Le Château
C'était un château, plutôt banal comme château. Il avait des murs, des remparts, des portes et sur chacun des chemins de rondes les poneys blancs à l'amure dorée suivaient leur chemin, leur regard se fixant par moment à l'extérieur de l'enceinte.
Il n'y avait pas plus à voir à l'extérieur qu'à l'intérieur. La montagne surplombant le reste du paysage, offrant une vue imprenable sur presque tout le pays était toujours la même. Si bien qu'au final, pour les poneys blanc à l'armure dorée, elle n'avait plus rien d'exceptionnel. La voie de chemin de fer suivait l'unique route d'accès à flanc de montagne, comme à son habitude.
Quelques charrues et chariots allaient et venaient, emportant avec eux les visiteurs curieux et marchands allant à leurs affaires. En les suivant du regard, on pouvait voir leur ligne discontinue se profiler tout le long de la pente avant de disparaître derrière le flanc de la montagne. Là bas ils laissaient le château derrière eux pour entrer dans la zone de surveillance de l'un des nombreux postes de garde construits tout le long de la route.
Simple poste de contrôle, palissade en bois ou bien même petite forteresse capable de ralentir quelconque ennemi, il était difficile d'en compter le nombre. Mais même le curieux visiteur venant voir la capitale pour la première fois aurait eu du mal à s'émerveiller devant tous ces édifices et les moyens mis en place pour protéger les deux souveraines.
Les grandes arches soutenant les portes le long de la route royale étaient du même marbre blanc que les quelques villages construits çà et là sur la montée. Un blanc si pur qu'il aurait pu être comparé à de l'ivoire. Dans une ville banale construite dans les vallées du sud ou encore les collines du nord, une telle architecture aurait était symbole de luxe, mais ici ce n'étaient que les premiers signes que l'on approchait de Canterlot.
Plus la pente se faisait faible et la vallée s'éloignait sous vos sabots, plus les bâtiments blancs se faisaient fréquents, surmontés d'ornements du même jaune que celui des gardes qui vous souriaient en passant.
De mémoire de poney, personne n'avait jamais vu les portes sur la route se fermer, ni même celle du château, en haut collé au flanc de la montagne. Depuis la construction de ce dernier, le pays avait toujours connu la paix, jamais la crainte. Tous ces soldats en armure, tous ces murs, toutes ces portes, elles n'étaient là que pour rassurer, tout comme le château, ce n'était qu'un symbole de grandeur.
La ville qu'il hébergeait aurait pu être tout aussi époustouflante, construite qu'elle était au dessus du vide, alors pourquoi y mettre autant de fortifications, autant de gardes ? Personne ne le savait et personne ne se posait réellement la question. Les poneys se contentaient simplement de lever les yeux dans leur direction quelques fois dans la journée, la vue de la citadelle affichant un sourire sur leur visage, leur rappelant que leur pays était en paix.
Mais cette paix devait-elle durer ?
De chaque côté du château, traçant une ligne parallèle à la montagne, se trouvaient deux tours. Une noire plus sombre que la plus profonde des abîmes au nord, et une blanche, plus étincelante que le plus pur des cristaux à la lumière du soleil au sud. Du moins c'est ce à quoi s'arrêtaient la plupart des poneys en voyant le château le jour.
Car lorsque la nuit arrivait, il était difficile de rater la tour au nord, reflétant la lumière de la lune, couvrant le pays de sa douce lumière et accompagnant les poneys dans leur sommeil, brillant comme une douce berceuse, veillant sur leurs songes et les protégeant dans leurs rêves. En revanche où était passée la tour au sud ? Était-ce cette tâche noire ? Privant les quelques malheureux de la lumière bienveillante lorsqu'elle masquait la tour du nord ? Ce monolithe obscur uniquement éclairé de la petite fenêtre située à son sommet, à seulement quelques mètres sous la coupole, pour finalement s'éteindre lorsque le dernier des poneys dans la vallée partait pour le monde des rêves.
Cette tour magnifique éclairant inutilement le pays lorsque le soleil accomplissait déjà sa tâche n'était rien d'autre qu'un point hideux lorsque la lune prenait sa place dans le ciel. Pourtant, comme le faisait la tour du nord dans la journée, ce défaut était de la même banalité que les bâtiments blancs du château et des postes de garde sur la voie royale.
