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Dans les brumes de ponyville

Une fiction écrite par BroNie.

Chapitre quatre

L’entrepôt était laid. Même pour un entrepôt. C’était plus proche d’une grande boîte rectangulaire avec un toit qu’autre chose.
A son sommet, une grande pancarte intitulée Fish and Chips avait été placardée sur les briques du bâtiment. L’enseigne était délavée, striée, hérissée, comme si la pollution du quartier avait attaqué le bois. C’était bien possible d’ailleurs.
J’entrais sur le parking de l’entrepôt où patientaient déjà une bonne trentaine de personnes. Les moteurs des voitures et des paniers à salade tournaient encore, des policiers en uniforme patrouillaient autour des véhicules, les armes à la main. Je me garais à côté des autres voitures et sortis rejoindre mes collègues. Il devait être vingt et une heures et il faisait un froid de canard.

En passant devant un des fourgons, je remarquais que plusieurs poneys au teint cuivré, arborant pour la plupart une moustache, une barbe ou un signe quelconque de pilosité faciale, y avaient été entassés.

_Mexicoltiens, m’expliqua un des officiers en me saluant et en venant à ma rencontre.

_Des wetplots ? demandais-je.

Mon collègue hocha la tête en signe d’évidence. Les wetplots, les « croupes mouillés », c’est comme ça qu’on surnommait les immigrants illégaux de Mexicolt, parce qu’ils traversaient généralement le Rihoof Grande, la rivière qui séparait cette nation d’Equestria, à la nage. Ils étaient chaque semaine des dizaines à s’aventurer ici, pour trouver du travail. La vie était pas simple au pays pour les mexicoltiens, alors ils tentaient leur chance ailleurs.
Equestria avait longtemps accordé des permis de séjour avant que tout se durcisse avec la prohibition. Les papiers pouvaient encore s’obtenir légalement, mais au compte-goutte. Ca n’empêchait pas les étalons et les juments de Mexicolt de travailler au noir pour des patrons equestriens. Ils leur coûtaient moins cher, ils étaient plutôt bosseurs et ils ne faisaient pas d’histoire de peur de voir les autorités leur tomber sur le museau.
Une sacrée aubaine pour les caïds du coin qui mettaient la patte sur une main d’œuvre bon marché et silencieuse (les trois quarts des mexicoltiens ne parlaient qu’espagnol de toute façon). Du coup, les wetplots se retrouvaient souvent à bosser comme manœuvres pour des syndicats du crime, sans même le savoir. Ou alors ils s’en foutaient.

Dans l’absolu, ça me gênait un peu qu’on doive leur faire la chasse. Le Canhayda était un coin super, mais je crois que si ça avait été pauvre comme Mexicolt, y aurait eu pas mal d’orignaux qui seraient descendus en Equestria, moi le premier.
Alors après, on devait appliquer la loi mais on savait être souples. Si c’était juste un pauvre type qui bossait au noir pour nourrir sa famille et la faire venir ici, on était gentils. On le raccompagnait à la frontière tout en sachant très bien qu’il la repasserait le lendemain.
Par contre si le type avait des responsabilités chez les truands, on le chargeait au maximum. Pas parce qu’il était étranger, mais parce qu’il violait sérieusement la loi.
Et quand on franchissait trop la ligne, on en prenait plein la gueule. La nationalité avait rien à voir là dedans.

_Vous avez failli arriver en retard, me dit le collègue en m’accompagnant près du demi cercle formé par les autres policiers.

_J’aurais pas loupé une petite fête dans le genre, l’assurais-je avec un sourire.

Au centre du demi-cercle, je reconnus le capitaine Meadow Song, en charge pour cette opération. Pégase brun à la crinière blonde, c’était sous ses ordres que nous allions travailler ce soir.
Song était un cas à part dans la police ponyvillienne. Déjà, parce qu’il était du genre intègre. A ce qu’il paraissait, les truands avaient beau essayer de l’acheter, le pégase avait toujours refusé.
En tant que tel, c’était pas si exceptionnel que ça, on avait toujours quelques idéalistes ou irréductibles qui croquaient pas, mais Song était spécial.
Lui, il ne touchait à rien mais il fermait les yeux quand les collègues se servaient. Il allait pas jusqu’à les couvrir, mais il se la bouclait. Pour lui l’important, c’était de faire tomber les gangcolts.
Ensuite, Song était efficace. Vraiment. Il savait diriger une équipe sur le terrain pour qu’elle fasse un maximum de dégât et ne subisse qu’un minimum de perte.

_Vous êtes limite Mâchefeuille, me dit-il en m’apercevant rejoindre le demi-cercle. Encore deux minutes et on commençait sans vous.

Song avait cette drôle d’habitude de ne jamais prononcer les grades quand il parlait avec quelqu’un. A ce qu’il paraissait, il le servait même pas au capitaine Emil ou au grand chef.

_Bon, alors je vais me répéter : l’entrepôt est bouclé sur deux pâtés de maisons à la ronde. Mais à la limite si des types nous filent entre les doigts, c’est pas grave. Nous ce qu’on veut, c’est la gnôle.

