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Changhumain

Une fiction écrite par cedricc666.

Chapitre 3 - Royale visite

Quittant la gare de Canterlot, un garde solaire avait pris la direction du palais tandis que durant le même temps deux alicornes discutaient entre elles :

« Luna ! Pourquoi te rendre là bas ? Nous pouvons parfaitement nommer Strange Witness en mission officielle doté d'un parchemin royal pour parler en notre nom auprès des habitants de ce village.

- Tia ? Pourquoi tiens-tu tant à m’empêcher d'y aller ? Aurais-tu peur que je ne remplisse pas mes obligations ? Je pars de jour expressément pour cela.

- Ce n'est pas du tout ce que…

- Tia…, la coupa t-elle net, Cadance vit à l'empire de Cristal, Twilight est occupée en ce moment même et toi, tu gères le royaume de jour… Il ne reste que moi. Et j'estime que cette nouvelle est suffisamment importante pour que l'une d'entre nous s'y rende. »

Sa sœur ne disait rien, mais ses yeux parlaient pour elle, bien plus expressifs que d'accoutumée.

« Ma sœur… Je reconnaîtrais ce regard désapprobateur entre mille ! Que voudrais-tu qu'il m'arrive ? Que les villageois m'attaquent ? Arrête donc de te faire du souci pour moi ! Ce n'est qu'une mission de routine dans un paisible village, régler un cas de… de… de recensement, disons envers nos citoyens d'un autre monde. »

Luna garda le silence une poignée de seconde, ses yeux toujours plongés dans ceux de sa sœur, dont le regard, n'avait pas changé. Puis elle reprit parole :

« Je ne cherche qu’à me rendre utile. Vous êtes toutes si occupées alors que de mon côté, mes journées sont assez calmes.

- Hé bien soit Luna… J'aurais préféré que Strange Witness s'y rende accompagné de quelques gardes afin de faire venir cette famille ici, mais vu ton insistance…

- Tu es bien trop protectrice à mon égard depuis mon retour. Aurais-tu oublié tout ce que nous avons affronté dans le passé ? Allons… Je ne suis plus une pouliche. Tout ça est derrière nous et tout va bien se passer. Cela ne devrait durer que quelques heures tout au plus et s'il le faut, je les ferais venir ici comme tu le souhaitais. »

Un garde s'approcha d'elles : « Votre Majesté, le compartiment royal est raccordé, vos affaires rangées et le train prêt à partir dès que vous le désirerez.

- Bien. Allez me chercher Strange Witness, nous partons immédiatement.

- Oui votre grandeur. »

Quelques instants plus tard, le poney explorateur arriva dans la salle du palais, la princesse l’attendant :

« Êtes-vous prêt, mon cher?

- Oui Votre Majesté. Par contre d'après ce que vous m'avez expliqué, pour la dernière partie du voyage nous ferons ça en marchant?

- Oui. Cela pose-t-il un problème?

- Absolument pas, mais, vous êtes une... Mais elle ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase.

- Faire un peu de marche ne nous fera pas de mal. Nous profiterons des charmes de la campagne et surtout cela nous évitera de trop nous faire remarquer en arrivant en grande pompe à ce village. »

Je ne suis pas sûr qu'une princesse qui se déplace en personne accompagnée de trois gardes soit pour autant plus discrète, se mit-il à penser.

La princesse Luna, Strange Witness et leur escorte se rendirent finalement à la gare de la ville. Extérieurement, le wagon royal était bleu nuit sur la moitié avant et blanc sur la partie arrière, les armoiries royales séparant les deux couleurs de tout son long. Sur l'extrémité avant se trouvait l'insigne lunaire tandis qu'à son opposé on apercevait le symbole solaire, sur le sommet du wagon on pouvait y lire « Royal Equestria Express » tandis qu'à chaque angle se trouvait une figure d'alicorne.

L’intérieur se trouvait être d'un grand raffinement, composé de bois laqué de couleur sombre, recouvert de dorures diverses, dotées de meubles dans le même ton, les armoiries du royaume se retrouvaient au centre du wagon et au-dessus des entrées, des figures, représentant les alicornes a chaque angle, les sièges étant en soie. Il y avait des tableaux de maîtres en décoration et des vases somptueux tous remplis de fleurs fraîches. En comparaison les premières classes passaient pour de vulgaires wagons de marchandises.

Une fois tous installés confortablement le train quitta la gare de Canterlot pour enfin se rendre vers sa destination.

***

Une douzaine de changelins composés de dix gardes et deux drones avaient quitté leur ruche depuis deux bonnes heures maintenant et faisaient route vers un village dont ils n’avaient jamais entendu parler auparavant avec un objectif précis. De la récolte de sentiment. Du moins, c’était ce qu’ils croyaient. L’un d’entre eux, une garde aguerrie, se remémorait les objectifs particuliers que sa reine lui avait confiés en secret en plus de prendre la tête de l'escouade.

Je vais t'envoyer avec une escadrille sous un faux prétexte dans une petite bourgade de poneys assez reculée où vit une famille dans une maison un peu à l'écart à l’entrée de ce village. Tu y trouveras deux créatures bipèdes inconnues de notre monde. Ils devraient être aussi grands ou presque que moi sur leurs deux pattes. Ils ont un museau assez plat. Ils n'ont pas de sabots, mais des sortes de griffes. Il s’agit d’un père et de son fils. La mère de famille est une licorne blanche. Ils ne devront plus jamais voir la lumière du jour. Je te charge personnellement de les éliminer. Tu es une garde expérimentée. J’ai confiance en toi. Tu peux aussi prendre un changelin pour t’épauler. Mais un seul. Je ne tiens pas à ce que cette affaire s’ébruite. Et vous avez intérêt à bien tenir votre langue ! Vous n’aurez d'ailleurs pas le droit à l’erreur. Ils ne doivent en aucun cas survivre. Mais dans la pire des situations, et je dis bien la pire, occupe-toi surtout du fils, il est prioritaire. Et inutile de préciser ce qui arrivera si tu échoues.

Ses paroles n’arrêtaient pas de résonner dans sa tête. Elle décida de faire une pause, indiquant au groupe de stopper leur trajet.

« Pourquoi on s’arrête Sherkhana ?

- On est parti un peu dans la précipitation ce matin et j'aimerais qu'on fasse un peu le point. Ce coin est désert, on va en profiter.

- Pourquoi ? On fait comme d’hab ! On s'infiltre, on prend vite fait un max de sentiments et on s'en va.

- Non. Notre reine a été claire. Elle a indiqué de prendre tous leurs sentiments !

- Tous ? Mais ils risquent de… mourir… de cette façon. Non ? Elle ne demande pas ça d'habitude… T'as une idée pourquoi ? lui demanda-t-il intrigué.

- Pas vraiment… Mais ça veut dire de changer de tactique et d'être vraiment très discret… Tout un village… Si les poneys nous découvrent alors qu'ils sont encore nombreux… On est seulement dix gardes et deux drones. Ce qui implique d'être encore plus prudent. On ne va pas se contenter de s'infiltrer en prenant leur forme, il faut vraiment qu'on les imite pour éviter d'être repéré. Donc une fois arrivé aux environs du village, on les observe afin de pouvoir reproduire chacune de leurs mimiques et grimaces. »

En pleine réflexion, le regard de Sherkhana se posa sur chacun d'entre eux, s’arrêtant sur Draka, défigurant ce drone qu'elle trouvait bien chétif, se demandant pourquoi Chrysalis le leur avait imposé pour une telle mission. Ensuite elle regarda Goula. C'était aussi un drone, mais lui était de bonne stature. Il paraissait assez fort pour un changelin de sa classe. Et si cela tournait mal et qu'il venait à disparaître durant la mission, sa mort ne serait pas une grosse perte pour la ruche, les drones étant « sacrifiables » après tout, se disait-elle.

« Goula ?

- Oui ?

- J'aimerais te parler, mais à part. Viens. C'est… spécial. Lui faisant signe de s'approcher d'elle de sa patte droite afin d’être à l’écart des oreilles indiscrètes.

- Qui y a-t-il ? Que me veux-tu ?

- J'aurais besoin de ton aide pour une mission secrète pour notre reine.

- Secrète ? Pour notre reine Chrysalis en personne ?

- Oui ! Je t'ai choisie toi, car tu me parais vraiment fort. Et pour ce que j'ai à faire, nous ne serons pas trop de deux. Mais comme j'ai dit, c'est une mission secrète et tu as intérêt à tenir ta langue ou je me chargerai de toi et puis je te laisse imaginer ce que la garde personnelle de notre reine te fera après moi si tu parles. »

Le drone en déglutit connaissant très bien comment les fameux gardes de Chrysalis pouvaient faire du zèle sur ceux qui décevaient leur régente d'une manière ou d'une autre.

« Nous allons devoir tuer une famille dans ce village, mais nous devrons nous assurer qu'ils ne survivent ou ne s'échappent pas.

- Tu… Tuer ? Pour de bon ?

- Oui !

