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La maladie venue d'ailleurs

Une fiction écrite par GeekWriter.

Chapitre 7

Geek Writer se leva doucement et épia sa cellule improvisée. Plus personne ne la surveillait depuis plusieurs heures. Si les deux premiers jours, il y avait toujours un geôlier de garde la nuit, comme elle se comportait de la meilleure façon possible, ils la laissaient dormir seule. De quoi lui donner une unique occasion de mettre en place son plan. Un plan un crin improvisé, mais c’est toujours mieux que rien. Pour commencer, elle rouvrit l’un de ses boîtiers de jeu vidéo et en sortit l’un des épis du balai qu’elle avait dû utiliser pour nettoyer la pièce. Elle grimaça de dégoût au souvenir de ce qu’elle avait dû faire. Se prélasser dans le ketchup n’était pas des plus agréables, et en plus, elle aurait pu salir son chapeau.

Son plan ne consistait pas qu’à s’échapper, mais aussi à gagner des mécènes, histoire de pouvoir continuer à travailler en tant que journaliste. Un plan sur le long terme qui lui permettra de renverser sa mère en écrivant un scoop à Canterlot, directement chez les Princesses. On rétablit la justice, on incite les Princesses à se bouger la croupe pour les terreurs diurnes… Et tout ira bien.

Ou pas.

Rien n’était simple, et il serait très étonnant que les Princesses ne soient pas au courant. Leurs recherches devaient encore être en cours. Peut-être même qu’elles piétinaient malgré la spécialiste mondiale des rêves ? Ce n’était pas impossible, les Princesses ne sont pas toute puissantes, la preuve avec l’invasion raté des changelings, où la Jument Solaire avait été mise KO par Chrysalis. La licorne avait cependant d’autres idées et autre plans de secours.

Mais pour commencer, le plan actuel consistait à se faire des amis bien placé, pour avoir plus d’options dans le futur que de se cacher et d’attendre que sa mère essaye à nouveau de la descendre.

Elle voulait rendre elle-même le violoncelle à sa propriétaire. Octavia et Vinyl n’était pas que ses artistes musicaux préférés, la journaliste savait aussi qu’elles n’étaient pas à Manehattan depuis le début de l’épidémie. Donc, quelqu’un les avait fait venir et avait obtenu une autorisation spéciale pour les faire passer, dans un sens et dans l’autre. Si elle avait besoin d’aller écrire ailleurs, la jument grise pourra accorder ses violons avec la grande musicienne beige. Mais tout d’abord, il faut qu’elle sorte d’ici. Tout d’abord, crocheter la porte avec l’épie du balai. Avec les sorts adéquats, elle peut durcir l’épi et le tordre sans le casser pour le transformer en crochet de serrurerie.

Pour sortir, elle compte utiliser deux sorts d’illusions : un pour son poil et un pour son crin. Elle voulait reprendre les couleurs blanche et rouge de Truth Walker. Avec le violoncelle porté de côté, à la fois pour ne pas lui casser le dos et pour lui cacher son visage. On avait bien mieux comme plan. Au départ, elle voulait essayer de sortir en force en transportant l’instrument dans une brouette de fortune. Mais elle n’était pas douée pour construire des choses, et c’était encore plus foireux que son exfiltration plus ou moins discrète.

Mais tout d’abord, déverrouiller la porte. La ponette à crinière violette aux reflets verts se pencha vers la serrure, son outil improvisé entre les dents. Elle lança tout d’abord un sortilège de lumière à la plus faible puissance possible, puis se saisit de son crochet improvisé avec sa télékinésie magique. Lentement mais sûrement, elle travailla la serrure.

***

Dagan observa à la jumelle l’entrepôt des Easy Money, puis se tourna vers ses quatre comparses ailés.

« On fait comme prévu, annonça-t-il d’une voix où l’on pouvait y ressentir une pointe de plaisir. Il est temps de montrer aux Easy Money qui on est.

- Ok, Aurora, avec moi, commanda Flitze qui décolla d’un petit bond.

