on ne peut plus réelles. C’était facile de signer le contrat quand la jument à tromper était juste « la maman de Spike ». Mais Twilight Velvet s’était ouverte à elle, et Lyra ne pouvait s’empêcher de l’apprécier. Ça lui faisait mal de lui mentir, de la décevoir et de jouer avec le souhait que son fils soit heureux. A cet instant, elle voulait vraiment mettre les choses au clair.

Mais un contrat était un contrat.

« Ne voyez pas trop loin », marmonna Lyra en tournant les yeux pour ne pas que Velvet voit son regard triste. « On pourrait se séparer demain. Ce n’est pas de l’amour. Ne mettez pas trop d’espoirs là-dedans. »

Velvet soupira et frappa le coussin.

« Mon fils a été courageux », dit-elle. « Je sais qu’il a mal, malgré ce qu’il dit. On ne peut perdre un amour que l’on a tenu pendant si longtemps sans en souffrir. Mais…ses yeux ne sont plus aussi tristes depuis le jour où il est rentré ici après vous avoir rencontré. Je sais que je dois être pénible, en essayant de vous convaincre d’admettre des choses que vous n’êtes pas prêtes à accepter vous-même. Mais je ne dirais pas ces choses si je ne voyais pas une vraie étincelle entre vous deux. Je suis juste une maman égoïste qui veut le bonheur de son enfant. Et s’il vous plaît, si les choses ne marchent pas entre vous deux, considérez ce que je vous ai dit comme un conseil de vie, d’une amie à une autre. »

La porte s’ouvrit avec force, annonçant le retour de Spike avec un bang. Velvet se leva juste quand Spike entra. Il avait une bouteille de vin dans ses griffes et haletait, la sueur coulant sur son visage.

« J’ai…rah….cou…couru tout le long », gémit-il.

« Tsk-tsk-tsk », dit Velvet. « Oh mon pauvre….regarde-toi, tout en sueur à ton rendez-vous. Je t’ai mieux élevé que ça. Et tu as oublié les verres. » Velvet fit léviter la bouteille avec sa magie et trotta vers la cuisine pour remplir les verres. Une serviette flotta jusqu’à la tête de Spike.

« Désolé de t’avoir laissé », s’excusa Spike en reprenant son souffle et en s’essuyant. « Tout va bien ? Elle y croit toujours ? »

Lyra regarda d’un air triste la porte par laquelle Velvet était partie. « Ouais….tu peux dire ça… »

Elle regarda Spike qui se frottait vigoureusement la tête avec la serviette. « Je ne savais pas que les dragons pouvaient transpirer, t’es pas un lézard ou un truc du genre ? »

« Eh bien, oui, nous sommes un peu des lézards, mais on sue quand même », grimaça Spike. « Tu as des choses à apprendre sur les dragons. »

« J’imagine que oui… »

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Ce qui inquiétait Lyra n’était pas de se faire démasquer. Elle s’inquiétait plutôt de passer pour une complète idiote devant sa meilleure amie.

Spike était arrivé dans leur petit cottage à deux chambres pour le déjeuner à midi pile, amenant avec lui un gros gâteau de Sugarcube Corner pour le dessert. Bon-Bon se délectait des manières polies de Spike et de sa conversation. C’était étrange pour Lyra d’être à la place où se trouvait Spike la nuit précédente : essayer de se faire aussi discrète que possible pour éviter les taquineries, même si elle y avait déjà eu droit après la façon dont les choses s’étaient passées entre elle et Velvet.

« Tu cuisines merveilleusement bien, Bon-Bon », la complimenta Spike à propos de sa soupe de châtaignes et de sa salade de pois.

« Merci beaucoup, Spike », dit-elle en rougissant. « C’est très gentil de ta part. Contrairement à Lyra, je suis les informations et je sais que tu es connu et que tu as vu du pays. Et s’il te plaît, appelle-moi Bonnie. »

« Il y a tout de même beaucoup d’endroits où je n’ai jamais été. »

« Tu aimes beaucoup voyager ? » demanda Bon-Bon.