N'allez pas croire que le simple aspect esthétique ou la symbolique que pouvaient transporter chacune des tours aurait pu être responsable d'une rivalité entre leurs deux occupantes. S'il est vrai qu'il fut un temps où l'une des deux sœurs se sentait oppressée par la lumière irradiante du jour tandis qu'elle voyait ses ombres favorites faire fuir ses sujets, aujourd'hui elle contemplait leurs visages endormis, un sourire éclairant son visage lorsque certains d'entre eux murmuraient son nom dans leur sommeil bienveillant.
Quand à sa sœur aînée, elle savait se satisfaire de l'attention et de l'amour dont elle était sujette lors de la journée, et jamais l'attention nouvelle dont bénéficiait sa sœur n'avait engendré chez elle une quelconque animosité.
Mais alors d'où pouvait bien venir la menace ? Equestria n'avait-elle pas été en paix avec ses voisins tous ces millénaires durant ? Pourquoi cela aurait-il dû changer ?
Un nouvel ennemi devait-il apparaître ? Les poneys devaient-ils commencer à voir les remparts et les poneys blancs à l'armure dorée sous un nouvel œil, comme les gardiens qu'ils devaient être ?
Apparemment non, puisque chacun d'entre eux continuait à vaquer à ses occupation sans trop sembler se soucier de ce qui pouvait bien leur arriver. Après tout, que pouvait-il vraiment leur arriver ?
Avachie sur le rebord de pierre de son balcon, l'occupante de la troisième tour dont il n'avait pas été fait mention soupira en regardant les poneys paisibles, en dessous dans les rues de la capitale, ou encore les petits points au loin, bougeant et gesticulants dans la vallée.
Equestria sentait l'amour et la tolérance, la paix et la prospérité. Bien évidemment, il n'y avait rien à craindre, la plupart des menaces qu'avait connues le pays ces dernières années avaient toujours pu être réglées dans l'harmonie. Elle se frotta le dos en repensant à la dernière fois qu'elle avait vu Canterlot réellement en danger, grinçant des dents au souvenir de la résolution de cet évènement. Elle ne comprendrait jamais comment elle, pourtant dernière désignée, avait pu finir dans l'une des tours du château. Chaque jour elle se levait sous le sourire pétillant des servantes qui avaient été mises à sa disposition, avant d'aller contempler avec la même monotonie ce pays qui malgré ses évènements incongrus ne changeait pas.
Offrant toujours les mêmes visages souriants, les mêmes poneys se préoccupants de leurs prochains. Elle les regardait du haut de sa tour et soupirait. Certes, elle avait obtenu ce qu'elle voulait et n'aurait probablement plus jamais à se soucier de rien. Alors elle essayait de se souvenir quand les choses avaient changé pour la dernière fois, quand est-ce qu'elle avait eu sa propre tour dans la cité royale. La plupart du temps, elle finissait avec des idées aussi noires que la peau qui la couvrait.
Mais aujourd'hui, son regard remonta le long des rues, glissant sur les toits aux motifs colorés, contournant les coupoles des grands bâtiments pour finalement se balancer d'une tour à l'autre à chacune des extrémités du château. Et là, pour la première fois depuis longtemps, ce fut un sourire léger et sincère qui vint retrousser ses lèvres.
Elle se rappela d'un autre château il y a bien longtemps, elle se souvint de deux princesses bien différentes de ce qu'elles étaient aujourd'hui. En fermant les yeux, elle pouvait de nouveau sentir l'odeur lourde et humide du bois qui entourait le vieux château...
* * *
"Quand je serais grande, je serais reine !" Déclara-t-elle en caquetant, le son de son rire égoïste et fier se réverbérant le long des murs en pierre taillée du vieux château perdu dans Everfree.
Les deux pouliches en face d'elle la regardèrent avec de grands yeux. Elles ne l'avaient jamais vue jusqu'à ce jour. Leur nourrice venait simplement d'amener la pouliche noire devant elles en leur annonçant qu'elle partagerait leur château avec elle pendant un moment. Et c'étaient les premiers mots qu'elle prononça lorsque la nourrice la laissa avec les deux jeunes princesses.
A l'absence totale de réaction des deux alicornes, elle rouvrit les yeux et posa le sabot qu'elle tenait hautainement devant son museau sur le sol, observant inquisitrice les deux pouliches devant elle. Regard qu'elles lui retournèrent. Un courant d'air souffla dans les couloirs, passant en sifflant sous la porte avant de ressortir par les grandes fenêtres en bois entrouvertes.
