Alors que l'avion allumait ses réacteurs, lançait le circuit de refroidissement et que le pilote vérifiait une dernière fois le plan de vol, le professeur allait sur son dixième appel de classe. Plus personne n'y répondait, seulement l'intello de la classe, qui était accessoirement le délégué des élèves. La perspective d'oublier un élève -ou même deux !- accélérait le rythme cardiaque du professeur et faisait trembler sa voix.
C'est donc avec une voie tremblante que le jeune homme entendit son nom :
« Rising State »
Le jeune homme dit lui aussi son nom, en play-back au même moment. Il était seul au fond de l'avion. C'était un fond relatif, puisque l'autre moitié des sièges étaient occupée par d'autres passagers. Il n'y avait personne à côté de lui, des camarades devant et d'autres personnes peu importantes derrière. Il avait déjà ses écouteurs dans les oreilles, sans musique à l'intérieur.
Un mouvement attira son œil vers l'allée. L'intello essayait de lui parler. Le vacarme de la ventilation de l'avion, couplé aux écouteurs qu'il avait sur les oreilles l'empêchait d'entendre quoi que ce soit. Il n'avait vraiment pas envie de parler, mais il laissa tomber un de ses écouteurs pour daigner écouter. Huit heures de vol. Cool, merci, au revoir, adieux. Mais il se retint et acquiesça. Aller aux États-Unis était idiot, l'Angleterre était beaucoup plus proche pour un voyage linguistique.
Il entendit les moteurs se mettre en marche, il pouvait imaginer ce qui se tramait dans les ailes, il l'avait étudié en cours. A ces pensées, il sourit. Il était peut-être antipathique face à ses camarades, mais sentir des mécaniques se déployer, entendre le métal frotter, l'emplissait de plaisir. Il remonta ses lunettes à monture marron, attrapa son portable et lança une longue playlist musicale, principalement électronique. Huit heures, il faudrait peut-être dormir. Il était seul sur sa banquette, et il y avait largement la place pour allonger un humain de taille moyenne. Ce à quoi il correspondait parfaitement.
L'avion décolla alors. Il prit de la vitesse, puis se détacha du sol. Sur le tarmac, il pouvait encore voir une valise, abandonnée. Après quelques minutes de vol, le voyant de ceinture s'éteignit et une de ses camarades le rejoignit sur sa banquette, pour lui parler. Elle paraissait assez froide, avec ses longs cheveux blancs, mais elle était intégrée dans la classe, il le savait et cela l'étonnait. Il tourna seulement la tête et, sur un ton neutre, elle lâcha "Pourquoi n'as-tu pas d'amis ?" A ce moment là, la plupart de ses membres ce crispèrent. Il retourna sa tête vers le hublot, et répondit froidement "Laisse moi, veux-tu ?" N'insiste pas, pensa-t-il. Elle n'insista pas, elle resta seulement là, assise quelques seconde à scruter son visage, puis elle se leva, s'excusa et partit. Il n'avait plus envie d'écouter de la musique. Il se mit alors à regarder ce qu'il voyait à travers le plexiglas. Une mer de nuages, tout à fait lisses, étincelants. Encore une chose qui pouvait le faire sourire. Le voyage allait être long, dormir était une bonne option.