« Oui, mais je ne le fais seulement que si je fais partie d’une mission diplomatique ou sur demande de Celestia », expliqua Spike. « Voyager est amusant, mais ça fait vraiment apprécier la maison. »

Bon-Bon pensa à ses mots. « C’est très intéressant », dit-elle. « J’adorerais en entendre plus sur tes aventures une fois. Maintenant que Lyra et toi aller vous voir plus souvent, j’aurais peut-être cette chance. »

Spike sourit. « Ça serait génial. Et on m’a dit que tu allais partir en voyage bientôt ? »

« Ouaip ! » se réjouit Bon-Bon. « Je gère une boutique de bonbons hors de la maison. La semaine prochaine, il y aura une convention de confiserie à Seaddle où il y aura plein de gros bonnets de cette industrie. Ils achètent parfois des recettes des petits confiseurs, alors ça pourrait m’ouvrir des portes. »

« J’adorerais essayer tes bonbons un de ces quatre », dit Spike.

Bon-Bon se leva de sa chaise et partit en cuisine, revenant avec un petit plateau de bonbons sur sa tête. Elle le déposa sur la table, retourna dans son siège et lui fit signe de se servir.

« Sers-toi, je t’en prie. »

Lyra sourit et amena son sabot vers le plat. Bon-Bon la repoussa fermement. « Ils sont pour ton ami dragon, tu dois surveiller ta ligne. »

Spike se mordit la lèvre pour contenir son rire devant le regard furieux de Lyra. Il prit un bonbon vert en haut de la pile, le mit en bouche et mordit dedans. Il ferma les yeux et fredonna sa satisfaction en croquant dans la confiserie.

« Délicieux », complimenta-t-il en en prenant un autre.

« Tu sais, j’étais vraiment surprise quand Lyra m’a dit qu’elle voyait quelqu’un », dit Bon-Bon en souriant. « J’étais vraiment inquiète pour cette fille. »

En un coup, la table bondit, Bon-Bon cria et Lyra noircit son regard vers son amie.

« Oui, bon », Bon-Bon rit en frottant l’endroit sur son flanc où elle venait d’être frappée. « Quand même…quand elle m’a dit qui elle amenait, on aurait pu me mettre à genoux avec une plume. »

La table bondit encore tandis que Lyra essayait de frapper Bon-Bon une seconde fois. Les deux filles s’échangèrent des regards pleins d’exaspération.

« Tout va bien ? » demanda nerveusement Spike, qui repoussa lentement le plat de confiseries.

« Bien sûr, pourquoi cette question ? » répondirent-elles en stéréo.

Spike toussa et prit une gorgée d’eau, comme si rien de bizarre ne s’était passé.

« Alors, comment vous vous êtes rencontrés tous les deux ? » demanda Bon-Bon.

« Je me promenais une après-midi et je me suis arrêté pour faire une pause au parc », expliqua Spike. « J’étais assis sur un banc où Lyra aimait jouer, et elle est juste arrivée vers moi et m’a dit de me pousser. »

Bon-Bon s’ébroua bruyamment. « Ouais, c’est du Lyra tout craché. Malpolie envers tout le monde. Je l’adore, mais elle n’a aucune manière. »

« On dirait que tu ne tiens pas compte de ça », gloussa Spike.

« Elle est comme elle est », expliqua Bon-Bon. « On apprend à l’aimer. »

« Ou on meurt en essayant », rajouta Spike.

Le dragon et Bon-Bon rirent alors que le visage de Lyra prit une couleur rouge et s’affaissait dans son siège, essayant de disparaître sous la table.

Spike lança un regard à Lyra qui lui signifiait sa petite vengeance par rapport à la discussion d’hier à propos de sa mère et Rarity.

« Je sais que ce n’est peut-être pas un sujet approprié, mais… » commença à dire Bon-Bon.

« Rarity ? » s’hasarda-t-il. Il reçut un hochement de tête pour confirmer sa devinette et la rassura. « C’est bon, Bonnie, elle et moi sommes toujours amis. »

Bon-Bon sourit. « Oui, je suis une cliente fréquente de sa boutique. Tu l’as vue dernièrement ? Est-ce qu’elle sait », elle leva son sabot et l’agita autour, « à propos de ça ? »

« Ça », Spike agita sa griffe de la même façon, « est assez nouveau, donc je n’ai pas eu la chance de lui dire à elle ou à quelqu’un d’autre. Et non, je ne l’ai pas vue. On a décidé de ne pas se voir quelque temps le temps de panser les plaies. »

« J’ai entendu que vous vous êtes séparés quelques jours après », dit Bon-Bon. « Elle a fermé le magasin quelques temps. Elle était vraiment…indifférente. Mais elle va mieux. Je l’ai vue hier pour tout dire. »

Spike sourit. « Fluttershy est venue l’autre jour et m’a dit quelque chose de similaire…C’est bon de l’entendre… »

Lyra se leva de sa chaise et se pencha pour donner une tape compatissante sur l’épaule. Il leva les yeux et sourit pour la remercier.

