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Le Parasite

Une fiction écrite par AlexiSonicKST.

Épilogue Atemporel

« TU NE M'AURAS JAMAIS ! »

Le Parasite n'avait jamais été aussi en colère, et il comptait bien le faire comprendre. Piégé aux portes de l'esprit de Luna, il déchaînait sa fureur contre les murailles du fort imprenable qui protégeait ses pensées.

« Tu peux fuir, tu peux t'exiler, tu peux faire tout ce que tu veux, mais je serai toujours là, et ta vie ne connaîtra aucun répit jusqu'à ce que ton esprit soit entre mes mains ! »

L'alicorne avait encore l'image du jeune homme nu qui frappait contre la herse. Mais cette fois-ci, alors qu'il n'avait pas jusqu'ici prononcé la moindre parole, il hurlait. Le fait d'avoir assisté au combat mental de Sunset Shimmer contre le Parasite faisait qu'elle partageait à présent la même vision que la licorne avait de dernier, Flash Sentry personnifiant la forme obscure au sens propre du terme. Et vu le spectacle ce qui s'était déroulé à la frontière de son esprit, la princesse de la nuit n'était pas prête de l'oublier. Elle n'en restait pas moins totalement silencieuse face aux vociférations de son envahisseur.

« Tu as beau être une princesse, tu as beau avoir des pouvoirs démesurés, personne ni aucun poney ne me résiste, et tu ne feras pas exception ! Le temps passera, et tes défenses s'amenuiseront, tandis que ma puissance est éternelle ! »

Les murs prenaient cher. Les béliers qui tentaient d'enfoncer le mental de la princesse avaient réapparu et repris leur ouvrage. Les premières fissures apparaissaient, et, au travers des craquelures, certains tentacules s'enfonçaient pour mieux fragiliser la structure. Aucun obstacle ne lui résistait, et que ce soit par la force, à l'usure, ou via les émotions, la Malédiction parvenait toujours à son objectif.

« Et alors, quand ton esprit sera mien, et que ta magie sera en mon contrôle, je retrouverai notre trace, je reviendrai à Equestria, et ton royaume aura tôt fait de succomber à mes pouvoirs ! Cours, vole, fais tout ce que tu veux, Luna, tes jours, et ceux de tous ceux que tu chéris, sont comptés ! »

A ces mots, la muraille s'effondra et la marée noire déferla en direction du donjon dans lequel l'alicorne, impassible, protégeait ses souvenirs. Le Parasite donnait tout ce qu'il avait, en violence éclatante comme en paroles insidieuses. Les premières pensées de sa cible atteignirent bientôt son champ d'action, et ce qu'il y entendit alors fut tout simplement extraordinaire.

« Alors gagnons du temps. »

Les assauts s'interrompirent dans l'instant, l'immense forme ténébreuse se voyant à nouveau prise au dépourvu par la princesse. L'image de Flash, sur un trône obscur, s'éleva à l'aide d'une colonne de racines noires pour s'élever au niveau du donjon. « Que veux-tu dire ?

- Je sais ce que tu veux. » tonna la princesse. « Je sais ce que tu es, comment tu procèdes, et ce que tu as toujours voulu. Bien malavisé était le fou qui a osé te léguer son ambition, car, de malédiction vengeresse, tu as maintenant tout d'un esprit malsain. Et ton envie de propagation impérialiste n'a rien à voir avec les incantations qui t'ont invoquées : confronté au monde et ses richesses, découvrant tes capacités à te fixer sur tout et d'affecter les esprits humains, tu as développé le plus infâme des désirs, soit devenir tout ce que tu admirais. »

Le Parasite ne comprenait pas comment l'alicorne pouvait en savoir autant sur ses origines. Cette créature mystique se serait-elle rendue sur terre, et aurait-elle annihilé tout résidu de magie noire qui aurait pu se souvenir de son passage ? Comment diable avait-elle pu apprendre son existence, compte tenu de la discrétion et de la subtilité inégalée du parasite quand il ne souhaitait pas se faire repérer ?

« Alors je te propose un marché. »

Il éclata de rire. Elle avait beau tout connaître de lui, elle n'en était pas moins à sa merci. Il ne voyait pas ce que l'alicorne pouvait offrir de plus.

« La logique temporelle d'Equestria n'est pas la même que dans le monde des humains. Nous sommes en train de remonter le temps, dans l'optique d'atteindre l'heure de la Création. Je peux t'offrir ce que tu cherches. »

... quoique...

« Il n'est aucun endroit au monde qui soit plus dangereux, et si tu veux y survivre tu devras y entrer dans une enveloppe de cristal semblable à celle que nous avons invoquée pour protéger l'esprit de Sunset Shimmer, et n'éclore qu'au bon moment. Si tu réussis, à l'image de ton exploit dans le monde des humains, tu seras en toute chose de notre monde, et tu acquieras la partie de responsabilité que tu souhaites avoir dans tous les événements qui ont, qui sont, et qui seront provoqués dans le Royaume. »

Le "Nous" royal ne le trompait pas. Pour proposer une telle chose, Luna devait être complètement terrifiée. Le masque des émotions avait dû s'effilocher au moment où les premières murailles de son esprit étaient tombées. Les béliers se rangèrent, tandis que le jeune homme, méfiant, demandait : « Où est le piège ?