_On parle de quelle quantité ? demanda une voix dans l’assistance.

_De pas mal. La plupart de l’alcool est déjà parti dans les bars mais là, on a au moins une cinquantaine de barils de quarante-deux gallons chacun. Et ça a beau être de la gnôle de mauvaise qualité, les FlimFlam se font un beau bénef’ en filant ça à leurs rades. Alors ce soir messieurs, on leur fait un trou dans leur compta, vu ?

Les policiers lancèrent un « ouais ! » des plus exclamatifs. Song sourit.

_On fait ça à l’ancienne les gars. Par équipe de deux, un binôme par allée. Un avec la lampe torche, l’autre avec l’arme. On tire pas, on fume pas. Pas la peine de vous rappeler ce qui se passe si un génie décide d’approcher un truc chaud d’un hangar rempli d’alcool. Vous croisez un baril, vous l’éclatez. Vous croisez un truand, vous l’éclatez. Vous croisez votre mère, vous l’éclatez pas, je m’en suis chargé pour vous cette nuit.

Quelques rires fusèrent dans le demi-cercle. La capitaine Song était aussi connu pour sa gouaille après tout.

_Sérieusement, faites quand même attention. Il doit rester une dizaine de types à l’intérieur. Vu l’endroit et la marchandise de mauvaise qualité, ils chercheront plus à se barrer qu’autre chose mais c’est pas une raison pour être cons, vu ?

C’était logique. Au sabot du mur, le poney moyen avait tendance à se battre bec et ongles pour s’en sortir. On avait eu un cas comme ça à Vanhoover, un petit braqueur d’épicerie du genre gringalet, cinquante kilos tout mouillé. Il avait tellement eu peur de nous quand on était venus le chercher, qu’il avait mis hors de combat trois types du commissariat, qui passaient à la salle tous les jours et qui soulevaient de sacrées charges.
Ca m’était resté en mémoire cette histoire. L’instinct de survie pouvait être terrifiant parfois.
Song frappa dans ses mains.

_Allez messieurs, vous faites vos binômes, vous vous attribuez les rôles et en piste.

Les équipes se constituèrent dans un brouhaha. Je remarquais rapidement que je me retrouvais seul. Rien d’étonnant à ça, j’étais encore arrivé depuis peu à Ponyville et les collègues étaient pas toujours chauds pour confier leur vie entre les mains d’un flic fraîchement débarqué du nord. Je le comprenais mais ça me plaisait pas pour autant.
Au pire, je m’aventurerais dans l’entrepôt tout seul. J’étais assez costaud pour me gérer.

_Lieutenant ? me demanda t-on.

Je tournais la tête pour apercevoir Brave, l’agent que j’avais croisé la veille sur l’affaire du gamin suicidaire.

_Qu’est-ce que tu fais là toi ? le questionnais-je. C’est pas une mission pour les simples agents de police.

_Je me suis porté volontaire, monsieur, me répondit-il.

_T’as de l’expérience au moins dans ce genre d’opération ?

_Non, avoua t-il franchement. Mais je demande qu’à en avoir. Et sauf votre respect, je me suis pas engagé pour faire la circulation et remplir des Pvs.

Et ben au moins le môme avait de l’ambition. C’était déjà ça.

_Alors lieutenant, comment on fait ça ? demanda t-il en donnant un coup de museau en direction d’une grosse lampe torche électrique et d’un pied-de-biche.

_Je prends la lampe, tranchais-je en me baissant pour soulever l’objet. J’éclaire et dès qu’on tombe sur un baril, tu le saccages.

Le grand souci des torches de police, c’étaient qu’elles pesaient une tonne. Vraiment. Fallait les tenir à deux mains et c’était pas rare que les flics licornes s’aident de leur magie pour les porter. D’un autre côté, c’était largement assez costaud pour servir de matraque de fortune.
Ce qui faisait que l’un dans l’autre, moi aussi j’avais une arme.

Bon, j’avais toujours mon revolver dans la poche mais Song avait raison. On évitait de transformer un assaut sur un hangar bourré d’alcool en foutue fusillade. Une balle qui ricochait quelque part, qui se plantait là où il fallait pas, qui pétait une lampe dans un coin et ça pouvait provoquer une étincelle. Et étincelle plus gnôle, c’était pas le genre de mariage qui durait longtemps. C’était passionné ça oui, mais ça finissait mal. Pas qu’en général. Tout le temps.

Talonné par Brave, j’approchai de la porte de l’entrepôt devant laquelle les autres binômes se tenaient également prêts. Song avait la main posé sur la porte, paré à l’ouvrir.

_Histoire de vous motiver les gars, assura t-il avec un sourire, l’équipe qui aura pété le plus de barils cette nuit gagne un passe VIP pour une soirée au Cupcake Fou.

Je connaissais pas l’endroit. Mais vu le regard des autres flics, l’éclat qui brilla soudainement dans leurs yeux, je me dis que ça devait être un lieu assez sympa.