Goula resta silencieux, ne s'attendant pas à ce genre de demande fut un peu choqué et surpris. Les drones servant principalement de sabot d’œuvre pour la récolte de sentiment.

- Quoi ?

- Je ne suis pas un soldat… Je n'ai jamais…

- Dis-toi que t'as pas le choix et que c'est toi ou eux ! Lui dit-elle sur un ton un assez sec. Allez, viens maintenant. »

Goula et Sherkhana retournèrent auprès des autres, leur discussion terminée.

« Bon, la pause est finie ! On reprend la route ! »

***

C'était la fin de matinée, il faisait beau, les nuages étaient rares dans le ciel, il n'y avait pas de vent et les températures étaient agréables aux alentours d’un village d’ordinaire paisible. Un poney terrestre orange assez grand, la quarantaine bien tassée, aux yeux bleus, à la crinière et à la queue rouge, sa marque de beauté représentant un bouclier avec du blé et un homme âgé de la quarantaine aussi, faisant un mètre soixante-dix, les cheveux bruns et possédant des yeux bicolores, marrons à l'intérieur et verts sur les bords travaillaient tous deux dans des champs de blés quand une jeune personne avec une allure de bipède s’approcha d’eux. C'était un humain âgé d'au moins la vingtaine, faisant bien un mètre soixante quinze avec les cheveux bleu ciel et les yeux violets.

« La récolte sera excellente cette année. Dis l'homme mature d'une voix enthousiaste.

- Pour sur mon gars. Nos pégases ont fait un sacré boulot pardi ! lui répondit le poney fermier.

- Ouep. Ils se sont surpassés cette fois.

Le terrestre remarqua qu’une silhouette s’approchait d’eux.

- Tiens ? R’garde qui s’amène !

- S’lut tonton !

- Ça va Blue ? Tu viens nous donner un coup de sabot ?

- Après peut-être. J’aimerais parler à mon père.

Son paternel s’adressa à lui tout en continuant sa besogne :

- Tu veux me parler Axel ?

- Oui, mais pas ici. À la maison si possible.

- Ça ne peut pas attendre ?

- Non ! Il faut vraiment que je te parle ! insista-t-il.

- J’espère que c’est important. Se tournant vers son gendre. Guardy ? Je dois te laisser. Je dois discuter avec Axel. Ça ira pour toi ?

- C’bon. J’me débrouille ! Allez-y. »

Les deux humains prirent le chemin de la maison familiale située à proximité des champs. Une fois arrivés à l’intérieur dans le salon d’un registre simple, mais non dénué de charme aux murs blanc crème avec des meubles en bois massifs et dotés de divers objets de décoration principalement de couleurs vives. Le jeune homme entama la discussion :

« P’pa… Écoute. Ça fait un moment que j’y réfléchis. Je compte quitter le village.

- Quoi ?! Nous en avons déjà parlé des dizaines de fois ! C’est bien trop risqué !

- Et ça recommence… Risqué ! Risqué ! J’en ai marre d’entendre toujours ce même refrain dans ta bouche ! Tu es fatigant à la longue.

- Écoute tu sais très bien pourquoi je dis ça !

- Oui… Je ne le sais même que trop bien… Car je ressemble à ça ! Fit-il se montrant lui même. Un macaque sans poil ! » Lui répondit-il sur un ton sarcastique.

De son côté, son père le regardait avec agacement les bras croisés.

« Mais quand comprendras-tu que nous sommes des curiosités ici ! Hein ? Quand ?

- Curiosité ou pas, tu voudrais qu’ils nous fassent quoi les poneys ? Nous enfermer dans une cage ? Faire des expériences sur nous ?

- Qui sait !? Ce n’est pas parce qu’ici ce sont de braves gens que c’est partout pareil. Tu es vraiment inconscient du danger Axel !

- Et toi, tu n’es qu’un vieux fou qui voit le mal partout ! J’ai vingt-trois ans et je ne connais rien du monde en dehors de cette saleté de village minable !

- Écoute Axel… Tout ce que je dis et fais est pour notre sécurité. Je ne voudrais pas qu’il t’arrive quoi que ce soit. C’est tout. Et puis tu es utile à la ferme. Tu nous rends vraiment service.

- Peut-être bien… Mais cette vie… Elle me sort vraiment par les yeux. Je ne suis pas comme toi ! Et ça… Tu ne veux vraiment pas le comprendre ! Mais n’empêche… Je partirai d’ici… et tu ne pourras rien y faire car cette fois ma décision est prise!

- J’ai l’impression de parler dans le vide ! Est-ce que tu écoutes seulement ce que je dis ou tu t’en fou ?

- TSSS ! Et tu comptes faire quoi ? M’attacher à un mur dans la cave pour me retenir ?

- MAIS BON SANG ! PARTIR D’ICI EST TROP DANGEREUX ! IL FAUT QUE JE TE LE DISE EN QUELLE LANGUE ? Hurla son père tapant du poing d’exaspération sur la table du salon, cette discussion n’aboutissant nulle part et lui chauffant les oreilles.

- JE PARTIRAI QUE TU LE VEUILLES OU NON ! J'AURAIS DÛ M’EN ALLER IL Y A DES ANNÉES ! J’AI VRAIMENT ÉTÉ UN GROS DÉBILE DE T’ÉCOUTER TOUT CE TEMPS, ESPÈCE DE VIEUX CINGLÉ ! » Cracha-t-il au visage de son père.

Axel Blue finalement quitta la pièce plein de rancœur pour se réfugier dans sa chambre tout en claquant sa porte. La discussion avec son père n’ayant rien donné comme a son habitude. Mais cette fois-ci il était résolu à quitter son village natal. Il repoussait depuis bien trop longtemps cette idée pour l’ignorer. Dans les jours qui viendraient, il comptait partir à l’aventure laissant cette vie lui étant devenue insupportable derrière lui. Pourtant, pour la première fois, un doute l’assaillait depuis le passage de ce visiteur de l’autre jour.

Dehors une ponette licorne blanche possédant une crinière et une queue bleu ciel, des yeux violets avec une marque de beauté étant un caducée de médecin, arrivait en direction de leur maison. Le poney fermier était à côté de l’entrée semblant écouter la dispute d’une oreille. Arrivant à sa hauteur, elle lui fit signe du sabot.

« Coucou, j’ai fini mes consultations pour aujourd’hui. Il n’y a pas beaucoup de malades en ce moment, ce qui me laisse du temps libre. Ça va ? demanda la licorne.

- Ça va ‘tite sœur, mais le neveu et le beau-frangin y se sont encore chamaillés et sévère.

- Encore ? C’est une manie en ce moment ! Fit-elle en roulant des yeux.

- Tu devrais leur causer surtout à ton fiston. Il va pas bien on dirait surtout depuis qu’elle est partie.

- Je sais… Je l'ai remarqué depuis un moment. Je vais aller lui parler. »

Rentrant dans son domicile, elle déposa ses affaires au sol puis elle tomba sur son époux qui ne la remarqua même pas, faisant les cent pas et ruminant, s’arrêtant parfois pour regarder dehors à travers la fenêtre du salon.

« Héhem, lança t-elle afin de porter sur elle son attention, ce qui fonctionna, car il se tourna.

- Ha… Salut chérie. Tu rentres tôt aujourd'hui ? Le ton de sa voix indiquait une nervosité encore présente.

- Encore disputé avec Blue ?

Il resta silencieux quelques secondes avant de lui répondre, regardant au-dehors.

- Oui…

- Toujours sur le même sujet hein ?

- À ton avis ?!

- On ne pourra pas le retenir éternellement ici et tu le sais bien Marc ! Ce n'est pas un fermier. Il ne l’a jamais été ! Il ne rêve que d'aventure et d'exploration. Elle se rapprocha jusqu'à se coller à lui, regardant dehors dans la même direction.

- Welfie ? Tu sais… Je ne fais ça que pour son bien… J'ai tellement peur qu'il lui arrive malheur ou pire encore.

- Je sais, mais… Tu le protèges peut-être un peu trop. Un jour, il quittera le nid comme le font tous les enfants. C'est déjà un miracle qu'il nous écoute encore un peu au vu de son âge. Certains auraient décampé depuis bien longtemps ! »

Ils restèrent là pendant un petit moment, tendrement l'un contre l'autre a observer le paysage à travers la vitre sans dire un mot puis elle finit par le laisser prenant la direction de la chambre de son fils. Arrivée devant sa porte, elle toqua, mais n'obtint aucune réponse. Les secondes s’écoulant, elle décida d'ouvrir la porte. Son fils se tenait debout à proximité de la fenêtre ouverte, regardant dans le vague.

« Laisse-moi tranquille ! J’ai pas envie de te parler !

- Pas même à moi ? Reconnaissant la voix, il tourna la tête légèrement dans sa direction puis se remit à regarder au-dehors.

- Maman ? Tu es déjà là ?

- Mon chéri, on doit parler tous les deux.

- C'est pas la pein… Mais elle lui coupa la parole abruptement.

