Le plus beau des cadeaux

C’était un début de journée comme tous les autres, avec la même routine matinale qui impliquait de se lever, de déjeuner, de se brosser les dents et de partir au boulot. Mais aujourd’hui était spécial, car deux poneys allaient à leurs travails respectifs avec un grand sourire d’excitation après avoir vu le calendrier afficher “24 Décembre”.

Reddy Cand, un étalon de cristal rouge au crin noir, travaillait d’arrache-fer ce jour-ci pour avoir le temps de faire son cadeau venant de sa propre fabrication. Directeur de sa propre entreprise nommée Reddy et la Chocolaterie, il galopait sans cesse pour motiver ses ouvriers, apprendre à ses apprentis comment ne pas renverser le chocolat partout pour la énième fois, et gérer son entreprise.

Mais l’attente était presque insupportable pour ce dernier, les secondes devenaient des heures, alors s’imaginer huit heures relevait du défi… La matinée passa tranquillement, et il attendait désormais dans son bureau, s’imaginant ce que pouvait bien faire sa jument actuellement…

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Dans la boutique de fleurs Flora Llahonde, située à Cloudsdale, Camelia Lilac, une pégase de couleur vert pomme, le crin plus foncé et une longue queue touffue de la même couleur avec une large mèche noire, avait elle aussi la tête embrouillée de pensées, mais cela ne l'empêchait pas de travailler pour autant. Le personnel manquant ce jour-là obligea le directeur à changer la jument de poste.

Mais ses pensées restaient tout de même troublées pendant qu’elle préparait divers bouquets de fleurs à la chaîne. Se demandant quel cadeau elle pouvait offrir le soir de la Veillée chaleureuse. Elle avait bien sa petite idée, mais elle voulait rajouter une touche de plus à ce présent. En fin de matinée, elle se décida enfin à créer son propre bouquet de fleurs étant donné que Reddy aimait bien ce type de cadeaux.

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Midi arriva à Reddy et la chocolaterie, tous les employés, comme chaque jour, se regroupaient dans le salon de l’entreprise afin de manger et échanger librement quelques mots. Exceptionnellement, et parce qu’il voulait resserrer les liens avec ces derniers, Reddy attrapa sa nourriture et s’installa près d’eux sous l’étonnement général :

« Eh bien boss, commença l’un d’entre eux, c’est pas souvent que vous v’nez vous joindre à nous ! Y’a un problème avec m’dame ? »

Le chef rigola quelques instants avec ses ouvriers puis continua la conversation :

« Nan, j’ai décidé aujourd’hui que j’allais rester avec vous, après tout comme tu l’as dit, c’est pas souvent que je me joins à vous alors j’en profite !

- Eh bah ça fait plaisir boss ! Alors, z’avez prévu quoi comme cadeau pour votre belle ? »

Se frottant le menton de son sabot, il émit un sourire et fit simplement en clignant de l’œil droit :

« Hmmm… une simple boîte de chocolats, avec une p’tite surprise cachée.

- Huhu, reprit un autre collègue, le patron est joueur avec madame, vous pensez pas qu’elle vous fera le même coup ?

- Le même coup ? se questionna l’étalon rouge.

- Bah ouais ! Imaginez qu’elle débarque avec un bouquet et un même cadeau surprise ?

- Boarf, arrivera ce qui doit arriver ! » fit-il en rigolant de nouveau accompagné par ses ouvriers.

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Pendant ce temps à Cloudsdale, midi sonnait enfin chez les pégases et, comme pour l’étalon de cristal, Camelia resta parmi ses collègues ce jour-là. Sa melleure amie, Lilya Lis, pégase rose au crin mauve, s’installa près d’elle afin de partager quelques instants avec elle tant qu’elle en avait le temps avant de reprendre le boulot :

« Alors Cam’, fit-elle en tapotant le dos de la pégase verte, t’as prévu de lui offrir quoi à ton étalon ?

- Je vais sans doute rester dans le classique cette année, mais je lui ferai le plus beau bouquet que j’ai pu faire dans ma carrière ! »

Les deux pégases rigolèrent quelques instants, puis échangèrent quelques mots de plus tout en mangeant leur repas avant de retourner travailler. Ce fut l’un des meilleurs jours pour la fleuriste qui travaillait en extérieur. Le vent soufflait calmement de l’air frais sur son visage, faisant légèrement trembler les fleurs non loin d’elle. Le ciel était d’un bleu azur complètement dévoilé et sans nuages, les pégases avaient fait du bon boulot pour la Veillée chaleureuse et ils devaient sans doute être dans l’usine météo en train de fabriquer les flocons de neige, ce travail si compliqué qui demande tact et délicatesse.

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La journée passa assez vite pour les deux poneys qui scrutaient l’heure avec précaution et excitation. Lorsque l’horloge afficha 18 : 30, il était enfin l’heure de partir afin de se retrouver pour finir les préparatifs de la fête du village. Guirlandes, lumières de toutes les couleurs et autres décorations parsemaient la ville au bout de quelques heures à peine étant donné que le maire s’était activé pour commencer la déco le temps que les autres arrivent.

21 : 42 selon l’horloge au centre du village, il était temps de commencer la veillée chaleureuse selon la tradition qu’ils avaient instaurée il y a de cela plusieurs années. Un immense sapin décoré se postait fièrement à la frontière du village avec à côté un feu de camp relativement grand qui crépitait au centre d’un cercle de poneys.