Song poussa la porte et la première équipe se précipita à l’intérieur. Brave et moi furent le troisième binôme à passer.

On ne voyait rien dans le hangar. Enfin, jusqu’à temps que nous actionnions nos lampes. Dans un bourdonnement de Tartare, une dizaine de faisceaux blancs fendirent l’obscurité.
L’entrepôt était haut de plafond. Jusqu’à celui ci, on voyait s’élever de grandes étagères métalliques, qui découpaient la zone en couloirs. De grosses caisses de bois et de sacs de jute avaient été soigneusement empilées. Sûrement les poissons et les pommes de terre dont parlait l’enseigne de l’entrepôt.

Toutes les équipes se tenaient silencieuses, scrutant autour d’elles. Le calme avant la tempête.
Qui fut brusquement rompu par une exclamation du binôme cinq qui cavala en avant, et disparut dans le bruit de leurs sabots sur le sol. Ils avaient repéré leurs premiers gangcolts.
Je jetais un coup d’oeil à Brave pour savoir s’il était prêt. Il me le confirma d’un coup de menton.

Nous nous engageâmes dans l’allée obscure.

Ma torche balayait les ténèbres.
Un craquement sourd nous fit nous retourner à gauche. Apparemment, les collègues étaient tombés sur leurs premiers barils d’alcool. Et à droite, à en juger par les jurons et les bruits de cavalcade, ça continuait sa chasse au truand.

J’arrêtais le faisceau de ma lampe sur un tonneau en bois de belle taille, avec trois X marqués à la craie sur son côté. Brave s’en approcha avant d’abattre le pied-de-biche dessus. Le baril craqua et l’alcool versa sur le sol.
Je fis un sourire d’encouragement au policier et nous reprirent notre route. Par deux fois encore, le poney troua des tonneaux d’alcool, laissant la gnôle s’en déverser. Entre nos barils et ceux des autres équipes, l’odeur commençait à être lourde dans le hangar. La tête me tournait un peu.

C’était très particulier de s’avancer dans un lieu saturé d’alcool. On ne sentait rien au début puis tout venait d’un coup, comme si on prenait une claque. Le tournis, le mal de crâne, la nausée. Certains collègues se mettaient des foulards autour du museau pour ce genre d’opération. Le seul souci, c’est que ça encombrait plus qu’autre chose et c’était moyennement pratique en cas de bagarre.

Et dans l’absolu, être un peu malade ça tuait pas. Se prendre une balle dans le buffet parce qu’on faisait plus attention à l’environnement qu’aux types qui s’y planquaient, si.

Mon regard accrocha une forme sombre, juste au dessus de nous. Quelque chose qui bougeait très légèrement.

Avant que je ne puisse faire un geste, la forme s’abattait sur Brave. Pris totalement par surprise, le poney roula au sol et ne put rien faire alors qu’il se faisait bourrer de coups. Je réagis comme je le faisais en situation de crise : je fonçai droit devant.

Je lâchais la torche et épaule jetée en avant, je me ruais sur l’agresseur de mon coéquipier. Je le percutai lourdement et l’envoyai cogner contre une des étagères métalliques. Son dos heurta douloureusement l’armature. Je jetai un coup d’oeil à Brave et constatais que plusieurs taches sombres allaient grandissantes sur son uniforme. J’en compris la raison quand je vis briller un éclair dans la main du poney que j’avais chargé.
Un couteau. Ce salopard avait poignardé Brave.

Il dut penser qu’il aurait les mêmes chances avec moi puisque il s’ôta lentement de l’étagère et avança vers moi. Dans la pénombre, ses yeux ressortaient avec un éclat mauvais. Il faisait passer son poignard d’une main à une autre, l’exhibant comme un trophée alors que le sang de l’agent Brave en coulait, suivant le fil de la lame avant de goutter au sol.

A l’école de police, notre instructeur de combat au corps à corps nous avait enseigné que le meilleur moyen de battre un type armé d’un couteau quand on avait que ses deux mains, c’était de prendre ses jambes à son cou.
On décrochait, purement et simplement. Pas de connerie du genre tordre le bras pour lui prendre son poignard, ou le bloquer et lui filer un coup dans les jambes. Parce que si couteau contre couteau, c’était encore jouable, couteau contre rien du tout, c’était la défaite assurée. Même quand on était bon. Et par défaite, on voulait dire la mort.

Je ne pouvais pas sortir mon revolver. D’une, toujours à cause du risque d’incendie – Brave aurait l’air bien si je le sauvais du truand pour griller avec toute l’unité dans un brasier - et tout connement parce que j’en avais pas le temps. Qu’il me voie mettre la main à la poche et il me plantait direct.
Pareil pour la lampe torche ou le pied de biche. J’avais de quoi lui péter le poignet avec ça mais ça voulait dire ramasser l’objet au sol. Perdre du temps.
Et une seconde d’inattention, ça se solderait par de l’acier froid dans ma gorge.

