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Une touche de professionnalisme

Une fiction écrite par BroNie.

Une touche de professionnalisme

Le son de ses escarpins résonna dans le hall de la gare routière. La foule n'était pas encore très dense à cette heure de la matinée, mais le bâtiment se remplissait lentement.

 

Elle, elle se sentait tout à fait à son aise, évoluant comme un serpent, glissant à droite, glissant à gauche, esquivant à chaque fois qu'elle manquait de percuter quelqu'un. Sa robe rouge sang attirait le regard des hommes. Quand elle surprenait un regard concupiscent, elle le soutenait d'un air tranquille, sa bouche s'ourlant en un sourire évocateur. Elle transpirait la séduction.

 

Avec un calme d'habitude, elle se dirigea vers les casiers. Elle chemina dans les allées, jusqu'à s'arrêter devant le 34° box de la rangée R. Un coup d’œil aux alentours plus tard, elle tira une clé de son sac à main, et déverrouilla la porte. D'un geste ample, elle plongea la main dans le casier, et en sortit un grand sac noir. Le tenant aux poignées, elle referma la porte du box, avant de cheminer jusqu'aux toilettes de la gare.

 

Celles des femelles étaient plutôt propres, une chance rare selon sa propre expérience personnelle. Elle se souvenait encore des sanitaires de cet aéroport à Fillydelphia... passons. Elle était seule, mais cela ne la surprit guère. Les juments n'étaient que peu nombreuses à arpenter les gares routières à cette heure de la journée. Ça lui donnerait le calme dont elle avait besoin.

 

Mais elle était une professionnelle. Elle était habituée à écarter les difficultés avant même qu'elles ne naissent. Et on était jamais trop prudente : elle prit dans le sac noir une pancarte marquée « nettoyage en cours » et l'accrocha à la poignée extérieure.

 

Elle alla jusqu'au miroir, posa les sacs au sol, et entreprit de se dévêtir. La perruque noire tout d'abord, qui libéra une courte crinière bleu pétrole. Avec précaution, elle ôta ses lentilles de contact jaunes, révélant ses iris verts et brillants.

Elle cligna plusieurs fois des paupières pour dissiper la gêne.

 

D'une pichenette, elle expédia les lentilles dans la bonde du lavabo.

 

Elle dégrafa ensuite sa robe qui tomba à ses sabots, et ôta bas de soie, et escarpins du même mouvement. Désormais en sous-vêtements, elle se pencha, piochant dans le grand sac, une jupe vert bouteille, un chemisier blanc, et des bas nylon. Elle les enfila rapidement, avant de sortir une trousse à maquillage. D'un geste d'habitude, elle se recouvrit le visage d'un fond de teint couleur crème.

Elle se lava les mains avant de prendre de nouvelles lentilles de contact, de couleur violette cette fois.

 

Elle n'eut qu'à enfiler sa perruque blonde pour être parée. Elle compléta toutefois le tout par l'ajout d'un foulard à poids, et cerise sur le gâteau, de petits morceaux de caoutchouc qu'elle glissa entre ses lèvres et son vestibule. L'objet n'était guère agréable, mais il lui déformait habillement la mâchoire.

 

Celle qui se reflétait dans le miroir des toilettes n'avait plus rien à voir avec elle qui y était entrée. Deux véritables étrangères. Elle était ravie.

 

Elle fourra ses anciens vêtements et son sac à main dans le gros sac noir, veillant à ne rien laisser derrière elle. Ça serait trop bête de faire une erreur là où elle en était.

 

Quand elle quitta les sanitaires, revenant dans le hall, son pas n'était plus du tout chaloupé ou son air séducteur. Elle ressemblait à une licorne endimanchée, ordinaire, faisant quand même de son mieux pour paraître jolie.

Elle venait tout juste de rejoindre le casier 34 que les flics faisaient irruption dans la gare. Avec leur démarche lourdaude, ils se précipitèrent en direction des autobus. Quels crétins.

 

Elle s'accorda tout juste un sourire en glissant le sac dans le box, et en le fermant à clé. Sa besogne accomplie, elle alla tranquillement jusqu'aux portes.

Bien sûr, un cordon de police se mettait en place, faisant passer les gens un à un, une photo sur papier glacé à la main. Le coup d'œil discret qu'elle jeta ne rata pas ni la robe rouge, ni la perruque noire.

Evidemment, on ne la reconnut pas. Elle s'était donné assez de mal pour ça.

 

Comment auraient-ils pu, du reste ? Elle n'avait plus rien en commun avec la photographie.

 

Ce ne fut qu'une fois le barrage passé qu'elle élargit son sourire.

 

Ce n'était pas passé loin. Elle aurait dû se douter qu'un parano comme sa cible aurait des caméras sur la terrasse. Bon, cela ne l'avait pas sauvée du chargeur de revolver qu'elle lui avait expédié dans la poitrine. Mais quand même.

 

Une chance qu'en bonne professionnelle, elle avait ces sacs pleins de déguisements aux quatre coins de la ville. Une chance aussi qu'elle sache aussi bien changer d'apparence en un tournemain. Même s'il n'y avait pas de secret : ça demandait beaucoup de pratique, comme tout.

 

S'enfonçant dans les escaliers du métro, Chrysalis souriait toujours. Un nouveau contrat bien rempli.

 

Et dire que certains dans le milieu osaient demander pourquoi est-ce qu'on la surnommait la Reine...

 

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