Reddy et Camelia étaient bel et bien présents eux aussi, côte à côte avec un grand sourire, chacun le cadeau de l’autre sous le sabot. La soirée s’annonçait drôlement bien lorsque la neige commença à tomber et que les poulains galopaient un peu partout autour de l’arbre.

Une gigantesque table était postée derrière la tribu de poneys présents. Sur cette dernière, une nappe aussi blanche de la neige recouvrait le bois avec au dessus des assiettes ainsi que des couverts, exactement comme chaque année avec presque les mêmes décorations ici et là. Un immense chapiteau de réception en toile recouvrait toute la zone, empêchant donc la neige de gâcher un tel festin.

Sans se faire prier deux fois, tout le monde s'installa autour de la table, parlant sans arrêt entre eux et entamant les premiers morceaux de nourriture et buvant leurs premiers verres du cidre spécialement venu de Sweet Apple Acres pour l'évènement. Le maire lui même avait accueillit la famille Apple pour réceptionner les boissons.

Le dîner fut des plus magnifiques, des échanges, diverses danses traditionnelles accompagnées par l'orchestre non loin qui jouait avec joie et enthousiasme jusqu'à ce que le dessert arriva, une immense buche au chocolat avec ses pétales de cacao parsemées un peu partout dessus et quelques morceaux de chocolat blanc dont un grand avec écrit dessus : "Joyeuse Veillée Chaleureuse à tous les poneys du village !". Après avoir dégusté une part et deux, le repas se termina avec un verre de vin chaud pour tout le monde, exceptés les enfants qui eux, buvait du jus de pomme pétillant.

Soudain, les poulains se mirent à crier tous en cœur :

« PONY SANTA ! PONY SANTA ! »

Assis sur un fauteuil entouré de cadeaux en tous genre, un terrestre rouge, barbu et à la crinière blanche couverte par un bonnet rouge avec en son bout, un pompon, se trouvait près de l’arbre décoré. Tous les enfants accoururent vers lui, les yeux pétillants de joie, l’entourant et les sabots tendus pour toucher le poney qui rigola :

« HOHOHO ! commença-t-il. Alors mes enfants, comment allez vous ?! »

Les cris désynchronisés et excités des petits firent rire un instant le terrestre aux cadeaux.

« Fort bien fort bien mes petits amis ! Alors je suppose que vous avez été sages cette année n’est-ce pas ? »

Une fois de plus, les poulains s’exaltèrent, sabots tendus et les iris de leurs yeux plus gros que jamais. Les adultes à côtés regardaient la scène avec humour, souriant, les couples étaient serrés l’un à l’autre, observant les enfants déballer leurs cadeaux avec joie. A leur tour, chaque mâle et femelles des couples s'échangèrent mutuellement leurs cadeaux.

Reddy commença le premier, sortant une boîte de chocolats entièrement faits de sa fabrication personnelle. La jument verte ouvrit le cadeau le sourire aux lèvres et l’embrassa une première fois. Mais le mâle pointa des yeux un papier, ou plutôt une enveloppe dépassant de la première palette de chocolats noirs.

Curieuse, la jument sortit la série et attrapa l'enveloppe qu’elle ouvrit en frémissant, sortant de cette dernière, un magnifique collier en or sur lequel une bague se trouvait. L’étalon de cristal, devant tout le public intrigué, se mit à genoux devant sa belle en lui prenant les sabots :

« Camelia Lilac, toi la jument de mes rêves et de ma vie, voudrais-tu m’épouser ? »

Les larmes montaient aux yeux de la femelle, jusqu’à couler en abondance sur son pelage pomme, son sourire montait jusqu’aux oreilles. Elle hocha la tête vivement et se jeta dans les pattes de Reddy après avoir déposé à côté d’elle la boîte de chocolats, répétant sans cesse les mêmes mots :

« Oui, oui, oui, je le veux, je veux t’épouser ! »

Quelques minutes ainsi qu’un bon litre de larmes écoulé, la jument se ressaisit et attrapa à son tour son cadeau. Un bouquet de fleurs, tout ce qu'il y a de plus simple, il y avait des roses, des lilas, certaines fleurs avaient des pétales nuageux, très rares en temps d’hivers pourtant. Mais un fil particulier retint l’attention du mâle qu’il attrapa avec ses dents, sortant du bouquet, un hochet.

Il ne comprit pas de suite ce en quoi la jument voulait en venir, il arqua donc un sourcil d’incompréhension en regardant la femelle droit dans les yeux qui avait le sourire aux lèvres. Elle prit alors l’étalon par la patte et l’emmena dans la maison.

Le bâtiment lui aussi était décoré pour l’occasion, des guirlandes vertes, bleues et rouges étaient accrochées aux murs blancs, un petit sapin décoré se trouvait là, près d’une cheminée allumée depuis peu. Les brindilles de bois crépitaient, laissant les étincelles voler par-ci par-là sans jamais sortir de la cheminée. Sur le socle de cette dernière, des chaussettes étaient accrochées comme la tradition le voulait.

S’asseyant près du feu, la jument fixait le mâle intensément, mais ce dernier encore dans l’incompréhension, semblait ne pas comprendre où elle voulait en venir. Camelia, d’un geste sensuel et doux, attrapa la patte droite de son amour, et la guida près de son ventre jusqu’à la déposer dessus.

Reddy baissa les oreilles, observa sa propre patte sur le ventre de sa jument, et sentit une secousse rapide qui le surprit brusquement. Avant même que les larmes ne commencent à lui monter, Camelia approcha son museau de l’oreille du terrestre et susurra :

« Joyeuse Veillée chaleureuse mon beau~ … »

FIN