J’aurais dû filer. Tranquillement, en douceur. Suivre les conseils de l’instructeur. Aller chercher l’aide des autres binômes et revenir foutre une rouste au gangcolt.
Mais je refusais de laisser Brave se vider de son sang devant moi et de me barrer. Je n’abandonnerais pas un coéquipier. Je n’étais pas un lâche.
Mes emmerdes, je les résolvais à coup de poing et de sabot. Et c’était pas parce que ce connard avait une lame que je devais me défiler.

Je chargeai donc une nouvelle fois.

Mon adversaire marqua un temps de surprise. Il ne s’était sûrement pas attendu à ce que ça soit moi qui attaque. Il se reprit juste assez pour orienter la lame en direction de mon visage. Je montai mon épaule au niveau de mes yeux et attendis le choc.
Je l’envoyais valdinguer une fois de plus mais cette fois ci, une douleur me déchira le triceps. Je sentis la lame s’enfoncer dans mon bras.
Un cri s’échappa de mes lèvres alors que mes yeux se brouillaient de larmes. Putain, ça faisait mal.

Je luttai contre mon envie d’arracher le corps étranger. Virer le poignard serait la pire des conneries. Pour le moment je dégustais mais c’était tout. Au moins, le couteau empêchait que je pisse le sang. Et même si je devais pas me vider d’une coupure au bras, je préférais faire gaffe.

Je m’approchais du truand, étendu sur le sol de l’entrepôt. Il était sonné mais largement assez conscient pour fouiller dans ses poches et en tirer un second couteau.
Je pinçai les lèvres. Oh non sale enfoiré, t’allais pas faire ça.

Je m’approchais de lui et écrasai mon talon sur son poignet. Je pressais jusqu’à ce que ça casse. Le poney poussa un cri de douleur.
J’appuyais encore, jusqu’à être sûr de réduire ses os en morceaux. Puis je le bourrais d’attaques au visage, lui envoyant de véritables coups de marteau dans la figure.

Mes coups finirent par perdre en puissance. J’avais mal aux jointures, le souffle me manquait et la lame dans mon bras n’arrangeait rien.
Mais au moins, le connard était hors d’état de nuire. Même s’il avait eu le temps de s’occuper de Brave avant.

Serrant les dents, j’allais jusqu’à mon collègue, toujours allongé sur le sol. Les taches s’étaient étendues, sa robe avait pâli et je ne le voyais plus respirer. Je posais mes doigts sur son cou. Il y avait encore un pouls mais il était faible.
Fallait trouver un truc pour endiguer l’hémorragie. Je cherchais autour de moi avant de voir un gros sac de jute sur une des étagères. Je tendis le bras et m’emparais du second couteau du truand.
J’allais jusqu’au sac et découpai un morceau de toile.


La douleur dans mon bras diminuait mais je ne savais pas si c’était une bonne nouvelle. Et s’il m’avait bousillé un nerf ce connard ? Et si je ne pouvais plus jamais bouger le bras ?
Je fis un test en crispant la patte. La douleur monta d’un bloc, m’arrachant un juron. Au moins, les nerfs marchaient encore.

Morceau de jute en main, je revins auprès de Brave et posais la toile sur ses blessures. Le poney bougea faiblement. Je pris doucement ses mains et les posa sur la jute. Les sang imbibait tout, coulait au travers mes doigts clos, collant les poils de ma main entre eux.

_Essaye de maintenir ça contre toi, lui dis-je.

_Désolé lieutenant, s’excusa t-il avec un faible sourire. Je crois que c’est pas notre équipe qui va gagner le passe VIP.

_J’en ai rien à foutre du passe VIP. J’aimerais mieux que tu t’en sortes.

J’étais pas franchement sûr qu’il s’en tire. Le gangcolt l’avait bien planté

_Ca serait bien. Mais je crois pas que ça se fera.

_Dis pas de conneries. Accroche toi.

Il se tut un long moment. Si longtemps que je crus qu’il était passé de vie à trépas. Avant que ses lèvres ne bougent lentement, formulant quelque chose que je ne pus saisir qu’en approchant l’oreille.

_J’ai un peu faim, murmura t-il.

Puis ce fut le silence. Pour de bon.
Je soufflai par les naseaux. Je ne savais pas ce qui était le plus con. Mourir planté comme ça ou que ses derniers mots soient « j’ai un peu faim ».
Je restais devant le corps inanimé de Brave quand quelque chose passa dans mon dos. Je me retournais pour apercevoir un poney en bleu de travail essayer de se faufiler derrière moi.
Je le voyais très mal, sa robe noire se fondant presque parfaitement dans l’obscurité. Seule la casquette vissée sur son crâne permettait de savoir à peu près où était sa tête.

Je plongeai lentement la main dans mes poches pour en tirer mon S&W. Je comptais toujours pas tirer. Mais ça le tiendrait en respect.

_Vous devriez me laisser passer, dit le poney.

Il avait une voix jeune. Je lui donnais même pas vingt ans.

_Tu veux que je te laisse passer ? Et moi je veux m’envoyer Liz Haylor avant la fin de l’année dans sa villa de Hooflywood mais je crois qu’on rêve un peu trop large tous les deux. Alors tu vas lever doucement les bras en l’air. T’es en état d’arrestation gamin.