- C'est une offre unique, un sortilège à usage exceptionnel, que nous sommes déjà en train de lancer. Nous te déposons là bas, et disparaissons dans la même seconde. Si au bout de cette seconde tu n'as pas entièrement débarrassé notre esprit, la Création te tuera, et nous ne la quitteront pas pour s'assurer que l'ensemble de ton être fractionné soit anéanti dans le flot originel. C'est un accord selon mes termes, aucune négociation n'est envisageable. Soit tu acceptes, et tu deviens plus divin que nous ne le sommes avec ma soeur, soit tu refuses, et nous mourrons tous les deux sans aucune espérance d'en réchapper. »

Déjà contenu dans une mince sphère englobant uniquement la Princesse, cette dernière lui demandait donc juste de se laisser contenir dans une enveloppe encore plus étroite, et d'épargner son misérable esprit. Et en échange, elle sacrifiait la pureté de l'ensemble de son univers entier. Le simple fait que Luna propose une telle chose assurait déjà sa réussite au Parasite : il était tout bonnement impossible qu'une idée aussi orgueilleuse naisse dans l'esprit d'une telle divinité sans qu'elle n'ait, quelque part au fond d'elle, déjà une part du Parasite en elle. Il avait gagné. Il avait envahi un monde, et s'apprêtait à finaliser l'invasion d'un second. Aucune autre malédiction jamais proférée ne pouvait plus égaler sa prestance.

Tout était clair maintenant. La Malédiction remontait le temps, imprégnait chaque chose du monde en pleine formation, traversait les âges, se concentrait dans l'esprit de Luna pour lui faire croire que telle idée venait d'elle et que c'était le seule solution, et ainsi il se permettait de remonter le temps : la boucle était bouclée. Si l'alicorne en savait autant sur lui, c'est qu'il l'avait d'hors et déjà contaminée, et avait glissé quelques idées dans son esprit. C'était la seule explication possible.

L'image de Flash Sentry écarta les bras, et il réabsorba à nouveau tout l'océan de ténèbres pour se présenter devant les ruines des murailles qu'il avait enfoncée. Tout se passait à merveille. Il se laissa enfermer dans le cocon, ce dernier étant complètement identique à celui qui avait protégé l'étincelle de rage demeurant chez la licorne de feu. Ainsi donc le Pouvoir que l'Alicorne avait développé en aspirant la magie dont irradiait la masse obscure était de concevoir une magie en tout point l'opposé du Parasite, comme si son talent avait toujours été de s'opposer à ce qui est déjà : la nuit au jour, la quiétude de la lune à la rage du soleil. Ces poneys étaient vraiment plein de ressources.

« Tiens-toi prêt, nous arrivons à destination. Et attention ! Pas de coup fourré ! »

Le Parasite sourit. Il n'avait aucune raison de surenchérir. Il obéissait au plan de la partie sombre de Luna à laquelle il allait bientôt donner naissance. C'était évidemment un peu déstabilisant, car le Parasite avait toujours eu l'habitude de se répandre plus que de se déplacer, et donc de toujours laisser une trace de lui derrière son sillage. Mais c'était le prix à payer pour remonter le temps, alors il le paierait. Il était curieux : si l'univers des humains avait été créé dans une explosion originelle, comment l'univers magique des poneys était-il créé ? Bientôt, il le saurait. Bientôt, il le serait.

Ils sortirent du flot temporel, et telle un météore, la princesse apparut dans le ciel étoilé avec une onde de choc scintillante, et fonça vers le sol à toute allure, effectuant ce qu'on pourrait appeler une étoile filante supersonique, un sonic starboom. En une fraction de seconde elle était avait traversé le ciel et rejoint la terre.

Et pendant cette fraction de seconde, le Parasite reconnut le palais de Canterlot, et les nombreuses cités lointaines. Ce n'était pas la Création. C'était le passé, assurément, mais ce n'était pas le Commencement. Il voulut planter ses racines dans l'esprit de Luna, mais sa coquille protectrice le ralentissait. C'était un piège. Le Parasite était fou de rage. Encore.

Le coquille vola en éclat juste avant que l'alicorne n'atteigne le sol, et il fit jaillir ses tentacules dans toutes les directions à la recherche de l'esprit de la traîtresse. Il le trouva, s'y agrippa. Et cette fois-ci, il ne le lâcherait plus. L'image de Flash Sentry avait disparu, il était redevenu cette sombre masse informe qui atterrit avec fracas aux portes du château fort de la princesse de la nuit. « Et tu croyais pouvoir me vaincre ainsi ! Haaaahahaha ! Tu es finie, ponette, finie ! » Il allait se ruer contre le donjon central quand il constata avec surprise que les murailles qu'il avait déjà abattue s'étaient reformées. Ce qui était impossible. Pas si vite.

A moins que... A moins qu'elle n'ait encore jamais été détruites...

Sunset Shimmer se réveilla dans une chambre qu'elle n'avait plus fréquentée depuis des années. La sienne, à Canterlot.

Elle était restée deux semaines dans le coma, le temps que son corps soit soigné en profondeur, et que son esprit se remette de sa quasi destruction. Les médecins de la capitale savaint faire de véritables miracles. Le cas de Flash Sentry, tout aussi préoccupant, avait pris plus de temps, et lui n'avait pas quitté l'hôpital.