- SI ! J'insiste. Tu as changé ces derniers temps, je l'ai remarqué. C’est parce que ta sœur est partie vivre en ville ? Je suis ta mère et je sens bien ces choses-là ! »

Il poussa un profond soupir avant de bien vouloir lui répondre :

« Au moins elle a pu partir librement sans les éternelles remontrances du paternel vu que c'est une ponette et pas une saleté de singe…

- Blue… Je sais bien que cette vie ne te plaît pas. Que ton père peut être parfois trop protecteur à ton égard. Il peut-être étouffant mais il ne cherche qu’à te protéger avant tout. Je vous vois vous éloigner l’un de l’autre un peu plus chaque année et j’ai du mal à calmer le jeu entre vous. Mais avec deux têtes de mule… Ce n’est pas toujours facile ! Et je ne suis pas aveugle. La ferme, c’est pas pour toi ! Je sais que tu rêves toi aussi de t’en aller.

- Oui… Je rêve de partir comme tu dis… J'en rêve… Tous les jours depuis un moment. Mais j’arrête pas non plus de repenser à la tête de cet étranger de l'autre jour. L'expression qu'il avait quand il nous a vu papa et moi. Malheureusement je commence à croire qu'il a peut-être raison… Qu’on n’a pas notre place ici tous les deux et que… il interrompit sa phrase d’un coup.

- Blue ? Et que ?

- …

- Et que quoi ? Réponds-moi ! insista sa mère afin qu’il lui avoue.

- … Et que je n’aurais jamais dû naître ou mourir à la naissance ! Ça fait un moment que je me le dis. Ce serait tellement plus simple si vous n'aviez eu que Sugar Cidrela comme enfant. Sa mère, surprise, fut choquée par ses propos.

- AXEL BLUE ! PAR CELESTIA ! Je t'interdis de dire des choses pareilles ! » Réussissant à reprendre son calme et à se maîtriser, elle alla s’asseoir sur le lit de son fils, lui faisant signe de venir se mettre à ses côtés, ce qu'il fit sans dire un mot faisant toujours la tête.

« Je pense que tu as bien besoin d'une bonne piqûre de rappel mon chéri… Lorsque ton père et moi nous nous sommes mis ensemble malgré des avis réticents dans le village, ton oncle était d'ailleurs l'un des seuls à nous défendre, nous l'avons fait malgré tout et nous étions persuadés que jamais nous n'aurions d'enfants. Je ne pense pas avoir besoin de t’expliquer pourquoi. » Son fils l'écoutait, mais ne disait toujours pas un mot.

« Le temps passait, j’avais oublié cette idée, mais un jour je suis tombée enceinte alors que je m'y attendais pas du tout. Mais ça a été une période éprouvante car ton père a eu des doutes sur ma fidélité. Il n'est malheureusement pas difficile de comprendre comment cette idée lui est venue en tête. Il a fallu toute notre force de persuasion pour le convaincre complètement ton oncle et moi que c'était faux. Et puis tu es finalement né. Il n'y avait alors plus aucun doute. C’était incroyable. »

« Un enfant issu d'une mère jument et d'un père humain. Si tu ressemblais beaucoup à ton père, tu avais hérité de mes yeux, de ma crinière et… Ce qui surprit plus ton père que moi, tu étais capable de magie. Sans compter aussi que tu sois un herbivore comme nous. D'ailleurs sur ces deux derniers points ton père te jalouse un p'tit peu. » Elle se mit à lui sourire en disant cela.

« Il a toujours affirmé que des humains herbivores capables de faire de la magie ça n'existe tout simplement pas dans son monde. Puis quelques années après nous avons eu ta sœur. Personne n'a pu nous dire comment nous avons pu vous avoir. Je pense d'ailleurs que les princesses elles-mêmes ne le sauraient pas non plus, mais vous êtes là. En ce qui me concerne, je me suis toujours dit que c’est la magie de notre monde qui a permis ceci. » Elle se tut un court instant, regardant son fils toujours en lui souriant.

« Mais sais-tu ce qui pour moi importe le plus là-dedans ? Il lui répondit d'un non en hochant la tête.

C'est que vous soyez tous les deux bien vivants et en bonne santé. C'est la seule chose qui m'importe mon chéri. Je me moque bien que tu sois différent et du reste. J'aimerais bien qu'un jour ça s'enregistre enfin la dedans. Pointant sa tête de son sabot droit.

Maintenant sachant que tu rêves depuis longtemps de découvrir le monde, on a un petit projet depuis un moment avec ton oncle.

- Lequel ? La regarda-t-il intrigué.

- On met des sous de côté pour… elle s’arrêta tout d'un coup gardant un sourire imperturbable et soutenant son regard.

- Pour ?

- Pour un voyage à travers Equestria tous les quatre ensemble. Que dirais-tu de visiter l'empire de Cristal, Canterlot ou bien encore Manehattan ? Ce n'est pas ce que tu as toujours voulu ? Voyager à travers Equestria ? Dommage que ta sœur soit partie vivre ailleurs. Elle adorerait ça.

Cette nouvelle le surprit complètement et son attitude changea, devenant d'humeur plus joyeuse.

- Et papa est au courant ?

- Non… Ton oncle va essayer de le persuader, mais tu sais comme moi que cela ne sera pas facile, têtu comme il est… Comme toi d'ailleurs… Là dessus vous vous ressemblez ! Mais ne t’inquiète pas pour ça j'ai mes idées pour y arriver.

- Comment comptes-tu le faire sortir de son trou et de sa routine ?

- Ça, c’est mon problème. J'ai plusieurs pistes pour le faire changer d'avis. Dit-elle, un sourire en coin sur les lèvres, le regard dans le vague.

- Comment ? insista-t-il.

- Des histoires de couple ! Cela ne te regarde pas.

- Bon, bon… OK, mais… Alors on arrête de se cacher aux yeux du monde ? Comme ça ? D’un coup ? Moi ça me convient. Mais et p'pa ? Comment il va le prendre ? Il va tomber dans les pommes ou faire un arrêt cardiaque quand tu vas lui dire ça ! Et tu n'as pas peur qu'il arrive quelque chose ? Que cela se passe mal ?

- Pour ton père, je te l'ai dit j'en fais mon affaire. Après bien sûr que si que j’ai un peu peur. Mais c'est pour cela que nous le ferons tous ensemble. Ton oncle et moi serons vos garanties de tranquillité. Crois moi qu'avec ton oncle Guardy peu de poneys trop curieux viendront vous importunés surtout s’il se met en colère ! » Elle garda le silence un court instant, regardant son fils, le visage enjoué.

« Et puis… Il est grand temps, je crois, de changer de méthode. J'aimerais que mon p'tit Blue soit enfin heureux et arrête de se morfondre. Je sais ce que tu dois te demander… Pourquoi avoir attendu tout ce temps ? Tu connais une partie de la réponse… Ton père ! Et même moi… Mais j'ai fini par changer d'avis. Il est temps que mon fils puisse vivre sa vie librement et sans regret. Ce voyage serait comme un test initiatique en plus de voir du pays.

- C'est super tout ça m'man, mais j'ai quand même une question ?

- M’oui ? Laquelle ? L'observant les oreilles bien dressées.

- P'pa… Pourquoi il réagit comme ça ? À chaque fois que j'ai voulu en parler avec lui, soit il faisait semblant de ne pas entendre, soit-il refusait de me répondre. J'aurais demandé aux murs j’aurai eu plus de résultats.

- Eh bien… En plus d'être entêté, ça vient, je pense, de son arrivée ici. Tu te souviens que je t'avais dit qu'on l’avait trouvé étant agressé par des timberwolfs ? Ce n'est pas tout… Ses premiers temps dans le village n'ont pas toujours été faciles. Les habitants se montraient méfiants et certains étaient même méprisants avec lui. Et quand ils ont appris qu'il mangeait de la viande, ce fut pire… Si ton oncle et moi n'avions pas été là… Il a fallu un certain temps pour qu'il se fasse accepter.

- Mais pourquoi je n’ai jamais eu ce genre d'ennuis moi ?

- Car tu es né ici et que tu es mon fils. Tu es aussi un herbivore. Ce qui fait de toi un equestrien à part entière. Sans compter que ton cher tonton aurait été capable d’assommer la moitié du village si quelqu'un t'avait voulu du mal. Tu le connais… La famille c'est sacré pour lui.

- Ho oui, ça je le sais… Dit-il s'esclaffant légèrement de rire.

- Bon, je suis contente que mon p'tit Ursa Minor sourit un peu. J'y pense Blue, on a reçu les nouveaux bouquins de magie. Donc après manger on va travailler un peu là-dessus.

- OK, on fera ça. »

***

Dans l'après-midi, un poney terrestre senior marchait tranquillement en direction de la ferme de Welfie et Marc. Il était de taille et corpulence moyenne, de couleur brune claire et sa crinière qui avait blanchie témoignait de son âge avancé. Arrivé enfin devant la porte d'entrée, il toqua du sabot dessus. Ce fut une licorne blanche qui lui ouvrit, l'accueillant aimablement.