Il s’exécuta lentement. Très lentement. Trop lentement.
Il jeta son bras en arrière sur l’étagère pour saisir quelque chose et le renvoyer brutalement en avant. Je ne compris son mouvement que trop tard.
Je vis une masse brune obscurcir mon champ de vision et me cogner en plein sur le museau. Quelque chose craqua, le sang coula. Je pointai mon arme dans sa direction avant de sentir mon poignet dévié d’un coup sec, avant qu’une nouvelle attaque ne me frappe entre les deux yeux. Mon champ de vision devint des étoiles.

Le combat n’avait pas duré trois secondes. Et je l’avais perdu.
Je basculai sur le dos, complètement sonné. Le môme avait un bon swing. J’aurais pu le féliciter pour ça. S’il m’avait pas envoyé dans les vapes.

Je repris finalement conscience quand on me secoua doucement.

_Vous m'entendez Mâchefeuille ? me demanda t-on.

Je reconnus la voix du capitaine Song. Grognant plus qu'autre chose, j’acquiesçai.

_Vous vous sentez bien ?

Je mis quelques secondes à réfléchir à ma réponse. Mon visage me faisait atrocement mal, mon poignet droit n'était pas dans un meilleur état et j'avais un couteau dans le bras gauche. Ma tête semblait prête à éclater à cause des vapeurs d'alcool et j'avais le sombre sentiment de m'être fait dominer comme un bleu.

_Super, articulais-je lentement. Je resigne pour ça dès la semaine prochaine.

Mon trait d'humour dérida un peu le policier qui m'aida à me relever.

_Doucement, dit-il en me soutenant. Je vais vous aider à atteindre le parking. On a une ambulance là bas.

Mon regard était flou mais je réussis tout de même à apercevoir mon arme, qui avait glissé non loin de moi. Je la signalais au capitaine Song qui la remit dans ma poche avant de m'aider à rebrousser chemin.
Bizarre que le môme au bâton se soit pas servi de son revolver pour m'achever. Ou qu'il me l'ait pas volé. Un gangcolt avec une morale. Ben merde, les temps changeaient.

Sur le parking, les collègues chargeaient les suspects dans les paniers à salade. A en juger par l'ambiance détendue qui régnait, l'opération était finie.

_C'est un succès, déclara Song en m'aidant à marcher jusqu'à l'arrière de l'ambulance où un poney en blouse s'affaira autour de moi. Quarante-deux barils de détruits, ça fait dans les mille huit cents gallons en moins. Huit poneys des FlimFlam sous les verrous, un mort, les autres en fuite. Plus les travailleurs mexicoltiens. On a bien bossé cette nuit.

_Combien de tombés chez nous ? demandais-je en grimaçant lorsque le médecin m'ôta le couteau du bras pour soigner ma blessure.

_Brave, souffla t-il sombrement. C'est la seule perte qu'on ait à déplorer.

_Merde.

_Vous avez fait ce que vous avez pu pour l'aider, Mâchefeuille, me conforta le capitaine. Il lui aurait fallu une évac médicale d'urgence, on avait pas ça. Même les Princesses n'auraient rien pu faire.

Song resta silencieux quelques secondes.

_C'est quand même du bon boulot. Soyez sûrs que ça remontera au chef ce qu'on a fait ce soir. Et vous inquiétez pas pour vos blessures, prenez quelques jours de repos avant de revenir bosser.

Le pégase me tapota sur l'épaule de ma patte non blessée et s'en alla rejoindre les collègues, sûrement pour superviser la fin de l'opération.

_Une semaine serait préférable plutôt que quelques jours, annonça le poney médecin en remontant ma chemise et en bandant mon bras. Au moins pour la blessure au poignard. Le museau, c'est du cartilage qui a été brisé. Rien de bien grave, donc. La blessure au visage est du genre impressionnante mais ça sera que des bleus et des coupures superficielles. Pareil pour votre poignet.

_Il est pas pété ?

_Il en a pas l'air. Vous aurez une belle ecchymose mais c'est tout.

Je me demandais vraiment à quoi est-ce que je ressemblais. Je devais être laid à faire peur. Le genre de type qui faisait que les filles se retournaient dans les ruelles sombres.

Les filles.

K'sea.
Merde.

_Il est quelle heure ? demandais au médecin en bondissant sur mes sabots.

_Vingt-deux heures quinze mais...hé, vous n'allez pas partir ! Vous devez passer la nuit à l'hôpital!

_Ca va doc, dis-je en fonçant jusqu'à ma voiture, j'ai mon infirmière personnelle.

Enfin, si j'arrivais à l'heure au rendez-vous. L'hôtel de la zébrelle était dans les beaux quartiers, sur la Bute aux Songes. C'était pas si à côté que ça.
J'enclenchais le contact et fis démarrer ma voiture. La tête me tournait toujours et j'avais la sale impression que mon museau avait été capturé dans un plâtre de douleur.
En toute logique j'aurais dû me poser pour cette nuit. Mais je n'avais pas envie d'être logique.
Perdre un équipier et se faire tabasser ça allait bien comme bilan de la soirée. K'sea était ma chance de terminer la nuit tranquille et je voulais pas la laisser passer.