La licorne fut surprise de voir Twilight Sparkle à son chevet. La jeune princesse eut un bref sourire en la voyant se relever, mais bien vite elle détourna le regard, visiblement rongée par le remord. Elle avait tenté de l'éliminer, parce qu'elle était persuadée que cette licorne était le mal incarné. Depuis que, à son propre réveil, elle avait appris ce qui s'était véritablement passé, et qu'elle s'était rendue compte à quel point elle était dans le faux, elle n'avait plus prononcé un mot.

En elle, Sunset Shimmer se revit, cachée derrière un mur à moitié défoncé, assistant aux effusions de joie de Twilight et de ses cinq amies de Canterlot High après l'avoir vaincue. Ce n'était pas du tout l'objectif, mais la licorne avait eu sa vengeance.

Elle était sur le point de lui dire un truc du genre qu'elle n'avait pas à s'en vouloir et tout ça, mais elle n'avait jamais été très bonne avec ce genre de discours, aussi n'eut-elle pas le temps de trouver son premier mot avant que le porte ne s'ouvre, et qu'une voix grave n'enjoigne l'alicorne mauve à aller passer du temps avec ses amies qui venaient d'arriver. Encore embrouillée, Sunset crut reconnaître la voix de princesse Célestia.

Twilight quitta la pièce la tête basse, et laissa entrer l'imposante figure de la princesse de la nuit. La licorne alitée ne put s'empêcher de se dire que c'était la deuxième fois qu'elle attribuait l'oeuvre de Luna à sa soeur. Pas étonnant qu'elle ait fini par en avoir marre, il y avait quelques mille ans dans le passé. Mais la première question qui lui vint était nettement plus sérieuse. « Le Parasite ?

- Vaincu.

- Comment ?

- Les éléments d'équilibre. »

La licorne souffla un grand coup. Les éléments avaient donc été rassemblés pour vaincre la Malédiction, et c'est pour ça que les amies de Twilight étaient là. Elle avait cru comprendre que ses amies du lycée étaient, à l'image des deux Flash Sentry, les exacts équivalents de ses amies poneys. Mais quelque chose clochait... Ne venait-elle pas de dire que les amies de Twilight venaient d'arriver ?

Percevant son trouble, Luna s'installa à son chevet, et lui expliqua toute l'histoire. La jeune humaine, en fauteuil roulant, plâtrée à un bras, à une jambe, et enveloppée dans des rouleaux de gaze, fut invitée à passer la muraille ruinée et d'entrer dans le donjon. La puissante alicorne s'y trouvant lui présenta le souvenir qu'elle avait si farouchement gardé contre le parasite.

La Princesse raconta alors comment, dans sa jeunesse, une étoile filante lui était tombée dessus. C'était un colis, un cadeau empoisonné, accompagné d'un message qui avait alors résonné dans son esprit. « Combat le Parasite humain. Epargne tes pairs. »

Comment elle avait ainsi passé de longues années à devoir affronter cette menace invisible, tout en la contenant en elle pour qu'aucun membre de son entourage ne soit affecté.

Comment elle avait mené ses recherches sur le monde d'origine de ce Parasite, et ainsi compris son mode d'action, la rendant de plus en plus forte, et de plus en plus motivée, à le tenir à l'écart de ses pensées.

Comment ses nuits calmes avaient progressivement muté en soirées agitées, comment elle avait dû mentir à sa sœur pour s'assurer qu'à aucun moment elle ne cherche à l'aider. Aucun poney ni personne ne devait approcher son esprit.

Comment elle avait commencé à mettre en place les règles royales pour assurer la sécurité du pays, dans le cas où l'une de ses deux princesses serait aliénée. Comment elle avait encouragé Célestia à ne pas hésiter à la mettre hors d'état de nuire, si jamais elle venait à devenir elle-même une menace.

Comment, pendant tout ce temps, elle avait dû ignorer cette sombre voix en elle qui cherchait à la convaincre qu'elle n'était pas aimée, qu'elle ne s'inquiétait pas assez, qu'elle était sujette à l'injustice, et comment elle avait fait pour refouler ces sentiments mauvais.

Comment, après des centaines d'années de combat intérieur, le mal qui était en elle l'avait tellement assommée de paroles, qu'elle avait commencé à ne plus savoir quelles étaient ses véritables pensées, et que les murailles de sa défense mentales, imprégnées par tant d'assauts incessants, étaient devenues aussi noires que son envahisseur.

Comment, lorsque le donjon commença à virer au noir lui aussi, elle avait dû se laisser submerger par la colère, seule façon qu'elle avait de garder l'étincelle de conscience qui lui permettait d'empêcher le Parasite de se propager, et comment cette rage l'avait transformée aux yeux du monde.

Comment, alors, sa soeur l'avait bannie sur la Lune, suivant ses propres recommandations, et retournant contre elle les éléments d'équilibre qu'elles avaient tant de fois utilisé ensemble.

Comment, pendant un millénaire durant, elle avait dû préserver cette étincelle de conscience, ayant dû abandonner son fort entièrement infecté, fuyant la masse sombre qui voulait l'engloutir, sans jamais lui laisser une seconde de répit.

Comment, au terme de ce millénaire, elle était revenue sur Equestria, et comment Célestia avait soigneusement évité de se confronter à nouveau à elle, suivant, là encore, ses recommandations passées.

Comment les éléments d'équilibre, qui n'avaient plus alors été utilisés depuis des centaines d'années, avaient été retrouvés par les six élues, et comment ils avaient alors été détruits par sa colère que le Parasite achevait de gagner.