« Vous êtes mignon tous les deux », gloussa Bon-Bon.

Avant que Spike ou Lyra puissent répondre, Bon-Bon était déjà partie nettoyer les plats.

« C’est l’heure du thé et des gâteaux ! » annonça-t-elle.

« Enfin ! » déclara Lyra avec une joie non dissimulée. Elle fit léviter les plats de la tête de Bon-Bon et les amena en cuisine.

« Elle adore les douceurs, cette fille-là », dit Bon-Bon par-dessus son épaule avant d’aller préparer le thé.

Lyra amena la boîte du gâteau sur la table. Elle l’ouvrit et inhala la douce odeur de glaçage au chocolat.

« Ça explique pourquoi tu aimes le vin », dit Spike. « Tu as vraiment un faible pour la gastronomie. »

« Comment tu crois que j’ai rencontré Bonnie ? » demanda Lyra. « On était à la maternelle, elle avait un paquet de bonbons, je lui ai demandé d’être ma meilleure amie pour en avoir. Le reste fait partie de l’histoire. »

« Oh mince », s’exclama Bon-Bon depuis la cuisine. Elle revint un moment plus tard avec un visage paniqué. « Il n’y a plus de thé ! »

« Bien, alors on peut passer au gâteau ! » dit Lyra en frappant ses sabots ensemble.

« Non, non, non ! » dit fermement Bon-Bon. « Il faut du thé avec le gâteau ! »

« Mais on n’a pas de thé ! »

« Alors vas-en chercher ! »

« Pourquoi tu ne vas pas en chercher si tu en veux vraiment ?! »

« Parce que je dois rester ici et discuter avec Spike ! »

« C’est mon ami, alors pourquoi je devrais y aller ? »

« Parce que tu vas manger le gâteau si je pars ! » cria Bon-Bon. « Et ce déjeuner est fait pour que je connaisse mieux Spike ! »

« Qui a eu cette idée stupide ? »

« Toi ! »

Lyra fronça dangereusement les yeux et serra les dents. « Et si j’allais chercher ce thé… ? »

Lyra trotta vers la porte et la referma vertement derrière elle.

La grimace de colère de Bon-Bon s’effaça en se tournant vers Spike. « Maintenant qu’elle est partie chercher le thé, il est temps d’avoir une discussion paisible en attendant. »

Spike paniqua un peu alors que le scénario du précédent dîner se rejouait, mais il se trouvait cette fois dans la position de Lyra. Quand il était revenu de sa course imprévue, Lyra avait été assez secouée par la discussion avec sa mère. Il reprit ses esprits et se rassit à la table avec la même réserve toute diplomatique qu’il réservait lors de banquet avec les chefs d’Etat.

« Bien sûr », répliqua-t-il. « De quoi veux-tu parler ? »

« Oh, tu es si tendu », dit Bon-Bon. « Pas besoin d’être si nerveux. On est juste deux amis qui discutent. »

Une bouilloire siffla depuis la cuisine et Bon-Bon s’y hâta. Elle revint quelques instants plus tard avec une théière et trois tasses dans un plat posé sur son dos.

« Je croyais qu’il n’y avait plus de thé… »

Bon-Bon sourit. « C’est vrai. C’est le dernier sachet. »

Spike fronça les yeux, mais accepta le thé offert généreusement. Il sirota le thé et soupira. « Excellent thé. »

« Oui, très bon », acquiesça-t-elle. « Je t’offrirais bien un peu de cake, mais Lyra serait folle de rage. »

Spike pensa à lui dire que ce n’était pas très gentil de parler comme ça d’une amie, mais vu les circonstances, il ne dit rien.

« Alors, dis-moi ce que tu vois en Lyra », lui demanda Bon-Bon.

« Pardon ? » dit Spike en levant un sourcil.