Ca m'arrivait assez souvent ça. Le désir qui me reprenait si fort que je ne pouvais que m'y plier. Une pulsion qui prenait aux tripes et qui refusait de partir.
Ca se produisait toujours après des moments pas simples. Je m'étais bourré la gueule plus d'une fois en sortant d'une grosse fusillade ou je me tapais un gueuleton à m'en éclater la panse. Comme si je voulais m'assurer que j'étais bien en vie après avoir frôlé la mort.

C'était étonnant que ça me prenne là. Des bagarres, j'en avais déjà faites, des coups de lame, je m'en étais pris quelques uns. Mais c'était la première fois depuis longtemps que je me faisais mettre au tapis et que j'étais blessé dans le feu de l'action.

Le fait que Brave se soit fait dessouder aussi. J'avais beau ne pas le connaître depuis longtemps et toujours mépriser un peu les bleus, ça me foutait la rage qu'il soit mort poignardé par une petite frappe en service commandé.

D'accord, la mort faisait partie du métier. Mais c'était pas pour ça qu'on l'acceptait sereinement.

Roulant à tombeau ouvert dans les rues encrassées de Noiresuie, j'essayais de me concentrer sur la route et pas sur la douleur qui lancinait mon bras.
Manquerait plus que je me crashe comme un con.

Passer du quartier industriel au quartier culturel me fit du bien. Rien qu'en laissant la pollution derrière moi pour un monde de néon, je sentais mes nerfs se calmer. Les files qui se formaient devant les clubs, la musique jazzy qui s'élevait par les portes ouvertes des bars, les petits arnaqueurs qui tentaient d'arracher quelques bits aux naïfs avec un jeu de bonneteau.
Un sourire machinal se dessina sur mes lèvres. La nuit, c'était bien le seul moment où une cité comme Ponyville me plaisait.

J'arrêtais mon véhicule devant l'hôtel de K'sea et descendis. Un grand bâtiment rouge, perclus de fenêtres sur toute sa hauteur, dont le sommet virait à la pierre grise. Son architecture était bizarre, ensemble de tours reliées entre elles autour du bâtiment principal.

Je ne perdis rien du regard glacial que me jeta le portier, grand clown en uniforme aux boutons rutilants de cuivre. Avec mon trench-coat, je ne devais pas vraiment avoir le look du client type. Encore moins avec la gueule défoncée et puant la gnôle.
Mais le domestique me laissa passer. Enfin, il aurait été plus juste de dire que je ne lui laissai pas le temps de m'intercepter. J'étais déjà dans le hall avant qu'il ne se demande si oui ou non, il devrait m'en interdire l'accès.

L'intérieur de l'hôtel correspondait à ce qu'on avait en tête quand on évoquait les établissements de luxe : les grandes colonnes, les tapis au sol, les grandes plantes vertes qui encadraient le double escalier...pour moi qui me contentais d'un matelas jeté sous les combles, tout cet argent jeté en décoration, c'était un peu navrant.
Un repas, une boisson, un objet dont on se servait, qu'on dépense des milliers de bits là dedans, d'accord . Mais l'art et la beauté, ça me passait par dessus le panache.

Derrière un bureau en bois laqué, un poney en costume me jeta un regard encore plus froid que celui de son collègue. Ca relevait de l'exploit tout de même.

_Puis-je aider monsieur ? me demanda t-il.

_Si vous voulez bien me montrer comment aller jusqu'à la suite D, ça serait sympa.

_La suite D est occupée, monsieur, souligna le réceptionniste avec une moue de mépris.

_C'est justement pour ça que j'y vais, lui répondis-je en souriant.

Les lèvres de l'employé tremblèrent légèrement. Il ne devait pas avoir l'habitude de traiter avec le genre de type un peu simple que j'étais. Encore moins avec des bleus partout et un sourire un peu con.

_Le règlement de l'établissement m'ordonne de demander à la personne qui occupe la suite que vous désirez la voir. Surtout à cette heure-ci.

_Et ben allez-y, appelez.

D'un geste rôdé, le réceptionniste se saisit d'un téléphone et pressa une touche. Il apposa le combiné contre son oreille et attendit quelques secondes.

_Mademoiselle Tesfaye ? Bonsoir mademoiselle, ici la réception de l'hôtel. Navré de vous déranger à cette heure mais nous avons un monsieur pour vous ici. Un caribou.

Je me retins de lever les yeux au ciel. Un jour, le poney moyen comprendra. Un jour.

_Bien sûr mademoiselle. Nous faisons monter votre ami immédiatement.

Le réceptionniste laissa retomber l'appareil sur sa base et me tourna le dos pour saisir une des innombrables clés qui pendaient derrière lui.