Comment, au moment même où l'étincelle de conscience allait se faire évincer par le Parasite vainqueur, les six élues avaient retrouvé les éléments au fond de leur coeur, et avaient frappé, toutes ensembles, contre l'être de cauchemar qu'elle était devenue. Et comment le Parasite, submergé par le pouvoir de cette solide amitié nouvellement formée, avait finalement été éradiqué.

Sunset Shimmer, époustouflée par la résistance mentale de son aînée, ne savait que dire, et laissa Luna continuer sur sa lancée. Elle la laissa expliquer comment elle avait alors été retransformée en cette jeune alicorne du passé, juste avant que l'étoile filante ne lui tombe dessus, seule façon d'éliminer le parasite qui avait, avec le temps, infesté chaque parcelle de son être physique. Comment elle s'était effondrée en larme aux pieds de sa soeur, désolée de lui avoir caché, toutes ces années durant, le mal qui l'avait infectée. Comment sa soeur lui avait offert son amitié, sensiblement la seule force contre laquelle le parasite semblait impuissant.

Comment, des années durant, alors qu'elle recouvrait peu à peu ses pouvoirs et lavait sa réputation à jamais entachée, elle s'était inquiétée de la provenance de cette terrible Malédiction, et qu'ainsi en découvrant que le portail permettant de voyager jusqu'au monde des humains était utilisé, elle avait tant tonné de colère que Célestia l'avait définitivement considéré comme un artefact dangereux, que personne ne devrait jamais plus utiliser.

Comment, lorsque Sunset était arrivée, Luna furieuse avait failli détruire le portail à jamais, mais que sa soeur lui avait rappelé qu'il fallait aller chercher l'élément de la magie avant cela. Comment les deux soeurs se sont disputées, jusqu'à ce que Luna accepte de laisser passer un unique poney, pour limiter les risques de contamination. Comment elle avait alors rapidement initié la licorne à la défense mentale pour éviter d'être affectée par "l'atmosphère pesante de ce monde", et donc résister à la Malédiction. Elle ne s'en était rendue compte que trop tard, mais le fait d'avoir encouragé Twilight à dresser des défenses solides à ce moment là, alors que tout le reste du lycée, Sunset Shimmer y compris, n'y faisait aucunement attention, avait probablement attiré l'attention du Parasite qui s'était alors concentré en Flash Sentry, individu qui visiblement n'arrêtait pas de rentrer en collision avec la princesse par mégarde, pour observer le phénomène. Il avait alors assisté à la défaite de Sunset Shimmer, et s'était inspiré de son plan pour tenter d'envahir ce nouveau monde dont il venait de prendre conscience. Il avait alors commencé à utiliser le rockeur comme base pour réveiller la part d'ombre en chacun, et, lentement mais sûrement, avait commencé à monter son armée, tout ceci jusqu'à ce que Sunset Shimmer oppose une résistance imprévue, qui le força à employer les grands moyens. Ce qui n'avait pas suffit. Tout ceci, Luna ne l'avait pas envisagé, et au retour de Twilight, elle avait méticuleusement inspecté le palais et son esprit, mais aucunement les conséquences du passage de la princesse dans le monde des humains.

Mais surtout, elle souligna comment, lorsque le parasite était finalement arrivé dans le palais, elle avait immédiatement réagi, plaçant le château en quarantaine. Comment elle avait peu à peu préparé un plan, rassemblé ses connaissances sur la magie du temps, et envisagé que cette étoile filante qui l'avait autrefois chargée de contenir le Parasite pouvait très bien être elle-même. Comment elle avait alors fermement protégé cette pensée et ce souvenir pour que la Malédiction ne se doute de rien. Comment elle s'était maudite d'avoir, dans la précipitation, oublié Twilight qui ne résidait qu'occasionnellement au palais.

Comment le fait d'observer Sunset se battre lui avait permis de comprendre comment retourner la magie du Parasite contre lui. Comment elle avait alors reçu cette capacité d'invoquer la magie qui le repoussait. Et comment la diversion de la licorne lui avait offert exactement le temps et l'occasion dont elle avait besoin. Comment elle avait alors absorbé la Malédiction, comment elle l'avait dupée en jouant sur son absence total de connaissances sur ce monde, comment elle avait réussi à lui faire croire qu'elle l'amenait au Commencement de toutes choses, et comment elle s'était alors échappée de son emprise en la larguant sur son soi passé.

« Pourquoi ne pas avoir simplement fait appel aux éléments d'équilibre à présent ? » demanda Sunset Shimmer, encore troublée.

« Parce qu'il aurait été nécessaire de leur expliquer qu'il y a un mal en moi qui doit être éliminé. Twilight n'aurait pas compris ce soudain revirement de ma part, aurait naturellement cherché à me comprendre, et elle se serait ainsi à nouveau exposée au Parasite. La question ne s'est pas posée le jour où les éléments d'équilibre ont été rassemblés pour la première fois par les six élues : Twilight connaissait la légende de mon bannissement, savait qui j'étais au fond, et qu'il ne fallait pas utiliser les éléments pour m'éliminer, ou me paralyser, ou même me bannir, mais pour me purger de tout le mal qui était en moi. Les éléments d'équilibre peuvent avoir des actions très variées, très adaptées, mais pour cela au moins l'un des six éléments doit avoir pleine conscience de ce qu'elles affrontent, sans quoi le pouvoir ne sait pas quoi faire, et sa réaction peut aussi bien être inutile que disproportionnée. »

Sunset n'insista pas. Elle commençait à s'inquiéter pour Flash. Elle avait cru comprendre que Luna avait retrouvé son apparence d'enfant quand elle a été purgée du Parasite. Qu'en avait-il été pour lui ?