- C’est parti. » confirma la griffonne élégante qui partit à la suite de son comparse effilé. Les deux as de la cambriole se saisirent de briques et montèrent en altitude jusqu’aux vitres de la bâtisse. Un instant plus tard, le verre brisé pleuvait sur les poneys à l’intérieur de l’entrepôt. Leurs yeux n’eurent de salut qu’à cause de leur chapeau. Bientôt, on donna l’alarme et la mafia équestre ne put se résoudre qu’à une seule chose : les attaquants restaient dehors et les bombardaient au hasard. S’ils restaient trop longtemps planqués dans leurs entrepôts, ils allaient certainement y mettre le feu.

Ils seraient alors piégés comme des rats. Fort heureusement, ils avaient dans leurs rangs nombre de licornes et l’environnement extérieur ne laisserait aucune couverture aux bêtes volantes. Les portes s’ouvrirent toutes d’un coup et laissèrent échapper un flot de poneys cornus qui ouvrirent le feu sur les deux griffons volants. Ceux-ci se replièrent aussitôt en hurlant à leur comparse qu’ils pouvaient envoyer la sauce. Les licornes en profitèrent pour se disperser dans l’espace, leurs cornes luisantes, prêt à tirer des rayons incapacitants. Une fois paralysés, les griffons s’écraseraient au sol. Si le pire venait à arriver, ce sera classé par la Loi comme accidentel. Avec Truth Walker à leur côté, les Easy Money avaient mis en place cette stratégie pour rester tranquille en cas d’affrontement avec les Wings & Talons.

« Qu’ils viennent donc, ils se rompront le cou. » ricana l’un des étalons, sûr de lui.

***

« Tu vas pouvoir y aller, déclara Matthew à Soft Driver. Tu es sûr que tu vas pouvoir manier cette chose ?

- Laisse-moi faire, je vais nettoyer tout ça. » assura le cheval d’une voix calme et sûr.

Le destrier noir s’avança vers la baie vitré et observa la scène en contrebas. Les Easy Money présents avaient envoyé toutes leurs licornes, s’attendant à un affrontement d’anthologie avec les créatures mi lion mi aigles. Leur défaite allait venir du ciel, mais pas de ce qu’ils avaient prévus. D’un mouvement de sabots arrière, le conducteur balança une table dans la baie vitré et prit position sous les yeux ébahis des poneys en contrebas.

***

Les licornes commencèrent à trembler de terreurs en observant leur assaillant, posté à un autre entrepôt juste à côté d’eux. Il ressemblait à un poney, en beaucoup plus grand et fort, certainement un cheval, l’un de leur très lointain cousin aujourd’hui en voie d’extinction. Habillé d’un immense manteau noir, il avait aussi de multiples bandages qui volaient au vent, comme l’avait décrit Jack Steel Wings dans l’un de ses délires sur sa seule et unique défaite. Mais la plus grande source d’appréhension et de peur venait de l’incroyable engin qu’il tenait d’une patte et avec un drôle de mors entre ses dents. L’instrument, en plus d’être immense, était composé d’un gros bloc au bout duquel se trouvait six longs tuyaux, formant une ronde sur lequel était branché un gros câble.
Il y eu un bruit de générateur et soudainement, dans un bruit semblable à un coup de tonnerre en continu, trois licornes furent frappé par on ne sait quoi et s’effondrèrent en hurlant de douleur, de grosses tâches d’ecchymoses sur leur corps endoloris. Sous la surprise de l’attaque, un quatrième et un cinquième individus finirent eux aussi semblables à des vaches. Alors que la panique gagnait les rangs, les licornes purent apercevoir les six griffons se glisser dans l’entrepôt, galopant à terre au lieu de voler. Alors que cinq d’entre eux entrèrent, le griffon de queue, largement plus épais que les autres, resta aux portes et se tourna vers les licornes en frottant ses serres de délectation.

« On se sépare. » ordonna le vieux griffon. Chacun partit alors dans une direction différente.