_Voilà la clé de l'ascenseur, m'expliqua t-il en la déposant sur le comptoir. Vous n'avez pas à appuyer sur quelque chose, contentez vous de la tourner sur le panneau de contrôle et l'appareil vous conduira directement au dernier étage de l'aile D. Je vous demanderais simplement de bien penser à nous rendre la clé quand vous quitterez l'hôtel.

J'examinai l'objet en le saisissant entre le pouce et l'index. Alors on arrivait à faire des ascenseurs intelligents maintenant ? On arrêtait pas le progrès.

_Merci, dis-je au poney en marchant jusqu'à la cage de l'ascenseur. Et bonne soirée, hein !

_Bonne soirée monsieur...

La fin de sa phrase était si glaciale que j'étais sûr qu'on aurait pu se servir de sa bouche comme frigidaire.
Mon trait d'humour me fit pouffer jusqu'à ce que j'entre dans l'ascenseur et que je tourne la clé dans la serrure de sécurité. Avec un grincement rassurant, l'appareil s'éleva dans les airs.
En temps normal j'aurais privilégié les escaliers mais les événements de cette nuit m'avaient poussé à choisir la facilité sur la fin.
Les étages défilaient lentement. Trop lentement à mon goût.
Enfin, après un temps qui me sembla infini, j'arrivais au sommet de l'aile D. L’ascenseur s'ouvrit sur une antichambre dont la porte était entrouverte. Un rai de lumière passait au travers de cette ouverture.
Je poussai la porte du bout des doigts. K'sea ne m'avait pas menti quand elle avait parlé d'une suite.

Je me retrouvais dans un salon. Dans un immense salon bardé de baies vitrées par lesquelles on voyait s'étendre Ponyville. Au sol, mes sabots rencontraient une moquette cendrée des plus agréables.

_Avancez donc lieutenant, je ne vais pas vous manger. Après tout je sors de table, je l'ai déjà fait.

La voix de la zébrelle sonna comme du miel à mes oreilles. Je tournai la tête sur le côté pour la découvrir allongée sur une méridienne crème, genoux croisés l'un sur l'autre. Elle portait un pantalon de tailleur et la chemise blanche qu'elle avait lors de notre première rencontre. Pas de maquillage cette fois mais elle avait toujours sa boucle d'oreille au lobe gauche, qui renvoyait la lumière tamisée de la pièce.
Elle sourit plus franchement à mesure que je m'avançais.

_J'allais finir par croire que vous alliez me laisser seule. Je suis contente de voir que vous n'êtes pas veule.

_J'ai été un peu retardé, dis-je en m'approchant d'elle et lorsque la lumière révéla mon visage tuméfié. Mais je me suis quand même débrouillé pour venir vous voir.

En voyant l'état de mon museau, elle écrasa une de ses mains contre sa bouche et se confondit en excuses.

_Qu'est-ce qui vous est arrivé ? Est-ce à cause de moi que vous êtes blessé ?

_C'est gentil à vous de vous inquiéter, dis-je en m'asseyant dans le fauteuil tout proche qu'elle avait visiblement laissé à mon intention. Mais non, vous n'êtes responsable de rien. Une opération de police contre des trafiquants. Y a eu un peu de bagarre mais on les a eu.

_C'est tant mieux, ajouta t-elle pensivement. Avec des gens comme vous pour veiller sur lui, le monde ne peut être qu'un meilleur lieu.

C'était marrant, mais quand ça venait de la bouche de K'sea, j'y croyais presque au « protéger et servir ». Presque.
Mais c'était déjà ça.

_Ca vous ennuie si on parle d'autre chose ? demandais-je.

_De quoi voudriez vous parler, monsieur le policier ?

_Je ne sais pas. De quelque chose de sympathique. De vous par exemple ?

_De moi ? Que pensez vous qu'il y ait à dire sur une fille d'Adis Adhayba ?

_Ce que vous voulez.

Elle rit, décroisa les jambes et quitta sa méridienne. Elle fit quelques pas, s'approcha d'un minibar et en tira une bouteille de bois à la base très arrondie, ainsi qu'une paille blanche.

_Je ne pense pas que vous voulez passer la soirée à m'entendre parler de ma vie. Vous êtes venu vous reposer et vous détendre, moi aussi.

Elle revint près de moi et me confia la bouteille. Je plaçais prudemment la bout de la paille entre mes lèvres et aspirai. Le liquide était épais et plutôt fort. Ca avait un goût de fruit.

_Banane ? demandais-je, tendant la bouteille à K'sea.

Restant debout, elle hocha la tête avant de boire à son tour.

_ De l'urwagwa. C'est la boisson de tous ceux qui viennent de Zebraïca.

C'était bizarre. Bizarre mais pas franchement désagréable.
Je fis passer ma langue sur mes lèvres, savourant le liquide exotique. Mes papilles reconnurent sans mal le goût de la fermentation.

_Vous savez que vous violez la loi en important et en consommant des produits alcoolisés ? dis-je avec un petit sourire, alors qu'elle buvait. Techniquement, je peux vous arrêter sur le champ.