« Il va bien, mais il encore besoin de beaucoup de repos. Quand ma soeur a débarqué dans le jardin, alertée par les dégâts importants au premier étage, elle l'a retrouvé inanimé, livide, sa peau entièrement brûlée. » A cette dernière précision, Sunset grimaça, mais Luna la rassura : « Ce n'est pas de ta faute. En fait, une fois que le Parasite a infesté une de ses victimes, toutes les cellules produites par son corps sont imprégnée de la Malédiction, au point que lorsque sa sombre magie s'est concentrée en un point pour venir à bout de ton esprit, et donc lorsque Twilight Sparkle et Flash Sentry ont été complètement purgés, si Twilight a été peu affectée, la peau, le sang, les poils, une partie des os et beaucoup de ses fluides corporels de Flash s'étaient tout simplement volatilisés. Il ne devait sa survie qu'au fait que c'était son corps humain qui avait été le plus longtemps infecté, et que sa transformation en poney lui a permis de tenir le coup. » La licorne était horrifiée de cette annonce, l'image du corps dégénéré de son ex-petit copain s'étant imposée à son esprit, et pourtant sa curiosité la poussait à écouter l'histoire jusqu'au bout, voulant laver tout soupçon. Luna était d'une franchise à toute épreuve, et n'utilisait guère d'artifices de langue pour mieux tourner ses propos. « Célestia l'a pris pour l'un de nos gardes, et lui a immédiatement lancé un sortilège curatif avant de le téléporter à l'hôpital. Il y est toujours, et d'après ce qu'on m'a dit, à mon retour le jour suivant, son état est stabilisé.

- Mais... vous disiez que tous les humains sont infectés de naissance... Cela ne voudrait-il pas dire qu'il aurait dû être...

- Non. Le Parasite est très subtil. Tout humain a une part d'obscurité en lui, générée par la Malédiction il y a des années. C'est une partie de son être, c'est un constituant fondamental du corps humain, partie qui n'existe pas chez nous, poneys. En revanche, lorsque le Parasite se concentre et attaque un être humain, ceci généralement en jouant sur cette part sombre au fond d'eux, il cherche à l'aliéner, à transformer sa façon de penser, et peut même dans des cas extrêmes s'attaquer la forme même de son hôte. C'est dans ce genre de situations que l'individu, s'il est affecté trop longtemps, ne peut plus être soigné de la malédiction sans qu'on lui arrache une partie de son corps. »

Sunset Shimmer n'en pouvait plus. Il fallait qu'elle se lève, il fallait qu'elle le voie. Pour elle, il n'avait été qu'objet de désir et monstre abominable pendant ces quatre derniers jours. Elle avait besoin de le voir dans son état normal. Enfin, presque. En poney, blessé peut-être, mais fondamentalement normal. L'alicorne de la nuit ne chercha pas à la retenir, et lui proposa de la téléporter sur place : elle n'était pas en état de se déplacer seule, et elle aurait de toutes façons besoin d'une autorisation royale pour le voir. C'était la moindre des choses que Luna pouvait faire pour elle.

Deux semaines plus tard, le pégase remis sur pied et la licorne reposée se tenaient l'un à côté de l'autre, prêts à traverser le portail qui les ramèneraient au lycée de Canterlot High. Flash ne pouvait pas rester à Equestria, ce monde n'était pas le sien, et il s'y sentait complètement perdu, d'autant plus qu'il y retrouvait Twilight Sparkle, la princesse qu'il avait un jour eu l'audace d'inviter au bal, qui, à présent dans une forme qu'il ne reconnaissait pas, ne parvenait pas elle-même à le différencier de cet autre lui, garde royal. L'alicorne n'avait eu qu'à retrouver le garde, le lendemain de l'affrontement, se jeter sur lui en lui demandant où diable il était passé parce qu'elle s'était faite un sang d'encre pour lui, et voir sa réaction d'ébahissement total alors qu'il assurait ne pas avoir été là puisqu'il avait été congédié sur ordre de la Princesse Luna elle-même ce soir là, pour comprendre que Sunset et Luna ne l'avaient pas trompée ce soir-là, et qu'elle avait donc fait une terrible erreur en se retournant contre elles. L'alicorne ne faisait plus confiance à ses sentiments, et troublée, elle n'osait plus parler ni à l'un, ni à l'autre Flash Sentry, ce qui acheva de convaincre l'humain qu'il devait repartir chez lui au plus vite. Quand Sunset Shimmer l'appris, sa décision de l'accompagner fut aussitôt prise : elle avait certes été graciée et invitée à rester dans son monde d'origine, après tout ce qu'il avait vu et vécu, il était tout simplement impossible pour elle de le laisser repartir seul.

Le pégase jeta un dernier regard à son double qui hocha la tête. Oui, il prendrait bien soin de la princesse. Il pouvait repartir sans remord.

La licorne jeta un dernier regard à sa rivale qui baissa la tête. Non, elle ne devait pas s'en vouloir. Elles étaient quittes à présent.

Et ensemble ils disparurent, tous les deux psychologiquement prêts à retourner dans un monde où le simple fait d'être humain signifiait lutter sans répit contre la part d'obscurité qui subsistait, toujours, dans son coeur. Sauf que cette fois ils étaient armés.