Elle devait être plus jeune de quelques années que les autres occupantes de la pièce faisant dos à la fenêtre. Celle en blanc avec la crinière violette devait être la plus âgée, les traits de son visage étaient plus fins et quelque chose dans son expression criait une maturité précoce. Expression qu'elle ne retrouvait pas chez la ponette bleue assise à côté d'elle. Elle ne devait avoir qu'un an de plus qu'elle si elles n'avaient pas le même âge.
"Ça reste à voir, nous on sera Princesses !" Répondit fièrement l'alicorne bleue en se plaçant un sabot sur la poitrine après s'être remise de la déclaration de la pouliche noire.
"Et si tu commençais par nous donner ton nom ?" lui demanda plus calmement l'alicorne blanche.
"Je ne donne pas mon nom à des êtres inférieurs !" Répondit-elle en levant la tête et remontant son sabot à son museau. "Une reine ne devrait pas avoir à donner son nom à des princesses sans que celles-ci n'aient donné le leur !"
"Je suis Celestia," répondit l'alicorne blanche d'une douce voix. "Et c'est ma sœur, Luna," ajouta-t-elle en tournant sa tête vers la pouliche bleue.
"Un jour on régnera sur Equestria !" Déclara cette dernière.
"Peuh ! Seule une reine peut régner, les princesses ne savent que porter des froufrous et faire les belles au bal. C'est moi qui régnerai sur Equestria !"
"Ah ouais ?" Lui demanda la pouliche en bleue en pouffant, approchant son visage du sien.
"Ah ouais ! C'est ma maman qui me l'a dit ! J'ai été choisie parmi toutes mes sœurs pour être la prochaine reine !"
"Et nous notre maman elle a dit qu'on serait les meilleures dirigeante qu'Equestria n'ait jamais connu et qu'on régnera jusqu'à la fin des temps ! Dis lui Tia !"
"Du calme Luna, tu vois bien qu'elle n'est pas d'ici, elle sera probablement reine d'ailleurs, elle est ici comme nous pour apprendre à devenir une vraie princesse."
"Une reine !"
"Ou une reine," se corrigea Celestia.
"Ben c'est pas en se comportant comme ça qu'elle va y arriver !"
"Je n'ai pas de leçons à recevoir de ta part, une ponette de ton rang ne devrait même pas avoir à me parler."
"Allons, allons, du calme vous deux, on va passer beaucoup de temps ensemble, essayons de rester en bon termes. Maintenant serrez vous la patte et repartons sur de bonnes bases." dit Celestia en regardant sa sœur.
"Mais Tia ! C'est elle qui a commencé !" répondit Luna en frappant le sol en bois du sabot.
"Ce n'est pas une raison pour ne pas arrêter vos chamailleries, si vous voulez bien vous entendre, ça doit venir de chacun de vous. Qu'est-ce que tu en dis ?" demanda Celestia à la pouliche noire.
Elle n'eut comme seule réponse un coussin arraché de l'une des chaises à proximité de la pouliche envoyé en pleine face. Lorsque ce dernier glissa du museau de la plus âgée des deux sœurs, la pouliche noire fit un pas de recul en avalant bruyamment. D'une certaine façon, le sourire sur le vissage de Celestia n'avait plus grand chose de chaleureux, pas plus que son œil droit qui tiquait légèrement. Elle prit une longue et profonde inspiration, faisant disparaître la tension de son visage avant de reprendre la parole toujours aussi calmement.
"Je vais être gentille et te laisser une seconde chance. Soit tu fais tes excuses et je ferais comme si rien de ce qui s'est passé ces cinq dernières minutes n'avait jamais eu lieu, soit je te montrerai qu'être une princesse ne 'arrête pas aux froufrous et faire bonne figure."
La pouliche noire hésita un instant, son regard quittant la 'princesse' blanche et sa sœur pour parcourir la pièce. Sa mère lui avait dit avant de l'envoyer à Everfree qu'on ne pouvait pas gagner une bataille sans connaître le terrain. Elle aurait aussi pu s'excuser, mais si sa mère avait insisté sur un point, c'est qu'il valait mieux perdre une bataille que de s'excuser auprès d'un Equestrian, et c'était d'autant plus vrai s'il s'agissait de princesses.
Pour le moment la situation s'annonçait légèrement en sa faveur, elle avait réussi à prendre son adversaire par surprise en lançant la première attaque, elle avait juste besoin d'un peu plus de temps pour affiner son plan. La grande table en bois massif près de la porte d'entrée ferait une très bonne fortification si elle réussissait à la retourner, de plus elle lui offrirait une bonne couverture si elle devait battre en retraite par l'unique porte de la pièce.