« Ne te méprends pas », dit Bon-Bon. « Lyra est une super jument. Mais tu es une célébrité. Tu as été avec la haute société chaque fois que tu étais avec Rarity, et tu es relié à Celestia. Pourquoi ne pas sortir avec une princesse d’un royaume exotique, ou une riche héritière ? Je suis sûr qu’un gars comme toi pourrait même sortir avec un Wonderbolt. Tu as même une amie qui en fait partie….alors pourquoi Lyra ? »

Spike la regarda, atterré par ce qu’il venait d’entendre.

« Je ne pense pas que tu devrais parler ainsi de ton amie », l’avertit-il, avec une pointe de colère dans sa voix.

« Je ne parle pas d’elle comme ça », rejeta Bon-Bon en prenant une gorgée de thé. « J’ai même dit qu’elle était super. »

« Tu insinues qu’elle n’est pas assez bonne pour sortir avec moi parce qu’elle n’est pas célèbre, riche ou athlétique », gromela-t-il.

« Non, je n’ai pas dit ça », répliqua-t-elle. « Je dis juste que tu es assez bien pour avoir plein d’options, alors je suis juste curieuse : pourquoi Lyra ? »

« Pourquoi pas ? Lyra est géniale. Elle est intelligente, drôle, joyeuse et elle est une incroyable musicienne. On dirait un choix de première classe pour moi. »

Bon-Bon reposa sa tasse et sourit. « Très bonne réponse. »

Spike fronça les yeux. « C’était un test ? »

« S’il te plaît, ne soit pas en colère », dit Bon-Bon. « Je protège juste Lyra. »

Spike avala son thé d’un coup, sans prêter attention au thé brûlant. Il se servit une autre tasse. « Lyra a toujours dit que tu la protégeais comme une sœur…. »

« J’étais juste inquiète, et je voulais m’assurer que tes intentions étaient…honorables. Vu ta position, je ne veux pas que tu profites d’elle. Tu n’as pas l’air d’être ce genre de types, mais je veux en être sûre. »

Spike soupira lourdement. « Ouais, okay. J’ai compris. Mais qu’est-ce que tu veux dire par ‘position’ ? »

« Je parle de ta notoriété », expliqua-t-elle. « Ça ne serait pas la première fois qu’une jeune fille naïve se fasse avoir par une célébrité qu’elle adore. »

Spike éclata de rire. « Elle ne savait même pas qui j’étais quand je l’ai rencontrée, à part que j’étais ‘le dragon qui travaille dans l’arbre’. On ne peut pas utiliser sa position sur quelqu’un qui ne la connaît même pas. Et de plus, je ne suis pas exactement Sapphire Shores ici. La plupart des poneys savent qui je suis parce que je suis proche de certains poneys connus, et je suis assez populaire chez les enfants avec mes jouets, mais je ne suis pas chassé par des fans jour et nuit. Tu exagères ma notoriété. »

Bon-Bon hésita un moment et se pencha, baissant la voix.

« Je pense que tu devrais voir quelque chose.. ; » murmura-t-elle comme si des gens l’observaient. Elle se leva et fit signe à Spike de la suivre.

Elle le guida hors de la salle à manger et descendit vers un couloir qui menait au bout du cottage. Elle désigna deux portes.

« Salle de bains…penderie… », expliqua-t-elle. Elle pointa du sabot les deux autres portes et ajouta, « Ma chambre….celle de Lyra…. »

Elle trotta pour ouvrir la porte. Elle fit une pause et se tourna vers Spike, l’air plus sérieuse que jamais.

« Lyra m’a promis de garder ce secret », expliqua-t-elle lentement. « Je te montre ça pour que tu saches que tu pourrais lui faire mal si tu ne fais pas attention. »

Elle ouvrit la porte et entra à l’intérieur, se tournant vers Spike qui la suivit.

La chambre de Lyra était un bazar, surtout pour une chambre de filles. Spike connaissait beaucoup de filles et aucune d’entre elles n’avait un tel bazar dans leurs chambres. Une pile de boîtes à pizzas vides était empilée près du lit, un réveil posé au-dessus sur ce qui semblait faire office de table de nuit. Des canettes vides étaient étalées contre le mur. Des cartons, du courrier, des vêtements, tous éparpillés au sol.

Il n’y avait que deux choses propres dans cette pièce : une armoire en verre avec des instruments à cordes et une étagère au-dessus du bureau avec des figurines bien rangées.