« Alors ? »

Sunset Shimmer ne savait pas ce qu'elle était venu faire ici. L'étudiante, son sac de cours à l'épaule, se tenait face au nouveau détenteur du record de vitesse du lycée. Flash avait retrouvé son expression tranquille, son attitude un peu cool, les mains dans les poches, et encourageait sa camarade, qui ne parvenait plus à soutenir son regard, à aller au bout de sa pensée.

« Alors... » hésita-t-elle, ne sachant pas vraiment où elle allait. « Alors je... Je ne peux pas. »

Les premiers mots étaient dits. Le reste sorti plus facilement : « Il faut se rendre à l'évidence, on ne peut pas se supporter. Déjà avant, parce que tu ne me comprenais pas, mais maintenant ce n'est juste plus possible. Tu es quelqu'un de bien, Flash, et ce n'est pas de ta faute, mais ce que ce Parasite m'a fait, rien ne pourra jamais l'effacer.

- Ecoute, Sunset...

- Non. Ecoute-moi, cesse de faire comme si tu me comprenais, comme si tu m'avais un jour comprise. »

Il y eut un long silence. Elle s'était détournée, faisait face à la nuit tombante. Elle prit une grande inspiration, et elle reprit.

« Je vais partir. »

Nouveau silence, il la laissait parler.

« Je ne peux plus regarder personne sans me souvenir de l'avoir assommé à grand coups de marteau, ni ne peux plus sortir du lycée sans me dire que tous ces travaux de rénovation sont à cause de moi. Dans les couloirs, je rase les murs, j'évite tout le monde, et cours me cacher quand je croise le regard de quelqu'un. Quoi que je fasse, j'ai l'impression que le lycée entier me chasse. »

Elle soupira longuement.

« Il m'a fallu tellement de temps pour me sentir à nouveau chez moi, ici, après le passage de Twilight. Je ne pense pas que j'aurais le courage de me faire pardonner à nouveau.

- Qui te dis que tu en as besoin ? »

Sunset haussa, lui jetant un petit regard en coin, n'osant pas même regarder plus haut que son torse.

« Ecoute, Sunset, tu t'en veux tellement que tu ne vois pas ce que les autres pensent réellement de toi. Quand je suis rentré, sais-tu quelle est la première chose que l'on m'a racontée ?

- Comment j'ai failli tuer tout le monde et brûler le lycée, comme le monstre que je suis ?

- Non, Sunset. Ils m'ont raconté comment tu avais gravement assuré ce jour-là. »

L'adolescente releva un peu la tête.

« Ce jour-là, personne ne savait ce qui leur arrivait. Ils ne savaient pas pourquoi ils allaient au lycée en pleine nuit, ils ne savaient pas ce qu'y faisaient les autres, et encore moins ce que toi tu y faisais, dans un accoutrement aussi... léger. »

Sunset se renfrogna. Elle se serait passée de ce détail.

« Et puis tu as commencé à les repousser, seule, avec juste un marteau, et en balançant des rayons lasers avec tes mains. Le tourbillon arc-en-ciel de Twilight et ses amies, c'était rien comparé à ce spectacle que tu leur as livré. Tu étais une armée à toi toute seule !

- Oui, et j'ai failli tous nous faire tuer !

- C'était comme un feu d'artifice auxquels ils participaient, et quand tu as balancé le bouquet final, leurs pensées se sont immédiatement clarifiées. Je sais pas ce que tu leur as fait, Sunset, mais le Parasite n'a vraiment pas aimé ! »

Elle fronça les sourcils. Sa technique avait marché ? Son explosion purificatrice avait réellement réussi à les libérer du parasite ? Mais comment était-ce possible !? Elle était elle-même complètement soumise à la Malédiction à ce moment-là !

Se pouvait-il que ce soit parce que, au dernier moment, au lieu de les considérer comme des ennemis, elle avait eu cette pensée fraternelle, cette envie de les protéger contre cette menace qu'elle-même ne parvenait à contenir qu'à grand peine ? Cela voulait-il dire que... à défaut de pouvoir effacer la part obscure qui est en eux, elle pouvait véritablement les protéger contre une possible invasion future ? Non non, elle s'emportait, elle n'avait plus sa magie de feu, son Pouvoir infini n'était plus accessible depuis qu'elle avait été purifiée de la Malédiction. Enfin...

« Et du coup leur première pensée, leur premier souvenir, tu sais ce que ça a été ? » Voyant qu'elle ne répondait pas : « "Wow ! Épique !" »

Sunset trouva finalement la force de se retourner tandis que Flash s'emportait : « Ils t'adorent ! Tous ! Ils ne savent pas ce qui s'est passé, mais jusqu'à ton retour, ils étaient persuadés que tu avais donné ta vie pour défendre le monde de Twilight ! Et maintenant que tu es rentrée, ils sont encore plus admiratifs ! Tu es une héroïne, Sunset ! »

Frappée par cette révélation, elle faillit perdre l'équilibre. Mais alors... quand ces gens lui avaient couru après dans le couloir quand ils l'avaient reconnue... c'était parce qu'ils voulaient... un autographe ? Ses jambes se dérobèrent sous elle, mais Flash la rattrapa, faisant virer ses joues oranges à un rouge intense. « Je t'en conjure, Sunset, ne pars pas ! Tu t'es battue pour ce lycée, tu as mérité ta place ici, ne la quitte pas sous prétexte que tu ne t'en crois pas digne ! »

Son coeur battait la chamade, ébranlant sa poitrine à chaque coup qu'il y portait.