Les chaises couvertes de coussins offraient leur lot de munition. Malheureusement, elle avait déjà arraché celui de l'une des deux à côté de la table. Les trois autres qu'elle pouvait voir étaient près d'un divan autour d'un foyer de cheminé, derrière les deux alicornes.
Bah, elle pourrait se passer des coussins, les bibliothèques entourant la table offraient de bien meilleurs projectiles que les coussins mous. Et contrairement à elle, les deux princesses couraient moins de danger à se prendre des livres qu'elle avec sa peau fragile.
Il ne lui restait plus qu'à évaluer la force de ses adversaires. L'alicorne bleue ne semblait pas présenter une grande menace, elle se jetterait probablement dans les jupes de sa sœur une fois l'assaut lancé. En revanche Celestia semblait bien cacher son jeu et elle ne savait pas à quoi s'attendre. Elle espérait juste qu'elle serait assez rapide pour se mettre à couvert après la première attaque. Elle n'aurait plus alors qu'à les épuiser et elle leur ferait reconnaître que c'était elle la vraie reine !
"Alors ?" Insista Celestia en hochant un sourcil.
Une nouvelle fois, ce fut le coussin qui vint lui répondre.
Les quelques secondes qui suivirent ne furent que chaos et confusion. Les yeux écarquillés, Luna regarda le coussin avancer au ralenti vers sa sœur tandis que la pouliche noire sautait en arrière, battant frénétiquement des ailes pour se diriger vers la table au coin de la pièce.
Elle eut à peine le temps de l'atteindre que le coussin fut réduit en cendre pour laisser apparaître le visage crispé de fureur de Celestia, les yeux brillants et flamboyants, elle lança un cri de rage avant de se ruer vers l'abri de fortune de son assaillante.
A l'abri derrière la table renversée, cette dernière lança un coup d'œil furtif vers ses opposantes et se ravisa aussitôt en voyant la figure cauchemardesque charger dans sa direction. Sans réfléchir, elle activa sa magie et mis toutes ses forces pour repousser son agresseur.
Celestia fut coupée nette dans son élan lorsqu'un déluge de livres vint l'accueillir à quelques pas seulement de la table, s'écrasant sur son visage et ses côtes. Luna eut tout juste le temps de dresser un bouclier pour que sa sœur puisse battre en retraite avec elle de l'autre côté de la pièce. Une fois devant la cheminée, elles retournèrent le divan et s'allongèrent derrière pour se protéger des livres qui continuaient à voler depuis les bibliothèques.
Sans d'autres choix, elles se saisirent de ceux qui passaient au dessus de leur barricade pour les retourner à leur envoyeur. Un cri de surprise et de douleur leur annonça qu'au moins l'un d'eux avait atteint sa cible, et le barrage de livres cessa pour laisser place aux gémissements de la pouliche noire.
Elles ne l'avaient pas loupée, le livre l'avait touché de plein fouet dans les côtes et elle pouvait voir avec stupeur une horrible fente parcourir sa peau du buste jusque sous ses ailes. Sa mère lui avait toujours dit de faire attention à sa carapace, elle lui avait même apprit un sort pour se protéger en cas d'attaque. Mais dans la confusion, elle avait oublié de l'activer. Elle ne pensait pas non plus que les deux princesses iraient jusqu'à lui renvoyer ses propres projectiles.
Elle sentit ses yeux s'emplir de larmes et ne put retenir un gémissement de crainte et de douleur en voyant la fente qui la parcourait et qui s'agrandissait un peu plus à chaque mouvement. La peur et la douleur firent vite place à la rage, comment de simples poneys osaient lui tenir tête et abimer sa belle carapace ? Elle allait prendre des jours à se réparer, et à son jeune âge ça allait probablement lui causer des carences.
Elle en avait vu de son espèce avec des trous partout dans leur corps. Avec un grincement de dents et tentant de chasser cette image de son esprit, elle bondit par dessus son abri et se rua en direction du divan.
"Tu crois qu'on y est allé trop fort Tia ?" demanda Luna avec inquiétude, elle pouvait presque ressentir la douleur de la pouliche noire en entendant ses gémissements.
"Elle l'a cherché, je lui ai donné une chance de s'excuser et c'est elle qui nous a attaqué," fulmina Celestia, l'air frottant bruyamment à travers ses naseaux. Ses yeux étaient redevenus roses, mais la contraction de son museau et sa crinière violette emmêlée montraient qu'elle était loin de s'être calmée. Luna ne l'avait plus vue comme ça depuis qu'elles étaient arrivées au château.