Spike s’avança et regardade plus près les figurines. C’étaient les jouets représentant les éléments d’équilibre, et la majorité était à son effigie. Elle en avait une collection impressionnante : Spike de la Fête du Feu de l’Amitié, Spike le Chevalier avec la bouche qui crachait du feu, et même l’ultra-rare Roi Spike AB-8777 de la Planète Fantôme. Le Spike Dragon de l’Espace n’était même pas disponible pour le grand public ; il était seulement possible de l’avoir à une convention de jouets à Canterlot.

Au-dessus de l’étagère se trouvait un poster où il était dépeint aux côtés de Cadance, Shining Armor, Twilight et le reste de ses amies ; dans ses griffes se trouvait le Cœur de Cristal qu’il avait aidé à sauver il y a des années. La photo avait été faite pour commémorer le cinquième anniversaire du couronnement de Shining et Cadance et avait été transformée en énorme tapisserie accrochée dans la librairie à l’Empire de Cristal.

Une aura magique prit Spike et l’amena dans le couloir pour être déposée près d’une Bon-Bon à l’air tout aussi abasourdi. Lyra était là, la tête baissée, la crinière couvrant ses yeux.

« Je pensais que tu allais au magasin », dit Bon-Bon, la voix brisée de honte.

« J’ai emprunté du thé chez les voisins », répondit Lyra. « Spike, je pense que tu ferais mieux de partir. »

« Lyra, pourquoi tu n’as pas… ? »

La magie de Lyra entoura à nouveau Spike et l’amena vers la porte. Il atterrit rudement sur sa queue et la porte se referma violemment derrière lui, la serrure l’enfermant dehors comme pour montrer la fin de cette discussion.

Il se leva et frappa avec force la porte, demandant à Lyra ou Bon-Bon de l’ouvrir et de le laisser rentrer, mais ses suppliques étaient couvertes par le son d’une dispute venant de l’autre côté de la porte.

*******************************************************************************

Le soleil s’était déjà couché lorsque Spike rentra à la bibliothèque. Il n’avait pas envie de faire face à sa mère après l’incident chez Lyra, alors il était parti se promener dans la forêt Everfree. Cela faisant des années que les éléments avaient supprimés la magie sauvage de la forêt, la rendant aussi paisible que n’importe quel endroit d’Equestria. Malgré cela, la plupart des poneys se souvenaient des années passées à craindre cet endroit, alors peu de gens s’y risquaient.

Spike ouvrit la porte de sa maison et entra. Il leva les yeux et vit l’obscurité dans laquelle était plongée la bibliothèque. Il chercha l’interrupteur et alluma les lumières.

« Maman ? Tu es là ? Je suis rentré. »

Spike marcha vers la cuisine pour chercher sa mère, et quelque chose à manger, mais il trouva une note pour lui et collée au frigo avec un magnet.

Mon cher Spike,

Désolé d’être partie sans te dire au revoir, mais j’ai pensé qu’il valait mieux que je parte le plus tôt possible, vu que tu n’as plus besoin de moi. Je sais que tu dois penser que je suis un peu possessive, et peut-être même que tu penses que ta vieille maman est pénible, mais si je le suis, c’est parce que je t’aime.

Je sais que c’était difficile pour toi quand tu as rompu avec Rarity et même si ça n’a pas été immédiat, je suis fière que tu ais réussi à te remettre sur pied si vite et que tu te sois mis en quête d’une si merveilleuse jeune fille.

Je reviens chez Shiny pour l’aider avec le bébé. Je peux te dire que tu es entre de bons sabots avec Lyra. Prends bien soin d’elle, d’accord ? Je t’aime beaucoup.

Bisous,

Maman

Spike relut la note. Encore et encore. Son cœur saignait un peu plus à chaque lecture.

Il se pencha contre le frigo et glissa au sol. Il regarda la note dans ses griffes, luttant contre les pleurs. Il ne savait pas pourquoi il était triste, il ne savait pas pourquoi il se sentait si seul.

Tout ce qu’il savait, c’était qu’il voulait que sa maman soit là pour lui donner un câlin.

********************************************************************************

Spike s’assit sur le banc de Lyra, regardant le soleil de Celestia s’élever à l’horizon.

Sa seule tentative pour que Lyra ou Bon-Bon lui ouvre la porte après en avoir été éjecté s’était finie avec lui écoutant le bruit de leur dispute, l’oreille collée à la porte pendant des heures.