« Mais cela n'empêche que je suis un monstre. Ce que j'ai fait, ce que j'ai vécu, rien ne pourra le défaire.

- Non, bien sûr, mais qui a parlé de défaire ? Sunset, le lycée entier t'accepte telle que tu es. Tout le monde... sauf toi. Pourquoi Sunset ? Pourquoi es-tu si dure avec toi ? »

Son coeur se serra. Elle savait pourquoi. Il ne pouvait pas savoir. Et elle ne dirait rien.

Elle se dégagea, reprenant son observation de la lune levante, les bras croisés, et une goutte de vapeur s'échappa de son oeil. Il soupira, se gratta nerveusement la tête en fixant ses pieds, et reprit, moins assuré.

« Tu sais... Je... Je suppose que c'est parce que j'ai été affecté de façon un peu spéciale mais... Après que tu te sois échappée de... mon... emprise, le jour où on s'est retrouvés... J'ai... J'ai continué à te voir... Même si je n'étais pas là... Je crois que le Parasite savait, et qu'il imaginait ce qui t'arrivais... »

Il releva les yeux pour trouver ceux de Sunset planté dans les siens, leurs visages n'étant plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. « Tu sais ?! »

Il soupira, et avoua : « Avant de te voir hésiter comme ça, je savais pas trop, mais là... Oui... désolé... »

Il se prit une gifle. Elle était partie toute seule. Mais l'instant d'après, elle l'enlaçait, immensément reconnaissante. Il était le seul au monde à pouvoir la comprendre, et c'était tout ce dont elle avait besoin, là, maintenant, tout de suite.

Chère Princesse Célestia, chère Princesse Luna,

Le temps a bien passé depuis ma dernière lettre, et depuis que j'ai appris que vous aviez réussi à lancer un sort de filtrage sur le portail, je me disais qu'en souvenir du bon vieux temps, je pourrais en profiter pour vous raconter ce que j'ai récemment appris. Et comme à mon habitude, je ferai cela en vous racontant une petite histoire.

C'est l'histoire d'une jeune fille (vous me pardonnerez l'humanité de mon personnage, mon environnement actuel m'inspire beaucoup) profondément attachée à un jeune homme. Son amour pour lui est tel qu'elle ne se rend pas compte à quel point il lui fait du mal. Un jour cependant, elle s'éloigne de lui, et pensant qu'il la suivait, n'a que le temps de le voir disparaître à l'horizon.

Mais sa passion pour lui est telle qu'elle se sent perdue sans lui, et privée de sa présence qu'elle a toujours cru bienfaitrice, elle cherche, désespérément, en elle, chez d'autres, ce qu'elle a perdu. Son entourage semble alors s'aliéniser alors que, obsédée par cette part d'elle qu'elle ne retrouve plus, elle perd peu à peu tout le reste de son être.

Ce n'est que lorsqu'elle touche le fond qu'elle se rend compte de tout le mal que cet individu lui a fait, et qu'elle cherche alors à se venger. Mue par la colère, elle lui fait face, et l'accuse de tous ses maux. Ils se disputent, et il finit par la quitter à nouveau. Avoir un instant retrouvé en lui ce qu'elle avait perdu l'étourdit tellement qu'elle défaille, et ne peut l'empêcher de partir.

Cette seconde rechute ne dure cependant pas, car en elle brûle une nouvelle flamme, une flamme de renouveau, une flamme qui lui redonne le courage de partir à sa poursuite, de l'empêcher de faire du mal à d'autres comme il l'avait fait à elle. Elle se prend alors à parler dans son dos, de façon à empêcher quiconque de le rejoindre, contribuant ainsi à son exil avant de pouvoir à nouveau se confronter à lui. En devenant un problème pour lui, elle espère attirer son attention, et l'empêcher à nouveau de fuir.

Sa mère remarque son petit jeu, et lui demande ce qui lui arrive. Elle reconnaît dans ses larmes une douleur qu'elle a jadis aussi affronté, et comprend qu'elle a besoin d'aide et de soutien, sachant que sa propre blessure, gardée secrète pendant des années, ne s'était refermée qu'après l'avoir exposée à ses amies. Ensemble, elles cherchent et retrouvent le jeune homme, aux bras d'une autre. Cette dernière, persuadée de la bonne volonté du jeune homme, prend sa défense, et se confronte à la jeune fille en colère, avant que la mère ne parvienne à les séparer et la prendre à part, pendant que la jeune fille et le jeune homme se confrontent une nouvelle fois.

Il n'en peut plus de la voir le poursuivre alors qu'il a tout fait pour la fuir, et comprend alors que ses problèmes ne se régleront pas s'il ne les prend pas directement en main au lieu de leur tourner le dos. La dispute éclate de nouveau, dégénère vite, ils se frappent, et le jeune homme finit par prendre le dessus.

La mère intervient alors, toujours aussi calme, défend la jeune fille et pointe du doigt ce que lui est devenu. Le jeune homme découvre que sa colère a failli le transformer en meurtrier, alors même que ce qu'il avait toujours voulu était au contraire de protéger cette jeune fille de lui. Il avait conscience de ses erreurs passées, et ne trouvant la force de changer, et de se corriger, avait chercher à la fuir, sans imaginer que cela aggraverait encore la situation.