***

Geek Writer s’était glissée sous les fenêtres dévoilant l’intérieur de l’entrepôt. Elle ne savait pas ce qu’était cette tempête dehors, mais ce n’était pas un phénomène naturel ou un événement météo créé par des pégases. C’était beaucoup trop puissant. Et le bruit de vitres brisées bien avant indique une attaque. Lorsqu’elle vit les griffons entrer, la licorne jubila en se frottant les sabots. Même pas besoin de se déguiser au final ! Elle n’avait plus qu’à se faufiler dehors en profitant de la confusion. La porte étant déjà déverrouillée avec son crochet magiquement improvisé, elle prit le violoncelle sur son dos, gémit un peu sous son poids et jura de trouver rapidement un moyen de le transporter une fois dehors. Elle poussa la porte du sabot alors que les bruits d’une bataille naissante se firent entendre.

***

Et de neuf. Soft Driver observa son arme avec amusement mais aussi avec une pointe de peur. Dungeon Maker avait des idées terrifiantes, et fort heureusement, il n’y en avait pas des tas comme elle. L’Arme, à défaut d’autre nom de sa conceptrice, était un véritable engin de destruction. Normalement, le plan était de nettoyer l’extérieur, puis, de rejoindre les griffons à l’intérieur. Mais l’un des poneys avait réussi à se téléporter hors du champ de tir et en avait profité pour disparaître, certainement pour aller chercher du renfort. Le sombre destrier allait devoir changer de position pour couvrir l’entrée, sinon il allait se faire coincer et prendre à revers.

***

Malgré leur isolement, chacun des griffons maîtrisait la situation grâce à une gestion fine du terrain et de l’exploitation totale de leur capacité respective. Le tout, en menant une stratégie de guérilla où chaque emplumé échangeait leur position ou se croisait pour prendre leur adversaire par surprise.

Un épais terrestre au physique de colosse avait cependant coincé l’ainé du groupe dans un coin. Celui-ci, à court de fiole contenant somnifère, fumigène et autre gaz piège, observait son adversaire qui se rapprochait. Il soupira alors de lassitude et sortit un livre de son sac.

« Bob ? »

Un griffon sortit alors de l’ombre et se jeta sur le terrestre avant de le maîtriser dans une prise d’étranglement sophistiquée. Le dénommé Bob était un griffon des plus banal si on exceptait sa cagoule noir, mais il avait des sortes de bandes de métal entourant ses serres, lui donnant la puissance des fers à poney malgré sa taille modeste. Après une brève suffocation, son adversaire tomba dans les bras de Luna. Le griffon cagoulé repartit alors dans les ombres en saluant son patron qui continua de lire son livre dans son coin.

De son côté, Aurora fût rejoint par Dagan à sa grande surprise.

« Tu n’étais pas sensé garder la porte ? questionna la griffonne distinguée.

- Soft a pris ma place. Il y a une licorne qui s’est enfuit, il nous couvre le temps qu’on trouve Geek Writer. »

Il y eu alors le même tonnerre continu qu’au début de l’assaut, mais beaucoup plus proche.

« Ce truc n’envoi que des billes… mais c’est terrifiant quand on voit les résultats. » murmura Aurora en se crispant légèrement dans un frisson.

Dagan acquiesça tout en empoignant un adversaire pour le projeter dans un tas de carton. L’Arme était pire qu’une bande de licorne entraînée au combat anti griffon. En vérité, le costaud à plume comptait bien détruire l’engin dès la fin de cette affaire. Il ne pouvait pas prendre le risque qu’elle tombe entre de mauvais sabots. Mais alors qu’il en était à ses propres réflexions, un hurlement guttural se fit entendre du fond de l’entrepôt. Ce cri grave et bestial fit sursauter chacun des griffons.

***

Geek Writer suait à grosses gouttes et commença à ressentir son palpitant la faire souffrir. Ils avaient vraiment placé Jack Steel Wings dans l’entrepôt, aux pieds de l’escalier menant au bureau où elle était prisonnière. Et maintenant, celui-ci se débattait comme le fou qu’il était pour briser les chaînes qui le retenait. Il fallait bien entendu qu’ils aient pour de vrai l’individu le plus dangereux d’Equestria enfermé dans le même bâtiment avec elle. Alors qu’elle galopait comme elle le pouvait entre les caisses, mettant autant de distance entre elle et le pégase bodybuildé aux ailes tranchantes, elle tomba sur un griffon. Celui-ci tenait un livre dans sa serre droite et semblait être d’âge mûr.