Cinq jours : c’est le nombre de jours de suite où il avait été au banc de Lyra à l’heure où il savait qu’elle aimait jouer et l’attendit. Elle n’était jamais venue.

Les lampadaires qui illuminaient le parc s’allumèrent alors que le soleil disparaissait à l’horizon. Il attendrait encore quelques heures avant d’aller dormir et de recommencer le lendemain après le travail.

« Bouge de là, tu monopolises le banc. »

Spike bondit du banc et s’exclama, « Lyra ! »

« Ouaip, c’est moi »,grommela-t-elle en posant son chapeau et en sortant sa lyre.

« J’ai essayé de te parler toute la semaine », dit-il simplement.

« Bravo, t’as touché le gros lot aujourd’hui. Tu dois vraiment être content. »

« Tu peux me parler comme quelqu’un de normal ? » demanda-t-il avec une intense frustration.

Lyra grimpa sur le banc et commença à jouer. Spike remarqua que sa musique était plus sombre que d’habitude.

« Eh bien ? » demanda-t-elle. « Vas-y, dis ce que tu veux me dire. »

« J’ai été chez toi et tu ne répondais pas », dit-il. « Et j’ai attendu ici chaque jour que tu viennes. Tu essayais de m’éviter ? »

« Evidemment », se moqua Lyra. « Je pensais que tu étais intelligent. Je ne t’ai pas ouvert la porte parce que je ne voulais pas te parler, et je suis allé au parc, mais à chaque vois que j’y venais, tu étais rentré chez toi. »

« Alors pourquoi tu es venue aujourd’hui ? »

« Parce que Bonnie est à sa convention de bonbons et j’ai tout mangé chez nous », expliqua Lyra. « Sois je travaille aujourd’hui, soit je vais me coucher le ventre vide. »

« Tu pourrais aller jouer ailleurs, tu sais. Tu n’as pas à t’affamer pour m’éviter. Tu sais, tu aurais pu me demander poliment de partir. »

« Je te l’ai déjà dit, le parc appartient à tout le monde. C’est mon coin et je ne vais pas bouger pour te faire plaisir, mais je n’ai pas le droit de te demander de partir non plus. Alors je suis rentré. Mais maintenant, je n’ai plus le choix. Une fille doit bien manger. »

Un gargouillement venu du ventre de Lyra lui signifiait qu’il était d’accord aussi.

Spike se leva du banc et courut au centre-ville. Même si il était tard, quelques vendeurs étaient toujours ouverts. Il acheta quelques parts de tarte aux framboises et se hâta vers le banc de Lyra.

Il offrit le sac de pâtisseries à Lyra qui le regardait bizarrement.

« Mange », lui dit-il. « Tu pourras être en colère contre moi après t’être rempli l’estomac. Et si ce n’est pas assez, je te donnerai un peu d’argent pour que tu ailles acheter quelque chose à manger. Mais parle-moi, d’accord ? »

Le ventre vide de la licorne avait gagné. Elle déposa sa lyre et dévora les morceaux de tartes.

Spike se rassit sur le banc et attendit que Lyra en finisse.

« Merci », dit-elle en essuyant des miettes de sa bouche. Elle roula le paquet en boule et le jeta vers une poubelle près du banc. « Deux points. »

« Y’a pas de quoi », dit-il. « Tu te sens moins grognon ? »

« Ouais. »

« Pourquoi tu as dit que tu ne me connaissais pas quand on s’est rencontré ? »

Lyra grimaça devant cette soudaine question. « Tu perds pas de temps, hein ? »

« Ça me pèse depuis quelques temps, ouais. »

Lyra reprit sa lyre et se mit à jouer. Elle ne jouait pas assez fort pour être entendue, mais faire ce mouvement l’apaisait.