« Clever Tool ? Tout va bien ? Besoin d'une consultation ou d'un médicament ?

- Non Welfare Fate. Ça va, merci. Je venais pour deux choses.

- C'est à dire ?

- La première, savoir comment vont tes deux étalons ?

- Ils vont bien, merci. Mais j'avoue que l'incident de l'autre jour nous préoccupe, surtout Marc.

- Ben, vous faites bien. On a surpris cette saleté de Magpie en train de parler à l'étranger ce jour-là. Il aurait tout déballé sur ton mari et ton fils contre de l'argent. Mais bon… Il n’en a pas profité bien longtemps…

- Clever ? Vous n'avez pas fait de bêtise j'espère ?! Que je ne me retrouve pas avec un pégase déplumé par exemple !

- Non, ne t'inquiète pas. Mais disons que son argent est parti pour de bonnes œuvres. Mais restez vraiment prudent pendant quelque temps et qu'ils évitent le village surtout ton fils.

- Oui, je lui dirais d'être prudent.

- Mais je ne suis pas venue que pour ça. Écoute, j'sais pas… je trouve qu'il se passe de drôles de choses au village aujourd'hui. J'en ai parlé à d'autres, mais ils pensent que je radote ou que le soleil m'a tapé sur la tête.

- Qu'est-ce qui te semble si bizarre pour que ça ait l'air d'autant t'inquiéter ?

- Le comportement de certains poneys qu'est pas comme d'habitude. Que certains manquent à l'appel aussi. Avant que je vienne, au moins une vingtaine ne ce se sont pas présenté pour les travaux des champs ou pour d'autres trucs. Et j'ai vu quelque chose de vraiment étrange avec Silent Noise. Je l'ai aperçu… en train de parler !

- Lui ? Impossible ! Il est muet de naissance ! Tu as dû rêver !

- Welfare. Je l'ai vu comme je te vois. Mais toi qui connais chaque poney de ce village, tu ne pourrais pas venir avec moi pour vérifier mes dires et voir si j’ai raison ou si je deviens vraiment gâteux.

- Je ne sais pas. Écoute. J’ai un truc à finir avec Blue et ensuite je ferais un saut en ville. Cela te va ?

- C’est parfait. Donc on se revoit tout à l’heure. Merci Welfare. »

***

Une pégase de pelage jaune et crinière verte marchait dans les rues du village. De temps à autre, elle regardait sur les côtés et derrière elle, montrant quelques signes de nervosité et d’anxiété. Elle se dirigeait d’un pas décidé vers une des rares maisons de taille imposante de la cité. De l'intérieur du bâtiment, une présence discrète l'avait vu venir. Elle ouvrit la porte de la bâtisse, non sans jeter un coup d’œil derrière elle avant de la refermer. À l’intérieur, elle entendit une voix l’interpeller. Sans attendre, elle alla dans la direction d’où l’appel provenait. Sans qu’elle ne s’en rende compte, une ombre se faufila derrière elle, la suivant. Elle arriva dans une sorte de grand salon qui comportait de grandes armoires, de grandes tables avec de nombreuses chaises, une grande bibliothèque, une horloge ancienne assez massive et divers objets décoratifs. Elle regardait partout dans la pièce, cherchant celui qui l’avait appelé, tandis que l’ombre grandissait jusqu'à se trouver discrètement pile derrière elle. Et, dans un geste vif et rapide, lui mit un grand coup de sabot derrière le crâne ce qui octroya un grand cri de frayeur à la pégase qui se retourna vers son agresseur.

« Pourquoi tu m’as frappé ? dit-elle, se frottant la tête avec son sabot.

- Car tu n’es qu’un idiot ! Tu n’as pas arrêté de commettre des bourdes ! Tu vas compromettre toute l’opération. »

La pégase se métamorphosa progressivement en une créature noire avec des ailes d’insecte, des pattes trouées et des yeux bleus sans pupilles.

« Fais un peu plus attention quand t’es dehors avec les poneys ! Sherkhana est déjà assez en rogne comme ça. Et c’est pas une tendre ! T’a pas envie qu’elle s’occupe de toi hein Draka ? Lui demanda le changelin d’un ton sarcastique et un brin moqueur.

- Pardon… C’est… C’est ma première mission. Je n’ai pas l’habitude. On en est où ? Lui demanda-t-il d’une voix timide et effacée.

- Hé bien. Pour le moment on en a une quarantaine ici plus une dizaine dans une autre maison. Mais on est encore loin du compte.

- Pourquoi on ne prend pas leurs sentiments maintenant ?

- T’es sûr d’avoir bien écouté les ordres tout à l’heure ? Il poussa un soupir d’exaspération avant de reprendre la parole. On doit mettre tous les habitants du village dans des cocons et ensuite et seulement ensuite on prend leurs sentiments. Pas avant. C’est plus long, mais bien moins risqué de cette façon. On risque moins qu’un habitant prenne la fuite en nous voyant et aille prévenir d’autres poneys ou des gardes que le village est envahi pendant qu’on est occupé à faire la récolte.

- D’accord… Où est Sherkhana au fait ? »

Avant qu’il ne puisse lui répondre, une porte claqua et une voix se fit entendre depuis le hall de l’entrée :

« Pourquoi m’avoir amené ici ? Hé ? Tu fais quoi ? Mais… PAR CELESTIA ! DES… » La voix se tue soudainement. Dans l’instant qui suivit, des bruits de pas lourds retentissaient dans le couloir. Deux changelins passèrent devant la salle où ils se trouvaient tous les deux, transportant en direction de la cave un poney recouvert d’une substance verte d’apparence gluante sur la bouche et les pattes qui l’empêchaient de parler et de bouger. Il avait beau se débattre et tenter de crier, il était pris au piège. Son regard croisa celui de Draka, la peur se lisant sur son visage ce qui le marqua.

« Et un de plus entre nos sabots. Dit son interlocuteur en souriant. Mais ça reste bien trop long, va falloir accélérer les captures.

- Tu m’as pas répondu. Ou est-elle ?

- Sherkhana ? Partie avec Goula tout à l’heure peu de temps avant ton arrivée. Et avant que tu le demandes, je ne sais pas pourquoi. Elle ne l’a pas dit. Elle a seulement mentionné de continuer les opérations en son absence. Elle avait l’air un p'tit peu nerveuse. »

***

Deux poneys, un pégase bleu ciel avec la crinière mauve et une terrestre noire à la crinière jaune équipée d'un sac de selle s’approchaient discrètement d’une ferme. Ils étaient encore à bonne distance, mais de là où ils étaient, sur un talus avec de la végétation, ils pouvaient observer sans se faire remarquer l’activité de l’exploitation agricole. Ils virent un vieux poney couleur brun clair et avec une crinière blanchâtre sortir de la maison et prendre la direction du village. La terrestre fit signe à l’autre de ne rien tenter, le laissant partir.

« La maison correspond à la description. Mais… Elle regardait intensément les lieux, allant jusqu’à plisser des yeux pour mieux y voir. Oui ! Je les aperçois. Regarde dans la maison. Des bipèdes. Deux en tout. Et une licorne blanche. C'est parfait, on est au bon endroit et ils sont tous là. Tu es prêt ? On va bientôt passer à l'action !

- Heuuu… Oui… Je… Je suis prêt. » Le stress et la peur se ressentaient dans sa voix qui tressautait un peu. Il en avait presque des spasmes qu'il essayait de cacher. Ce qu'il allait devoir accomplir le terrifiait. Mais comme il lui avait été sommé, il n'avait pas le choix, c'était eux ou lui.

« Comment on va s'y prendre ?

- On va se faire passer pour des voyageurs égarés histoire de pouvoir les approcher sans éveiller de soupçon.

- Et… Et comment tu… Tu…

- Comment je vais me débarrasser d'eux ? Simple. Avec ça, tu vas voir ! Elle posa son sac à terre et en sortit une dague incurvée entièrement en métal noir léger et tranchante comme un rasoir. La lame était d'apparence simple, mais le manche, lui, reproduisait une tête de changelin, arme que seuls des gardes confirmés pouvaient posséder.

- Sacrée lame. Je n'en avais jamais vu de près.

- Oui je m'en doute. Elle sortit de son sac une autre arme ressemblant plus à un long couteau d'aspect simple qu'à une dague et la tendit vers son compagnon. Prends ça !

- Heu…

- Prends ça, je te dis. C'est une dague qui est offerte pour les apprentis gardes. Tu comptais les éliminer comment de toute façon ? En leur faisant un bisou sur le museau ? Elle lui tendit aussi une petite sacoche qu'elle déplia. Attache-toi ça et mets-la dedans. Et tiens-toi prêt. Ça m’étonnerait qu’ils se laissent faire. Je m'occuperai des deux mâles et toi de la femelle. Et reste sur tes gardes. Même peu expérimentée une licorne peut-être dangereuse surtout si elle est acculée.

Le pégase qui avait accroché la sacoche et rangé la dague dedans regardait la terrestre non sans une pointe de nervosité dans les yeux.