_Il m'arrive d'apprécier une paire de menottes, dit-elle impassible par dessus la bouteille d'urwagwa. Mais seulement avec certains de mes hôtes.

Je m'étranglais de rire. La zébrelle avait décidément une sacrée répartie. Elle rit aussi quand elle me retendit la bouteille.
Mais mon rire à moi s'arrêta soudainement quand la douleur me vrilla le museau. Je grimaçais et fermais les yeux par réflexe. J'aurais vraiment dû prendre quelques médicaments avant de venir ici.
Je sentis une main se poser doucement sur ma main droite, juste avant mon bleu au poignet.

_Vous devriez vous soigner, dit gentiment K'sea. Vous êtes sûrement très courageux mais continuer dans cette voie, c'est inapproprié.

_Je suis le genre d'orignal à aimer quand c'est inapproprié, dis-je en forçant un sourire sur mes lèvres.

_J'avais cru le comprendre quand nous nous avons partagé ce baiser. Une autre que moi vous aurait rudoyé.

_Une chance que je sois tombé sur vous alors.

_Vous êtes sans aucun doute quelqu'un de veinard, lieutenant. Alors que diriez vous que nous nous occupions de vos blessures, maintenant ?

Je levais un sourcil. Elle était sérieuse ? Quand j'avais affirmé au docteur que j'allais voir mon infirmière personnelle, je plaisantais. Est-ce que j'avais parié juste sans le savoir ?

_Enlevez votre veste et votre manteau, dit-elle en marchant jusqu'à la méridienne et en tapotant l'étoffe. Je vais vous aider mais il me faut atteindre votre dos.

Je ne voyais pas vraiment où elle voulait en venir, mais quand une jolie pépée me demandait de tomber des vêtements, je ne me faisais pas prier longtemps.
Je fis glisser mon trench-coat sur mes épaules et déboutonnais ma veste de costume. Ma chemise était dans un sale état : couverte de plis, souillée de sang séché à la manche et sur le col. Mais K'sea ne semblait pas gênée par cela. Elle me laissa tranquillement m'installer sur la méridienne. Avec mes deux mètres, j'étais bien grand pour le meuble, mes jambes dépassaient largement du canapé. Je plaçais mes mains en appui contre mon fanon pour que je ne l'écrase pas par le poids de ma propre tête.

Quelques secondes plus tard, je sentis K'sea grimper sur la méridienne, juste au dessus de moi. Genoux pliés, ses cuisses reposaient contre mes côtes. Je pouvais sentir la chaleur de sa peau au travers le contact de nos vêtements et l'odeur de son parfum charriait jusqu'à mes narines. Mes narines blessées ressentirent la fragrance plus comme une agression que comme autre chose. Mais ce ressenti désagréable s'en alla bien vite quand elle apposa ses mains sur mes omoplates et commença à décrire des mouvements circulaires.
Les points de pression causaient une très légère douleur, qui muait rapidement en sensation de détente. C'était comme si mes épaules étaient frappées par un choc électrique avant de se mettre à fondre.
Je me surpris à laisser échapper un grognement de bien-être des plus expressifs. J'entendis le rire cristallin de la zèbrelle carillonner en réponse au dessus de moi.

_Je constate que vous avez plutôt l'air d'apprécier. Je suis contente de voir que le massage est quelque chose que je sais encore bien maîtriser.

Oh ça oui elle le maîtrisait bien. Je me sentais me liquéfier entre ses doigts. Ca devait être comique à voir : un orignal aussi massif que moi devenait docile comme un chaton entre les mains d'une zébrelle.
Ses doigts descendirent le long de ma colonne. Mes vertèbres craquaient doucement sous l'action de ces derniers.
Ses mains finirent par s'immobiliser dans le creux de mon dos. J'avais à demi fermé les yeux et je comptais mes battements de cœur.
J'étais si bien que je n'aurais bougé pour rien au monde.

Elle passa doucement sa main sur ma joue, me forçant lentement à tourner la tête sur le côté. Par dessus mon épaule, je la voyais selon un angle un peu inhabituel. Elle pencha vers moi et ferma les yeux. Je me crispais par réflexe en voyant sa bouche s'approcher de ma blessure.
Elle embrassa mon museau du bout des lèvres. Je n'eus pas mal.
C'était un effleurement, une caresse aussi légère que le vent.

_Si je dis que vous avez aimé ça, je pense que vous ne me détromperez pas, me glissa t-elle à l'oreille, toujours les yeux clos, passant à nouveau sa main sur ma joue.

Pour toute réponse, je tendis le cou et capturais ses lèvres. Encore ce goût de fruit exotique.

La nuit allait visiblement se terminer de façon plus agréable qu'elle n'avait commencé.

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Note de l'auteur

Comme indiqué dans les notes précédentes, la fic est donc en pause à compter de ce chapitre.

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BroNie
BroNie : #45805
speedangel01 février 2017 - #45801
La fic est abandonné tu veux dire :(


Voui.
Il y a 11 mois · Répondre
speedangel
speedangel : #45801
La fic est abandonné tu veux dire :(
Il y a 11 mois · Répondre

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