Il s'endormit rapidement, bercé par les ballotements de l'avion, et se réveilla quelques temps plus tard. Son environnement ne semblait plus bouger. Ils avaient sans doute atterri. Même le bruit insupportable de la ventilation avait stoppé. Il se sentait lourd. Il se releva doucement, avec difficulté. Il regarda autours de lui. Il était dans une forêt. Qu'est-ce qu'il faisait dans une forêt ? Son esprit était encore embrumé par cette courte sieste. Peut-être même rêvait-il. Il voulut alors regarder ses mains. Un réflexe stupide, il le savait. Mais il le fit quand même et le sol se déroba sous ses pieds. Il fut sacrément surpris et prit alors le temps de réfléchir. Il pris quelques seconde et ne trouva pas de solution logique. A part le rêve, évidement. Il regarda à nouveau ses main. Il n'y avait pas de main. A la place, un truc poilu. Cette chose bougeait comme il essayait de faire bouger son bras. Il ne faisait pas chaud dans cette forêt, il y faisait même sacrément bon. Pourtant, il commença à ressentir une grande chaleur et à suer. Il tenta de bouger ses doigts. Ils n'étaient pas là, ne bougeaient pas. Il avait mal à tous les muscles qu'il pensait avoir. Il avait l'impression d'étouffer. Sabot. Il n'eut pas la force ni le courage de prononcer ce mot. Alors qu'il était figé là, à regarder ce qu'il y avait à la place de ses mains, il sentait quelques gouttes salés se former au coins de ses yeux. Toujours par terre, maintenant tremblant, il tenta de se couvrir les oreilles. Son crâne n'avait pas cette forme là. Son estomac se noua. Il se souvint que ce n'était pas ses mains et les repoussa violemment. Trop fort sans doute puisque ses épaules craquèrent et une douleurs perçante apparut. Les battements accélérés de son cœur découpaient ses tempes et brulaient ses tympans. Il était certain que toute sa chair pouvais à un moment ou un autre exploser en déchirant sa peau, ou quoi que ce soit que cela puisse être. Du coin de l'œil il vit un étang où il se traina comme il le pouvait. Il regarda craintivement l'eau calme pour y voir son reflet. Il ne vit pas sa tête, mais celle d'un animal. Il vit à quel point ce visage était pale. Il vit une larme goutter le long de cette façade. La goutte d'eau salée tomba dans la marre et brisa cet horrible reflet. Sa respiration était profonde et saccadée. Il avait du mal à respirer et sa poitrine le brulait. Ce reflet réapparut, inchangé. Son environnement s'assombrissait. Il formula sa première pensée depuis qu'il était réveillé. Quelque chose se brisait en lui. Comme dans une dernière tentative de garder sa raison intacte, il recula de façon désorganisée. Il vit alors clairement "ses" quatre pattes. Quelque chose se brisa vraiment en lui. Il voulut s'éloigner encore plus, mais c'était à présent "son" corps, et il ne pouvait le fuir. Il s'écroula.
Il était donc pitoyablement allongé là, en proie à une violente panique, pleurant toutes les larmes de son corps sur le rythme de soubresauts réguliers.
De l'autre côté, la forêt était calme. Le soleil se rapprochait de son zénith. Ses rayons traversaient le couverts des feuille et tombaient au sol. Les buissons aux alentours étaient saupoudrés de petit bruits d'animaux. Les arbres se balançaient mollement sur le rythme d'une douce brise. L'étang et le filet d'eau qui s'en échappait faisaient entendre un léger clapotis. L'herbe était sèche, brillante, calme. Rien ne troublait la matinée, mis à part un poney tremblant étalé au sol.
Vous avez aimé ?
Coup de cœur
S'abonner à l'auteur
N’hésitez pas à donner une vraie critique au texte, tant sur le fond que sur la forme ! Cela ne peut qu’aider l’auteur à améliorer et à travailler son style.
Les créations et histoires appartiennent à leurs auteurs respectifs, toute reproduction et/ou diffusion sans l'accord explicite de MLPFictions ou de l'auteur est interdite. Ce site n'est ni affilié à Hasbro ni à ses marques déposées. Les images sont la propriété exclusive d'Hasbro "©2017 Hasbro. Tous droits réservés." ©2017 MLPFictions, version 1.2.7. Création et code par Shining Paradox, maintien par Sevenn.
Pour donner votre avis, connectez-vous ou inscrivez-vous.
rainbownuit: #21233Par ailleurs, je ne connais pas beaucoup d'écoles qui aient les moyens d'organiser des voyages scolaires aux USA. À bien y penser, je n'en connais même aucune.