- Ça y est ? C'est bon ? Allez, on y va ! »

Ils contournèrent la ferme par les fourrés pour revenir en amont sur la route comme des voyageurs qui chemineraient. Arrivée au niveau de l'habitation, elle lui fit signe de s’arrêter et lui parla à voix basse :

« Je vais faire le tour de la maison pour être sûr de leur position là dedans et on se les fait. Reste là ! »

Elle regarda discrètement par les fenêtres pour voir ou étaient précisément les occupants des lieux.

Le père est allé dans la salle de bain. Le fils est dans sa chambre et la mère dans le salon. Si l'autre imbécile s'occupe bien de la licorne et avec un peu de chance, on les tue discrètement et on repart d'ici vite fait.

Elle retourna vers l'entrée ou l'autre l'attendait puis elle alla toquer à la porte. Après un court instant d'attente, une licorne blanche vint lui ouvrir :

« Bonjour. Vous désirez ?

- Bonjour madame. Mon ami et moi nous nous sommes perdus. Nous recherchons notre chemin. »

Après des explications sur comment rejoindre une ville voisine, la terrestre changea de sujet de conversation pour arriver à ses fins.

« Excusez-moi. Nous avons très soif. Pourriez-vous nous offrir un peu d'eau ?

- Oui, bien sûr. Entrez, je vais vous chercher ça. »

C'est parfait. Vraiment parfait. Pensait-elle.

Elle se rapprocha de son collègue pour lui chuchoter dans l'oreille :

« Pendant qu'elle va chercher de l'eau tu t'occupes d'elle et moi je fonce me farcir les deux autres. Et ne te plante pas ou c'est moi qui me débarrasserai de toi. »

Le pégase qui avait bien du mal à digérer ses propos était vraiment nerveux même s’il faisait tout pour ne pas le montrer. Son taux de stress commençant à grimper.

Ils entrèrent tous les trois dans la maison et tandis que la mère de famille alla remplir des verres d'eau, ne prêtant plus attention, la terrestre fit un signe de la tête à son complice d'aller l'attaquer. De son côté, elle se faufila discrètement telle une ombre dans les couloirs de la maison en direction de la salle de bain.

Le moment qu'il redoutait était arrivé. Il voyait la licorne remplir le deuxième verre d'eau qui flottait sous le robinet grâce à la magie dans une aura bleu ciel. Il n'avait que peu de temps pour agir, il prit alors la lame dans sa sacoche, sa patte se mettant à trembler nerveusement. Il s'approcha d'elle en silence, son cœur battant de plus en plus fort, son stress grimpant en flèche tout comme sa respiration.

Il était arrivé derrière elle, la petite dague à la patte, prêt à agir, mais il n'avait encore jamais ôté la vie à quiconque. Il hésitait. Il devait le faire, mais il n’arrivait pas à passer à l'acte, la patte toujours tremblante. Mais ayant trop tardé, elle finit par se retourner. Elle fut surprise de le voir derrière elle dans un premier temps, quand son attention se porta sur sa patte où elle vit clairement la lame. Prise de panique, elle en fit tomber les verres au sol renversant l'eau qui s'y répandit.

« Que… Vous… Prenez… Prenez ce que vous voulez, mais ne nous faites pas de mal, je vous en supplie. » Lui lança t’elle d’une voix apeurée.

Il se rapprocha d'elle, essayant de prendre un air vraiment menaçant, continuant de la tenir en joue avec son arme.

Soudain, la porte d'entrée s'ouvrit, le frère de Welfare Fate faisant irruption avec des sacs de légumes qu'il portait d'une patte.

« Welfie, je me suis occupé des… » Il en fit tomber ses sacs à la vue de ce poney qui menaçait sa sœur. Le pégase, distrait par cette arrivée imprévue tourna sa tête vers le fermier. Comme dans un déclic, la licorne en profita pour arracher la dague des sabots de son agresseur par magie. Son frère se mettant à crier :

« Nom d'une princesse ! Écarte-toi Welfie ! »

Il rua violemment vers le pégase qui s'était retrouvé pétrifié lui assénant un puissant coup de tête dans le ventre, ce qui l'envoya valdinguer dans les meubles derrière lui faisant un grand vacarme.

Ayant quitté le salon, laissant son camarade s'occuper de la mère de famille, la terrestre s'était glissée en douce dans les couloirs en direction de l'endroit où était le père. Arrivée devant la porte de la salle de bain, elle tendit en grand les oreilles, entendant un peu de bruit dans la pièce visée. Il était toujours là. La porte était légèrement entrouverte, mais ne lui permettait pas vraiment de voir ou sa cible se trouvait à l’intérieur.

Les secondes s'écoulaient, mais elle ne pouvait se permettre de trop attendre. Elle décida donc d'entrer en trombe et de le tuer rapidement grâce à sa dague qui permettait des mouvements amples et rapides du fait de sa taille et de son poids. Elle ouvrit donc en vitesse la porte se trouvant nez à museau face à l'humain. Pendant une seconde, elle fut surprise, pouvant apercevoir de près cette créature inconnue plus grande qu'elle, mais, se ressaisissant rapidement, elle se mit en position d'attaque. L'homme, d'abord abasourdi par cette entrée fracassante, le visage mouillé, un rasoir à la main, voyant la dague et l'attitude agressive de cette ponette, arracha sans réfléchir tel un réflexe, le panneau de porte d'un des meubles de la salle de bain alors que dans le même laps de temps, elle fonça sur lui.

Parant la violente estocade, la lame se planta dans le bois, ce qui lui permit de la repousser violemment contre le mur. Lui assénant un violent coup de pied dans le museau au passage. Le bruit attira l'attention d'Axel Blue dont la chambre était proche de la salle de bain. Le père sortit en vitesse de la pièce tombant sur son fils qui était sur le pas de la porte.

« Qu'est-ce qui se passe p'pa ? C'est quoi ce bordel ?

- Axel. Va chercher ta mère et barrez-vous de la maison et vite !

- Hein ?

- Fais ce que j'te dis ! »

La ponette terrestre se releva rapidement, passant un sabot sur sa bouche d’où un peu de sang vert coulait. Ce qui la fit fortement grimacer étant quelque peu énervé de s'être fait avoir par ce satané bipède. Elle sortit à son tour de la salle, la dague à la patte, se retrouvant entre le père et le fils. L'espace d'un instant, le temps fut comme figé, les trois protagonistes se faisant face.

...Mais dans la pire des situations… occupe-toi surtout du fils, il est prioritaire… Ces paroles lui étaient revenues en mémoire à ce moment précis quand un vacarme venant du salon se fit entendre, les faisant se retourner. Elle profita de leur inattention pour donner un coup de lame dans le ventre du père qui ne put l'éviter, le blessant et le faisant reculer, lui laissant le champ libre pour s’occuper du jeune bipède.

Elle se jeta sur lui, mais Marc attrapa sa queue, la coupant dans son élan.

« Axel ! Cette folle veut nous tuer. Quitte la maison et vite. VA T'EN JE TE DIS !

- Mais t’as besoin d'aide.

- PART ! T'OCCUPE PAS DE MOI ! Son père hurlant tout en faisant des grands gestes, lui faisant signe de déguerpir.

Tandis qu'il parlait et se tenait le ventre, du sang coulant de la plaie et recouvrant ses vêtements. Son fils fila dans sa chambre pour sortir par la fenêtre. La ponette fit une feinte de son sabot avant droit qu'il évita et du sabot avant gauche, elle lui mit un grand coup dans sa blessure. Prise par le temps, elle fila dans la chambre poursuivant le fils.

Tant pis pour le père et la mère. Tant pis pour l'abruti qui m'accompagne, si je le tue lui, ma mission sera accomplie et je pourrai rentrer de suite après à la ruche. Tu ne m’échapperas pas !

Elle se lança donc à sa poursuite, sortant par la fenêtre elle aussi.

De son côté, Marc, blessé, arriva dans le salon, se tenant le ventre. Son pull étant entaché de sang. Il aperçut le désordre provoqué par l’échauffourée. Une des grandes étagères en bois massif du salon se trouvant au sol, une patte et une queue noire dépassant d’en dessous. Sa jument, le voyant dans cet état accourut paniquée vers lui. Elle le fit s’asseoir contre un mur.

« Marc. Que s’est-il passé ? Où est Blue ?

- Une ponette terrestre. Elle est rentrée dans la salle de bain, une dague à la patte et a tenté de me tuer. Puis elle s’en est prit à Axel. Il a fui la maison comme je lui ai dit mais elle l'a suivie. Je dois aller l’aider.

- Dans ton état, tu n’iras nulle part mon chéri.

- Il le faut. Je… Il tenta de se relever mais sa blessure était plus importante qu’il ne le croyait ce qui le fit tomber.

- MARC ! Elle accourut vers lui, puis le mit contre le mur aidée de son frère.

- ‘ccupe toi d’ton époux sœurette. J’y vais, nom d’un sabot de bois ! C'te folle touchera pas un poil de la crinière à mon n’veu ! L’est allé vers où ?