« J’arrive pas à croire que tu ne sois qu’une sotte essayant de les voler dans un moment pareil. Allez, passe. Vite. » ordonna l’individu à la ponette alors qu’il rangeait son livre dans son sac pour en sortir une petite fiole coloré. La dernière qui lui restait. Son dernier atout et son joker le plus précieux en termes de coût de production.

« Bob ? appela Mattew en surveillant l’équidée grise qui s’encombrait d’un lourd instrument de musique. »

Le griffon masqué sortit des ombres, prit la fiole et souleva brièvement sa cagoule pour en boire le contenu. Il y eu un bruit de métal déchiré et brisé, un mouvement d’air, et soudainement la légende monstrueuse apparu au-dessus des quatre griffons. Quatre ? Non… Neuf. Lorsque Bob se lança à l’assaut de Jack, ils étaient des dizaines de griffons cagoulés.

Geek Writer ne s’était même pas retourné pour remercier son sauveur, elle pensait ne pas en avoir le temps à cause du poids qui la ralentissait. Tout son plan à long terme reposait néanmoins sur ce violoncelle, et elle ne pouvait pas le laisser. La charge qui lui pesait sur son corps commençait néanmoins à se faire sentir, elle trottait plus qu’elle galopait à présent. La journaliste n’a jamais été très sportive et préférait utiliser son intelligence dans ce genre de situation. Mais là, tout ce qu’elle pouvait faire, c’est de s’enfuir, il n’y avait aucune ruse à appliquer.

« Je savais que tu en profiterais, déclara une voix que la jument reconnu.

- Salut Gate Keeper, salua la licorne qui émit un faible sourire teinté de fatigue.

- Je ne te laisserai pas partir, annonça le terrestre à cravate d’une voix forte. Si tu quittes cet endroit sans notre protection, ta mère le saura. Et la prochaine fois, elle ne te loupera pas. Tout ça pour quoi ? Tu n’es que journaliste. Tu auras tout le loisir de prévenir les Elements de l’Harmonie une fois à Ponyville.

- J’ai ma solution propre… qui peut être valable pour résoudre la situation en ville.

- Laquelle ?

- Je préfère en laisser la surprise. Ma mère est bien trop bonne pour obtenir les informations qu’elle veut. »

Elle acheva cette dernière phrase par un sourire goguenard et un regard plein de malice. Le geôlier soutint le regard et se rappela d’une discussion qu’il avait tenu avec Pizza Slice. Le Boss, pour qui la famille était des plus importantes, avait pris la ponette d’affection. Au terme de cette discussion, le boss avait dit ceci :

« Dans tout Equestria, il y a peu de poneys qui peuvent gérer des menaces attentant à leur vie. La plupart d’entre eux sont à Ponyville ou sont Princesses. Même chez nous, il n’y a que le frère de Truth Walker qui peut prétendre à gérer ce genre de chose. Geek Writer, c’est l’une d’entre elle. Ne la sous-estime pas, car lorsque les Cockatrices ont tenté de prendre Canterlot de force, elle était présente sur les lieux et a participé activement au sauvetage des civils, ainsi qu’à la libération de notre capital. Le tout, en restant dans l’ombre, car elle n’avait pas la force de la Garde Solaire qui combattait aux côtés de la Princesse Célestia. Mais par rapport à une tentative de meurtre venant de sa propre mère, tout ça n’est rien. Il faut qu’elle reconstitue ses ressources morales, et chez nous, les poneys, il nous en faut beaucoup. C’est dans notre culture et notre nature. Tant que ce ne sera pas fait, elle ne peut rester à Manehattan, et elle ne pourra en rien aider à la situation actuelle. »

La ponette faisait sa maligne, mais à l’intérieur, elle devait être ruinée. Il se souvint encore de sa réaction, lors de la visite de Truth Walker. Ses yeux avaient presque changé de couleur lorsque sa mère avait été évoquée. La jument risquait fort bien de succomber au prochain assassinat par absence de résistance. Autrement dit, sa résignation lui mettait déjà deux sabots dans la tombe.