« Comment aurais-je pu ne pas savoir qui tu étais ? » demanda-t-elle. « Tu es Spike : le seul dragon qui vit parmi les poneys à Equestria, l’ami des éléments d’équilibre, le sauveur de l’Empire de Cristal, bla-bla-bla. Tout ça et en plus, tu vis à Poneyville depuis, genre, dix ans ? Qui n’a pas entendu parler de toi ? »

« Alors pourquoi faire comme si ça n’était pas le cas ? »

« Je ne sais pas, j’étais juste nerveuse, je pense. J’ai voulu la jouer cool. Je veux dire, je suis les infos sur toi depuis longtemps, j’ai collecté tes jouets, j’ai même une étagère rien que pour toi dans la chambre. »

« Alors, je suis ton héro ou un truc comme ça ? »

« Mec, non ! » s’exclama Lyra, choquée. « Ne dis rien sur ça, ça va me faire passer pour une dingue. Je pensais juste…que tu étais cool, c’est tout…. »

« Je savais que j’avais des fans, mais je pensais que c’était seulement les enfants. »

« Ben, il y en a des adultes aussi », dit-elle pour mettre les choses au clair. « Mais on ne s’en vante pas. La plupart des poneys ne comprennent pas pourquoi un adulte peut aimer les trucs faits pour les enfants, comme les jouets de dragons, et être quelqu’un de tout à fait normal. »

Spike y songea une minute. Il se rappelait qu’une fois ou deux, quelqu’un, un adulte avait accouru vers lui pour lui demander un autographe. Ils disaient souvent que c’était pour un enfant, mais maintenant, il comprenait que c’était pour eux-mêmes.

« Alors…tu penses que je suis cool ? » s’amusa-t-il.

Lyra gloussa un peu. « Tais-toi. Quoi que tu en penses, ce n’est pas comme ça. »

« C’est quoi alors ? »

« Je ne sais pas vraiment pour les autres poneys. Pour moi…c’est comme si je m’identifiais à toi, tu sais ? Je veux dire, tu es un dragon cracheur de feu qui ne mange pas de viande et sort avec des poneys…tu fais des missions pour sauver Equestria des méchants et tu es super intelligent…Tu es un outisder, un mec un peu bizarre, comme moi. Mais la plupart des poneys ne te détestent pas pour ton côté bizarre. Ils t’aiment pour ça. Tu es célèbre, pas à cause de ta bizarrerie, mais grâce à ça. Comment pourrais-je ne pas admirer ça ? »

« Tu t’identifies à moi parce que je suis bizarre ? » rit Spike. « Tu n’es pas aussi bizarre que ça, Lyra. »

« Tu te fiches de moi ? » répliqua-t-elle. « Je suis une licorne qui préfère utiliser ses sabots plutôt que la magie. J’ai un tempérament, je suis sarcastique, rude, je suis une adulte qui joue avec des jouets, et je ne peux pas garder un boulot parce que quand je ne mets pas mon sabot dans ma bouche, je le mets dans la tronche d’un crétin. J’ai quelques amies, mais franchement, la plupart des poneys que j’ai rencontré plus que cinq minutes préfèrent changer de trottoir plutôt que de me dire bonjour. Je suis la seconde personne la plus bizarre du coin, après toi. »

« J’imagine que quand tu le dis ainsi….Alors pourquoi tu n’es jamais venu me voir avant ? On ne vit pas loin l’un de l’autre. Tu aurais juste pu venir à la bibliothèque. »

« Comme je l’ai dit, j’étais nerveuse », expliqua Lyra. « Et un jour, je t’ai trouvé là, tout triste…Je voulais savoir ce qui n’allait pas, alors j’ai essayé de la jouer cool et détachée. Puis on a parlé et tu n’étais pas comme je l’imaginais. »

« Comme quoi ? »

« Tu n’étais pas comme une célébrité. Tu étais très terre-à-terre et gentil, et….tu étais juste un mec cool. On est parti boire des coups et j’ai pensé ‘J’aimerais vraiment être amie avec ce type’. J’ai arrêté de penser que tu étais le gars qu’on voyait en couvertures des magazines avec les princesses et j’ai commencé à penser que tu étais ce drôle d’ami qui avait des problèmes de maman comme n’importe qui. »

« Je suis comme tout le monde, tout de même », lui dit Spike. « Je ne prends pas pour quelqu’un de célèbre. Et les autres poneys s’en fichent pas mal. La ‘célébrité’ est un mot très connoté, et ce n’est pas un problème pour moi. J’ai une vie relativement calme. »

« Tu vois, c’est de ça que je parle », dit-elle. « Tu te fiches des choses comme ça. »

Ils s’assirent en silence, chacun réfléchissant de son propre côté maintenant que la discussion était lancée. Quelques joggeurs nocturnes et couples partis se promener s’arrêtaient pour voir si Lyra allait jouer pour eux, mais elle agita son sabot pour les faire partir.