- Je crois l’avoir vu partir à travers champs vers la rivière. Lui répondit son beau-frère.

- Bon. ‘tite sœur, soigne le et partez d’suite après. On se retrouve à l’abri où vous savez. Et faites gaffe à l’aut’ saleté sous le meuble. On sait jamais même si j’pense pas qui f’ra encore du grabuge de la d’ssous. » Guardy quitta la maison en trombe au triple galop.

Welfare Fate qui avait amené de quoi le soigner, lui banda le ventre après l’avoir désinfecté et recousu.

« Et voila. Ta blessure est refermée et ne saigne plus. Maintenant on va pouvoir y aller.

- Il y en avait un autre alors ? Lui demanda son époux, regardant vers le meuble au sol.

- Ils étaient deux. Ils se sont fait passer pour des voyageurs.

- Et sinon, toi, ça va Welfie ? Tu n'as rien ?

- Non. J'ai eu de la chance. Guardy qui rentrait de la récolte l'a surpris, je l'ai désarmé et mon frère l’a envoyé bouler dans le meuble.

- Dis ? C'est quoi ce liquide vert au sol à côté de l'étagère ?

- Liquide vert ? » Demanda-t-elle intriguée.

Elle se dirigea vers le meuble pour examiner les tâches à proximité. Curieuse, elle toucha le liquide du sabot pour mieux le regarder de près.

« On dirait du sang mais…

- Du sang ? Mais depuis quand les poneys ont le sang vert ?

- Ce n'est pas le cas ! A ma connaissance, ceux qu'ils l'ont ce sont les… HO NON !

- Quoi ? Qu'y a-t-il ?

- Il faut que j'en aie le cœur net. »

Avec sa magie, elle souleva suffisamment le meuble afin de pouvoir observer ce qui s'y trouvait dessous. Quand elle aperçut ce qui devait être un pégase son sang ne fit qu'un tour. Laissant retomber le meuble sans ménagement.

« C'EST… C'EST… C'EST UN CHANGELIN !

- Un quoi ?

- Tu te rappelles l'invasion de Canterlot d'il y a quelques mois qui avait fait les gros titres ?

- Bien sur !

- C'est l'un d'entre eux !

- Quoi ? Un de ces changeurs de forme voleur de sentiment ?

- Oui ! Le village est peut-être… Non ! Il est infiltré. Avec ce que m’a dit Clever, j’en suis certaine! On doit quitter la maison et vite. J’espère que Guardy retrouvera vite notre fils et qu’ils nous rejoindront rapidement ensuite. Reste là s’il te plaît. Je prends quelques affaires et on part.

- Chérie, je veux t’ai… Elle lui coupa la parole net, se mettant à hurler.

- NON ! Marc la regardait avec étonnement. Écoute… Tu t’es fait attaquer… J’aurais pu te perdre surtout quand je vois ta blessure… Notre fils est en cavale je ne sais où et mon frère est à sa recherche. Notre village est envahi. Donc… Marc… Mon amour. Reste ici. Je prends quelques affaires et on part. Je n’en ai pas pour longtemps. Ensuite direction le refuge.

- D’accord Welfie. On va faire comme tu dis.

***

Crénom. Ou t’sé qu’y sont ?! Je ne les… HA SI ! Une ombre ! C’EST BLUE ! Y a un truc derrière lui. C’est l’aut’ saleté. Elle est rapide dis donc. Aller mon vieux Guardy, faut les rattraper !

Il se mit à galoper de toutes ses forces pour les atteindre à travers les champs de blé.

Je vais t’avoir maudite créature ! Mais c’est qu’il court vite le machin sur deux pattes, pire que s’il avait une manticore à ses trousses ! Je devrais retrouver ma vraie forme ! Tant pis pour l’infiltration ! Avec mes ailes, j’irai plus vite et je me débarrasserai plus rapidement de lui !

La terrestre s’arrêta subitement et dans un flash de lumière verte, son corps devint progressivement noir, des trous se formèrent aux pattes, les yeux changèrent pour un bleu sans iris, des ailes d’insecte apparurent sur son dos ainsi qu’une crinière et une queue vertes. Sans plus attendre elle s’envola vers sa proie.

Nom d’un sabot de bois ! C’quoi c’te lumière verte et y a un drôle de bruit mais dans ce foutu champs, j’vois pas grand chose. J’arrive Blue !

Le jeune homme de son côté venait de sortir des champs pour arriver sur les bois longeant la rivière. Il entendit un drôle de bruit dans le ciel derrière lui, puis il l’aperçut plus de dix mètres au dessus de lui. Une créature noire, ressemblant à une sorte de poney croisé avec un insecte se tenait là. Sur le coup, il s’arrêta, surpris, oubliant la poursuite. Puis il remarqua qu’elle avait à sa patte la même dague que la terrestre qui le poursuivait l'instant d'avant. Elle le vit aussi et fonça vers lui, son arme prête à le transpercer quand une masse se jeta sur elle peu de temps avant qu’elle ne l’atteigne.

Les deux protagonistes se remirent debout sur leurs pattes.

« Ma parole ! Mais t’s’est qui toi ?

- Quelqu’un qu’il ne faut pas chercher. Retourne dans ta gadoue le bouseux, tu ne m’intéresses pas.

- J’sais ce que t’veux ! T’es un de ces machins qui change d'forme et t’en veux a mon n’veu ! J’te laisserai pas faire ! »

Il arracha une grosse branche d’un des arbres à proximité tandis qu’avec sa magie, elle récupéra sa dague. Elle se mit à le regarder avec un sourire de défi, lui faisant signe du sabot de venir vers elle.

Guardy fit signe à son neveu de partir mais celui-ci voulait lui venir en aide, insistant pour l’attaquer ensemble de front mais son oncle lui fit comprendre que ce n’était pas son combat et qu’il devait partir. Son regard était devenu tellement sévère que Blue n’insista pas plus sachant que dans ces cas là , il valait mieux éviter de le contrarier. Il les abandonna à contre cœur, partant en direction de la rivière.

Finalement, ils se faisaient face tous les deux : « Si tu crois que je vais le laisser filer c’est que t’es plus stupide que t’en as l’air.

- J’t’empêcherai de passer l’fromage à trou !

- C’est ce qu’on verra ! »

Sans plus attendre, de sa patte droite, il envoya un grand coup sec avec la branche vers la changeline qu’elle esquiva pour lui envoyer un rapide coup de sabot dans le museau, le faisant reculer. Elle en profita pour se jeter sur lui en lui assénant un coup de patte dans le ventre avant de tenter de lui planter sa dague dans le crâne qu'il évita in-extremis lui éraflant tout de même une oreille. Il faillit en perdre l'équilibre mais pu se remettre d'aplomb de justesse.

Elle recula se remettant en position d'attaque, dague prête tout en gardant un sourire narquois.

Elle se propulsa depuis ses pattes arrière pour se jeter rapidement vers lui par la suite à l'aide de ses ailes. Il l'évita facilement mais c'était ce qu'elle voulait car elle se retourna en vol puis prit appui sur un tronc d'arbre et se retrouva sur lui, plantant sa dague dans sa cuisse gauche, lui faisant pousser un râle de douleur mais il eut néanmoins le réflexe de lui mettre un puissant coup de revers de sabot dans la tête la faisant s’étaler au sol violemment dans un roulé-boulé.

Tandis qu'il essayait de s'enlever la dague de la patte, la blessure se mettant à saigner de plus en plus abondamment au fur et à mesure qu'il la retirait, la garde, elle, se remettait du coup qu'elle avait reçue.

Un affreux goût métallique était apparu dans sa bouche. Elle se passa la patte sur les lèvres, du sang vert en coulait.

Wow… Ma tête tourne… J'ai réussi à le planter mais il m'a bien sonné l'enfoiré de paysan. Saleté de poney terrestre ! Bon… j'ai un choix à faire ! Soit je me débarrasse de cette vermine soit je récupère juste ma dague et je reprends la poursuite. Mais vu qu'il ne peut plus courir…

Elle se mit soudain à faire un sourire malsain, observant le terrestre qui venait de finir de complètement enlever l'arme de sa cuisse.

Le jeune homme courait le long d'une rivière. Pendant sa course, il n’arrêtait pas de regarder en arrière.

On dirait qu'elle me suit plus l'autre machin…

Papa… Puis maintenant toi tonton… Pourquoi vous voulez pas que je vous aide bordel ?! Bon… En suivant le cours d'eau je tombe à proximité de la route puis sur la gare. Si j'ai de la chance, y aura peut-être un train.

Alors que son attention commençait à retomber, ralentissant sa marche. Un vrombissement d'ailes le rappela à l'ordre. Il se remit à courir de plus belle. Une ombre le dépassa en vitesse et se posa devant lui, lui coupant la route. La ponette insecte le regardait avec un sourire de satisfaction un peu sadique sur les bords tout en le tenant en joue avec sa dague.

« Enfin je te tiens le bipède ! Tu es à moi !

- Pourquoi s'en prendre à nous ? Nous ne sommes que des fermiers !