La tension retombée, le jeune homme et la jeune fille s'expliquent, racontent l'histoire telle que chacun l'a perçue, et constatent avec effroi en quelles mesures ils étaient tous les deux dans le faux, malgré le bien fondé de leurs pensées respectives. Cependant, ils commençaient à se comprendre l'un et l'autre, et le brouillard de la confusion étant levé, chacun pardonna à l'autre. Leurs blessures respectives étaient profondes, mais ensemble ils se savaient plus forts, et leurs amis vinrent bientôt les soutenir pour leur rappeler toute la beauté de la vie.

Il existe de très nombreuses histoire d'amour qui se finissent bien, et où les deux concernés affrontent multiples obstacles pour finalement se retrouver. Ces histoires, comme toutes celles ayant attrait à la "magie de l'amitié", m'ont toujours écœurées, comme si le plus beau trésor qui puisse être était d'embrasser l'être de tous nos désirs. Mais j'ai découvert là qu'il ne s'agissait que de façon de grossir les traits des histoires pour les rendre plus éclatantes, plus épiques, plus riches d'événements spectaculaires et de conclusions poignantes, afin de maintenir l'audience en haleine, et ainsi maximiser les chances que la fin, et la morale, soient retenues. Aussi devrais-je vous dire que ces deux jeunes gens vivront heureux et auront beaucoup d'enfants, histoire de souligner qu'ils s'aiment tendrement, et de respecter la tradition moyenâgeuse datant d'une époque où la contraception n'existait pas. Mais je ne le ferai pas, non seulement parce que cette formule n'a rien de mignon, et surtout parce que ce n'est pas comme ça que s'achève mon histoire.

Dans le cas de ces deux jeunes gens, ils vivent heureux, en effet. Mais en tant qu'amis. Ils ont beaucoup parlé, et savent ce que chacun veut, et ce dont chacun a besoin. Cette expérience les a fait grandir, et ils considèrent à présent les relations avec plus de maturité. Leur amitié est devenue le bien le plus précieux pour lutter contre cette part d'obscurité qui veille dans leurs souvenirs, et au fond d'eux, ils savent l'un et l'autre qu'ils ne sont pas capable de s'offrir plus que ça. La jeune fille en avait trop attendu du jeune homme, et le jeune homme avait trop admiré la jeune fille, cela ne les avaient mené à rien par le passé, ce n'est pas à présent que cela changera. L'amour, le vrai, ou en tout cas un moins faux, ils le trouveront ailleurs, et en attendant ils se contentent d'une vie paisible au milieu de leurs groupes d'amis.

Que retenir de cette drôle d'histoire ? Ma foi, que la colère est la meilleure défense contre le désespoir, mais que c'est par le calme et la réflexion que la solution émerge, et, surtout, que l'on ne se tire jamais seul de ses pires malheurs. Je n'aurais jamais cru pouvoir vous écrire ça un jour, princesse Célestia (et encore moins à vous, princesse Luna, pour des raisons qui vous apparaîtrons évidentes), mais je crois avoir compris ce qu'est la magie de l'amitié. Et j'y crois, de tout mon être.

Remerciez Twilight de ma part pour m'avoir présentée à ses amies.


Avec tout mon respect,
Avec toute ma sincérité,
Votre fidèle ancienne élève,
Suns-

« Qu'est-ce que tu écris ? » demanda Pinkie Pie, faisant sursauter l'étudiante aux cheveux de feu.

- Une lettre, pour mes anciennes professeures. » répondit-elle, achevant d'écrire son prénom. « Mais regarde plutôt le petit tour que je viens d'inventer.

- Oh ! De la magie ! Les filles, venez, Sunset va nous faire un tour ! »

Et bientôt, devant son audience préférée, l'adolescente encouragea son public à retenir sa respiration, elle secoua son poing, lâcha un "Tchazam !", claqua des doigts, et bientôt une petite flamme dansait au bout de son index, stupéfiant toute l'assistance.

Au même moment, de l'autre côté du portail, la princesse Luna posait un dernier sortilège anti-parasite à l'intérieur du palais de Canterlot. Dans les cachots du Donjon, une goutte noire subsistait, procurant ces perles de magie que l'alicorne utilisait pour blinder le palais contre une potentielle nouvelle invasion.

Qui avait été affecté par la Malédiction garderait toujours une petite part d'ombre en lui.

Le tout n'est pas de se vaincre, mais de s'accepter.

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Note de l'auteur

Eh vous voilà arrivé au bout. Bravo !

"Mais heu ! Je voulais qu'ils s'embrassent à la fiiiiiin ! Ouiiiiiiin ! T-T" Je comprends ta tristesse, hypothétique lecteur, mais voilà dans cet épilogue, je dis pas qu'ils le font. Mais si tu es tellement triste, relis la fin du premier chapitre...
Si je me suis inspiré d'expériences vécue ? Pour faire court, non. Pour faire plus long, il y a du sens à tous ces combats, à vous de trouver celui que vous leur donnerez.

Alors, ça vous fait quoi d'apprendre que vous êtes tous infectés par le Parasite ? Vous en êtes où de vos luttes hyperboliques (purée j'aime bien cette expression) ? Envoyez vos commentaires ! ;)
Et si vous en voulez plus, venez me causer sur mon blog Tumblr [lien] La fiction est terminée, mais du contenu supplémentaire pourrait y apparaître...

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