Gate Keeper campa fermement sur sa position et renâcla d’un coup des naseaux. Juste après, il y eu un choc et il tomba à terre, un très mince griffon s’était jeté sur lui. Une griffonne au plumage parfait se glissa près de Geek Writer et la soutint en prenant une partie du fardeau. D’un mouvement de bec et d’un sourire, elle assura à l’écrivaine qu’elle était bien dans son camp. Les deux continuèrent leur progression alors, reprenant une allure de course convenable.

Ils arrivèrent rapidement au niveau d’un griffon immense qui avait une dizaine de victimes inconscientes à ses pattes. Il laissa le passage aux deux femelles avec un léger sourire. Il y eu alors un autre hurlement guttural et deux griffons atterrirent sur le grand costaud qui plia sous le choc, à moitié assommé. Bob, le griffon cagoulé avait une large entaille sanglante sur le ventre. Matthew, lui, était collé derrière son comparse, presque inconscient. Jack apparut, de légères griffures tout le long de son corps, mais rien ne semblait pouvoir l’arrêter. Aurora constata de son côté que la ponette avait cessé tout mouvement, visiblement pétrifiée de terreur, et observant la mort lui arriver dessus sans sourciller. A moins qu’elle ne se résignait ? Alors que le pégase fou se rapprochait, la bave au museau, la griffonne pensa un moment à tout laisser tomber pour s’enfuir. Mais au lieu de ça, elle poussa l’équidée derrière elle d’un coup de patte arrière et s’interposa entre elle et la légende urbaine. Elle ne comprenait pas pourquoi elle agissait ainsi, comme par un étrange réflexe. Jack ouvrit ses ailes en grand, prêt à découper l’obstacle de chair et de plume en morceaux, mais s’arrêta en entendant un étrange bruit de moteur. Le tueur sembla lui-même prendre peur alors qu’un raffut meurtri les tympans de tout le monde. Une tempête de projectiles en acier frappa de plein fouet la légende urbaine. Il tenta bien de résister un peu, de se protéger comme il le pouvait avec ses ailes, mais les impacts semblables à des coups de sabots lui pleuvaient dessus. Des dizaines de milliers de coups, selon sa propre impression. Quelques instants plus tard, il s’effondra comme une masse, faisant trembler l’entrepôt.

« Tu es en retard Soft, reprocha faussement Dagan avec un petit sourire au coin du bec.

- J’ai dû faire le ménage dehors. »

Soft Driver évalua brièvement la situation et jeta l’Arme à terre. Pour lui, l’affrontement était terminé. Geek Writer posa rapidement son fardeau à terre avant de se jeter dans les pattes du conducteur, l’étreignant au cou avant d’éclater bruyamment en sanglots. Le destrier noir, malgré l’émotion, ne laissa échapper qu’un mince sourire et une petite larme. La ponette de ses pensées était en sécurité dans ses bras et ses sabots, et rien que pour cela, sans compter le soulagement, il lui semblait pouvoir toucher le bonheur du paturon. Jess, la plus petite du groupe, arrive peu après avec Flitze. La griffonne coiffée d’un gros nœud rose repéra immédiatement le blessé et se dépêcha d’accourir à ses côtés. Avec une très grande agilité et rapidité, elle nettoya et banda la blessure avant de s’occuper de Matthew.

« Il s’en sortira, rassura aussitôt la petite ailée à son chef. Mais il ne devra plus rien faire pour ces deux prochains mois.

- Pourquoi tu t’es interposé entre lui et moi ? demanda Matthew à son ami alors qu’il émergeait fiévreusement de son inconscience.

- C’est bien la première fois que vous me posez une question bête, patron, répondit le subalterne avec un sourire douloureux avant de retomber dans l’inconscience.

- C’est ton acte à toi qui est stupide. » acheva le vieux griffon qui avait froncé les sourcils d’incompréhension.

La jument, quant à elle, ne semblait pas décidée à se calmer, ce qui fit tiquer Aurora et Flitze.