- J'ai reçu des ordres. Et ils impliquent ta mort.

- Pourquoi ?

- Je n'en sais rien et je m'en moque ! Mais assez parlé bipède ! »

Elle se remit en garde, le menaçant de plus belle, le faisant un peu reculer. Ils étaient au bord d'une falaise de plusieurs mètres surplombant la rivière. Elle avança vers lui jusqu’à ce qu'il soit complètement bloqué. Il était pris au piège et sans aucun moyen pour se défendre. Il regarda vite fait vers le bas, des rochers se trouvaient en contrebas, rendant tout plongeon assez risqué.

« Allons. Laisse toi faire. Je te promets de t'achever rapidement. »

Tandis qu'elle lui faisait presque face, il ne put s'empêcher d'observer la dague, voyant les taches de sang présentent sur la lame. Il bouillonnait intérieurement en apercevant cela, pensant à son oncle, imaginant le pire.

Alors qu'elle était prête à bondir sur lui, la roche sur laquelle se trouvait Axel Blue finit par céder sous son poids. Le précipitant dans le vide en direction des rochers.

RHAAAAA ! Mais pourquoi a-t-il fallu qu'il tombe dans l'eau ! Hors de question que j'aille la dedans. Bon… Il n'a pas l'air de réagir. Sa tête a percuté les rochers, il a été emporté par le courant. Y a une belle traînée rouge d'ailleurs! Je devrais vérifier si il est mort ou seulement…

Étant proche de la route conduisant de la gare vers le village, son regard fut soudain attiré en direction de celle-ci par un attroupement venant dans sa direction.

Des poneys ? Ils… Ho merde ! Des gardes ! Ils sont seulement trois mais… Bon sang ! Je la reconnais ! C'est leur princesse de la nuit. Qu'est-ce qu'elle fout ici ? C'est pas bon ça ! C'est pas bon du tout ! Contre les gardes on aurait une chance mais face à une princesse… C'est même pas la peine… Bon… L'autre truc à deux pattes dans la rivière bouge toujours pas. Il doit être mort… Mission accomplie. Je me tire d'ici vite fait avant qu'ils ne me voient et on évacue le village en vitesse.

***

« Vous verrez, princesse Luna, en dehors de ces créatures, le village est assez pittoresque et a l'air vraiment paisible, loin de la fureur de la ville. Ce genre d'endroit est par ailleurs idéal pour y passer des vacances au calme.

- Oui. Tout à fait Strange Witness mais ce qui m’intéresse pour le moment c'est l'objet de notre visite. Et si j'ai bien compris, le jeune bipède serait une sorte d'hybride ? Cette licorne est vraiment la mère ?

- Des infos que j'ai réussi à avoir, oui.

- Même si ce n’est pas la première fois, ce genre d'enfant reste tout de même assez rare en Equestria. Et… Garde ? Pourquoi nous arrêtons nous ?

- Votre majesté, Fast Look a aperçu depuis les airs un poney noir fonçant depuis la rivière vers le village a l'instant même. Il est allez voir sur place.

- Hé bien ou est donc le problème ?

- D'après sa description, le poney avait l'air d'un changelin.

- Un changelin ? Ici ? »

Le garde pégase revint en trombe auprès d'eux :

« Votre majesté. Il faudrait que vous veniez voir auprès de la rivière. C'est urgent. »

Le groupe suivit le garde jusqu’à la rivière s'arrêtant à son bord.

« C'est ici votre grandeur, je l'ai sortit de l'eau.

- Strange Witness ? La princesse Luna tourna la tête vers lui.

- Oui majesté. C'en est bien un. C'est plus exactement l'enfant hybride dont nous parlions tout à l'heure. »

Le poney explorateur posa sa tête sur le torse du jeune humain.

« Son cœur bat toujours mais… Il tourna sa tête précautionneusement. Il a reçu un violent coup sur le crâne et il a du perdre du sang. Il lui faut des soins. »

L'alicorne s'approcha d'un des deux gardes licornes.

« Je vous mets en charge de garder et protéger ce… jeune étalon. Nous, nous allons prendre la direction du village et chercher de l'aide.

- A vos ordres, votre majesté.

- Si je puis me permettre, altesse. Nous devrions commencer par la maison où il vit avec sa famille. Elle se trouve sur le chemin.

- Oui, effectivement. Allons-y de ce pas.

***

« Il n'y a personne ici, votre altesse. La maison est vide mais il y a eu du grabuge. Nous avons trouvé des traces de sang à l'intérieur. Du sang rouge. Mais aussi vert.

- Vert ? Du sang changelin donc ? S'interrogea Luna. Ils s'en sont pris à cette famille. J'imagine que les choses ont du mal tournées et que le jeune étalon a pu réussir à fuir mais a du être poursuivi par l'un d'eux.

- Vous pensez qu'il y en a d'autres votre majesté?

- Il y a de forte chance car ils agissent surtout en groupe. Si il n'y a aucun poney ici, inutile de nous y attarder. Allons au village mais restons sur nos gardes.

***

« Alors ? Tous les habitants du village sont là ? Sains et saufs ? Et avez-vous trouvé un docteur?

- Nous avons interrogé les villageois. Tous sont là à l’exception de la famille du jeune étalon majesté. Le maire du village souhaiterait vous parler.

- Dites lui de venir me voir. »

Une ponette terrestre jaune et de crinière violette s'approcha de la princesse lunaire.

« Princesse Luna. C'est un honneur de vous voir ici, la mairesse s'inclina devant elle. Quand aux changelins, ils ont pris la fuite suite a votre arrivée. Nous ne saurons jamais trop vous en remercier.

- Inutile de le faire. Ce n'est qu'un heureux hasard. Mais nous sommes à la recherche de quelqu'un qui aurait des connaissances en médecine.

- Il n'y a que Welfare Fate qui en ait. C'est le docteur du village. C'est une licorne qui vit dans une ferme avec sa famille un peu avant le village mais je ne les vois pas.

- Nous sommes passé à la ferme avant de venir ici et elle est vide. Il y a des traces de bataille à l'intérieur. Cela est inquiétant et aussi très embêtant. Nous avons un blessé a soigner. Un blessé plutôt particulier. La princesse regarda la terrestre dans les yeux.

- Particulier ?

- Oui. Ma sœur, la princesse Celestia et moi-même sommes au courant pour eux. Pour tous les deux. Ma présence visait à venir parler et rencontrer ces bipèdes qui vivent dans votre cité.

La mairesse fit un grand soupir.

- Altesse. Qui… Qui est blessé ?

- Le jeune bipède.

- Axel Blue ? Mais à part son père, tout le monde l'appelle Blue au village. Qu'a t-il majesté ? Le ton de sa voix montra des signes d'inquiétude.

- Il présente des traces de blessure sur l'arrière de la tête, il était inconscient quand nous l'avons laissé. Il n'y a donc personne d'autre qui peut l'aider ?

- Non majesté… Notre village en plus d'être petit et isolé n'est surtout qu'un village de fermiers et la seule qui aurait pu c'est… sa mère. Et il n'y a aucun hôpital à proximité. Pourvu qu'ils ne leur soit rien arrivé et que cela ne soit pas trop grave pour Blue. Je vais demander a des volontaires de le récupérer et le faire emmener d'urgence à Vanhoover.

- Je vais m'en occuper. Nous allons tout de suite repartir en urgence pour Canterlot ou il recevra les meilleurs soins. Je vais vous laisser deux de mes gardes dont un pégase qui va aller chercher du renfort à la base militaire la plus proche pour protéger votre cité et enquêter sur ce qu'il vient de se produire et rechercher les disparus.

- Princesse… Prenez grand soin de lui je vous en prie. Il a beau ne pas ressembler à un poney, il n'en est pas moins un enfant du village. Nous l'aimons tous beaucoup ici.

- Vous avez ma parole.

***

Le train royal avait prit le chemin du retour et fonçait à toute allure en direction de la capitale. A l'intérieur, dans un luxueux compartiment, la grande jument bleue et le poney mature se trouvaient à proximité du jeune hominidé bandé à la tête et évanoui. La princesse Luna voulu le téléporter à l’origine, mais ne connaissant pas son espèce et craignant que cela puisse avoir des répercussions sur sa santé, elle se ravisa. Les deux poneys discutaient entre eux.

« Princesse ? Ne croyez vous pas qu'il eut été plus judicieux de l'emmener à Vanhoover plutôt que Canterlot ?

- Vanhoover était certes plus proche mais l’hôpital le plus moderne ainsi que les meilleurs médecins du royaume sont à la capitale et nous en aurons besoin. Dois-je vous rappeler que nous ignorons tout sur la physionomie de ce jeune étalon et que même si sa mère est une licorne, son père est issu d'un autre peuple. Le wagon se mit a trembler, les bousculant un peu.

- Hou… J'aurais cru que ce train était conçu contre ce genre de désagrément.

- C'est bien le cas mais j'ai demandé au chauffeur de nous ramener le plus vite possible a bon port.

