Fluttershy est faible

Bref.

J’étais en train de préparer une jolie salade pour Angel. J’avais enfin terminé, j’étais heureuse mais lui ne l’était pas. Je compris alors que j’avais oublié de lui mettre une cerise. Sauf que non, il n’allait pas me refaire le coup du lapin trop gâté. Alors je lui avait lancé mon regard foudroyant pour lui faire comprendre de ne pas jouer les capricieux. Lui il me désignait quelque chose, ou plutôt, plusieurs choses.

Il avait : aidé M. Canard à nettoyer ses petits ; M. Castor à découper une bûche ; mon ami l’Ours à se décoincer le dos ; Mme le Perroquet à réciter l’alphabet ; passé le balais ; et enfin dit à Owlowiscious d’organiser la construction d’une cabane que mon ami l’Ours montait avec des bûches faites par M. Castor qui étaient notées avec des lettres que Mme le Perroquet récitait pour que M. Canard puisse y loger ses petits.

Pendant que moi j’avais : préparé la salade de Angel... c’est tout.

Angel méritait sa cerise sur la salade, sauf que j’en avais plus. Mais aujourd’hui c’était le marché de Ponyville. Alors j’ai pris mon sac de selle et j'étais partit en acheter.

En allant au marché, un poney me bouscule fortement, c'est moi qui lui dit pardon. Arrivée au marché, je me dirige vers le vendeur de cerises. C’est toujours le même : un grand terrestre brun mal rasé au regard dur. Mais je sais qu’après ce qui s’était passé avec Iron Wild, il est devenu plus gentil avec moi, enfin je crois. Alors je lui dis “Bonjour”, lui ne me répond rien. Je lui demande de me donner quelques cerises.

Il me dit : “Huit bits s’il vous plaît.”

J'entends : “5000 bits s’il vous plaît.”

C’est beaucoup trop cher. J’ai les moyens bien sûr, mais huit bits pour quelques cerises, c’est du vol. Même un kilogramme de pommes ne coûte pas aussi cher. Peut-être parce que c’est Applejack qui les vend aussi. De toute façon, les cerises sont trop chères, et je dois lui faire savoir.

Je lui dit : “Hum...

-Tu vas payer ou non !?”

Il n’est pas content, mais moi non plus. C’est alors que je me souviens de la fois où Pinkie Pie m’a appris à négocier, sauf que moi je ne parle pas vite. Il y avait Rarity aussi, qui m’avait montré comment faire en donnant envie au vendeur, mais je trouve ça trop... enfin... Puis il restait Twilight, mais elle n’a pas le temps. Applejack non plus, elle lui aurait fait la morale de toute façon. Il ne restait plus que Rainbow Dash, mais elle lui aurait cassé la figure, et je ne veux pas que ça se finisse dans la violence.

Alors je fais ce que j’aurais dû faire depuis le début pour lui montrer que je ne suis pas d’accord avec son prix.

Je les achète.

Eh mince. Il va vraiment penser que je suis faible et que l’on peut faire ce que l’on veut de moi. Après avoir mis les cerises dans le sac, je lui fait bien comprendre que c’est un méchant vendeur et que plus jamais je ne lui en achèterai.

“Bonne journée.”

Re-mince ! Décidément je n’arrive jamais à montrer que je suis capable d'être en désaccord. Angel est maintenant content d’avoir sa cerise sur sa salade, mais moi je ne suis pas contente. Parce que pendant plusieurs temps après ça, il s’est passé le “J’aurai dû”.

J’aurais dû lui crier au visage de ne pas me prendre pour une faible et de négocier le prix. Pire. J’aurais dû le menacer d’aller voir ailleurs, mais c’était le seul vendeur de cerises de Ponyville. Mais ce n’est pas une raison pour me voler. J’aurais dû prendre ces cerises quand il me cria si j’allais les acheter ou non et les lui faire bouffer jusqu’à ce qu’il s’étouffe en me proposant un prix moins cher.

J’aurai. Dû. Le. Massacrer !

Mais avec le temps, je l’avais oublié, et j’étais passée à autre chose. Jusqu’au jour où j'entends quelqu’un frapper à ma porte. C’était lui ! Il me regarde, je le regarde, il regarde vers le bas et moi je suis son regard. Un petit chien violet avec une patte blessée était avec lui. Je dois le soigner, mais après ce que ce poney m’a fait payer, je devais lui faire payer aussi.

Je l’invite à entrer en disant que j’allais m’occuper de lui. Je n’allais quand même pas laisser cette pauvre bête dans cet état. Alors je m’occupe donc de lui. Pendant ce temps, le vendeur se met à l’aise et n’hésite pas à dire : “Y’a pas à boire ici ?” avec un ton impoli. Je veux tellement le punir, lui faire comprendre qu’il ne fallait pas jouer avec ma patience.

Alors je lui sers un thé.

Quelle gourde ! Je me laisse encore faire. Mais j’ai encore une chance, comme par exemple lui jeter le thé bouillant à la figure et lui dire mes quatre vérités. C’est un terrestre costaud, mais mon ami l’Ours est plus fort. Donc, si jamais il venait à me faire quelque chose, il en subirait les conséquences.

Je ne fis rien. Je n’en n’ai pas le courage, et puis je dois m’occuper du petit chien violet. Le terrestre fait comme chez lui : il se vautre dans les fauteuils, bois son thé bruyamment, frotte ses sabots sales sur les coussins, regarde mon arrière-train sans le cacher. J’allais lui faire payer cher. Puis je termine enfin de soigner l’animal.

“C’est combien ?” me lança-t-il.

Ça y est, ma vengeance allait enfin être assouvie, je veux tellement lui donner une facture si grosse qu’il serait obligé de me donner autant de cerises que je le souhaite en échange. Je veux lui faire mordre la poussière, qu’il rampe en me suppliant de faire baisser la note par tous les moyens en me faisant milles promesses. J’allais en faire ce que je voulais.

“C’est gratuit.”

Eh zut ! Je viens de faire tomber à l’eau la seule chance que j’avais pour me venger. Pourquoi j’avais fait ça ? Peut-être parce que s’il n’avait pas les moyens de payer de toute façon le chien était soigné. Mais ce poney doit quand même me donner quelque chose, c’était sûr, surtout que j’avais acheté ses cerises cher et soigné son chien.

“Au revoir,” dit-il en partant.

C’est le pire étalon que j’aie jamais vu. J’ai été la plus gentille des ponettes avec lui, mais lui, il continue à me prendre pour une bonne à rien. Je ne veux plus le revoir chez moi, jamais. Et il faut que je lui fasse comprendre avant qu’il ne parte.

“Bonne journée et à bientôt.”

Eh re-zut ! Je n’en suis pas du tout capable. Je n’arrive pas à montrer le moindre signe de méchanceté. Et je sais qu’il continuerait à le faire, comme tous les autres.

Bref, je suis faible.