« Elle était beaucoup plus déterminée tout à l’heure pourtant. » commença le fin emplumé tout en se grattant le bec de désarroi face à la scène. La griffonne distinguée se demanda alors si elle avait vu juste ou si cette hyper émotivité n’était dû qu’aux joies des retrouvailles. Une chose est sûre, si elle avait raison, c’était des larmes de regrets qui coulaient.

« Oh par Celestia ! Soft, s’écria subitement l’écrivaine en un brusque mouvement de recul. T’es dans un sale état mon vieux.

- Ce n’est rien, pour l’instant je peux tenir encore jusqu’à l’aube, rassura le cheval avec un sourire.

- Ca tombe bien, j’ai justement une course à faire. » annonça alors la journaliste en se frottant les yeux pour se débarrasser de larmes naissantes.

Le conducteur acquiesça et prit le lourd instrument sur son dos. Les deux équidés sortirent dehors, suivit des griffons.

« Au fait Soft, tu reprends pas ton bazar ? demanda Dagan espérant de tout son cœur une réponse négative.

- Dungeon Maker m’a prévenu que vous seriez effrayé, et qu’en gage de bonne volonté, je devais vous le laisser. » répondit simplement le cheval qui attelait une petite charrette contenant la licorne à la robe grise.

Matthew observa le champ de bataille et en fut bec bée, comme bon nombre de ses camarades. Jess lâcha même un ‘’oh’’ de surprise. Si Dagan avait une dizaine de poneys assommés à ses pattes à l’intérieur de l’entrepôt, la plupart des forces des Easy Money gisaient à l’extérieur de la bâtisse. Matthew en compta au moins quatre-vingt-quinze. Certains étaient complètement inconscients, d’autres tremblaient encore de terreur malgré leurs contusions et les rares indemnes se balançaient d’avant en arrière, visiblement traumatisés par le spectacle auquel ils ont participé. Les moyens de transports employés par le gang pour débarquer en force sont soient détruit, soit renversé. Le vieux griffon s’approcha de l’un d’entre eux en compagnie de ses camarades et l’examina attentivement.

« Cette diligence, commença la bête ailé en chaussant ses lunettes. Cette diligence a été projetée d’un coup de sabot. Le choc a déboité la roue. Et celle-ci se trouve là-bas. »

Là-bas, c’est cinquante mètre.

« C’est complètement dingue, balbutia le plus fort des griffons. Même pour un cheval, sa force est bien trop grande !

- Il se serait donc retenu lors de notre première rencontre ? questionna Flitze.

- Je pense qu’il y a plus que cela, gloussa soudainement Jess.

- Je comprends mieux comment un individu pareil peut faire d’aussi beaux poèmes, ajouta Aurora qui riait doucement. »

Les mâles observèrent les femelles, abasourdis par leur réaction. Mais les filles, elles, comprirent que ce genre de résultat n’arrive qu’avec une très grande motivation.

« Leur Princesse Nunuche rose doit être fière ! » s’esclaffa Jess qui se frotta les côtes.

***

Quelques dizaines de minutes plus tard, le duo équestre arriva à l’hôtel où se trouvait le duo musical. Pendant le voyage, Geek Writer lui avait tout raconté : comment elle avait été capturée, ses conditions de détentions et son plan. Elle semblait sûre d’elle, du moins, c’était l’impression qu’elle donnait. Mais lorsqu’elle évoquait sa mère, la ponette avait quelque chose dans le regard, une sorte d’étrange couleur qui donnait un coup de froid dans le bide.

Il était inutile de se renseigner auprès de qui que ce soit pour connaître la chambre qu’occupaient les deux musiciennes : le mur où étaient posé les clefs des chambres étaient presque plein. Seul un emplacement était vide, il suffisait de prendre le numéro de chambre, et de suivre la musique. Une musique électrique, tout comme celle qui la maniait résonnait dans tout le bâtiment. D’un mouvement de sabot, la journaliste demanda au conducteur de la suivre. Le sombre cheval réajusta le violoncelle qu’il portait sur son dos et obéit sans discuter. Rapidement, ils trouvèrent la chambre et la ponette toqua à la porte.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, la jument couleur crème arrêta aussitôt sa musique et ouvrit la porte, un mot écrit sur un post-it à la bouche : ‘’Désolé’’. Elle lâcha cependant la note de stupeur lorsqu’elle aperçut les deux individus tenant l’instrument de son ami et les invita à entrer aussitôt, d’un grand sourire, ainsi que d’un mouvement de sabot.