"Mais on l'a peut être blessée. Tu as vu sa peau, elle avait l'air fragile."
"Elle n'avait qu'à y penser avant de nous bombarder de livres," rétorqua Celestia.
"Je vais quand même voir si elle va bien," répondit Luna en se retournant pour passer par dessus le divan. Elle ne remarqua pas l'absence de gémissement, ni le son des sabots au galop sur le plancher ou encore le bourdonnement frénétique des ailes qui s'approchait à grande vitesse.
En revanche elle eut le temps de voir la bête noire se jeter sur elle en sautant par dessus le divan, la plaquant au sol et enfonçant ses dents acérées dans sa croupe. Celestia observa le spectacle avec surprise. Elle n'avait pas eu le temps de retenir sa sœur, et voilà maintenant qu'elle était au sol, la pouliche noire accrochée à son derrière telle une sangsue, refusant de lâcher prise malgré les mouvements de bassin désespérés de la pouliche bleue et ses coups de patte.
"AAAAaaaaaah !!!!!! TIA ! Elle me mord ! Fais quelque chose !" s'égosilla la pouliche bleue complètement paniquée en se tordant de douleur.
Sans hésiter, Celestia se leva et se plaça derrière la pouliche noire qui continuait de mordre sa sœur à pleines dents, remuant le museau comme une démenée, comme si elle essayait d'arracher un morceau de viande. Celestia activa sa magie, et tandis qu'elle tirait de ses dents sur l'aile gauche de l'assaillante pour tenter de la déloger, elle fit de même sur l'aile droite en l'entourant de son aura.
Le résultat ne se fit pas attendre. Les yeux écarquillés de stupeur, la pouliche noire relâcha immédiatement sa prise, se contorsionnant dans tous les sens et se pliant de douleur dans l'attente de la pire de ses craintes. Elles avaient déjà pris sa carapace, elles n'allaient pas...
"PAS LES AILES!!!!!!!!!!!!!!!!!!!" Cria-t-elle à pleins poumons, sa voix aigüe faisant trembler vitres de la fenêtre avant qu'elles n'explosent en plusieurs morceaux, de concert avec celles des bibliothèques.
La porte d'entrée s'ouvrit alors en fracas, rebondissant en claquant violemment contre le mur pour laisser apparaître la nourrice et deux servantes probablement aussi paniquées que les trois pouliches dans la pièce.
Elle découvrirent avec stupeur Luna continuant de se dandiner pour tenter de faire partir la douleur laissée par les marques de crocs dans son postérieur et une petite pouliche recroquevillée sur elle même et sanglotant, tentant de masser la base de ses ailes membraneuses.
Et au dessus d'elle, Celestia, qui la regardait surprise sans trop sembler comprendre ce qui venait de se passer.
Elle ne comprenait toujours pas lorsque l'arrière train brulant comme ses deux comparses, elle se trouvait avec elles assise dans un coin en attendant que la douleur de leur fessée finisse par passer. Des trois, c'était probablement celle qui s'en était la mieux sortie. Luna avait toujours les marques de morsures, maintenant recouvertes des marques rouges laissées par leur traitement. Tandis que la pouliche noire avait une méchante crevasse parcourant tout son côté gauche et les ailes pendant dans le vide, la tête basse.
Quelques jours plus tard, en apprenant le traitement que lui avaient offert les princesses, sa mère était venue chercher la petite changeline. Décidément, ces poneys n'étaient que de mauvaises graines, ce serait à elle, reine des changelins d'éduquer sa fille. Et elle serait sûre qu'un jour sa petite chryssie montrerait à ces deux princesses délinquantes comment régner sur un royaume.
* * *
Pourtant, aujourd'hui, seulement quelques années après son échec, elle était là, partageant le palais princier avec les deux princesses. Mais elle n'avait pas menti, aujourd'hui elle était reine, et aujourd'hui elle régnait sur Equestria. Et depuis le jour de sa victoire aucun des changelins qu'elle avait mené n'avait eu à souffrir de la faim ni aucun poney de la peur.
C'était pour ça qu'aujourd'hui aucune de ces portes le long de la voie royale, aucun de ces remparts, aucune de ses tours n'avaient plus la quelconque importance. A quoi pouvaient-elles bien servir dans une Equestria unifiée ?
Le sourire aux lèvres, Chrysalis regagna sa chambre. Ses servantes étaient toujours là. Elle sentit ses entrailles grommeler et les regarda la fixer avec le même sourire pétillant. En fin de compte, elle ne regrettait pas cette nouvelle vie dans ce château pas si banal.
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