- Je reconnais que… Strange Witness regarda au dehors par l'une des fenêtres, j'ignorais qu'un train puisse aller aussi vite. Du coup, le voyage retour sera au moins trois fois plus rapide que l'aller a cette vitesse. »

***

Quelques heures plus tard, à l'hôpital de Canterlot : « Votre altesse, nous avons soigné ses blessures et mit en observation. Normalement ses jours ne sont pas en danger. J'ai aussi fait des tests sanguins et son sang même s'il présente quelques particularités est assez proche du nôtre. Malgré tout, je pense que ce jeune étalon reste une exception majesté. Les métissages d'espèce sont plutôt rarissime et présentent parfois des risques pour les enfants même si dans son cas, ça n'a pas l'air de l'être.

- Lorsque vous estimerez que sa santé sera satisfaisante, vous le ferez transférer au château. La princesse Celestia et moi-même souhaiterions nous entretenir avec lui.

- Bien votre majesté. Le poney médecin acquiesça aux ordres de la princesse de la nuit.

***

Le jeune Axel Blue était installé dans un confortable lit, sa tête reposant sur un grand oreiller moelleux et doux. Quand il ouvrit les yeux, il découvrit une chambre d'apparence luxueuse, les meubles étant finement décorés et les murs de couleurs pastel, donnaient un coté agréable à l'ensemble. On trouvait aussi, de-ci de-là, quelques banderoles représentant les armoiries équestrienne.

« … Mais… Je suis où, moi ? Et… Ouch ! » Sa tête lui était très douloureuse et il sentit qu'il avait des bandages dessus. Il entendit des bruits de sabots, la porte s'ouvrit et une ponette terrestre en tenue de domestique rentra dans la pièce. Il remarqua aussi qu'un pégase en armure dorée avait l'air de garder l'entrée dans le couloir extérieur.

« Où suis-je et qui êtes vous ?

- Vous êtes au château de Canterlot monsieur et je m'appelle Autumn Smile. Je suis chargée de m'occuper de vous.

- De moi ?

- Oui monsieur Axel Blue.

- Heu… Bien. Mais vous avez des nouvelles de ma famille ?

- J'en suis désolée mais non.

- … J'espère qu'ils vont bien !

- Je dois vous prévenir aussi monsieur que dès que possible les princesses viendront s'entretenir avec vous.

- Les princesses ? LES VRAIES PRINCESSES ? Avec moi ?! Il n'en croyait pas ses oreilles, lui qui n'avait jusqu'alors jamais quitté son petit village natal, il se retrouvait d'un coup, sans vraiment savoir comment à la capitale, dans le château des deux sœurs alicornes et elles voulaient en prime lui parler.

***

La reine Chrysalis était sur son trône, écoutant le changelin venu lui faire son rapport tandis qu'une garde rentra dans la salle, attendant dans un coin son tour. Une autre garde en armure, à peine plus petite que la reine observait la scène en silence dans un coin de la pièce à proximité de la reine.

« … c'est tout pour le moment ma reine.

- Tu peux disposer. Le changelin fit sa révérence puis la quitta. La reine se tourna ensuite vers la garde. Approche-toi Sherkhana.

- Ma reine, la changeline se baissa humblement devant la grande ponette insecte.

- Trêve de courbette et fais moi ton rapport.

- Oui ma reine, se relevant. La récolte fut interrompue par… Elle fut coupée sans ménagement par Chrysalis.

- Je me moque de ça ! Va à l'essentiel. Lui dit-elle plutôt sèchement.

- Pardon… Les parents ont réussi à fuir mais je me suis occupé de lui personnellement. Il est mort noyé, la tête fracassée et doit nourrir les poissons à l'heure qu'il est.

- Tu es bien sûre de toi ?

- Oui ma reine.

- Bien ! C'est parfait. Tu auras ce poste que tu as toujours convoité. »

Un changelin rentra dans la salle, c'était un des espions de la ruche en poste a Canterlot. Chrysalis ne le fit pas attendre, interrompant la discussion.

- Majesté. Je viens pour le rapport quotidien.

- Parle, je t'écoute. Dit-elle sur un ton plus chaleureux que d'habitude.

- Tout est assez calme en ce moment à la capitale des poneys, à l'exception d'une visite de la princesse Luna dans un village éloigné et qui en est revenue avec une créature inconnue.

- Une créature inconnue ? Explique-toi.

Sherkhana, qui était à côté d'eux, entendant tout, commençait à en avoir des frissons dans le dos. Ses tripes devenant nouées par la peur naissante sachant ce qu'il en était.

- Je n'ai pas pu l'approcher de trop près, seulement aperçu. Elle ne ressemble pas du tout a un poney. Ni à quoi que ce soit de connu d'ailleurs. Vu son allure, elle doit pouvoir marcher sur ses deux pattes postérieures. Elle possède une crinière bleu ciel et je pense que ce doit être un mâle. Un jeune mâle d'une vingtaine d'années d’après mes sources. Il avait des bandages sur la tête. Et quand je suis parti, il venait de se réveiller et les princesses ont l'air de s'intéresser à lui. »

La face de la reine insectoïde changea du tout au tout, perdant progressivement son sourire au fur et à mesure que son espion lui faisait son rapport, n'ayant pas de mal à faire la liaison entre ses dires et ceux de Sherkhana.

« Je te remercie. Tu sers bien ta reine, maintenant part. Le regard de Chrysalis se porta ensuite vers la garde. On pouvait y lire dedans une grande colère, ce qui n'échappa pas à Sherkhana. Alors comme cela, il est mort ? Le crâne fracassé et noyé ?

- M… Ma reine… C'en est peut… Peut-être un autre ?! Elle en bégayait de peur, se doutant de ce qui l'attendait.

- Tu m'as dit t'être assurée de son sort et j'apprends à l'instant qu'il a été recueilli chez les PONEYS ?! VIVANT ! ET PAR UNE DES PRINCESSES EN PLUS ! Sa voix portait dans toute la salle, lui hurlant au visage. La garde s’aplatit devant-elle en commençant à l’implorer.

- Ma… Ma reine, laissez moi réparer mon erreur et…

- TAIS-TOI ! Tu as non seulement échoué mais tu as osé me mentir, a moi, ta reine. Chrysalis lui portait un regard noir en s'adressant à elle. Il n'existe qu'un sort pour les misérables comme toi. SYSTRA ! La grande garde en armure sombre qui n'avait pas bougé d'un cil durant tout ce temps, s'approcha et fit la révérence.

- Ma reine, je suis a vos ordres.

- Tu vas me débarrasser de ça, pointant du sabot l'autre garde, je ne veux plus jamais la revoir.

- Il en sera fait selon vos désirs. Elle se releva, faisant face à Sherkhana, la regardant avec un léger sourire sadique.

- Ma… Ma reine… Pitié… Donnez-moi une chance de me rattraper… Je vous en… Mais Systra ne lui laissa pas finir sa phrase, la bousculant sans le moindre ménagement.

- AVANCE ! Et dépêche toi sale ratée. »

Chrysalis, dont un des sabots tapotait l’accoudoir de son trône, réfléchissait.

Si seulement Systra était douée de discrétion… C'est une excellente soldate mais elle n'a aucune finesse ou subtilité. Elle se ferait repérer facilement a Canterlot. Je dois lui faire quitter cette cité. Ta mort n'est que partie remise petit singe au sang de poney.

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Note de l'auteur

Chapitre écrit par cedricc666 et corrigé par Kawete.

Je sais que j'ai été long pour la parution de ce chapitre, beaucoup de choses m'ont bloqué et aussi pris du temps (incluant problème IRL tout ça) mais il est là.

J'espère que ce chapitre vous a plus. A vos commentaires.

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Mikool
Mikool : #42776
Super j'ai lus les 3 d'un coup ce soir moi
Il y a 1 an · Répondre
PhoenixBleu
PhoenixBleu : #42772
Ah ! Enfin je peux lire de mes propres yeux ce fameux chapitres dont tu m'as si souvent parlé lors de nos petites escapades dominicales. Il fut long à naître (et je mis connais, j'suis expert en la matière XD) mais ça valait la peine d'attendre.
J'ai bien aimé la description du wagon royal. Les éléments présentés sont très bien décrits, rendant le tout très réel. On se figure bien les choses et on aimerait bien en être ^^ (et ouais, surtout quand on connaît l'identité de la passagère....bon, on se refait pas ^^).
On ressent bien les sentiments mère-fils.
Ah oui, aussi, le nom de ton exécutrice changelin, Sherkana, ça a une signification particulière ou c'est juste parce que ça te plaît comme nom ? (j'suis curieux, désolé ^^). En tout cas, une bien belle exécutrice sans scrupule comme je les aime ! ^^
Au final, un vraiment bon chapitre, agréable à lire et pas long du tout malgré ses 11000 mots ^^
Il y a 1 an · Répondre
La Furry
La Furry : #42765
Super le chapitre frero. Bon. Plus cas faire le suivant. Suis déjà dessur de tout façon. -^^
Il y a 1 an · Répondre

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