« Quand on a décidé de faire ça, je ne savais pas que notre plan se terminerait avec moi ayant des….sentiments… », marmonna Spike.

« Tu as des….sentiments ? », demanda prudemment Lyra.

« Ouais, Bon-Bon a essayé de me mettre en colère en t’insultant un peu, pour voir ce que ça me faisait, et ça a marché », admit-il. « Plus que si c’était envers un ami. Et quand tu m’as jeté hors de chez toi ? Je ne savais pas ce que je ressentais, mais je savais que je me sentais mal. »

« Ta maman m’a parlé de la signification de l’amour et des trucs du genre pendant que tu allais chercher à boire », dit Lyra. « Je dois dire que ça m’a assez secouée. Ça m’a fait me poser des questions sur des choses….sur nous deux. »

« Cette fausse relation est devenue assez intense pour nous deux », rit Spike.

« Qui aurait pu deviner que mentir envers les poneys les plus importants pour nous, pour des raisons purement égoïstes, aurait pu nous revenir en pleine tête de façon aussi spectaculaire ? » rit-elle aussi. « Oh attends, j’aurais pu. Parce que je l’ai fait. »

Elle tint sa lyre et grimaça. « J’imagine que je n’ai plus à manger ça…Youpi….. »

« Et qu’est-ce qu’on fait maintenant ? »

« Je ne sais pas… », dit-elle. « Ta maman pense qu’on est amoureux, mais qu’on ne le réalise pas encore. Elle a utilisé son sens de vieille jument ou un truc du genre. On devrait lui dire la vérité. »

« Ou… »

« Ou quoi ? »

Spike se leva du banc et se rapprocha de Lyra.

« On pourrait sortir ensemble, en vrai, pour voir si elle a raison », suggéra-t-il.

« On pourrait… », répliqua-t-elle nerveusement. « On a des sentiments pour l’autre, alors qui sait…. ? »

« Ouais…qui sait… ? » murmura Spike, en se penchant pour presser ses lèvres contre celle de Lyra.

« Whoa ! » cria Lyra en mettant son sabot dans son visage pour le repousser. « Rentre ton bateau dans le port, matelot ! On n’a même pas eu notre second vrai rencard ! Tu penses que je suis ce genre de fille ? »

Spike rougit de honte et résista à l’envie de creuser un trou au centre d’Equestria pour finir sa vie parmi les taupes.

« Toi, euh… », déclara-t-il timidement, « tu m’as dit que je pouvais t’embrasser, non ? »

« Ça ne serait pas très romantique si je te donnais la permission, n’est-ce pas ? Mais je sais au moins une chose. »

« C’est quoi ? »

« Je ne pense plus que tu sois cool. Tu es le plus gros crétin que j’ai jamais rencontré. »

Spike sortit de la fumée de son nez pour montrer son agacement. Rarity avait un don pour le taquiner ainsi, mais on dirait que Lyra avait aussi ses petits trucs.

Son agacement devint de la confusion lorsque Lyra se pencha et l’embrassa rapidement sur le bout de son museau.

« Quoi ?! » cria-t-il en amenant sa griffe là où elle venait de lui donner un bisou. « Mais tu as dit…. »

« J’ai dit que tu ne pouvais pas encore m’embrasser. Je n’ai jamais dit que je ne pouvais pas. »

Elle rit et reprit ses affaires, remettant son vieux chapeau dans un angle bizarre sur sa tête. « Allons prendre un truc à emporter et on ira chez toi », suggéra-t-elle. « Tu as dit que tu avais toutes les figurines Spike, hein ? Tu pourras me montrer celles qui sont rares. »

« D’accord », dit Spike en marchant après elle. « Tu as quelque chose en tête ? »

« Des burgers au foin », dit-elle simplement. « Avec des frites, du ketchup et plein de fromage. »

« C’est mauvais pour toi », railla-t-il.

« Alors comme ça, tu te disputes avec ta jument », répliqua-t-elle.

« Ça marche pour les burgers au foin. »

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Donphil
Donphil : #41256
Très bonne fic dommage que ces 1chapitre.
Il y a 1 an · Répondre
Py7h0n
Py7h0n : #21033
Un pairing douteux au premier abord, extrêmement bien amené, bien monté et bien ficelé, un vrai plaisir
Il y a 3 ans · Répondre

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