Geek Writer demanda au conducteur de poser le violoncelle à terre et de sortir, tandis que Vinyl partit prévenir Octavia. Peu après les cris de joies et les enlacements de bonheurs, la journaliste tâcha d’expliquer longuement la situation globale au duo musical. La violoncelliste écouta attentivement, mais une moue contrariée vint au fur et à mesure du récit.

« Donc, si nous sommes confinées à cet hôtel, c’est parce qu’il y aurait une épidémie d’une maladie toute nouvelle. Une maladie que même les Princesses ignoreraient l’existence ?

- Tout juste mademoiselle Melody.

- Et les Easy Money, c’est-à-dire, ceux qui nous ont fait venir ici pour un concert de charité, nous cacheraient tout et vous auraient enlevé pour te contraindre au silence.

- Exactement.

- Et vous voudriez que je te rende un service ? » finit par demander la jument au pelage beige tout en prenant sa tasse de thé entre ses sabots.

Sous le silence de Geek Writer, les yeux d’Octavia se plissèrent d’une légère colère.

« Je suis déçue mademoiselle Writer, je vous croyais différentes des autres journalistes. Mais visiblement, vous avez-vous aussi un certain goût pour les diffamations. Et je ne… »

La virtuose s’arrêta subitement, coupée dans son élan par sa comparse au crin bleue électrique qui lui avait posé sa patte sur son encolure. La DJ avait enlevé ses lunettes et plongeait son regard rubis dans les yeux mauves de sa meilleure amie et colocataire. Puis, elle lui fit un mince sourire souligné d’un clin d’oeil.

« Tu me dis que je peux lui faire confiance, Vinyl, commença Octavia visiblement déboussolée. Mais, toi, pourquoi lui fais-tu confiance ? »

Vinyl garda son sourire et attrapa soudainement la jument grise dans ses bras. La journaliste ferma les yeux et enlaça à son tour la maniaque des platines.

« Oh… Je comprends mieux. » admit alors la violoncelliste les yeux écarquillé. Octavia observa les deux juments serrées l’une contre l’autre et commença à ressentir de l’impatience. C’est vrai après tout, ça ne se faisait pas ! Il doit y avoir une règle sociale qui interdisait ce genre de chose. Parce que… c’était assez gênant. C’était tellement gênant que son cœur commençait à la brûler intensément. Finalement, les deux artistes cessèrent leur étreinte. La jument au crin violet à reflets verts adressa un sourire gêné à Octavia et s’excusa :

« Désolé… Croyez-moi, votre couple n’est pas en danger.

- Nous ne sommes pas en couple ! rugit aussitôt la violoncelliste les joues empourprée. Vinyl, arrête de te rouler par terre en riant !

- Ah … Bon moi je croyais que vous deux… vu que vous êtes quasiment toujours ensemble, que vous habitiez ensemble, que malgré votre popularité et votre beauté…

- NON ! Il suffit ! C’est bon, vous avez gagné, on vous aidera à quitter cette ville. Maintenant sortez ! »

Et c’est ainsi que Geeky se retrouva dehors, les quatre fers en l’air sous le regard amusé de Soft Driver. Derrière la porte, la musicienne à crin noir semblait désespérément tentée de regagner un éventuel honneur perdu auprès de sa compagne de chambre.

« Elles s’en vont demain matin, et leur concert est dans une heure, rappela Soft Driver. Que vas-tu faire en attendant ?

- Je dois aller voir Pizza Slice. Tu peux tenir jusque quand ? questionna la jument grise avec un sourire carnassier au visage.

- J’ai jusqu’à l’aube.

- Bien, alors allons rendre visite au quartier général des Easy Money. Je dois questionner leur parrain, et le remercier pour son hospitalité. »

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